La défaite de 33-16 subie aux mains des Eskimos d’Edmonton est décevante pour les Alouettes puisqu’ils étaient dans le coup jusqu’au début du quatrième quart.

Ils avaient même l’avance avec 14:27 à jouer au match. Après le touché de Duron Carter, c’était 16-12 en faveur des Alouettes et on croyait qu’on s’approchait d’une victoire sur la route, ce qui aurait été une première cette saison.

Un gain, contre une équipe de calibre, aurait ajouté de la crédibilité aux récentes performances de l’équipe. C’est dommage que les Alouettes aient échappé cette rencontre.

Jonathan Crompton faisait face à un défi différent à Edmonton. C’était son troisième départ avec Montréal, mais son premier sur la route. On se doutait donc que ce serait plus difficile. Il affrontait une meilleure défense. C’était un test pour savoir où on en était rendu dans l’expérience Jonathan Crompton.

Il affrontait son ancienne équipe. Lorsqu’on regarde la façon dont les Eskimos ont joué, il faut croire qu’ils en savaient plus sur Crompton que ce dernier en connaissait sur son ancienne formation.

Les Eskimos ont présenté beaucoup de défenses de zone. On a forcé Crompton à effectuer des lectures de jeu. On s’est aperçu que Crompton avait de la difficulté à dégainer rapidement lorsqu’il devait analyser la défense qui lui était présentée. Il n’était pas certain où il voulait aller avec le ballon. Tom Higgins a toujours dit que ce qu’il aimait de Crompton, c’est qu’il dégainait rapidement.

On a donc vu Edmonton tester les capacités de lecture défensive de Crompton. Les Eskimos sont capables de jouer de la défense de zone puisqu’ils ont une bonne ligne défensive.

Quand une équipe est capable de mettre de la pression à l’aide de ses quatre joueurs de ligne, elle peut blitzer sur ses propres termes. Bref, quand elle le veut et non pas parce qu’elle doit le faire pour mettre de la pression sur le quart adverse. C’est le meilleur des deux mondes.

Lorsque tu sais que tes quatre joueurs de ligne défensive vont mettre de la pression sur le quart assez rapidement, tu peux utiliser des schémas défensifs de zone.

La défense de zone exige des secondes de plus au quart pour la décoder, surtout pour un pivot qui n’a pas beaucoup d’expérience. Il doit faire sa lecture et sa progression. Le temps d’exécuter tout cela, la ligne défensive est déjà rendue sur lui.

Si toutes les équipes avaient des lignes défensives qui se rendent au quart, elles opteraient toutes pour des défenses de zone.

C’est ce qui était la beauté du système des Eskimos alors qu’ils ont blitzé quand ils le voulaient. Les blitz entraînent les quarts à jouer plus rapidement. Ils permettent de le déranger physiquement.

Avec la défense de zone, tu attaques le quart mentalement. L’unité défensive se dit que le quart ne sera pas capable de décoder la défense avant que la ligne défensive ne se rende à lui pour précipiter ses passes.

Et c’est ce qu’on a vu. Crompton avait de la difficulté à faire ses lectures. Quand il arrivait à décoder la défense, la ligne défensive était près de lui et il précipitait ses passes. Sa mécanique de passe était toute croche. Il n’effectuait pas de transfert de poids et le résultat était des passes trop hautes ou derrière ses receveurs. Il y a eu un effet domino.

Jonathan CromptonCrompton n’a jamais pris son rythme au cours de cette rencontre. Un quart veut toujours compléter des passes tôt dans le match et il ne l’a pas fait. Il était 0 en 5 à ses cinq premières tentatives de passe.

D’ailleurs, ça ressemble au même départ que celui contre les Tiger-Cats. Encore une fois, c’est un deuxième match consécutif qu’il a débuté avec des passes imprécises. On a vu le même scénario que le début de match contre les Ti-Cats alors qu’une passe déviée avait mené à un touché sur un retour d’interception.

Contre les Eskimos, Crompton a été chanceux puisque les joueurs d’Edmonton ont échappé des interceptions. Ça commence à devenir une tendance puisqu’il a connu deux premières demies difficiles de suite. Il faut trouver une solution pour qu’il trouve son rythme pour gagner en confiance. Le jeu au sol pourrait l’aider.

