D’entrée de jeu, il faut dire bravo aux Alouettes, à Jacques Chapdelaine et aux joueurs qui ont bien exécuté et qui ont cru à ce que leur entraîneur-chef leur disait en le mettant en application.

Les Alouettes avaient drôlement besoin de cette victoire, étant donné qu’il s’agit seulement de leur deuxième à domicile depuis le début de la saison. Devant une salle comble, le party était pogné et cela faisait longtemps qu’il n’y avait pas eu une ambiance de la sorte au Stade Percival-Molson.

Il faut dire que le premier jeu du match - une passe de 49 verges de Rakeem Cato à Kenny Stafford - a donné le ton. Le deuxième jeu a été le touché de Samuel Giguère et c’était déjà 7-0.

Cato a été en contrôle. Les fois où il a eu du temps, il n’a eu aucun problème. Les seules fois où il a eu des ennuis, c’est lorsqu’il y avait de la pression. Il a complété 18 de ses 23 tentatives de passes. C’est donc dire seulement cinq passes incomplètes, il a donc offert une belle performance.

Une performance honnête pendant laquelle il lançait le ballon à la bonne place. Les choses n’avaient pas l’air d’aller trop vite et il avait l’air en contrôle de l’attaque. Je sais pertinemment que ce n’est qu’un match, mais quand même, c’est rassurant. C’est très intéressant de voir cela.

En plus, Cato a distribué le ballon à sept receveurs différents, ce qui indique qu’il faisait des lectures et ne forçait ainsi pas le jeu. Bref, il allait où le jeu l’amenait. C’est important. Il n’a également pas commis de revirement et s’est servi de ses jambes pour faire avancer les chaîneurs ou encore étirer quelques jeux de passes pour aller rejoindre ses receveurs.

Le choix de jeux a aussi été équilibré avec 20 courses et 23 passes. Sauf erreur, c’est la première fois que les Alouettes effectuaient 20 courses depuis le début de la saison. L’équipe a commencé le match en force, a joué 60 minutes, a gardé le pied sur l’accélérateur et a fini fort. Les Alouettes ont joué à leur niveau et ne se sont pas souciés des déboires des Argonauts.

J’ai aimé cette attitude-là. Les Alouettes ont profité de chaque occasion pour s’améliorer et ont surtout attaqué de façon diversifiée. Sur les 23 jeux de passes tentés, au moins sept étaient dans les zones profondes. Les Alouettes ont couru et ont utilisé tous leurs receveurs, tant du côté court que du côté large. Cette stratégie finit par devenir pesante pour la défense adverse. Comme il n’y a pas de tendance forte, les Argonauts se demandaient par où commencer pour arrêter l’attaque des Alouettes. Et en 6 visites dans la zone payante, cinq se sont terminées par des touchés.

D’ailleurs, sur les quatre passes de touché, il y en a deux où les receveurs Giguère et Stafford ont réussi d’excellents tracés suivis d’attrapés exceptionnels et il y en a deux autres où les receveurs Stafford et B.J. Cunningham étaient complètement seuls en raison des schémas offensifs de l’équipe. Les joueurs ont exécuté de leur côté, mais le choix de jeux était également excellent.

Les succès de Stafford sont aussi les bienvenus, lui qui n’avait capté que 12 passes depuis le début de la saison avant le match de dimanche. Oui il a été blessé, mais les Alouettes sont allés le chercher pour réaliser de gros jeux et étirer la défense adverse et c’est ce qu’il a fait.

L’une des choses qui étaient reprochées aux Alouettes sous les ordres de Jim Popp, c’était l’indiscipline. En une rencontre avec Chapdelaine, les Alouettes ont gagné cette bataille haut la main en écopant de seulement six pénalités contre 13 pour les Argonauts.

Défensivement, les Alouettes ont joué avec une avance tout le match et même si l’équipe n’a pas mis beaucoup de pression lors des trois premiers quarts, elle a quand même réussi trois sacs en fin de rencontre. Elle a d’ailleurs présenté un ratio de plus-5 au chapitre des revirements.

