Les Als nous ont ramenés en 2019 avec un 4e quart spectaculaire
Alouettes dimanche, 3 oct. 2021. 14:17 samedi, 14 déc. 2024. 00:52À voir la fin de fin de match excitante que nous ont présenté les Alouettes samedi soir à Hamilton, j’avais pratiquement l’impression de visionner un des films de la trilogie « Retour vers le futur » !
Je me suis mis à voir des flashbacks de la magie de la saison 2019, l’année durant laquelle les Oiseaux avaient multiplié les remontées en 2e demie, et souvent au 4e quart. On se demandait si c’était venu nous aveugler quelque peu, s’il était normal qu’une équipe soit en mesure de remonter la pente de façon aussi régulière. On se demandait si ce n’était pas en train de les rattraper, car après tout il s’agit d’un jeu dangereux que d’attendre les quinzaine dernières minutes avant d’enclencher en 5e vitesse. Mais tout à coup, l’instant d’un après-midi face aux Tiger-Cats, cette magie est revenue.
L’ingrédient principal de ces remontées à l’emporte-pièces n’est pas bien compliqué : c’est la capacité de Vernon Adams fils à réussir des jeux spectaculaires, en se transformant en Houdini pour se sortir de situations délicates devant la pression que lui présente le front défensif adverse. Misant sur sa grande mobilité, au 4e quart, Adams a complété neuf de ses 13 tentatives de passes pour des gains de 169 verges, deux touchés et une interception. C’était la première fois en 2021 que Montréal remportait un match malgré le fait que son quart était victime d’au moins une interception.
C’est aussi grâce à son groupe de receveurs qui se met à effectuer les attrapés contestés dans le trafic. Dans la dernière portion du match, les ballons qu’on a l’habitude de qualifier de « 50-50 » étaient plutôt des « 90-10 ». Je pense notamment à Eugene Lewis, qui s’est imposé physiquement de brillante façon au 4e quart, de manière à passer le message qu’il allait être très difficile de gagner une confrontation avec lui et de le séparer du ballon.
Et un dernier ingrédient non-négligeable de la formule éprouvée de 2019, c’est le manque d’opportunisme de l’équipe adverse. Samedi, malgré le fait qu’Adams ait été victime de deux interceptions, il aurait dû y en avoir une troisième. À la porte des buts, un demi défensif des Ticats a bêtement échappé un ballon qui normalement aurait dû être attrapé. Ça m’a rappelé ces nombreuses fois il y a deux ans où le quart des Als avait semblé être béni, tellement ses rivaux n’arrivaient pas à profiter de ses passes errantes.
Bref, c’est un amalgame de tout cela qui a permis aux Montréalais de repartir de Hamilton avec une victoire qui fait énormément de bien au moral.
Il ne faut cependant pas oublier le travail défensif qui a été réalisé. L’unité défensive n’a pratiquement rien donné, et j’aurai la chance d’y revenir un peu plus tard.
Au football et dans le sport professionnel en général, il existe des moments qui peuvent s’avérer spéciaux dans une saison et changer la dynamique. La résilience malgré une très bonne opposition, de nombreux blessés qui ont testé la profondeur plus que jamais – on pense ici à Matthew Shiltz dans les instants suivant la blessure subie par Adams ou à la ligne offensive décimée, qui a même mené à ce que David Ménard soit utilisé en renfort – ajoute une touche particulière à cette victoire signée en prolongation. C’était une réelle victoire d’équipe.
Khari Jones l’a avoué en conférence d’après-match : il espère de tout cœur que ce résultat aidera à souder le groupe, à le galvaniser, à relancer un groupe qui sans jouer du mauvais football connaissait des ratés et était en danger de prendre un important retard au classement.
Souhaitons-le, car c’est bien plus intéressant de commenter et d’analyser des victoires que des défaites!
