MONTRÉAL - Elle aurait pu être ébranlée en perdant deux piliers dont l’illustre Scott Flory, elle aurait pu vaciller en devant protéger quatre quarts-arrières différents et elle aurait pu faiblir avec un changement d’entraîneur et de système, mais la ligne offensive des Alouettes de Montréal a encore tenu le fort avec brio en 2013.

Bien sûr, son rendement ne s’est pas déroulé sans de petites anicroches, mais cette unité a tout de même conclu la saison avec le deuxième meilleur rang de la Ligue canadienne de football pour les sacs alloués.

Les premières semaines du calendrier n’ont pas été de tout repos surtout avec le nouvel entraîneur Dan Hawkins qui n’a pas fait long feu en sol montréalais. Par contre, l’un des nouveaux adjoints, Frank Verducci, est demeuré en poste au contrôle de la ligne à l’attaque.

Très rapidement, l’ancien adjoint dans la NFL s’est retrouvé un acolyte pour l’épauler lorsque Flory a dû renoncer à sa saison en raison d’une blessure survenue dès la troisième partie.

La semaine précédente, c’était au tour d’Andrew Woodruff de subir une commotion cérébrale l’écartant des terrains.

« Le plus difficile a été l’adaptation en début de saison en perdant Scott et Andrew. On a eu besoin d’une période d’adaptation et c’était aussi éprouvant avec le début de saison que nous connaissions », s’est rappelé Brodeur-Jourdain mercredi au terme de l’entraînement.

« Tout est rentré dans l’ordre et nous avons quand même connu une bonne saison comme unité et on veut continuer ainsi durant les éliminatoires. »

Luc Brodeur-JourdainSans trop tarder, Ryan Bomben et Michael Ola se sont établis comme des remplaçants de luxe pour compléter le groupe formé du centre Luc Brodeur-Jourdain ainsi que des bloqueurs Josh Bourke – qui a aussi été blessé - et Jeff Perrett.

Déjà là, le rendement de cette « gang » tissée serrée aurait été remarquable, mais il ne faut pas oublier l’apport de Kristian Matte qui a contribué à quelques occasions.

« Ils ont démontré beaucoup de résilience et ils sont devenus de plus en plus forts au fil de la saison. Nous avons changé l’attaque tellement souvent! Ç’aurait été normal que ça devienne plus difficile pour eux au niveau de la protection », a souligné Jim Popp, le directeur général et entraîneur-chef qui était sûrement heureux d’avoir déniché cette profondeur.

Grâce à leur travail, la valse impliquant Anthony Calvillo, Josh Neiswander, Tanner Marsh et Troy Smith n’a pas tourné au cauchemar.

« Ils ont été en mesure de s’adapter tout au long de la saison. C’est encore plus difficile pour le centre qui devait s’adapter aux quarts, à leurs différences dans les cadences, à leurs goûts spécifiques… », a reconnu Popp.

« Le fait de changer de quart-arrière et aussi de porteur de ballon, ça change certaines dynamiques offensives, mais en termes de cohésion, c’était plus éprouvant de perdre des joueurs d’un groupe régulier », a expliqué Brodeur-Jourdain.

Les pertes de Flory et Woodruff avaient de quoi inquiéter cette unité et surtout celui qui se retrouve au milieu de la formation.

« C’est toute la communication qui a été modifiée. En tant que joueur de centre, je me devais d’être plus explicite dans ce que je dois dicter comme consignes de blocage. Je devais être très précis alors que quand Scott était là, disons qu’il avait vu beaucoup de football dans sa vie avant moi. C’était d’une énorme facilité que de jouer à ses côtés », a détaillé l’ancien du Rouge et Or de l’Université Laval.

Flory, un futur entraîneur? 

Scott Flory et Kristian MatteÀ 37 ans, Flory (à gauche sur la photo et Verducci à droite) aurait pu s’accorder le répit mérité et profiter d’un maximum de temps avec ses deux enfants et sa femme, mais sa passion du football l’empêchait de s’éloigner du groupe et il ne serait pas surprenant de le voir accéder au rôle d'entraîneur en 2014. 

« Scott poursuit son rôle de mentor et c’est exceptionnel d’avoir un vétéran comme lui qui se blesse en début de saison et qui reste auprès de nous. Il pourrait rester à la maison et regarder la télévision! Il a continué de prendre soin de nous pour que le travail soit bien fait et il a apporté sa vision en prodiguant plusieurs conseils », a évoqué Brodeur-Jourdain.

Voilà pourquoi on peut constamment l’apercevoir dans l’entourage des Alouettes, et sa présence demeure rassurante même s’il n’enfile pas son équipement.

« Il a été d’une énorme aide avec nous. Particulièrement moi, il m’a aidé à progresser tout au long de de l’année », a confié Bomben qui évolue au poste de garde comme Flory.

« Il est maintenant un entraîneur et on le taquine en l’appelant Coach Flory. C’est merveilleux de l’avoir auprès de nous », a-t-il ajouté avec le sourire.

Michael Ola avec un partisanSi les joueurs de la ligne offensive semblent inséparables et qu’ils ont leurs petites habitudes particulières – dont au niveau de leur « régime » -, ils s’inspirent aussi des autres meneurs de l’équipe pour expliquer leur succès dans des conditions peu évidentes.

« Ça vient de l’attitude des joueurs et du groupe que nous formons. Nous sommes des athlètes fiers qui poursuivent une culture instaurée depuis plusieurs années. C’est bénéfique de voir des joueurs qui prêchent par l’exemple comme le nominé Chip Cox et les autres sur l’équipe d’étoiles. Il faut garder une attitude victorieuse même quand ça va moins bien », a énuméré Brodeur-Jourdain comme recette.

En voyant des histoires effrayantes comme celle de Jonathan Martin qui secoue les Dolphins de Miami, difficile de croire qu’un tel problème ait pu se développer au sein d’une bande aussi amicale et attentionnée qu’une ligne offensive.

« C’est un si bon groupe de gars. Malgré des blessures à deux partants, deux autres joueurs les ont remplacés de brillante façon. En fait, ces deux joueurs devraient être des partants dans la LCF, mais ils ne l’étaient pas encore », a vanté Popp en conclusion. 

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