MONTRÉAL – C’est dans sa nature et les malchances de la vie l’ont également mené dans ce chemin, Martin Bédard se dédie à aider les autres. Il le fait dans l’ombre, à l’image de son rôle de spécialiste des longues remises avec les Alouettes et c’est pourquoi sa nomination pour le trophée Jack-Gaudar le touche droit au cœur.

 

Cette récompense, qui vise à honorer un joueur canadien qui démontre les attributs des anciens combattants, lui sied à merveille.

 

Avec onze saisons à son compteur dans l’uniforme des Alouettes, il se dévoue encore à la tâche. Il fait partie de l’excellent noyau de vétérans qui demeurent associés à l’organisation montréalaise malgré ses déboires des dernières années. Ce sont les John Bowman, Kristian Matte, Luc Brodeur-Jourdain (maintenant à titre d’entraîneur) et lui.

 

En plus d’afficher une grande constance dans son mandat, il devient parfois le conseiller de coéquipiers.

 

Sans être un joueur vedette du club, il tient à son rôle et il aurait peiné à déclarer forfait pour le retour en éliminatoires des Alouettes. Blessé dans le dernier droit de la saison, le Québécois de 35 ans est assez rétabli pour se mesurer aux Eskimos d’Edmonton. A-t-il eu peur de rater cette première occasion éliminatoire en cinq ans ?

 

« Non, je me sens vraiment prêt. J’ai vécu une petite malchance, mais ça appartient au passé », a-t-il assuré.

 

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne s’agit pas d’une semaine comme les autres dans l’entourage des Alouettes. Une telle excitation n’avait pas été ressentie depuis 2014, Bédard se souvient très bien de ce massacre orchestré aux dépens des Lions de la Colombie-Britannique.

 

« Ce sont des souvenirs intenses. Puisque ce sont des matchs sans lendemain, tout le monde fournit une coche de plus. C’est notre dernière présence éliminatoire et on avait traversé cette étape en lion littéralement », a-t-il commenté en réalisant son jeu de mots.  

 

« C’est le feeling de la victoire dont je me rappelle le plus et que je veux retrouver », a tenu à ajouter le numéro 37 qui a été remplacé avec une superbe efficacité par D.J. Lalama.

 

Bédard ne tient pas à cacher le cachet spécial du moment.

 

« Il n’y a même pas de mots pour décrire comment je me sens à l’approche de cette partie. Je ne veux pas être redondant, mais ce sera un match intense qui se jouera sur les détails. On doit être prêts pour toutes les éventualités et c’est la beauté du football. Une équipe peut avoir des tendances pendant la saison, mais tu as l’impression d’affronter une équipe complètement différente », s’est-il lancé dans les hypothèses.  

 

Fidèle à son habitude, il s’est présenté très tôt au « bureau » cette semaine. Il arrive vers 7h15 même si les réunions débutent à 9h. Ce fut le moment pour discuter de cette occasion spéciale, mais de biens d’autres sujets également.

 

« J’adore manger avec mes coéquipiers, parler avec eux. On n’est pas juste des joueurs de football, on est des hommes, des pères de famille. On est du bon monde. Je ne pense pas qu’un joueur de football puisse fondamentalement être une mauvaise personne parce que c’est le sport d’équipe ultime. On joue tous pour les autres, tout le monde est dans le même bateau », a avancé l’athlète aux qualités altruistes.

 

Il s’appuie sur le contexte qui a régné en 2019 pour investir sur les chances de sa troupe.

 

« Toute la saison, on avait soif de victoires et de bonnes performances. On n’acceptait pas bien l’échec, on est une équipe très compétitive qui aime s’amuser. Pour que ça arrive, il faut que les prestations soient au rendez-vous », a indiqué celui qui est devenu récemment conseiller financier.

 

Cette passion, une fois de plus, lui permet de donner un coup de main.

 

« Je le fais pour aider les gens à arrêter de se stresser avec leur avenir. La plupart des gens vivent de paie en paie. C’est triste de voir ça, personne n’est en mesure d’épargner. Il y a moyen de le faire, mais pas assez de gens sont éduqués financièrement », a précisé Bédard avec un ton empathique.

 

Depuis six ans, les Alouettes ont fait très belle figure alors que trois représentants ont mérité le trophée Jake-Gaudar. Il s’agit de Luc Brodeur-Jourdain (2017), Jeff Perrett (2015) et Shea Emry (2013). Bédard partage plusieurs qualités sportives et humaines avec ceux-ci.

 

« Je suis super honoré. Quand je pense à tous ceux qui ont gagné ce prix, c’est comme plus gros que nature. Je suis presque sans mots. C’est un grand honneur », a-t-il avoué avec fierté.

 

Plusieurs excellents reportages ont été produits sur le rôle capital que Bédard joue auprès de son frère qui combat la maladie. C’est sans parler de ses parents qui sont décédés tragiquement. Quand on le rencontre, on sent que la vie n’a pas été tendre à son endroit, mais qu’il a été plus fort que cette immense adversité.

 

Il trouve d’ailleurs la force de multiplier les visites dans les écoles avec les programmes des Alouettes, il supporte toutes sortes de causes dont la Société canadienne du cancer et il se rend régulièrement au Manoir Marc Perron pour passer du temps avec ses résidents âgés et ceux ayant une déficience.

En tant qu’athlète, Bédard n’a peut-être pas la notoriété de certains anciens récipiendaires de cet honneur, mais ce n’est qu’un détail considérant tout ce qu’il accomplit pour les autres chez les Alouettes et dans la communauté.