Une autre observation qui nous laisse croire qu’il n’était pas capable de faire de bonnes lectures est qu’il n’a pas distribué le ballon. Il n’a pas utilisé beaucoup de receveurs. On dit souvent à la blague que le receveur favori du quart-arrière est celui qui s’est démarqué. Mais si tu ne le vois pas...

Crompton n’a utilisé que quatre cibles différentes. Le joueur qui a reçu le plus de passes est Brandon Whitaker, son dépanneur, avec six réceptions. Ce sont donc des indices qu’il ne lisait pas bien le jeu et qu’il se rabattait sur son dépanneur, son porteur de ballon.

Quand on regarde ses statistiques, Crompton a complété 15 passes pour 169 verges, mais si on enlève celle de 64 verges à Carter pour le touché, il n’en reste que 14 pour des gains de 105 verges.

Ça devient donc un gros défi pour Crompton. Il va affronter les Stampeders la semaine prochaine et c’est un peu le même scénario. Calgary n’est pas obligé de blitzer. C’est une équipe qui peut mettre de la pression avec ses deux ailiers défensifs, Charleston Hughes et Shawn Lemon, qui sont très bons. Le coordonnateur défensif Rich Stubler présente des défenses de zone très complexes.

Si jamais Crompton n’est pas capable de faire des lectures rapides, le gros défi se transporte sur la ligne à l’attaque qui devra tenter de donner des secondes supplémentaires au quart. Ce sera aussi aux receveurs de trouver les bons entre zones.

C’est donc un petit pas en arrière pour Crompton, mais c’était seulement son troisième départ alors il faut garder le tout en perspective. On va voir comment il va rebondir.

Où est la course?

Quand tu vas sur la route avec un jeune quart-arrière, il faut utiliser le jeu au sol. Ça prend de l’équilibre.

Une attaque équilibrée garde la défense adverse honnête. Elle ne sait pas à quoi s’attendre. Mais ça enlève surtout de la pression sur tout le monde en attaque. Il n'y pas de pression sur le quart puisqu’il n’a pas toujours besoin de passer le ballon. Il n’y a pas de pression sur la ligne à l’attaque parce qu’elle n’est pas toujours en protection de passe.

Je m’explique mal que Brandon Whitaker ait eu seulement 10 courses au cours du match. Tyrell Sutton n’a jamais porté le ballon. Je vous rappelle que c’était 6-6 à la mi-temps et 12-9 en faveur des Eskimos après trois quarts, donc on ne parle pas de football de rattrapage.

C’est décevant puisque sur les 59 verges de gains au sol, il y en a seulement 46 par les porteurs de ballon. Avec un jeune quart sur la route devant une défense aguerrie, tu as besoin d’équilibre. Lorsqu’on fait le décompte, c’est 27 passes et seulement 15 courses durant la rencontre, dont 10 par les porteurs de ballon.

Je m’explique mal cette sélection de jeux. Mais peut-être que le coordonnateur offensif des Alouettes, Ryan Dinwiddie, s’est dit qu’il a essayé de courir et que ça n’a pas fonctionné.

Allons analyser en détail les courses de Whitaker.

Sa première course est survenue lors de la troisième série offensive des Alouettes et il a récolté cinq verges. Un bon gain. Regardons ses quatre courses suivantes : aucune, six, neuf et sept verges.

En première demie, Whitaker a porté le ballon à 7 reprises pour 31 verges. Bref, que Dinwiddie ne vienne pas me dire que ça ne fonctionnait pas!

Au troisième quart, Whitaker a trois courses : sept, deux et six verges. Ce n’est pas mauvais. Celle de six verges fut sa dernière course du match alors qu’il restait sept minutes au troisième quart.

J’ai de la difficulté à comprendre cette situation parce que ça fait deux fois que les Alouettes ne tirent pas avantage d’un adversaire qui connaît des difficultés à défendre la course.

