Finalement, les Alouettes ont réussi à mettre fin à leur mauvais sort. Pour la première fois depuis le mois d’août 2015, la formation montréalaise a gagné deux matchs d’affilée.

Comme par hasard, depuis que Duron Carter a été libéré, les Alouettes ont une fiche de deux victoires et aucune défaite.

Les Alouettes ont pris des décisions difficiles, mais qui se devaient d’être prises. Pour l’instant, ça fonctionne et on est récompensé puisqu’on gagne depuis ce temps. C’est encourageant. Les joueurs vont commencer à croire aux façons de faire de Jacques Chapdelaine. Ils vont être plus attentifs.

Force est d’admettre que ça fonctionne. Il prend des décisions pour le bien de l’équipe selon la philosophie qu’il veut instaurer. Je lui dis bravo.

Ils ont libéré Carter et Kenny Stafford et depuis ce temps les Alouettes n’ont pas perdu. Même chose avec le changement de quart-arrière et ceux sur la ligne à l’attaque aussi.

C’est facile de le dire en ce moment, mais pourquoi cela n’a pas été fait avant? Qu’est-ce qui serait arrivé si... mais avec des « si » on peut faire bien des choses!

Ce que je trouve intéressant depuis que les Alouettes sont officiellement éliminés, c’est que malgré tout, les joueurs jouent avec beaucoup d’effort, d’énergie et d’enthousiasme. Je vois une belle dynamique sur le terrain, que ce soit dans le caucus, entre les jeux ou sur les lignes de côtés, ce qu’on ne voyait pas durant la saison. Je vois aussi beaucoup plus de discipline chez les joueurs.

Ce sont toutes des choses qui ne se calculent pas en statistiques. Mais du côté de la dynamique d’une équipe sportive, c’est très important. C’est donc plaisant de voir ça.

Même s’ils sont éliminés, il y a l’élément fierté. Si tu es moindrement un professionnel, tu vas vouloir faire le travail de la bonne manière, peu importe les circonstances.

Les joueurs semblent vouloir impressionner Jacques Chapedelaine parce que tout indique que ce sera lui l’entraîneur-chef l’année prochaine. J’ai hâte de voir comment les Alouettes vont gérer ce dossier. Pour un entraîneur avec le titre intérimaire, il a pris de grosses décisions. Il a aussi une valeur ajoutée : il est bon avec les médias, il est francophone et bilingue, il répond bien aux questions et prend le temps de le faire.

Les Alouettes ont trois victoires en cinq matchs sous sa gouverne. À la blague, je dirais qu’une des défaites ne devrait pas compter puisque c’était à Calgary et qu’aucune équipe de la LCF n’a réussi à les battre sur leur terrain.

Chapdelaine a ramené l'harmonie

En fin de compte, on voit une équipe plus compétitive qui joue du football complémentaire comme le demande Chapdelaine. L’unité défensive provoque des revirements et l’attaque en profite pour inscrire des points.

Je ne vois pas de frustration sur le terrain ni sur le banc. Le premier quart en a été un « somnifère » dimanche. Boris Bede se dirigeait vers un record de bottés de dégagement au cours d’un match si ça continuait comme cela. Mais, je n’ai pas vu d’attitude négative ou de joueurs avec les deux mains levées vers le ciel. Cela est encourageant puisqu’avec l’élimination des Alouettes, je ne regarde même plus les statistiques. Ce que je veux voir c’est la dynamique d’équipe et la culture qui est en train de changer.

C’est sûr qu’il y a encore des points d’interrogation à certaines positions pour 2017, mais l’état-major aura toute la saison morte pour faire ses évaluations et apporter les changements nécessaires.

Mais au moins, c’est bien de voir les joueurs afficher une attitude différente sous Jacques Chapdelaine.

Une défense moins prévisible

La défense des Alouettes est intraitable depuis trois rencontres.

Il y a quelque temps, je trouvais que l’unité défensive de Noel Thorpe était devenue un peu prévisible. Il utilisait toujours son front 3-4 allégé. Je dis allégé parce que c’est un petit front avec de petits secondeurs. Les Alouettes se font fait passer sur le corps par quelques équipes, comme Vancouver qui avait couru pour 252 verges.

Ce que j’aimais moins, ce n’était pas la stratégie. C’était plutôt que c’était toujours la même. On ne faisait jamais de variation. Ça fait maintenant trois matchs que la défense joue très bien. Les Alouettes ont accordé 22 points à Calgary, ensuite 14 en Saskatchewan et puis 8 face aux Stampeders dimanche.

Wetenhall satisfait du travail de Chapdelaine

On peut attribuer cela aux performances des joueurs, mais aussi des entraîneurs. Ces derniers ont mélangé les stratégies en utilisant différents fronts défensifs et schémas de couverture.

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Les Alouettes sont revenus avec une défense plus combative et plus agressive. On veut déranger les quarts-arrières, les frapper et les rendre nerveux. Cela a fonctionné depuis trois matchs avec plus de sacs, plus de revirements et en n’accordant pas beaucoup de points.

D’ailleurs, c’était la première fois dimanche que Calgary ne marquait pas de touché au cours d’un match en 2016.

