Avant tout, disons que cette victoire fait du bien aux Alouettes dans les circonstances connues et toutes les unités ont contribué à ce résultat ce qui est agréable.

D’entrée de jeu, je dois noter que j’ai beaucoup apprécié l’attitude et l’effort des joueurs. On ne peut pas leur reprocher cela. Il ne s’agit pas d’un début de saison facile pour cette formation, mais leur attitude demeure irréprochable et c’est agréable à constater.

Ce triomphe leur permettra de bénéficier d’un peu plus de répit durant la semaine de congé.

À mon avis, c’était le meilleur match d’équipe disputé par les Alouettes cette saison. Chaque unité a été en mesure de se compléter et c’est intéressant. Je pense immédiatement aux deux interceptions réussies par Shea Emry à la suite desquelles l’attaque a inscrit 10 points.

Depuis le début de la campagne, la défense avait créé beaucoup de revirements sans que l’attaque n’en profite. Si les unités ne peuvent se compléter dans leur travail, ça finit par influencer négativement le moral des troupes. La défense peut, par exemple, se demander ce qu’elle peut faire de plus pour que ça rapporte.

En partant, je tiens à insister sur un point : les joueurs ne devraient jamais avoir à s’excuser après une victoire. On utilise souvent cette expression, mais une victoire, c’est une victoire puisque c’est difficile de gagner un match de football. J’admets que les Eskimos occupent le dernier rang dans l’Ouest, mais ils ont quand même perdu contre les Lions et les Roughriders.

En fin de compte, le travail d’un athlète demeure de gagner des matchs et c’est ce que les Alouettes sont parvenus à faire. Je sais que des personnes préfèrent se dire que ce n’était pas une victoire impressionnante, mais elle était nécessaire et ils ont trouvé le moyen d’y arriver.

Il faut quand même s’entendre – et les joueurs ont été les premiers à l’admettre – il ne faut pas se laisser aveugler par ce gain parce qu’il reste plusieurs éléments à peaufiner. Tout de même, les joueurs méritent d’apprécier ce résultat positif.

Du côté de l’attaque, elle a produit 32 points ce qui est 10 points de plus que la moyenne montréalaise avant cette rencontre. Ce que j’ai le plus apprécié, c’est l’engagement envers le jeu au sol. Je dis bravo aux joueurs et au coordonnateur offensif Mike Miller. Il ne faut pas oublier que les Alouettes ont subi trois courses négatives dès le premier quart ce qui aurait pu décourager bien des entraîneurs. Souvent dans la LCF, c’est l’équivalent d’un arrêt de mort comme on peut dire.

Je trouve ça plaisant que Miller ait démontré une ténacité avec cet aspect. Il était conscient qu’il s’agissait d’un match serré et qu’il a détenu l’avance pendant la plupart du duel. Il s’est rappelé qu’il n’était pas obligé de forcer la machine par la voie aérienne.

Tant mieux puisqu’il a bien répondu avec la deuxième chance obtenue. Pour vous donner une idée avec des statistiques, Brandon Whitaker avait amassé 24 verges sur 8 courses en première demie et il a fait exploser cela avec 138 verges en 16 courses en deuxième demie.

Brandon WhitakerÇa fait partie de la réalité du jeu au sol, tu investis souvent dans ce filon dans la première moitié et tu récoltes les dividendes par la suite. Évidemment, Whitaker a brillé dans ce match avec une production totale de 202 verges soit 56% de la contribution offensive. Ça faisait du bien de le voir aussi dominant dans ses changements de direction et ses accélérations. Bref, il ressemblait au bon vieux Whitaker des dernières années. 

Par conséquent, on a constaté les effets bénéfiques du jeu au sol. D’abord, l’attaque est devenue moins prévisible en effectuant 26 courses contre 29 passes. Ensuite, deux sacs du quart ont été concédés sur 29 passes et les Eskimos ne sont pas parvenus à frapper Anthony Calvillo très souvent.

Je vais volontiers prendre deux sacs du quart dans un match si les plaqués sont limités sur celui-ci. Ce sont les situations sous pression qui finissent par coûter cher quand tu peux frapper le quart plus de dix fois.

La bataille du temps de possession a évidemment été remportée par les Alouettes avec 35 minutes contre 25 et il s’agit d’une différence considérable.

Aussi, il ne faut jamais oublier l’élément physique. Le football demeure un sport axé sur la robustesse et le jeu au sol s’avère le baromètre pour connaître le niveau d’engagement de l’adversaire.