Quand je parle d’une victoire d’équipe, je ne fais pas uniquement référence aux joueurs et aux entraîneurs. Dans le cas de la rencontre de samedi, on peut même ajouter à cela l’équipe médicale chapeautée par le docteur Vincent Lacroix. Lorsqu’on a vu Vernon Adams fils se tordre de douleur et que les Als ont annoncé au 2e quart que sa soirée de travail était terminée, on a craint le pire. Finalement, on a vu ce qu’il accompli en 2e moitié de match; il a été un héros et n’a nullement paru embêté par sa blessure.
Tout porte à croire que les médecins des Als ont fait de petits miracles auprès du quart partant lors du retour au vestiaire. Il a terminé le match en n’ayant pas l’air le moindrement d’un athlète qui a mal à une cheville. Visiblement, les traitements l’ont aidé non seulement à faire un retour inattendu dans le match, mais aussi à donner sa pleine mesure.
On a vu un beau moment sur les lignes de côté à la fin de l’affrontement, lorsque Khari Jones a été aperçu en conversation avec le docteur Lacroix. On lisait réellement dans le visage de l’entraîneur-chef toute sa gratitude pour le travail réalisé par l’équipe médicale. C’était un beau moment de complicité et c’était beau à voir.
Mine de rien, les responsables de l’équipement ont également eu un rôle à jouer dans la victoire. Lorsque des membres de la ligne offensive tombaient à gauche et à droite, il fallait faire vite pour trouver de nouveaux gilets à des joueurs qui allaient peut-être devoir évoluer à une nouvelle position pour dépanner. Les angles de caméras nous ont notamment permis de voir un employé des Als se dépêcher à dénicher un gilet « générique » no 62 au joueur de ligne défensive Almondo Sewell, qui porte normalement le no 90.
Maintenant que c’est dit, l’équipe peut bien sûr savourer cette victoire obtenue in extremis, mais il n’en demeure pas moins qu’il faut enchaîner. Une contre-performance lundi prochain contre le Rouge et Noir d’Ottawa et tout ce qui s’est produit à Hamilton tombe à l’eau. Il faut coller les bonnes performances pour réellement prendre son élan en 2e moitié de calendrier.
Ne serait-il pas temps pour des tentes bleues?
Puisque j’ai discuté du petit miracle réalisé par l’équipe médicale des Als dans le dossier Adams, j’aimerais discuter d’une réalité que l’on voit de plus en plus dans la LCF et qui me chicote.
En ce qui me concerne, le sport représente la téléréalité dans sa forme originale. Pour le téléspectateur, c’est cette idée d’être transporté le plus possible dans l’action. Il veut être sur le banc et dans le caucus… bref, être capable de vivre les émotions en même temps que les acteurs impliqués dans le match.
Pour une raison que j’ignore cependant, la LCF refuse d’installer les mêmes tentes médicales bleues que l’on voit dans la NFL.
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Prenons l’exemple de Vernon Adams, alors que tout le monde pouvait facilement déduire qu’il est blessé au pied gauche ou à la cheville gauche; ça ne laissait pas de place au doute. Ça s’est confirmé lorsque les thérapeutes sont venus à ses côtés sur le terrain pour faire un premier diagnostic.
Mais lorsque ça se transfère sur les lignes de côté et que je vois un paquet d’employés tenter de bloquer la vue des caméramans, que je les vois déplacer des bacs à ordures pour tenter d’obstruer la vue, je trouve ça plutôt absurde. Bien sûr, s’il s’agit d’une grave blessure qui pourrait mener à des images qu’il serait préférable de ne pas voir, c’est tout à fait acceptable. Mais dans la majorité des cas, et c’était celui d’Adams samedi, on sait exactement ce qu’il en est. Toute cette mascarade n’est pas nécessaire.
Je suis tenté de croire que la LCF serait pas mal mieux servie d’installer ces tentes médicales plutôt que de laisser les équipes prendre des moyens aussi farfelus. Je crois réellement que cette façon de faire ne donne pas de la bonne télévision.
La défense a permis la remontée
Maintenant que cette parenthèse est refermée, je veux revenir sur la belle performance défensive des Als dans ce 2e duel de la saison face aux Tiger-Cats.
