Des leçons à retenir chez les Alouettes
Alouettes samedi, 3 août 2019. 17:15 samedi, 14 déc. 2024. 20:00La rencontre de vendredi a été fertile en rebondissements et il y a plusieurs éléments à passer sous la loupe afin d’expliquer le revers des Montréalais au compte de 30 à 27 en prolongation.
J’avais hâte avant tout de voir comment les Alouettes allaient entamer la rencontre devant le Rouge et Noir d’Ottawa alors qu’ils revenaient d’une semaine de congé. On se pose toujours la question à ce moment si l’exécution sera au rendez-vous. C’est vrai que les joueurs ont la chance de se reposer, mais je ne suis pas certains qu’ils voulaient vraiment attendre presque deux semaines avant ce duel contre la formation ontarienne.
Les Alouettes étaient véritablement sur une lancée avec trois victoires consécutives et je craignais qu’on note une légère rouille en début de rencontre. Force est d’admettre que les hommes de Khari Jones ont une fois de plus connu un départ canon.
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Les Montréalais ont inscrit 17 points au premier quart et deux fois, ils ont ajouté des points au tableau après des revirements provoqués par la défense. Cette unité continue son excellent travail et elle donne le ton au match en créant des revirements. Elle donne ainsi des maux de tête aux adversaires.
Cependant, les flashs offensifs sont uniquement survenus au premier quart, mais cette unité est tombée à plat par la suite.
Les semaines de congé ne sont donc pas profitables pour les Alouettes jusqu’à maintenant, alors qu’à la suite des deux congés, la troupe montréalaise a encaissé une défaite.
Tout un match défensif, mais une fausse note
Ce résultat ne doit toutefois en rien voiler la domination de l’unité défensive des Alouettes.
On note encore une progression au sein de cette unité, alors que pour un sixième match consécutif, elle a accordé moins de verges à l’adversaire. On se souviendra du duel contre les Eskimos d’Edmonton en ouverture de saison qui s’était soldé par un total de 607 verges pour leurs rivaux de l’Ouest. Ce chiffre est descendu à 320 tout juste avant le congé et contre Ottawa, il est passé à 241 verges.
Je ne crois pas que ce total va de nouveau descendre comme c’est exceptionnel. La défense s’est aussi illustrée avec quatre revirements et un sac du quart.
La défense n’a pas grand-chose à se reprocher, mais vous en conviendrez qu’il est difficile de gagner un match de football lorsqu’une seule des trois unités remporte sa bataille. À ce sujet, des points accordés par les Alouettes, 14 proviennent des touchés enregistrés par Devonte Dedmon sur des retours de botté.
La défense des Alouettes était donc sur le terrain pour uniquement 16 points et de ce nombre, il faut compter le touché inscrit à la suite de l’interception de Vernon Adams qui plaçait le Rouge et Noir à la ligne de 5 verges dans le territoire des Alouettes.
Au final, on doit enlever les deux touchés sur les unités spéciales, il y a eu un majeur alors qu’elle se retrouvait en position plus que précaire, ce qui laisse les trois placements.
Connaissant cependant toute la fierté qui anime les joueurs sur l’unité défensive des Alouettes, ce qu’ils retiendront surtout, c’est la fin de match alors qu’ils n’ont pas été en mesure d’arrêter le Rouge et Noir. C’est sévère comme approche, car après tout son excellent travail, l’unité défensive avait l’opportunité de sceller l’issue de cette rencontre en freinant Ottawa en fin de match, mais elle n’a pas été en mesure de le faire.
C’est dommage comme dénouement, car la défense des Alouettes aurait mérité un meilleur sort. Cependant, elle a flanché au mauvais moment. Dans les 10 dernières minutes du quatrième quart, le Rouge et Noir a amassé 113 verges en deux séquences qui ont résulté en deux placements et la prolongation a ainsi été possible pour les visiteurs au Stade Percival Molson. Au final, 47 % de l’attaque du Rouge et Noir a été enregistré dans les 10 dernières minutes du match.
La frustration est donc évidente pour les joueurs défensifs puisqu’ils seront tout juste arrivés à court et n’ont pas été en mesure de fermer la porte.
