Le congé est fini! Dans la NFL, la deuxième semaine des éliminatoires correspond à l'entrée en scène des quatre équipes qui avaient obtenu un laissez-passer en vertu de leur rendement en saison régulière.

Aux équipes gagnantes de la semaine dernière - j'avais prédit avec justesse le succès de trois d'entre-elles - s'ajoutent maintenant les Broncos de Denver, les 49ers de San Francisco, les Falcons d'Atlanta et les Patriots de la Nouvelle-Angleterre.

Voici mon analyse des deux matchs à l'affiche samedi sur les ondes de RDS. Cliquez ici pour lire mes prédictions pour ceux de dimanche, qui seront également présentés à notre antenne.

Le plan de Manning : épuiser des Ravens essoufflés

Les Broncos ont lancé un message aux Ravens lors de la 15e semaine du calendrier avec une victoire de 34-17 acquise à Baltimore. Mais peut-on réellement retenir des leçons de ce premier affrontement?

Souvenez-vous que les Ravens venaient tout juste de limoger Cam Cameron et qu'il s'agissait du premier match de Jim Caldwell dans les fonctions de coordonnateur offensif. Les Broncos se frottaient en plus à une équipe amochée. La ligne à l'attaque des Ravens était mal en point et la défensive était amputée de quelques gros morceaux. Ray Lewis, ça vous dit quelque chose?

Les Broncos menaient 10-0 à la fin de la première demie et les Ravens étaient en train de remonter le terrain dans l'espoir de mettre leurs premiers points au tableau avant de retraiter au vestiaire quand Joe Flacco a commis une erreur fatale. En visant Anquan Boldin à l'entrée de la zone des buts, il est tombé dans le piège de Chris Harris qui l'a intercepté et a ramené le ballon sur une distance de 98 verges pour le majeur.

Merci, bonsoir.

Le résultat d'un match de football ne tient parfois pas à grand-chose, cet exemple l'illustre bien, et il serait trop simpliste de penser que le duel revanche est gagné d'avance pour les Broncos. L'honneur des Ravens a été écorché et ils voudront certainement profiter de leur deuxième chance pour faire amende honorable. Mais ils n'y parviendront pas, selon moi, et voici pourquoi.

La semaine dernière, dans leur victoire face aux Colts d'Indianapolis, les Ravens ont laissé leur défensive sur le terrain pendant près de 38 minutes pour un total de 87 jeux. C'est important d'en parler parce qu'ils ont joué dimanche après-midi et feront cette semaine les frais du tout premier match du week-end.

Pour résumer, les Ravens sortent d'un match au cours duquel ils ont été surtaxés et, après une courte semaine de récupération et de préparation, doivent faire le voyage à Denver où, on le sait, l'altitude rend les conditions un peu plus difficiles. Comme moi, je suis sûr que vous pouvez déjà entendre Peyton Manning sommer ses coéquipiers d'augmenter le tempo en opérant une attaque sans caucus pendant toute la durée du premier quart, question de donner un peu d'exercice aux gros joueurs défensifs des visiteurs!

Le scénario me fait penser à celui vécu par les Cardinals de l'Arizona lors du tournoi hivernal de la saison 2009. Cette année-là, les Cards avaient surpris les Packers à Green Bay dans un match de fou qui s'était terminé en prolongation dans l'obscurité du premier dimanche des éliminatoires. Mais le samedi suivant, en début d'après-midi, ils se faisaient écraser par les Saints de La Nouvelle-Orléans, les éventuels champions du Super Bowl.