Un entraîneur-chef conscient

Les Alouettes sont allés chercher Chapdelaine parce qu’ils voulaient plus d’exécution en attaque, plus de discipline et plus de structure et c’est exactement ce qui s’est produit pour ce premier match. Il ne faut pas partir en peur, mais quand même, cela a très bien fonctionné.

Mission accomplie pour Jacques Chapdelaine

Il n’y a aucun doute que cela va renforcir le message de Chapdelaine, car les joueurs vont l’écouter. L’entraîneur demande aux joueurs de faire les choses à sa façon, de lui donner une chance. Le résultat est là, alors c’est évident que les joueurs vont être encore plus attentifs.

Chapdelaine avait vraiment l’air à sa place en tant qu’entraîneur-chef sur les lignes de côté. Il l’avait été au niveau universitaire avec le Rouge et Or de l’Université Laval notamment, mais j’ai vu un gars calme, en contrôle et avec une présence rassurante sur les lignes de côté.

Il y a eu plus de hauts que de bas dimanche, mais dans les hauts comme dans les bas, il est demeuré le même. C’est rassurant pour les joueurs lorsqu’ils sont sur le banc. Chapdelaine a souvent discuté avec Cato et est même allé voir les joueurs de différentes positions pour les encourager ou encore apporter différents ajustements. Il avait l’air d’un entraîneur proactif.

Il faut toujours faire attention avec le jeu des comparaisons, mais avant son arrivée à Montréal, on disait de Marc Trestman qu’il n’était qu’un adjoint, un spécialiste des stratégies, un être cérébral et qu’il n’avait pas non plus la plus grande personnalité. Et pourtant, Trestman a connu énormément de succès avec les Alouettes et son départ se fait encore parfois sentir. Ces « défauts » sont également reprochés à Chapdelaine, alors cela pourrait marcher pour lui!

En tant que premier entraîneur-chef québécois des Alouettes, Chapdelaine a aussi été conscient du moment en lançant un « êtes-vous prêts les gars? » après avoir précédemment donné ses instructions en anglais. C’était un clin d’œil intéressant et les joueurs avaient l’air très excités.

Une occasion de valider

Même si ce premier match sous l’ère Chapdelaine est extrêmement encourageant et donne envie de connaître la suite de choses, il ne faut pas oublier que tout n’a pas été parfait contre les Argonauts. Sur les unités spéciales et au chapitre de la protection avec six sacs accordés.

Chapdelaine n’avait pas l’air parti pour changer ses cinq joueurs de la ligne à l’attaque, mais a plutôt choisi des jeux et des formations pour les aider. Des ailiers rapprochés et des receveurs de passes ont été ajoutés pour faire des protections à sept ou huit et malgré cela, les Argonauts ont réussi leurs deux premiers sacs, même s’ils étaient moins nombreux sur la ligne d’engagement. Cela ne devrait jamais arriver contre une pression à quatre ou cinq. Chapdelaine a choisi des jeux pour aider sa ligne à l’attaque et les gars n’ont malheureusement pas répondu.

C’est frustrant, d’autant plus que les gars ne semblaient pas saisir d’où venait l’aide. Deux fois, Jake Piotrowski - utilisé comme joueur de ligne supplémentaire - s’est fait battre à l’extérieur, alors qu’il n’avait qu’à envoyer son adversaire à l’intérieur pour obtenir l’appui de Jacob Ruby, qui ne bloquait alors personne. Ce sont des éléments de base et comme Cato n’est pas le plus costaud, il ne doit pas se faire frapper trop souvent au cours d’un match. Il faut toujours savoir d’où l’aide provient!

Également, il faut avoir en tête que deux fois depuis le début de la saison, la machine semblait repartie à la suite de victoires contre les Roughriders de la Saskatchewan et le Rouge et Noir d’Ottawa, mais chaque fois les Alouettes ont subi la défaite. Dans les faits, les Alouettes n’ont toujours pas remporté deux matchs de suite cette année. La prochaine rencontre face aux Eskimos d’Edmonton sera un gros test, mais aussi une occasion de valider certaines choses.

*Propos recueillis par RDS.ca