Dedmon renverse les unités spéciales des Als
Le mal a cependant été fait sur les unités spéciales, alors qu’on a découvert le retourneur du Rouge et Noir Dedmon. Nous n’avons pas le choix d’admettre qu’il a été spectaculaire avec un incroyable total de 382 verges. Il a presque couru pour quatre terrains de football au cours de la rencontre et évidemment, deux de ses courses se sont terminées dans la zone des buts.
Dedmon est celui qui a permis au Rouge et Noir de s’accrocher alors que les Alouettes tentaient de prendre le large en début de match. C’est lui qui a en quelque sorte tenu le fort jusqu’en deuxième demie alors que l’attaque du Rouge et Noir allait bien finir par débloquer à un moment.
Sur la séquence, on a vu une fois de plus que les mises en échec, ça fonctionne au hockey, mais pas au football. Un plaqué se réalise avec les bras, mais au final, Dedmon a été simplement spectaculaire. Il a repoussé tous les plaqués, il rebondissait sans vouloir tomber. Il faut lui donner crédit.
On s’entend donc que les unités spéciales ont été la faiblesse principale des Alouettes dans cette rencontre, mais il ne faut pas passer sous silence la prestation de Shakeir Ryan. Il a offert de bonnes séquences avec un total de sept retours sur des bottés de dégagement pour un total de 98 verges, soit une moyenne de 14 verges par retour et un plus long de 35 verges. Il passe toutefois bon deuxième après le retourneur du Rouge et Noir.
Une attaque qui a oublié la course
L’attaque a quant à elle connu une rencontre en deux temps, car le début de match laissait présager une autre rencontre fort productive. Toutefois, après les 17 points au premier quart, il n’y en a eu que 10 pour le reste de la rencontre.
J’en viendrai à la blessure de Vernon Adams, mais avant même que le quart des Alouettes ne quitter la rencontre, certains signes n’étaient pas des plus encourageants. Adams manquait de précision sur ses passes, il n’en a complété que 52 %, et les receveurs échappaient de leur côté des ballons.
Ce qui me chicote le plus cependant, c’est que les entraîneurs ont oublié le jeu au sol en deuxième demie. Le pointage ne permettait en rien qu’on enlève ce facteur de l’équation. Le jeu aérien connaissait déjà des difficultés avant l’arrivée d’Antonio Pipkin.
L’identité des Alouettes lors de ses victoires était le jeu terrestre, mais contre le Rouge et Noir, l’équipe a couru deux fois moins qu’elle a passé. Au final, les Alouettes ont effectué 42 passes contre seulement 21 courses.
William Stanback connaissait un autre fort match avec 88 verges en uniquement 12 courses. On parle d’une moyenne de plus de sept verges par portée ce qui est énorme. La sélection des jeux me laisse donc perplexe.
Si je décortique encore plus, des 21 courses réalisées, 14 étaient l’œuvre des porteurs de ballon. Au quatrième quart, alors que les Alouettes étaient aux commandes, il n’y a eu qu’une seule course par les hommes de Khari Jones.
Je suis allé fouiller un peu plus loin et alors qu’il restait 11 minutes et 5 secondes à faire au troisième quart, Stanback n’a porté le ballon que deux fois. J’ai réellement de la difficulté à expliquer cette stratégie comme il est la bougie d’allumage des Alouettes.
Surtout qu’avec l’arrivée de Pipkin dans le match, on aurait dû vouloir le protéger et donner encore plus de travail à Stanback. Le quart réserviste n’a pas le droit aux mêmes répétitions à l’entraînement que le partant, donc il peut être plus difficile de retrouver du synchronisme.
Je comprends malgré tout que le Rouge et Noir semblait tout mettre en œuvre pour arrêter le jeu au sol des Alouettes lorsqu’ils ont vu Pipkin faire son entrée. Même si les stratégies laissaient indiquer qu’il allait être difficile de courir devant cette formation défensive, Pipkin ne pouvait finir la rencontre avec 18 passes contre deux courses à ses porteurs de ballon.
Je vais être plus technique ici et sans doute qu’il est vrai que plusieurs des passes étaient au préalable des jeux au sol. Lorsqu’on fait un jeu de l’option, le quart doit lire l’ailier défensif et il décide par la suite s’il remet le ballon à son porteur, s’il effectue une passe ou s’il court lui-même. C’est une bonne stratégie, mais à un moment, je suis d’avis qu’un jeu au sol à la ligne d’engagement doit demeurer un jeu au sol.
