Le congé est fini! Dans la NFL, la deuxième semaine des éliminatoires correspond à l'entrée en scène des quatre équipes qui avaient obtenu un laissez-passer en vertu de leur rendement en saison régulière.

Aux équipes gagnantes de la semaine dernière - j'avais prédit avec justesse le succès de trois d'entre-elles - s'ajoutent maintenant les Broncos de Denver, les 49ers de San Francisco, les Falcons d'Atlanta et les Patriots de la Nouvelle-Angleterre.

Vous trouverez ici mes prédictions pour les deux matchs de samedi. Voici maintenant mon analyse des deux rencontres qui seront à l'affiche dimanche sur les ondes de RDS.

Falcons : je ne demande qu'à être convaincu

Difficile de ne pas s'émerveiller devant ce que les Seahawks de Seattle sont en train d'accomplir. Leur parcours était déjà impressionnant avant qu'ils n'aillent battre les Redskins à Washington la semaine dernière, mais il faudra désormais prendre très au sérieux cette équipe qu'on pensait incapable de gagner sur la route.

Quand on observe l'équipe de Pete Carroll de plus près aujourd'hui, on constate qu'elle est bâtie pour voyager.

- En défensive, les Seahawks sont équipés pour veiller tard. Ils ont limité les Redskins à 14 points et n'en ont accordé que 16, en moyenne, à chacun de leurs trois derniers matchs à l'étranger.

- Laissez-les courir avec le ballon et les Seahawks vous feront mal. À leurs trois derniers matchs sur les terrains adverses, ils ont amassé une moyenne de 223 verges au sol.

- Les Seahawks sont jeunes, mais ils ne sont pas insouciants. À leurs trois derniers matchs sur la route, ils ont affiché un différentiel de plus-3 au chapitre des revirements. Russell Wilson prend de bonnes décisions et fait preuve d'un sang-froid remarquable. Sa dernière interception à l'étranger remonte au mois d'octobre. Diriez-vous qu'il joue comme une recrue?

La tâche qui attend les Seahawks n'est pas facile : après avoir effectué un aller-retour à travers le pays pour survivre au premier tour, ils doivent revenir sur la côte est pour se frotter à la première tête de série de l'Association nationale. C'est beaucoup de kilométrage dans le système, mais comme on n'a pas affaire ici à une équipe de vieillards, je m'attends à ce que le niveau d'énergie soit suffisamment élevé pour livrer une performance à la hauteur.

Mais attention! Le mauvais début de match n'a pas été coûteux contre les Redskins, mais on ne conseille pas aux Seahawks de répéter l'expérience. Contre Matt Ryan et sa bande, un faux départ, même s'il est suivi de trois bons quarts, risque de signifier la fin du conte de fée.

N'allez toutefois pas lire là un appui à l'endroit des Falcons. En fait, mon attitude envers cette équipe qui s'est récemment bâti une mauvaise réputation en matchs éliminatoires est la suivante : j'y croirai que je le verrai.

Je sais que l'édition actuelle des Falcons n'a rien à voir avec celles qui sont arrivées à court de l'objectif à trois reprises depuis le début du règne de l'entraîneur Mike Smith. Rien à part Smith, justement. Et Ryan, qui n'a jamais lancé pour plus de 200 verges dans un match éliminatoire, je vous le rappelle. Trois touchés, quatre interceptions et dix sacs du quart pour « Matty Ice » dans les matchs sans lendemain.

Vous n'y comprenez rien? Je vous en envoie une autre. Au cours de la même période, Michael Turner a connu des matchs de 42, 39 et 41 verges au sol. Difficile à expliquer, mais c'est la réalité!

Quand on s'attarde aux confrontations qui risquent de déterminer l'allure du match, on se rend compte que les forces des Seahawks cadrent très bien avec ce que les Falcons ont à offrir.

En attaque, Atlanta aime mettre de l'air sous le ballon. Roddy White, Julio Jones et Tony Gonzalez sont des cibles agiles, rapides et imposantes qui peuvent causer du dommage dans toutes les zones propices d'être attaquées. Mais regardez comment les Seahawks, la sixième meilleure défensive contre la passe dans la NFL, sont construits. Leurs deux meilleurs demis de coin, Richard Sherman et Brandon Browner, font 6 pieds 3 pouces et derrière eux se dresse un autre pan de mur, le maraudeur Kam Chancellor.

Les membres de la ligne tertiaire des Seahawks sont gros, agressifs et préconisent un style de jeu extrêmement physique. Dire qu'ils ne se gênent pas pour tenter d'affecter le synchronisme des receveurs à la ligne d'engagement ne fait pas justice à leur travail. Ils vont presque tenter d'arracher le chandail de leur adversaire en regardant l'arbitre pour le défier de lancer son mouchoir. Ils accrochent sur chaque jeu en prenant le pari que les officiels ne puniront pas à chaque fois.

Les cibles de Ryan contre la couverture des Seahawks. Le duel s'annonce extraordinaire.

L'autre interrogation qui attirera mon attention concerne l'étanchéité de la défensive des Falcons, classée 21e contre le jeu au sol, devant les assauts du robuste Marshawn Lynch et de Wilson, un jeune quart fringant et extrêmement mobile.

La dernière fois que les Falcons ont joué contre une équipe qui préconise le « read option » - un jeu où le quart-arrière observe jusqu'à la dernière seconde la réaction du secondeur extérieur avant de décider s'il laisse le ballon au demi offensif ou s'il se charge lui-même de le transporter - ils ont accordé 195 verges au sol dans une défaite de 30-20 aux mains des Panthers de la Caroline. À lui seul, Cam Newton en avait récolté 116. Je ne dis pas que Wilson connaîtra autant de succès, mais vous pouvez être sûrs que les mêmes tactiques seront employées.