Je me rappelle du match à Winnipeg le 22 août dernier. Les Blue Bombers venaient de se faire traverser pour plus de 350 verges au sol à leurs deux derniers matchs. Les Bombers avaient affronté les Roughriders, une équipe qui aime courir avec le ballon, et les Argonauts. Les Argos préconisent une attaque par la passe. C’est une unité offensive qui aime lancer le ballon qui avait traversé Winnipeg au sol.

On se disait alors que les Alouettes allaient arriver à Winnipeg et courir avec le ballon. Mais non! Vingt-neuf passes tentées, 14 courses des porteurs ballon, dont une seule par Sutton.

Je trouve que les Alouettes ont manqué le bateau et les Bombers l’avaient emporté 24-16.

Alors le même scénario se représente. Edmonton s’était fait traverser deux parties de suite par Calgary. Plus de 350 verges allouées au sol.

Encore une fois, 10 courses de Whitaker seulement et le match était chaudement disputé. C’est toujours plus facile de discuter de cela après le match, mais ça demeure des faits qui ressortent.

Trois excellents quarts en défense

Du côté de la défense, on a tenu le fort. On a joué un gros match. On a accordé que 12 points après trois quarts et ce n’était que des bottés de précision et un touché de sûreté.

La défense n’a pas grand-chose à se reprocher outre quelques pénalités qui en fin de compte lui ont fait mal.

Il y a eu de mauvaises pénalités qui ont donné des premiers jeux en deuxième essai raté aux Eskimos. Ces séquences se sont continuées et les Eskimos ont pu marquer des points.

Mike ReillyLes couvertures de bottés ont été pénibles aussi. Les Eskimos ont réussi plusieurs longs retours qui ont donné des terrains plus courts à l’attaque de Mike Reilly. Éventuellement, c’est venu rattraper les Alouettes.

La semaine dernière, j’avais soulevé le point que les Alouettes étaient en semaine courte de récupération et que ça représentait un défi de plus en raison du voyagement.

On se demandait si les Alouettes allaient avoir le niveau d’énergie nécessaire pour jouer pendant quatre quarts. On a eu notre réponse au quatrième quart alors que la défense s’est effondrée.

L’unité défensive a passé 38 minutes sur le terrain et l’attaque n’a eu le ballon que pendant 22 minutes. Donc, cela ramène la question sur l’utilisation du jeu au sol qui aurait permis de contrôler le ballon et le temps de possession.

La défense a été surtaxée et, malheureusement pour elle, ç’a été l’effondrement total. Les Eskimos ont marqué trois touchés, dont deux par Mike Reilly et un par le porteur de ballon Tyler Thomas.

Il faut saluer le travail de Reilly qui revenait d’une blessure. Lorsque c’était 16-12 pour les Alouettes, il a pris les choses en main. Il a lancé une passe parfaite de 48 verges à Adarius Bowman. La pénalité de rudesse a mené à son touché sur une faufilade du quart et les Eskimos ont pris les devants.

Après ils sont revenus avec le ballon pour marquer avec Thomas. C’était toute une sélection de jeu sur ce touché. C’était un deuxième essai et 15 verges à la porte des buts. Les Eskimos y sont allés avec un jeu d’attirer de toute beauté.

Edmonton s’attendait que les Alouettes soient homme à homme près de la zone des buts. En plus, Montréal a mis une pression à six. Donc une fois que Thomas a passé la première ligne, il ne restait plus personne.

Le coordonnateur à l’attaque des Eskimos a surpris tout le monde avec ce jeu.

Le deuxième touché de Reilly était aussi sur un jeu d’attirer. Quand il a vu qu’il n’y avait que cinq joueurs dans la boîte défensive, étant donné qu’il avait cinq bloqueurs, il a vu l’avantage numérique et il en a profité.

Les Eskimos ont terminé la rencontre de belles façons et bravo à Reilly qui a fait preuve de leadership.

Maintenant, c’est un retour à la case départ pour les Alouettes. La bonne nouvelle, c’est qu’il y a plusieurs journées de congé. On est amoché, surtout du côté de la ligne à l’attaque.

C’est tout un défi qui attend les Alouettes parce que c’est la meilleure équipe de la LCF qui se présentera à Montréal dimanche prochain. On va espérer que les Alouettes vont avoir appris de leurs erreurs face aux Eskimos.

*Propos recueillis par Christian L-Dufresne