Si l'attaque des Broncos connaît le début de match qu'elle espère, ça voudra dire que Ray Rice sera relégué à un rôle secondaire et que tous les espoirs des Ravens reposeront sur les épaules du quart-arrière Joe Flacco, une véritable boîte à surprises. Flacco est talentueux, mais il manque de constance et on ne sait jamais à quoi s'attendre de sa part. Il n'a complété que douze passes la semaine dernière. Vous me direz que ça lui a été suffisant pour amasser 282 verges par la voie des airs, mais vous croyez qu'il pourra maintenir pendant longtemps cette moyenne de 23,5 verges par passe complétée? Peu probable, surtout s'il est placé dans une position où il sera à la merci de Von Miller et Elvis Dumervil, qui sont payés pour rendre la vie misérable aux quarts-arrières laissés à eux-mêmes.

L'attaque des Broncos, qui marque 31,5 points par match depuis la mi-octobre, sera-t-elle rouillée au retour du congé? Peu probable. Après sa semaine de pause cette saison, Denver a battu les Saints 34-14. N'oubliez pas qu'une semaine sans jouer est une semaine de préparation supplémentaire pour Manning!

La défensive des Ravens est confrontée à une tâche colossale contre un quart-arrière qui l'a battue à ses neuf dernières tentatives. Oser rêver au succès contre Manning, c'est accepter d'aller à Vegas et de rouler les dés. Il faut se jeter dans le vide, délaisser les habitudes qui continuent d'être efficaces contre des quarts moins rusés et carrément changer de visage. Si tu lui offres la poutine habituelle, il va trouver une réponse et te découper en morceaux. Tu dois absolument masquer tes tendances et lui lancer des balles courbes en espérant qu'il fende l'air plus souvent qu'il ne fera contact.

La seule tactique plus efficace pour battre Manning, c'est le garder sur les lignes de côté. C'est une recette dont l'efficacité a été prouvée : quand il ne joue pas, le maestro ne peut vous faire aucun mal! Ray Rice et Bernard Pierce seront évidemment mis à contribution pour prendre soin du ballon et si les unités spéciales et la défensive des Ravens peuvent lui voler quelques possessions, il s'agira d'un précieux bonus.

La mission n'est pas impossible pour les Ravens, mais j'insiste pour faire de l'éreintant contexte dans lequel ils se pointeront à Denver la pièce maîtresse de mon argumentaire et prédire une victoire des Broncos.

Trop de points d'interrogation chez les 49ers

Les partisans des 49ers de San Francisco se remémoreront avec grand plaisir la façon dont leur équipe avait débuté la saison 2012 : une victoire sans équivoque sur le terrain des Packers de Green Bay. Le résultat final avait été fidèle à l'allure du match et la meilleure équipe avait gagné ce soir-là.

Mais bien des choses ont changé depuis.

Après un début de saison difficile, les Packers ont remporté dix de leurs douze derniers matchs. Les 49ers, pendant ce temps, établissaient une tendance composée de hauts fracassants et de bas inquiétants. Ils ont bouclé la saison avec une fiche de 3-2 à leurs cinq derniers matchs, incluant des victoires à domicile sans lustre contre l'Arizona et Miami.

C'est le rendement de la défensive des Niners que je trouve alarmant alors qu'ils amorcent leur quête pour le sixième Super Bowl de leur histoire. Après onze matchs, l'unité n'accordait que 278 verges et 14,1 points par partie. Dans les cinq suivants, elle a concédé une moyenne de 330 verges et 23,6 par rencontre.

Si vous êtes conscients de ces chiffres, vous ne pouvez pas dormir sur vos deux oreilles en sachant qu'Aaron Rodgers s'amène en ville. À ses quatre derniers matchs, le quart étoile des Packers a lancé onze passe de touché et n'a pas été intercepté une seule fois.

Le statut de l'ailier défensif Justin Smith en agace plusieurs à San Francisco. Smith, tenu à l'écart par une blessure sérieuse à un triceps en fin de saison, devrait être à son poste contre les Packers, mais personne ne sait dans quel état. Son absence s'est douloureusement fait sentir pendant les deux matchs et demi qu'il a ratés jusqu'ici. Depuis qu'il a quitté le match contre les Patriots de la Nouvelle-Angleterre à la mi-décembre, les contrecoups ont été instantanés.