On a l’habitude de dire que les bonnes défenses arrivent à garder le fort pendant que l’attaque cherche ses repères. Disons que samedi, celle de Montréal a gardé le fort très longtemps!
Quelle performance, et ce en dépit du fait que les Ticats ont bénéficié d’un bon positionnement sur le terrain pendant l’ensemble de la 1re demie. Les locaux sont quand même retraités vers leur vestiaire avec une mince récolte de six points.
L’attaque montréalaise a finalement débloqué au 4e quart, mais ça ne veut pas dire pour autant que la défense n’a pas eu à s’illustrer dans le dernier droit.
L’attaque au sol des Ticats a été muselée, surtout lorsque l’on compare à sa récolte monstre de 144 verges dans le 1er affrontement de l’année entre les deux clubs. Le porteur de ballon no 1 Sean Thomas Erlington a amassé seulement 26 verges sur sept courses (3,7 verges par course). En général, ç’a été 14 courses et 53 verges de gains. C’est anémique! On parle vraiment d’une grosse amélioration d’un match à l’autre.
Les jeux explosifs ont également été limités, et c’est le cas de le dire puisque la défense des Als n’en a alloué qu’un, soit cinq de moins que dans le 1er duel. Ça fait une énorme différence car l’adversaire doit travailler bien plus fort pour traverser le terrain. Il s’expose ainsi à commettre davantage d’erreurs, et c’est ce qui est arrivé, alors que deux revirements ont été provoqués sous forme d’échappés recouvrés.
Faire quitter le terrain à son adversaire sur 2e essai; voilà une autre boîte cochée puisque les Ticats n’ont converti que 30 % de leurs chances dans un tel contexte.
Finalement, je voulais voir si on allait être en mesure de ralentir les meilleurs joueurs offensifs de Hamilton. À la blague durant le reportage, j’ai mentionné que les gros canons des Ticats avaient été relégués au rôle de tire-pois.
Joueur par excellence de la LCF il y a deux ans, Brandon Banks n’a gagné que huit verges sur son plus long jeu du match. Dans le cas de Tim White, une cible ultra rapide dans le jeu aérien, ç’a été 13 verges. Quant à Jaelon Acklin, un autre excellent receveur, son plus gros jeu a été de 12 verges, et Bralon Addison, l’autre membre très dynamique de cette attaque, 21 verges. On peut affirmer que la tertiaire des Oiseaux a effectué du très gros boulot, en limitant les dégâts potentiels après l’attrapé. On a vu un Jeremiah Masoli hésitant pendant une bonne partie du match, et il en a résulté que la pression s’amenait sur lui.
De son côté, la ligne défensive des Als était condamnée à livrer un bon match après qu’on ait pu lire entre les lignes que le départ de l’entraîneur de la ligne défensive survenu quelques jours plus tôt était souhaité par les vétérans. Ça veut dire que plusieurs étaient insatisfaits de leur utilisation, des stratégies, de ce qu’on leur demandait de faire. Clairement, plusieurs n’avaient pas l’impression de performer à la hauteur de leurs capacités.
Une fois le changement effectué, il va sans dire que la balle était désormais dans leur camp, d’autant plus que la ligne offensive des Ticats est possiblement leur plus grande faiblesse, et qu’ils ont perdu un partant sur blessure dès le 1er quart. Visiblement, la ligne défensive des Als a profité de ça pour connaître un très bon match.
Loin de moi l’idée d’affirmer que c’était parfait cependant. Sur plusieurs jeux en défense, des joueurs des Ticats étaient laissés sans surveillance. Le quart-arrière n’a cependant pas été capable de les rejoindre, faisant preuve d’imprécision. L’indiscipline a également passé bien près de coûter le match, avec les 12 pénalités dont les Als ont écopé pour 125 verges. N’empêche que j’aime mieux faire des correctifs après une victoire qu’après une défaite.
Il ne reste qu’à espérer que ce 4e quart haut en couleurs servira de catalyseur aux Alouettes pour la suite des choses!
* propos recueillis par Maxime Desroches