Les Alouettes ont bien répondu dimanche avec une convaincante victoire contre les Tiger-Cats après une décevante défaite face aux Blue Bombers.

On a été un peu échaudé par la défaite contre Winnipeg parce que la performance des Alouettes contre les Eskimos, une semaine plus tôt, nous donnait beaucoup d’espoir.

Le gain contre les Tiger-Cats est donc encourageant. Mais on va tenter de rester le plus calme possible en espérant que cette fois-ci, ils valideront avec une autre belle performance contre Hamilton samedi prochain.

Avec un pointage de 36-5, on peut appeler ça une bonne vieille raclée. Les Alouettes ont ramené les Tiger-Cats sur terre. Ces derniers flottaient sur un nuage après avoir battu les Argonauts lors de deux semaines consécutives. J’imagine que les joueurs sont arrivés à Montréal en pensant que ça allait être facile et qu’on avait seulement à revêtir l’uniforme pour l’emporter.

Kent Austin a mis le doigt sur le bobo. Ses joueurs n’avaient aucune intensité. Ils n’ont pas gagné la bataille de la robustesse. C’est à se demander s’il n’y avait pas des œufs dans les épaulettes des Tiger-Cats. L’élément physique était à sens unique en faveur des Alouettes.

Les 36 points marqués par Montréal constituent une bonne production. Pour mettre le tout en perspective, lors de leurs deux rencontres précédentes contre Toronto, les Ticats avaient accordé 37 points au total.

On va souhaiter que ce n’est « jamais deux sans trois » parce que les Alouettes ont le numéro du quart Henry Burris cette année. Il semble complètement paralysé contre la défense montréalaise. À Moncton, il avait obtenu 176 verges de gains aériens. Dimanche, il n’a récolté que 106 verges avec aucune passe de touché et une interception. Il a encore une fois fait face à énormément de pression et de sacs du quart.

Parfois, quand on se compare, on se console. Chez les Alouettes, c’est la chaise musicale au poste de quart-arrière cette saison. On n’est pas certain de qui sera le quart partant et on espère que Troy Smith sera sur une lancée.

Je regarde les Tiger-Cats lors des quatre derniers matchs. Hamilton a une fiche de deux victoires et deux défaites, comme les Argos en passant. Les Alouettes ont signé trois gains contre une seule défaite. Burris, durant cette période, a lancé deux passes de touché contre six interceptions. Cet aspect doit inquiéter un tout petit peu Kent Austin et son attaque.

À la défense de Burris, sa ligne offensive est une vraie passoire. Elle est décimée par les blessures. Elle a également beaucoup d’ennui contre le système défensif des Alouettes. Elle a accordé 62 sacs du quart depuis le début de la campagne.

Mine de rien, cela doit affecter Burris. Personne n’aime se faire frapper. Tu veux dégainer plus rapidement. Tu vois des fantômes et de la pression où il n’y en a pas. Tu ne fais plus nécessairement confiance à ta ligne alors tu ne t’installes pas exactement où tu devrais l’être. Ça ajoute des problèmes sur les angles de blocage de la ligne à l’attaque.

Gable tenu en échec

Néanmoins, je dis encore bravo aux Alouettes parce que C.J. Gable, la bougie d’allumage de cette attaque, a un grand total de 67 verges en deux matchs contre Montréal. Et ce total compte les verges par la passe et au sol! Il a complètement été menotté par les Alouettes. Lors de la dernière partie, c’était trois courses pour aucune verge de gain. Gable venait de gagner 356 verges au sol lors de ces trois derniers matchs. Si on peut encore ennuyer Gable et Burris samedi, c’est de bon augure pour la défense des Alouettes.

Lors du dernier match, ce fut donc une autre performance sans bavure de l’unité défensive. Ce qui est intéressant, c’est qu’on voit le potentiel de l’équipe quand l’attaque et les unités spéciales produisent et que la défense reste fidèle à elle-même. Ça donne une équipe qui a beaucoup plus de mordant.

Défensivement, on continue à mettre beaucoup de pression, à faire des blitz et à créer des illusions de blitz. On met de la pression avec la défensive homme à homme et avec celle de zones. On est très créatif et on continue à multiplier les différentes stratégies. On est imprévisible.

Quand tu blitz beaucoup, il n’y a rien de pire que d’être prévisible. On fait un bon mélange et Noel Thorpe continue de changer ses tendances. Souvent, c’est le même blitz, mais les joueurs sont placés différemment. Bref, on déguise bien nos stratégies.

Chip Cox et Henry BurrisIl faut encore une fois souligner le travail de Chip Cox qui a été nommé joueur défensif de la semaine dans la LCF. J’ai de la difficulté à croire que des unités offensives ne le bloquent toujours pas.

Je comprends qu’on multiplie les mouvements et qu’il n’arrive pas toujours du même endroit. Sa grande force est sa rapidité et cela lui permet de couvrir beaucoup de terrain. C’est pour cette raison que Thorpe l’utilise très bien. Il peut l’installer à l’extérieur de la boîte défensive comme s’il était en couverture de passe en sachant que sa vitesse lui permettra de se rendre quand même au quart même s’il doit parcourir une plus longue distance.

En donnant l’illusion de surveiller des receveurs de passe, l’unité de protection n’est pas dans le calcul. C’est donc pourquoi les blitz de Cox arrivent souvent de l’extérieur. Même contre le jeu au sol, Cox vient souvent faire les plaqués et personne ne le bloque parce qu’il arrive de l’extérieur de la boîte défensive. Il est vraiment bon pour utiliser ce genre de technique et c’est tout un casse-tête pour les unités offensives adverses.