Les Alouettes doivent alors s’ajuster dans leur style de blocage et non pas uniquement bloquer en zone. Je ne veux pas revenir en arrière simplement pour revenir en arrière, mais ce n’est pas la seule façon de bloquer.
Lorsque je jouais, on se tournait beaucoup vers du blocage en isolé, piège, en puissance, et j’en passe. On trouvait une manière d’imposer notre volonté sans uniquement se tourner vers la zone. On savait où on allait courir et on suivait ce chemin.
Les Alouettes devront certes apporter des ajustements, car un tel débalancement n’est pas normal.
Pipkin aussi doit s’aider dans ce genre de situation. On conviendra qu’il est moins mobile que Vernon Adams, mais il est en mesure de se servir de ses jambes. Il me donne l’impression par moments qu’il s’entête à montrer qu’il peut être un quart de pochette et au lieu de courir, il voulait absolument lancer. Il ne doit pas avoir cette approche si c’est le cas.
Autre indice pour montrer les ennuis de l’attaque, huit fois l’attaque a quitté le terrain après seulement deux jeux. Avant la rencontre, ce total était à 19. La prolongation n’aura pas été profitable non plus, alors que Stanback a échappé le ballon pour une quatrième fois cette saison. L’équipe adverse a récupéré le précieux objet en deux occasions sur de telles séquences et c’est définitivement un point que le porteur de ballon devra améliorer.
Il est souvent écrit près du bureau de l’entraîneur responsable des demi-offensifs que la sécurité du ballon équivaut à sécuriser son emploi. Stanback devra remédier à cette situation.
Les problèmes à l’attaque ont surtout été flagrants en deuxième demie alors que l’unité n’a récolté que 98 verges au total. Pourtant le positionnement sur le terrain laissait entrevoir un bien meilleur scénario. Les Alouettes ont entamé leur séquence au 55, 45, 42 dans notre territoire, au 32, 39 et 35 dans celui d’Ottawa. Le tout a résulté en seulement 10 points lors des deux derniers quarts. C’est un manque flagrant d’opportunisme.
Deux décisions des officielles me laissent perplexe
Cette rencontre a aussi été marquée par certaines décisions des officielles qui ont eu une incidence sur le déroulement du match.
Bien que leur travail est loin d’être facile, je ne suis pas en accord avec la décision qui a été rendue pour annuler le touché de Quan Bray. Ce n’est pas parce que le ballon touche au sol que le receveur n’en a pas la maîtrise. Ce n’était pas hors de tout doute que le sol a aidé le joueur des Alouettes a gardé possession à mon avis.
Il faut se rappeler qu’au départ, c’est un touché qui a été signalé sur le terrain. Il fallait donc une preuve infaillible pour renverser la décision et on semblait manquer d’information pour le faire.
Par la suite, je suis étonné qu’il n’y ait pas eu de pénalité sur le plaqué qui a mené à la blessure de Vernon Adams.
Je suis conscient qu’il est difficile pour les joueurs défensifs de plaquer un quart, car c’est une cible en mouvement qui peut tenter de se protéger à tout moment en glissant. Donc s’il vise les numéros, il se trouvera au final à plaquer son casque.
Cependant, c’est davantage dans la manière dont le plaqué a été effectué que j’ai de la misère. Le joueur du Rouge et Noir s’est lancé sur Adams comme un missile, avec une charge de bélier alors que le dessus de son casque frappait le quart des Alouettes.
C’est le genre de jeu qu’on veut éliminer du football en raison des commotions cérébrales. Adams est d’ailleurs dans le protocole et les Alouettes devront être prudents à son sujet. Même si l’entraîneur-chef s’est montré rassurant après la rencontre sur l’état de santé de son quart, la prudence est de mise dès qu’il est question de coup à la tête.
On suivra donc l’évolution du bilan médical d’Adams au fil de la semaine alors que les Alouettes se prépareront pour leur prochain adversaire, les Roughriders de la Saskatchewan.
*Propos recueillis par Maxime Tousignant