Je comprends que c’était Drew Tate le quart partant et non Bo Levi Mitchell. Mais Tate n’est pas un pied de céleri. Il a paru rouillé parce qu’il n’a pas joué de l’année. C’est tout de même un joueur que bien des équipes voudraient dans leur formation.

Les jeunes demis défensifs ont fait des jeux. Le petit nouveau, Khalid Wooten, a fait une interception. Même chose pour Tyree Hollins. En plus du gros arrêt sur le troisième essai sur la faufilade du quart.

Le meilleur exemple de ce changement en défense est survenu à Calgary il y a deux semaines. Bo Levi Mitchell a subi quatre sacs et les Stampeders n’ont marqué que 22 points bien qu’ils l’aient emporté.

Avant cette rencontre, les Stampeders avaient accordé 14 sacs en 15 matchs et ils en ont concédé quatre en une seule partie. Au cours de cette partie, on a vu des pénalités pour avoir mis trop de temps à remettre le ballon en jeu et des passes rabattues. Bref, la défense avait fait son travail en dérangeant Bo Levi Mitchell.

Les Stampeders doivent être contents de ne plus avoir les Alouettes sur leur chemin alors qu’ils n’ont marqué que 15 points en moyenne face aux Montréalais. Calgary a inscrit en moyenne 30 points par rencontre cette saison.

Une attaque avec de l’attitude

Du côté l’attaque, comme j’ai dit précédemment, c’était un premier quart somnifère dimanche.

Par contre, je reviens avec ma question d’attitude parce que je trouve que c’est cela qui est le plus ressorti de ce match.

Avec les anciens Alouettes du début de saison, après un premier quart comme celui-là, probablement que les visages auraient été longs et que les joueurs auraient cherché des coupables.

Au contraire, ils sont restés positifs. Ils sont revenus au deuxième quart et ils ont réussi à faire avancer le ballon. J’ai bien aimé la séquence de 12 jeux consécutifs pour 95 verges où les Alouettes sont allés marquer un touché. C’était une série offensive de plus de 6 minutes, ce qui est très long dans la LCF puisqu’il n’y a que 20 secondes entre les jeux.

En plus, cette séquence a eu lieu à la fin de la première demie. Dernièrement, les Alouettes n’étaient pas très bons en fin de première demie et en fin de quatrième quart. Ce sont des moments cruciaux dans un match de football. Cette fois, ils ont été bons en fin de deuxième quart et la défense n’a rien donné avant la mi-temps.

Ce que j’ai aimé aussi, c’est la manière dont ils ont terminé le match. Il restait 3:03 à faire lorsqu’ils ont repris le ballon au quatrième quart. Calgary n’a plus jamais retouché au ballon.

Malgré le manque de constance, il y a eu beaucoup de belles choses en attaque. La réalité, c’est qu’on jouait avec de jeunes quarts-arrières. Mais ils ont quand même fait de beaux jeux. Sur la séquence de 12 jeux, Vernon Adams a réalisé une belle course de 17 verges sur une feinte de balayage à Samuel Giguère. On a encore vu ses qualités athlétiques lorsqu’il a évité un sac et qu’il a étiré le jeu pour rejoindre Tiquan Underwood sur 27 verges. Cela a mené au premier majeur du match des Alouettes sur une course de Brandon Rutley.

Malheureusement, Adams s’est blessé. Mais, cela nous a permis de revoir Rakeem Cato. Dans la défaite à Calgary, Cato avait mal géré ses émotions. J’ai toujours pensé que c’était un bon passeur. Il a un bon bras, il est précis et il a un bon doigté. On l’a d’ailleurs vu sur sa passe de touché à Underwood.

À Calgary, j’étais déçu parce qu’il n’avait pas été en mesure de gérer ses émotions. La position de quart-arrière, tu dois demeurer stoïque et positif parce que tout le monde te regarde. Tu ne peux pas être négatif et commencer à pointer du doigt tes coéquipiers.

Dimanche, il a eu la chance de revenir et il a bien fait alors je lui dis bravo. Peut-être que c’est en raison du fait qu’il est venu en relève et qu’il n’avait pas le temps de s’énerver et de vivre du stress.

Il a été bon. Il a complété beaucoup de passes. Sa course de 73 verges était très spectaculaire. Il était bien préparé aussi. Puisque Adams est un jeune quart, je doute que Cato ait eu beaucoup de répétitions en attaque cette semaine. Il est arrivé dans le match et il a exécuté. Ça en dit long sur sa préparation mentale.

Lorsqu’on connaît son histoire à Rakeem Cato, on ne peut que lui souhaiter qu’il puisse faire carrière dans le football professionnel. Il ne l’a pas eu facile dans son enfance. On veut qu’il réussisse, mais il doit gérer ses émotions s’il veut être en mesure de le faire.

Il ne reste plus qu’un match à la saison des Alouettes. Ils y iront pour une troisième victoire de suite, exploit qu’ils n’ont pas réussi depuis leur série de six gains consécutifs qui s’est échelonnée du 21 septembre au 2 novembre 2014.

Donc pourquoi pas trois victoires de suite pour terminer la saison en beauté!

*Propos recueillis par Christian L-Dufresne