Malgré la perte de Josh Bourke pendant une certaine période de temps, la ligne offensive a continué son bon boulot. J’étais vraiment content pour ces joueurs parce que leur début de saison a été ardu. Ces derniers prenaient cela personnel puisqu’ils sont des athlètes fiers. Cette fois, ils ont eu la chance de s’illustrer.

Par contre, ce n’était pas parfait du côté offensif. Certains observateurs prétendent qu’un total de 359 verges n’est pas énorme. Toutefois, il ne faut pas oublier que l’unité offensive a souvent travaillé sur de courts terrains. C’est aussi simple que ça, mais quand tu hérites du ballon à la ligne de 22 verges, tu ne peux pas amasser plus que 22 verges sur ta séquence.

L’équipe a quand même démontré plus de constance sauf qu’elle a bousillé plusieurs occasions d’inscrire des touchés. En fait, les Alouettes ont inscrit seulement deux touchés en six visites dans la zone payante. Le botteur Sean Whyte a réussi ses six placements et son plus long a été de 32 verges ce qui prouve ce constat. Si Montréal avait moindrement été plus opportuniste, le match n’aurait même pas été serré.

La production a été meilleure sur les premiers essais ce qui est encourageant, mais les Alouettes ont encore peiné dans les situations de courts gains (3 verges et moins) à obtenir. J’ai noté neuf occasions de cette catégorie et les Alouettes ont accompli leur mission uniquement quatre fois. Je dois préciser que les pénalités ont été trop nombreuses dans ces circonstances.

Je souhaite que les Alouettes se préparent une série de jeux dans ces moments importants. Ça fait quatre chroniques que je m’époumone là-dessus, mais il faut rectifier le tir.

Autre soirée réussie sur les unités spéciales malgré tout

Encore une fois, les unités spéciales ont réussi du travail intéressant, mais des jeux ont fait mal malheureusement. Noel Devine a encore échappé le ballon et l’adversaire a sauté sur l’occasion pour inscrire des points. De plus, les Eskimos ont réussi un touché sur un retour de botté alors que tout fonctionnait à merveille.

En première demie, les Alouettes avaient une moyenne nette de 45 verges par botté de dégagement. On parle ici de la distance du botté moins le retour c’est donc spectaculaire comme résultat.

C’est dommage de donner un gros jeu surtout que le touché s’est avéré l’étincelle requise pour les Eskimos qui ne faisaient rien de bon avant ce moment. Ils tiraient de l’arrière 20-6 et ils semblaient désespérés. On peut même calculer que les Alouettes ont perdu 21-12 à partir de ce jeu.

L’écart creusé par les Alouettes aura fait la différence en bout de ligne, mais la remontée des Eskimos a affecté les hommes de Dan Hawkins. Il faut dire que leur confiance était fragile avec la séquence de trois défaites et la remontée de 24 points des Stampeders.

Tôt au dernier quart, nous avons assisté au touché de Calvin McCarty, à l’échappé de Whitaker et au touché de Cary Koch. Ces deux majeurs ont été alloués en quelques secondes ! Rapidement, les Eskimos ont pris les devants 27-26 si bien que les Alouettes auraient pu s’effondrer, mais ils ont fait le nécessaire pour arracher la victoire.Sean Whyte

Pour continuer sur les unités spéciales, je veux souligner la soirée de Whyte qui a sans doute joué son meilleur match de l’année. C’est vrai que ses placements ont été enfilés sur de courtes distances, mais il a excellé sur ses dégagements.

D’ailleurs, son dégagement qui est sorti du terrain à la ligne de deux des Eskimos au quatrième quart a été déterminant. Refoulés, les Eskimos n’ont pu gagner le premier essai et ils ont dû dégager tandis que les Alouettes ont enchaîné avec un placement creusant l’écart à cinq points.

De plus, l’entraîneur des Esmikos Kavis Reed a contesté la décision des arbitres de façon surprenante et il a perdu son dernier temps d’arrêt. Je présume qu’il aurait adoré l’avoir quand il restait 12 secondes pour préparer son équipe à la porte des buts. On voyait que ça allait trop vite pour son équipe et on sentait la panique.

La défense poursuit dans la même veine

Quant à la défense, elle a été fidèle à elle-même dans son style agressif. Elle a créé deux revirements tout en procurant de courts terrains à son attaque. Elle a effectué un meilleur travail sur les plaqués en plus d’accomplir les jeux cruciaux dans les dernières secondes.