La défense montréalaise a gagné la ligne d’engagement et elle a constamment recréé une nouvelle ligne de mêlée dans le territoire de Hamilton. On se sentait presque mal pour Henry Burris et C.J. Gable parce qu’ils étaient assaillis. Gable s’est fait plaquer dans le champ arrière avant même qu’il n’ait le temps de revenir à la ligne d’engagement.

Burris était sous une pression constante et n’avait pas le temps de se placer. Les fois qu’il était prêt à lancer, comble de malheur, les demis défensifs étaient tellement bons que les receveurs n’étaient pas démarqués et cela donnait le temps à la pression de se rendre au quart de Ticats.

La contribution des unités spéciales

Ce qui est intéressant de cette victoire, c'est que les unités spéciales ont contribué à la victoire et non à une défaite. Malheureusement, cette année, cette facette du jeu a été couci-couça. Elles ont donné le ton. Souvent, tu prends le pouls d’une équipe à travers les performances de ses unités spéciales au niveau de l’intensité et de la robustesse.

On a vu un bloc percutant de Shea Emry sur un retour de botté de Bo Bowling. Il y a eu des plaqués violents de la part de Winston Venable, Walter Spencer et Bear Woods.

Bo Bowling a eu de bons retours. Il en a eu cinq pour 118 verges, ce qui fait une moyenne de 23,6 verges par retour. Certains diront qu’il en a eu un de 58 parmi ceux-là. Parfait! Si l'on enlève ce retour, il en reste tout de même quatre pour 60 verges, soit une moyenne de 15 verges par retour.

Pour mettre le tout en perspective, à ses quatre dernières rencontres, Tyron Carrier a eu 22 retours pour 97 verges ce qui fait 4,4 verges par retour. Bref, une grande amélioration de ce côté avec Bowling et espérons que cela continue.

Le porteur de ballon Tyrell Sutton a été très dynamique. Il avait une belle vision et une bonne accélération. Il était en mesure de frapper les corridors de course plus rapidement et cela plaît aux joueurs de ligne offensive.

Sutton est un joueur qui a de la vitesse et de bons déplacements latéraux, un peu comme Brandon Whitaker. Les joueurs de ligne n’ont pas besoin de tenir leur bloc aussi longtemps puisqu’il passe dans le trou plus vite. Si jamais les blocs sont ratés, Sutton est un porteur qui est capable d’éviter les joueurs avec ses déplacements latéraux. On voit qu’il est marteau avec les verges qu’il gagne après le premier contact. Il a été correct sur les protections. Il n’a pas été trop testé et j’ai hâte de voir comment il performera lors du prochain match.

Un premier départ satisfaisant

À son premier départ, on a vu la force du bras de Troy Smith sur la passe de touché de 64 verges à S.J. Green. J’ai bien aimé sa gestuelle sur ce jeu alors qu’il a manipulé la défense avec des feintes. Il a appâté la tertiaire de Hamilton avec une feinte de jeu d’attirée à Tyrell Sutton, suivie d’une feinte de passe courte dans le flanc communément appelé « pump fake » dans le jargon du football. Par la suite, il a attaqué les zones profondes.

Jim Popp et S.J. GreenSur le deuxième touché de S.J. Green, j’ai aimé la décision du receveur. Green a remarqué qu’il n’y avait pas de maraudeur dans le centre. Il a effectué le bon tracé et s’est retrouvé au bon endroit. Évidemment, j’ai aussi adoré le jeu de 32 verges à Duron Carter parce que Smith a dû étirer le jeu et c’est un peu son style, comme Tracy Ham dans le temps.

Smith a bien géré le match. Ce n’était pas trop désorganisé. Il n’y a pas eu de pénalité pour avoir retardé la rencontre. Il n’y avait pas trop l’air d'avoir de confusion en sortant du caucus.

Par contre, on a vu qu’avec lui, c’est un peu tout ou rien et c’est la réputation qui le suit. Il n’a complété que 44 % de ses passes. On a vu des passes complètement ratées, mais il a fait assez de belles passes pour permettre aux Alouettes de marquer des points. Ce sera donc un point à surveiller.

Je ne sais pas comment Jim Popp a célébré la victoire, mais il devait être content parce qu’il avait brassé la soupe! Il y avait beaucoup de changements dans la formation. Il avait dit après la dernière rencontre que ce n’était pas acceptable de marquer si peu de points. Il avait fixé l’objectif à un minimum de 30 points. Les Alouettes en ont marqué 36. Il avait aussi affirmé que l’attaque devait être meilleure dans la zone payante. L’unité offensive a été deux en trois pour 66,6 % de taux de réussite. Avant ce match, les Alouettes étaient à 45 % (19 en 42).

Les Alouettes devaient également protéger le ballon alors que l’équipe avait commis 53 revirements. Il y en a eu qu’un seul. C’est donc une bonne nouvelle.

Maintenant, c’est l’opération validation. Les Tiger-Cats vont attendre les Alouettes avec une brique et un fanal. S’ils ont moindrement un peu de fierté, ils vont vouloir venger cette cuisante défaite. J’ai hâte de voir comment se passera le premier quart.

Si Montréal bat Hamilton, cela assure le premier rang de l’Association Est aux Argonauts. Les Alouettes resteraient en vie pour accueillir un match en éliminatoires à domicile. L’enjeu est encore très important. Je ne pense pas que le propriétaire se plaindrait d’avoir un match de plus à la maison pour engranger un peu plus d’argent!

C’est donc la mission des Alouettes de valider cette bonne performance de dimanche dernier.

*Propos recueillis par Christian L-Dufresne