Personne n'a été plus affecté par l'absence du Cowboy que le jeune secondeur Aldon Smith. Avant d'arriver à Foxboro, Smith menaçait le record de Michael Strahan avec une récolte de 19,5 sacs du quart. Mais dans les trois derniers matchs de la saison, sans Justin à ses côtés, il a été blanchi et on s'est bien rendu compte que c'est le vétéran qui préparait le terrain pour que le jeunot puisse engraisser ses statistiques personnelles.

J'ai donc hâte de voir comment la défensive des 49ers va répondre à l'appel face à une équipe qui comptera sur quatre receveurs de passes de grande qualité en santé. Je sais! La ligne à l'attaque des Packers est une vraie passoire et je suis conscient que le dangereux front défensif rouge et or risque de la défoncer. Mais je ne suis pas trop nerveux pour Rodgers, qui peut toujours se sortir du pétrin avec ses pieds ou en appuyant rapidement sur la gâchette. Ce qui m'intrigue surtout, c'est la capacité des membres de la tertiaire des 49ers de déranger les receveurs des Packers. Il s'agit de la plus grosse bataille du match, à mon avis.

En attaque, les 49ers n'ont plus du tout la même identité qu'en septembre. Il faut vraiment avoir passé les derniers mois à l'ombre dans une grotte pour ignorer qu'Alex Smith a depuis cédé sa place au jeune quart Colin Kapernick, qui effectuera le huitième départ de sa carrière en fin de semaine. Pour l'instant, Kaepernick semble posséder une bonne tête de football, mais il demeure une énigme à l'approche de son premier match en éliminatoires. On ne sait pas à quoi s'attendre de sa part.

Jim Harbaugh donnera-t-il plus de responsabilités à Frank Gore pour faciliter la vie du jeune homme sur qui il a placé tous ses jetons en cours de saison? On verra bien, mais rien ne garantit que cette avenue soit un gage de succès : Gore n'a pas récolté plus de 83 verges dans un match dans le dernier tiers de la saison.

Qu'arrivera-t-il si les Packers sont en mesure de limiter les progrès des 49ers au sol et que tout repose soudainement sur le bras droit de Kaepernick? Alex Smith a été capable de suivre la cadence infernale imposée par Drew Brees à pareille date l'an dernier. Si l'histoire devait se répéter contre Rodgers, son successeur saura-t-il en faire autant?

À l'époque, l'arme de prédilection de Smith était l'ailier rapproché Vernon Davis, qui avait marqué quatre touchés et amassé des gains de 292 verges en deux matchs éliminatoires. Davis est toutefois invisible depuis que Smith a été relégué au banc. Kaepernick l'a trouvé six fois pour des gains de 83 verges lors de son premier départ (c'était bien parti!), mais le duo n'a connecté que six autres fois dans les six matchs suivants. Il y a sûrement moyen de trouver une façon de réintégrer ce gars-là dans le plan de match!

Reste aussi à espérer que ce match entre deux puissances de la NFL ne se décide pas sur un placement de dernière minute parce qu'en terme de botteurs, on a déjà vu des équipes mieux équipées. À San Francisco, David Akers est passé de carrosse à citrouille cette saison et chacune de ses tentatives semble laissée au hasard. On a bien amené Billy Cundiff dans l'entourage de l'équipe pour créer un esprit de saine compétition, mais est-ce vraiment rassurant?

Chez les Packers, Mason Crosby a raté douze tentatives de placement et affiché le pire taux de réussite de la NFL cette saison. La bonne nouvelle, c'est qu'il a frappé dans le mille à ses quatre plus récentes tentatives et que trois d'entre elles étaient d'une distance supérieure à 40 verges.

C'est un match qui promet, je ne le manquerais pour rien au monde et mon instinct me dit de me ranger derrière les Packers.

*Propos recueillis par Nicolas Landry.