Quand Tyrell Sutton vole un jeu à Jean-Christophe Beaulieu
Alouettes lundi, 17 juil. 2017. 23:28 samedi, 14 déc. 2024. 20:50MONTRÉAL – C’était la plaisanterie de la semaine. À l’entraînement, Tyrell Sutton se faisait un plaisir de répéter à Jean-Christophe Beaulieu qu’il allait lui voler un jeu planifié pour lui. Ce qui devait arriver, arriva.
Vendredi soir, avec 11:50 à écouler au match, les Alouettes tirent de l’arrière 20-16 à la ligne de 25 verges des Stampeders de Calgary. Le quart-arrière Darian Durant annonce alors le jeu concocté pour Beaulieu, sauf que…
« Une erreur d’assignation est survenue pendant le match et il a pris le ballon. Je me suis dis : "Mon petit tabarnouche" », a raconté Beaulieu, un athlète fort divertissant, qui était amusé et nullement fâché par la situation.
« Ce qui s’est passé, c’est qu’il manquait un mot dans l’appellation du jeu. Sutton ne savait donc pas qu’il devait quitter sa position donc il est resté là. On peut voir JC qui est à côté, il voit Tyrell prendre le ballon et il improvise en allant bloquer. La joke dans tout ça, c’est qu’il l’avait mis en garde pendant la semaine pour rire », a expliqué André Bolduc, l’entraîneur des porteurs de ballon.
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Beaulieu confirme le tout.
« Tout ça est parti en riant. Tyrell me disait : ‘C’est quoi le problème, comment ça se fait que tu obtiens ces portées. Je vais te les voler, je n’en obtiens pas beaucoup, ce n’est pas vrai que tu vas m’en prendre ! », a confié le Québécois qui s’est retrouvé à bloquer le même joueur qu’un coéquipier.
Il ne s’agit pas du seul élément amusant dans cette histoire. Il faut savoir que la révélation de ce quiproquo provient de Jacques Chapdelaine. L’entraîneur des Alouettes y est allé de cette confidence quelques minutes après la victoire contre les Stampeders.
« Sutton lui avait dit toute la semaine qu’il allait lui prendre ce jeu. C’est correct puisque le tout a fonctionné. Ça démontre à quel point c’est un grand compétiteur », avait déballé Chapdelaine avec un sourire au visage.
Voilà l’autre belle partie de ce malentendu : le jeu s’est transformé en une course de 11 verges. Sutton a fini par enchaîner avec un touché de 14 verges sur la remise suivante et oui, celle-ci était prévue pour lui.
Beaulieu retient justement cette partie et il en profite pour soulever une conclusion intéressante.
« En fin de compte, ça s’est très bien passé avec une belle course de sa part et ma moyenne est demeurée à 27 verges! », a rigolé Beaulieu qui a récolté ce gain sur sa seule course obtenue dans cette rencontre.
Le succès a été au rendez-vous en dépit de la confusion, mais Bolduc ne s’est pas gêné pour leur taper sur les doigts.
« En tant qu’entraîneur, j’ai fait l'évaluation de leur partie et Sutton a perdu des points malgré sa course de 11 verges. En plus, son jeu de pieds n’était pas bon. C’est vrai, l’appellation n’était pas complète, mais on doit connaître les jeux », a témoigné Bolduc.
« Malheureusement, JC aussi a perdu des points puisque le jeu n’a pas été exécuté comme prévu. Bref, j’ai sermonné les deux, mais je peux vous dire que Sutton était content de sa course », a-t-il ajouté.
Parfois, lorsqu’un cafouillage se produit dans un match de football, la scène est éloquente et on remarque, par exemple, des coéquipiers qui foncent l’un dans l’autre.
« Ça arrive à l’occasion comme quand un mot important a été omis par le quart-arrière ou qu’il avait été oublié à la retranscription sur le résumé des jeux porté sur le poignet du quart.
« Mais, cette fois, c’était drôle en crime parce qu’il l’avait averti! », s’est bidonné Bolduc.
Plusieurs étoiles au cahier de Beaulieu
Même s'il n’a pas mérité une note parfaite pour sa prestation contre les Stampeders, Beaulieu impressionne depuis le début de la saison.
« Ça vient de la confiance. La sienne, celle que l’organisation lui donne et la mienne envers lui. Vu qu’on se connaît très bien, on peut se parler de n’importe quoi. Notre relation est bonne et c’est toujours positif dans la correction. Ce n’est pas le style de gars que tu dois lui crier après. JC représente un outil intéressant à ce gabarit », a constaté Bolduc.
À sa quatrième saison avec les Alouettes, Beaulieu ne pourrait guère évoluer dans une situation plus favorable étant dirigé par son ancien entraîneur avec le Vert & Or de l’Université de Sherbrooke.
« C’est un entraîneur près de ses joueurs et il va toujours te dire la vérité. Il n’essaiera jamais de te passer un sapin. Quand il y a une erreur, il nous corrige tout de suite. Évidemment, il est francophone et il m’a coaché à l’université donc on est assez proches. C’est une belle relation. J’aime le fait qu’on soit un groupe tissé serré, on n’est pas autant que les receveurs. C’est un cadeau du ciel de compter sur lui », a statué Beaulieu qui apprécie le moment présent.
« Beaucoup de personnes me demandent si j’aimerais courir plus souvent avec le ballon, mais j’apprécie mon rôle diversifié. J’aime être un peu plus dans l’ombre, servir sur la protection de passe, sortir pour la passe et courir avec le ballon. Je préfère toucher à tout que devenir unidimensionnel. J’aime la façon qu’on m’utilise », a-t-il assuré.
Signe que tout va bien pour lui, Chapdelaine s’est permis une touche d’humour à son sujet.
« Je pense que c’est le gars avec la meilleure moyenne de verges par portée », a ciblé Chapdelaine avec un sourire en coin. Pour être bien précis, Beaulieu se situe au deuxième rang, derrière Weston Dressler, avec une moyenne de 13,3 verges.
« Il procure une alternative à ce que l’on fait par la course. On démontre aux autres équipes qu’il est une menace sérieuse et les défenses vont potentiellement devoir couvrir deux porteurs de ballon. Il est aussi capable d’agir en protection et capter des passes. C’est sans parler de ce qu’il accomplit sur les unités spéciales. C’est un gars qui a une très, très grande valeur pour nous », a dit Chapdelaine avec une remarque qui fera oublier à Beaulieu sa mésaventure amusante avec Sutton.