Samedi après-midi, dans un match plus ou moins intense, les Alouettes se sont assurés du titre dans l'Est en vertu d'un gain de 30-17 contre les Tiger-Cats de Hamilton. Pour les hommes de Don Matthews, il s'agit d'une excellente nouvelle puisque cela leur permet de disputer un seul match éliminatoire avant d'accéder à la coupe Grey.

On diminue donc les risques de blessures, les risques de perdre. Et les Alouettes se donnent une semaine de plus pour se préparer et pour soigner les petits bobos. C'est donc le scénario parfait.

Contre Hamilton, les Alouettes n'ont pas joué leur plus grand match de la saison. Certains pourraient leur reprocher leur manque d'intensité, mais, moi, je dirais qu'il s'agit plus d'un manque d'exécution qu'un manque d'intensité. On l'a surtout constaté au premier quart et au quatrième quart.

Loin de moi l'idée de chercher des bibittes (les Alouettes sont quand même 12-2), mais je tiens à souligner que les Alouettes manquent souvent d'opportunisme dans la zone payante, soit la ligne de 30 de l'adversaire. Trop souvent samedi, les Alouettes ont laissé des points sur la table.

Quand tu te retrouves à l'intérieur de la ligne de 30 avec un premier essai, tu es supposé marquer un touché 75 pour cent du temps. Depuis le début de la saison, les Alouettes marquent un touché 55 pour cent du temps en pareilles circonstances. Contre Hamilton, les Alouettes ont pénétré six fois dans la zone payante et n'ont marqué qu'un seul majeur. Les cinq autres fois, ils ont réussi quatre placements et un simple.

Contre Hamilton, une équipe peut se permettre de laisser autant de points sur la table, mais ça peut s'avérer fatal contre un rival supérieur.

C'est ce qui explique en grande partie pourquoi les Alouettes tiraient de l'arrière après 30 minutes et qu'ils l'ont emporté par «seulement» 13 points.

L'art de s'ajuster

Si les Alouettes ont vaincu Hamilton, c'est surtout parce qu'ils ont su s'adapter à la ligne tertiaire des Ti-Cats au troisième quart. En première demie, on a remarqué que le maraudeur trichait souvent du côté des trois receveurs. Au troisième quart, les Alouettes, surtout Keith Stokes et Dave Stala, ont exécuté des tracés croisés croisés pour déjouer la défensive des Cats... et cela a rapporté.

Copeland et Calvillo

Parlant de Copeland, il a battu le record de Chris Armstrong et Hal Patterson en captant sa 13e passe de touché de la saison. Sur le jeu, Anthony Calvillo franchisait également une autre étape en lançant sa 33e passe de touché en 2003, lui qui avait égalé la marque de Sam Etcheverry la semaine dernière.

Il est difficile de comparer les époques car le jeu est considérablement différent. Voilà pourquoi j'hésite à comparer Calvillo à Etcheverry. De toute manière, Etcheverry, je ne l'ai jamais vu jouer. Dans le reportage du match, j'avais souligné qu'on a beau comparer toutes les statistiques possibles, reste que la plus importante demeure le nombre de championnats. Si on se fie à ce raisonnement, le meilleur est Sonny Wade parce qu'il a remporté trois coupes Grey dans les années 1970.

Par contre, pour avoir joué avec les deux, j'affirme sans hésiter que Calvillo est de loin supérieur à son prédécesseur, Tracy Ham. Anthony lit tellement mieux les défensives. Le 13 peut décortiquer une défensive en deux temps trois mouvements et déceler les faiblesses. C'est pourquoi on voit souvent Calvillo rejoindre huit ou neuf receveurs différents dans le même match.

De son côté, Ham se fiait beaucoup à la course au sol (une chance que Mike Pringle était là) et n'était pas capable de lancer 50 fois par match. Ham n'était pas fort sur la lecture du jeu. Plus souvent qu'autrement, il savait à qui il lancerait avant le jeu et changeait rarement de receveur pendant le jeu. Si le joueur était couvert...

Je ne comprends pas Lancaster

Une chose m'a agacé pendant le match et c'est la décision de Ron Lancaster de remplacer Danny McManus par Pete Gonzalez au troisième quart. Si j'avais été un joueur des Tiger-Cats, j'aurais été furieux contre Lancaster.

Oui, ils sont éliminés. Mais ils tirent de l'arrière par seulement sept points, ils sont impliqués dans une vraie bataille de tranchées, ils font tout pour gagner (même s'ils ne sont plus dans la course, les joueurs font tout pour gagner des matchs). Malgré tout, Lancaster décide de retirer son vétéran. En plus, il le fait quand les Ti-Cats avaient possession du ballon à leur propre ligne de 10.

À partir de ce moment, on a vu l'allure du match changer plus rapidement qu'il n'en faut pour crier ciseaux. On a même vu l'intensité baisser du côté des Alouettes. C'est comme si Lancaster avait dit aux Alouettes qu'il venait d'abandonner et que ça ne servait plus à rien de forcer la note.

Je peux comprendre Lancaster de vouloir tester ses joueurs et de leur donner de l'expérience. De toute manière il n'a rien à perdre, il est éliminé. Mais d'un autre côté, quand tu traverses une saison aussi misérable, tu dois tout faire pour aller chercher quelque chose de positif. Et quoi de plus positif que de battre les Alouettes!

Receveurs canadiens

J'ai bien aimé voir quatre receveurs canadiens en même temps sur le terrain du côté des Alouettes : Ben Cahoon, Pat Woodcock, Sylvain Girard et Dave Stala. C'est impressionnant de voir à quel point les Alouettes ont de la profondeur à cette position et à quel point Don Matthews leur fait confiance.

Dans le passé, le receveur était traditionnellement un Américain. Les choses sont en train de changer. C'est bien.