Wilson a de bonnes raisons de souhaiter que son attaque au sol abatte la besogne parce que s'il doit retraiter à répétition dans sa pochette à la recherche d'un receveur, il peut s'attendre à ce que le coordonnateur défensif des Falcons, Mike Nolan, déploie l'artillerie lourde pour aller le chercher. C'est la stratégie qu'ont décidé d'employer les Redskins, et avec un certain succès d'ailleurs. Je m'attends à ce que la recrue reçoive le même traitement à Atlanta.

Les Falcons ont réussi de bonnes performances contre des quarts de qualité cette saison. Ils ont réussi trois interceptions contre Peyton Manning, deux contre son frère Eli et cinq - oui CINQ! - contre Drew Brees. Je ne mets pas Wilson dans la même catégorie que ce trio, mais il offre du jeu de très haut niveau présentement.

Plus j'y pense et plus je me dis que les forces des Seahawks sont assez bien réparties pour leur permettre d'exploiter les faiblesses des Falcons et de causer une surprise à Atlanta. J'y vais avec les négligés.

Les Texans ont-ils appris de leurs erreurs?

Semaine 14. On salivait tous à l'idée de cet affrontement du lundi soir entre deux puissances de l'Association américaine. Les Patriots de la Nouvelle-Angleterre contre les Texans de Houston. Soixante minutes de sueur, de sang, de douleur, de dur labeur pour arriver à faire un gagnant.

Ah.

Une belle mise en scène qui a toutefois fait patate. Les Patriots, la seule équipe sur le terrain ce soir-là, l'ont emporté 42-14, une domination tellement nette que le vent d'incertitude qu'elle a soulevé à Houston s'est à peine apaisé depuis.

Un souvenir m'est toutefois revenu en mémoire dès que j'ai réalisé que les deux équipes allaient se revoir en éliminatoires. En 2010, les Patriots avaient lessivé les Jets de New York par la marque de 45-3 lors d'un Monday Night en saison régulière, mais avaient perdu par un touché lors du match revanche en demi-finale d'association. Il faut donc faire attention. Les Texans ne subiront pas nécessairement le même sort deux fois et je crois bien que c'est le message qui a été martelé par les deux entraîneurs cette semaine. Bill Belichick s'en est sûrement servi pour avertir ses joueurs, Gary Kubiak pour les motiver.

Lors du premier affrontement entre les deux équipes, Matt Schaub avait lancé une interception dans la zone des buts après que les Patriots eurent inscrit le premier touché du match. On ne s'en doutait pas sur le coup, mais on peut aujourd'hui identifier ce moment comme le point tournant du match.

Ce qui me saute aux yeux, c'est que Schaub ne peut se permettre ce genre d'erreur encore une fois. Quand tu vas jouer en Nouvelle-Angleterre, tu n'as pas le droit de commettre de revirements. Plus facile à dire qu'à faire? Absolument. En saison régulière, les Pats ont affiché un excellent différentiel de plus-25 à ce chapitre.

Un différentiel de plus-25, ça signifie 25 possessions additionnelles pour Tom Brady. Quand on sait qu'une équipe bénéficie généralement d'une douzaine de possessions par match, on se dit que c'est comme si Tom Brady avait joué deux matchs de plus que tout le monde cette année. Et après on se demande comment il peut afficher de telles statistiques et que l'attaque qu'il dirige peut marquer autant de points!

Schaub ne revendique aucune passe de touché à ses trois derniers matchs. Il a été correct la semaine dernière contre les Bengals, c'est vrai. Mais contre les Patriots, l'efficacité ne suffit pas, ça prend de la productivité. Quatre bottés de précision contre Cincinnati, ça passe toujours. Le même manque d'opportunisme contre les Patriots et vous venez de signer votre arrêt de mort.

Une statistique m'a jeté en bas de ma chaise cette semaine : Andre Johnson n'a marqué que deux touchés à ses 13 derniers matchs. Ça n'a aucun sens. Il faut absolument que les Texans trouvent une façon soit de l'impliquer davantage, soit de tirer profit de la couverture extrêmement serrée dont il est l'objet. Je le répète, on ne peut pas aller à Foxboro et espérer battre les Patriots trois points à la fois.

Pour que le porteur de ballon Arian Foster ait son mot à dire dans l'issue de la partie, il faudra d'abord que la défensive des Texans tienne le coup. Elle devra monter aux barricades et jouer le match de sa vie. Laisser les Pats se forger une avance de quatre touchés, c'est la meilleure façon de rendre Foster inutile.

En décembre, les Texans s'étaient entêtés à utiliser une défensive homme à homme et Brady en avait profité pour exploiter les confrontations inégales qui en découlaient. Chez les Texans, personne n'était capable de suivre la trace de Wes Welker, Aaron Hernandez et Danny Woodhead lorsque ce dernier sortait du champ arrière. Pour Brady, le processus décisionnel se faisait facilement, rapidement et de façon très efficace.

Si le scénario se répète, on peut bien parler de J.J. Watt, l'un des candidats au titre de joueur défensif par excellence dans la NFL, mais il ne servira absolument à rien parce qu'il n'aura même pas le temps de penser se rendre à Brady.
Je sais que le « homme à homme » fait partie du code génétique de la défensive des Texans, mais ils n'auront pas le choix d'y déroger s'ils veulent survivre une semaine de plus. La fin justifie les moyens, comme ils disent.

Mais la fin, c'est exactement ce que ça sent pour les Texans. Je favorise les Patriots pour l'emporter et rendre visite à Peyton Manning la semaine prochaine.

*Propos recueillis par Nicolas Landry.