MONTRÉAL - Aussi incroyable que ça puisse paraître, les Alouettes de Montréal devront confier, dimanche en demi-finale de l’Est, un lourd mandat à un athlète qui n’a porté le ballon qu’à trois reprises dans sa mince carrière dans la Ligue canadienne de football.

Même s’il avait répété à quelques occasions qu’il serait en mesure de participer à cette rencontre éliminatoire (dès 12h30 à RDS) face aux Lions de la Colombie-Britannique, Tyrell Sutton a dû déclarer forfait à regret.

Blessé à une cheville, Sutton était abattu samedi à la veille du match, mais il se croisait les doigts pour que ses coéquipiers atteignent la prochaine étape afin de pouvoir contribuer à l’effort d’équipe.

« C’est frustrant parce que je suis un compétiteur, mais j’ai confiance en mon équipe et j’aurais adoré jouer », a confié Sutton qui a avoué qu’il a déjà enfilé l’uniforme dans un pire état.

C’est donc dire que Brandon Rutley héritera du poste et il se partagera le travail avec Chris Rainey. Plus tôt dans l’année, les Alouettes avaient dû libérer Rutley et ils l’ont ramené plus tard dans le giron de l’organisation à la suite de certaines blessures.

« C’est l’équivalent de perdre un joueur comme Brandon Whitaker, mais toutes les équipes doivent réagir de la même façon et se fier sur le prochain joueur. Rutley est très fiable et il a un style très direct tout en pouvant capter des passes avec aisance. Il se débrouille aussi très bien pour les blocs et la protection », a expliqué l’entraîneur Tom Higgins à propos du défi qui se dresse devant les siens.

« Ce sera vraiment difficile, Sutton parvient à gagner des premiers jeux dans des circonstances difficiles, mais on a confiance en Rainey et Rutley qui sont très créatifs », a reconnu le receveur Duron Carter qui sera une ressource cruciale pour les Alouettes.

« C’est certain que c’est difficile quand tu dois miser sur tes troisième et quatrième porteurs de ballon, mais ça fait partie du sport. Ce serait mentir de dire que le scénario est identique à celui de miser sur Whitaker ou Sutton », a admis Luc Brodeur-Jourdain en se disant confiant que n’importe quel demi offensif pourra accomplir le boulot.

L’athlète de 25 ans a effectué une seule portée cette saison avec les Alouettes et c’était au mois de juillet. Il faut donc remonter à 2012, avec les Tiger-Cats de Hamilton, pour retrouver ses précédentes expériences dans le circuit canadien.

« Je suis vraiment excité de pouvoir jouer ce match et aider l’équipe. Je veux contribuer avec ma polyvalence dont en captant aussi des passes », a souligné Rutley qui semble très allumé comme athlète.

La situation est particulière, mais Higgins a pris le temps de mentionner qu’il ne faudrait pas être surpris que l’équipe connaisse du succès avec Rainey et Rutley. Higgins avait adoré ce dernier au camp d’entraînement et il a vanté sa compréhension du football.

« Quand nous avions dû se départir de lui, on lui avait vraiment souhaité bonne chance. Nous étions donc heureux de le ramener plus tard. Ça démontre encore qu’on ne sait jamais quand une occasion se présentera et c’est une leçon à retenir pour les jeunes athlètes », a pointé Higgins. Tom Higgins

Si cette nouvelle peut sembler inquiétante surtout que le quart-arrière Jonathan Crompton n’est pas du style à dominer un match comme Anthony Calvillo pouvait le faire, les Alouettes pourront tout de même miser sur quelques retours importants. Ainsi, Alan-Michael Cash (qui s’était blessé dans l’échauffement avant le dernier match), Geoff Tisdale et Daryl Townsend seront à leur poste. Toutefois, le spécialiste des retours de botté James Rodgers devra se contenter d’un rôle de spectateur et il sera remplacé par Mardy Gilyard.

La défense devra encore s’illustrer

Le scénario ne s’annonce donc pas différent alors que beaucoup d’espoirs reposeront sur le travail de l’unité défensive des Alouettes. Ce groupe devra poursuivre sur sa lancée de la saison régulière et contenir les dangereux receveurs des Lions pour accorder une chance à la formation montréalaise de l’emporter.

« Il faudra être discipliné dans notre travail parce qu’ils misent sur plusieurs joueurs expérimentés en attaque et ils peuvent profiter de certaines erreurs. Le travail d’équipe fera la différence dans ce match », a assuré Kyries Hebert qui ne pourra enfiler pour ce match la tuque qu’il portait samedi.

L’unité dirigée par le coordonnateur défensif Noel Thorpe devra aussi s’adapter si le quart Kevin Glenn laisse parfois son poste à Travis Lulay. Cependant, Lulay n’a pas joué depuis le 5 septembre et son style n’est pas si différent de celui de Glenn.

« Avant tout, il faudra jouer de façon physique contre leurs receveurs au début des jeux. Les Lions aiment attaquer de façon verticale et il faudra aussi imposer de la pression sur Glenn pour compliquer sa tâche », a ciblé Marc-Olivier Brouillette.

L’entraîneur des Lions, Mike Benevides, a avoué que Lulay pourrait être utilisé pendant la rencontre si le besoin se fait sentir.

En plus de cette défense redoutable, les Alouettes voudront profiter de l’avantage relié au fait de jouer à domicile sans oublier que les Lions ont dû traverser le pays entier et ils auront l’impression de jouer à 10h le matin en raison du décalage horaire. Sans surprise, ils ont ajusté leur horaire cette semaine afin de minimiser l'impact de ce facteur. Le froid pourrait aussi leur nuire car ils sont habitués au confort de leur stade couvert.

Kristian Matte et Luc Brodeur-Jourdain« C’est toujours excitant de jouer devant une foule à Montréal et c’est encore plus vrai en éliminatoires. Bien sûr, on veut exploiter tous les facteurs qui peuvent jouer en notre faveur et l’appui des spectateurs a vraiment un impact », a mentionné Brodeur-Jourdain (à droite sur la photo).

« C’est toujours génial de jouer dans ce stade et ça devient encore plus excitant durant les éliminatoires. Je suis convaincu que la foule sera un appui de taille, ça s’annonce amusant », a souligné le garde Kristian Matte (à gauche sur la photo).

Cette saison, les hommes de Tom Higgins avaient dominé les Lions quand ils s’étaient présentés à Montréal et ce fut le contraire lors du match à Vancouver.

Depuis leur renaissance en 1996, les Alouettes présentent un dossier de 4-4 lors des matchs de la demi-finale de l'Est et ils n'ont jamais soulevé la coupe Grey en passant par ce chemin plus long.

Il s’agira du premier match éliminatoire pour Higgins aux commandes des Alouettes et il semble savourer tous les moments de son retour comme entraîneur à une seule exception.

« Dès le camp d’entraînement, je me sentais à ma place. La seule chose, c’est qu’on ne gagnait pas en début de saison et je blaguais avec ma femme sur le sujet en disant que nous n’avions pas signé cette clause dans le contrat. Mais tout ça fait que le reste de la saison a été encore plus appréciable », a conclu le pilote d’expérience.