J’en conviens que c’était frustrant de voir les Eskimos franchir le terrain sur la série finale, mais la défense a résisté quand ça comptait. On peut même se demander si cette fin de match palpitante deviendra un moment rassembleur car ça galvanise une équipe pour la suite des choses.

Bien sûr, je ne peux pas parler de la défense sans nommer Kyries Hebert. Cet athlète possède une énergie contagieuse et il ne cesse de réussir des plaqués percutants. Il a ajouté deux sacs du quart pour hausser son total à sept.

Ce que j’adore dans son cas, c’est que sa présence devient un méchant casse-tête pour les adversaires des Alouettes et surtout les porteurs de ballon. Dans le système de Noel Thorpe, la défense occupe souvent les joueurs de la ligne offensive adverse avec cinq hommes ce qui permet à Hebert de se retrouver en confrontation avec le porteur de ballon.

Kyries HebertJon Cornish a été bon et courageux la semaine dernière de se farcir les blocs contre Hebert, mais les plus petits athlètes ne peuvent en faire autant. Ça risque même de forcer les opposants à modifier leurs protections pour éviter ce scénario.

Pour le plaisir, vous regarderez les prochains porteurs de ballon qui vont se mesurer aux Alouettes et ils auront une tâche colossale à assumer.

Nul doute, les huit prochains matchs des Alouettes seront intéressants à surveiller car ils croiseront le fer trois fois avec Toronto, deux fois avec la Colombie-Britannique et deux fois avec la Saskatchewan. J’ai hâte de voir le travail de la défense durant cette séquence. Oui, l’équipe sera confrontée à de rigoureux tests, mais les défis les plus imposants reviendront à la défense contre des entraîneurs/coordonnateurs offensifs de la trempe de Scott Milanovich, George Cortez et Jacques Chapdelaine.

On risque d’en apprendre plus sur la défense 2013 des Alouettes et je suis curieux de voir son travail. C’est vrai qu’elle concède parfois de gros jeux, mais il faut l’accepter car ça vient de son style agressif.

Pour conclure sur la fin de match enlevante, je pourrais comprendre la frustration des Eskimos puisque l’avant-dernier jeu n’a pas été revu à la reprise vidéo par le centre des commandes. Nous, on avait le luxe de voir les reprises et ça me semblait clair que ce n’était pas un touché. Mais pourquoi ouvrir la porte à tous ces doutes et toutes ces critiques surtout qu’on ne s’était pas gêné pour vérifier d’autres jeux préalablement donc ça manquait un peu de constance.
D’un autre côté, les Eskimos semblaient tellement s’attendre à cette révision qu’ils ont paniqué en perdant ce temps d’arrêt « artificiel ». Par conséquent, leur dernière tentative a été un échec.

La décision était la bonne

Pour terminer, voici mon analyse sur une situation qui a fait réagir plusieurs personnes. En fin de partie, les Alouettes ont été confrontés à la possibilité de tenter un touché à partir de la ligne d’une verge sur un troisième essai. Finalement, ils ont opté pour un placement pour s’emparer d’une avance de cinq points (32 à 27).

Si Hawkins avait essayé d’inscrire un touché et que la stratégie avait fonctionné, l’avance aurait grimpé à neuf points ce qui aurait mis fin aux espoirs des visiteurs. En tant qu’ancien joueur de ligne offensive, j’aurais préféré cette approche et je présume que les joueurs de l’attaque pensaient de la même façon. 

Par contre, j’ai toujours adopté la même philosophie dans de telles situations corsées qui sont discutables. Je me dis que la décision était la bonne quand le résultat du match est positif. Et bien, les Alouettes ont gagné donc la stratégie était appropriée.

Dan HawkinsSi la tentative d’une course avait avorté, Edmonton aurait amorcé sa séquence à la ligne d’une verge. Une progression de 70 verges aurait été nécessaire pour mener à un placement.

En bout de ligne, la distance à parcourir était très semblable puisque les Eskimos ont repris le ballon à leur ligne de 35 après le placement sauf qu’un touché était nécessaire pour gagner ce qui complique le tout.

Il ne faut pas oublier que la tentative n’avait pas été fructueuse sur le deuxième essai. Hawkins s’est sûrement dit qu’il serait fortement critiqué si un autre essai échouait et qu’Edmonton finissait par l’emporter. Tout le monde aurait dit qu’il aurait dû opter pour le placement.

J’aurais aimé qu’on joue pour gagner, mais la décision était la bonne puisque la victoire a été obtenue.

*Propos recueillis par Éric Leblanc