MONTRÉAL – Lorsque Mickey Donovan, le nouveau coordonnateur des unités spéciales des Alouettes de Montréal, a tenté d’expliquer à sa fille de 6 ans qu’il quittait son emploi avec les Stingers de Concordia pour une autre équipe, elle était mécontente parce qu’elle ne voulait pas se séparer de Buzz, la mascotte des Stingers.

 

Mais c’est la beauté de la chose dans ce nouveau – et colossal - défi qui s’est présenté à Donovan, il n’aura pas à quitter Montréal si bien que sa fille pourra retourner voir Buzz aussi souvent qu’elle le souhaite.

 

En tant que bon père, Donovan ne voulait pas imposer des changements difficiles à sa famille comme un lointain déménagement. D’un autre côté, comme n’importe quel entraîneur, il voulait continuer de gravir les échelons. Tout est tombé en place comme par merveille avec ce poste qui s’est libéré dans la métropole.

 

« C’est quelque chose que j’ai toujours souhaité. Comme entraîneur, tu veux toujours accéder au prochain niveau, c’est normal. Cette ouverture me donnait la chance de rester à Montréal, d’être entraîneur avec les Alouettes, une organisation avec une belle histoire, en plus de travailler avec des gens que je connais assez bien. C’était comme un no-brainer pour moi », a confié Donovan, jeudi, au RDS.ca.

 

L’entraîneur de 37 ans décrit la décision comme étant facile. Pourtant, son embauche a suscité plusieurs réactions d’étonnement. Il ne faut pas oublier que Donovan n’a pas craint de quitter la sécurité d’un emploi universitaire pour s’aventurer dans le désastre qui frappe les Alouettes depuis quelques saisons.

 

« C’est vrai que c’est triste de quitter Concordia où j’ai non seulement joué, mais obtenu ma première chance comme entraîneur-chef, mais j’ai été attiré par la chance de travailler pour un entraîneur de la trempe de Mike Sherman et avec les autres coordonnateurs qui ont été embauchés », a expliqué Donovan qui avait pris les rênes des Stingers en 2014.

 

À la suite de sa nomination, le premier réflexe a été de songer au lien qui a uni Donovan et Patrick Boivin, le président des Alouettes qui était auparavant directeur des sports et des loisirs à Concordia. Mais il existe également une connexion entre Donovan et Kavis Reed, le directeur général des Alouettes.

 

« Kavis m’a approché, il était le coordonnateur défensif quand je me suis retrouvé avec les Tigers-Cats pour une courte période de temps (en 2005). C’est lui qui m’a permis de rester dans l’entourage du club et qui a pris soin de moi quand j’étais blessé. Kavis aime aider les autres quand il le peut », a expliqué Donovan dont la carrière de joueur a pris fin en raison de cette blessure.

 

C’est bien beau de connaître Boivin et Reed en plus d’être emballé à l’idée d’apprendre auprès de Sherman, mais Donovan a hérité d’un immense dossier pour sa première expérience comme entraîneur dans la LCF. Les unités spéciales accaparent une grande partie du jeu en sol canadien et cette facette n’a pas été à la hauteur pour les Alouettes l’an passé.

 

Mickey DonovanSans trop de surprise, Donovan préfère ne pas trop dévoiler ses intentions pour redresser la situation. Par contre, il sent outillé pour exécuter la mission.

 

« Il faut devenir plus gros, plus rapide et ajouter de bons joueurs », a-t-il d’abord confirmé.

 

« Je connais bien le football canadien. J’ai commencé comme entraîneur au niveau universitaire en 2007 et j’ai appris de mon passage avec les Ti-Cats en 2005. Je connais les besoins sur le terrain pour les différentes situations et je maîtrise bien les stratégies. Je crois que les unités spéciales sont ma force. Je sais que c’est un niveau différent, mais je pourrai aussi compter sur des athlètes plus aguerris », a poursuivi Donovan qui a dirigé les unités spéciales pendant quatre ans à l’Université Western.

 

À sa nomination le 20 décembre, Coach Sherman avait émis le souhait ambitieux d’avoir déniché ses principaux adjoints pour le 1er janvier. Il n’a pas tardé à abattre ce boulot et il ne s'est pas éternisé sur le dossier de Donovan.

 

« J’ai eu mon entrevue avec lui et c’est le seul temps que j’ai passé avec eux (les dirigeants des Alouettes). Le tout s’est fait assez rapidement. Je suis certain que je vais apprendre une tonne de choses de lui, j’ai été impressionné par ses questions et par sa vision pour son personnel. Je me sens vraiment privilégié d’avoir été choisi », a décrit l’homme qui souhaiterait sincèrement pouvoir s’exprimer en français.

 

Comme l’a souligné le chevronné Pierre Vercheval, on s’attendait à voir une touche NFL dans le groupe d’entraîneurs de Sherman. Pour l’instant, il s’est plutôt entouré de spécialistes du football canadien.

 

« Je pense que c’est bien pour lui d’être entouré de coordonnateurs avec un bagage axé sur la LCF. Chose certaine, on veut bâtir quelque chose de spécial avec lui à Montréal », a insisté Donovan à ce sujet.

 

En septembre 2014, à ses premiers moments avec les Stingers, Donovan avait révélé en entrevue qu’il souhaitait demeurer à la barre de ce club pour une dizaine d’années. On pourrait croire que l’éternelle domination du Rouge et Or ainsi que des Carabins l’a incité à quitter le navire. La mascotte Buzz

 

« C’est clairement difficile de les battre et on a fait de notre mieux pour y parvenir. Quand je suis entraîneur à un endroit, je ne vais pas voir ailleurs pour un autre poste, je fais de mon mieux et je me concentre sur mon mandat. Mais ce n’était pas que j’étais tanné d’être avec Concordia, c’était plus que cette opportunité s’est présentée et je sentais que je ne pouvais pas la refuser », a-t-il assuré.

 

Même en faisant le saut chez les professionnels, Donovan n’entend pas trop s’éloigner du rôle de mentor qu’il a épousé avec les Stingers. Exigeant quant au travail investi, l’ancien secondeur ne veut pas changer sa philosophie et ses enfants seront bien contents de l’apprendre.

 

« Ma fille se demandait aussi si elle allait encore pouvoir encore coacher les gars comme elle le faisait à Concordia. Quand je l’ai laissée faire un discours, elle s’est approchée des joueurs et tout ce qu'elle a dit est ‘WIN’ avant de partir. »

 

Nul doute, ce simple mot sera fort pertinent dans l’entourage des Alouettes qui ont conclu la saison 2017 avec une fiche de 3-15. En attendant, elle et son petit frère pourront s’amuser avec celui qui deviendra leur nouvel ami, Touché, la mascotte des Alouettes.