Des choix difficiles à faire
Football samedi, 13 janv. 2007. 00:44 dimanche, 15 déc. 2024. 04:58
De la première semaine des matchs éliminatoires dans la NFL, on peut retenir que les tendances ont été renversées. Pour la première fois depuis 2000, les quatre équipes à domicile ont gagné lors du premier tour. On sait qu'en 2004 et en 2005, les équipes qui jouaient devant leurs partisans pour partir le bal avaient conservé une fiche de 1-3.
Qu'est-ce que les premiers matchs de 2007 nous ont permis d'observer? Premièrement, des défensives plus coriaces. C'est connu, toutes les équipes font leur possible pour resserrer leur défensive quand arrivent les éliminatoires. On peut noter le bel effort du onze défensif des Colts d'Indianapolis, qui a démontré beaucoup d'intensité contre l'attaque au sol des Chiefs de Kansas City. Les résultats ont été surprenants,
De l'autre côté de la ligne d'engagement, les offensives ont été plus conservatrices. Au lieu d'attaquer, on dirait qu'elles avaient tellement peur d'être victimes de revirements qu'elles ne voulaient jamais oser, et certaines équipes ont payé le prix pour leur manque d'audace. L'exemple le plus probant est celui des Cowboys de Dallas, qui n'ont jamais attaqué la tertiaire décimée des Seahawks.
Les Chiefs, même si c'était évident que les Colts mettaient tous leurs œufs dans le même panier pour arrêter Larry Johnson, n'ont jamais essayé de lancer le ballon. Je peux comprendre qu'ils voulaient s'engager à courir le ballon, mais ils auraient au moins pu tenter quelques longues passes, question de faire reculer les maraudeurs des Colts, de leur envoyer un message. Si vous tenez tant que ça à nous arrêter au sol, on va y aller par la voie des airs. Vous allez voir qu'une passe de 50 verges peut faire bien plus mal que trois ou quatre courses de sept verges. Mais ils ne l'ont jamais fait.
On a aussi pu voir l'importance des unités spéciales. Des gaffes monumentales ont été commises, des gaffes qui ont coûté cher. Évidemment, on ne peut pas passer sous silence la bourde de Tony Romo. On a aussi vu un botteur de dégagement échapper une longue remise, un touché sur un retour de botté, un botteur frapper un poteau sur un court placement.
Voici donc ce qu'on peut retenir du premier week-end éliminatoire de la NFL. Maintenant, jettons un œil sur ce qui nous attend cette fin de semaine. Bien malin qui pourrait prédire l'issue des quatre rencontres et peu importe vos prédictions, vous ne ferez pas rire de vous.
Colts d'Indianapolis vs Ravens de Baltimore (samedi 16h30 à RDS)
Un duel des plus intéressants puisqu'il met aux prises une équipe qui mise sur une défensive agressive et une autre qui est basée sur une attaque qui marque beaucoup de points. Dans le fond, la question à laquelle il faut répondre est la suivante : laquelle réussira à imposer son rythme?
La défensive des Ravens est celle qui a accordé le moins de points en saison régulière avec une moyenne de douze par match. Elle a enregistré 60 sacs du quart et 40 revirements, dont six ont été convertis en touché. C'est une équipe qui joue de façon robuste et qui sera bien reposée. Les Ravens étant composés de plusieurs vétérans, la semaine de congé ne pouvait être plus bénéfique à une autre équipe. Ray Lewis ne demande rien de mieux qu'une semaine supplémentaire pour recharger ses batteries au maximum. Un gros pilier comme Jonathan Ogden en avait besoin aussi.
La semaine de congé est bonne pour se reposer, mais elle l'est aussi pour préparer un meilleur plan de match, c'est-à-dire pour s'évaluer soi-même en plus d'évaluer l'adversaire. C'est l'occasion parfaite pour s'assurer que l'on n'a pas développé des tendances que l'adversaire aurait pu déceler. Souvent, on pense tellement à battre l'équipe adverse qu'on oublie de s'autoévaluer.
La clé du match réside dans la capacité des Colts à bien protéger Peyton Manning. La ligne tertiaire des Ravens pourrait éprouver des problèmes contre les receveurs des Colts. S'il y a un maillon faible au sein de la brigade défensive, c'est Samari Rolle, qui va en avoir plein les bras contre Reggie Wayne. Marvin Harrison sera confronté à Chris McAlister, un bon duel en perspective. McAlister devra se méfier, parce qu'il a l'habitude d'être super agressif et se fait souvent avoir sur les doubles feintes. Plus souvent qu'autrement, il veut faire l'interception, le gros jeu. Sauf qu'il se fait souvent brûler pour des passes de 50, 60 verges.
C'est là où la protection de Manning sera primordiale. Faire des doubles feintes, c'est plaisant, mais ça prend du temps. Si Manning n'a pas le temps de planter ses pieds et d'attendre qu'Harisson se libère, il ne le rejoindra pas. C'est pourquoi c'est l'enjeu pour les deux équipes. Les Colts voudront à tout prix protéger leur quart-arrière, ce qu'ils ont fait à merveille cette saison en n'accordant que 15 sacs du quart. Les Ravens voudront trouver un moyen de mettre de la pression et de s'assurer que Manning et sa ligne offensive ne sachent pas d'où elle vient d'une fois à l'autre.
En attaque, les Ravens voudront faire exactement ce que les Chiefs auraient dû faire la semaine dernière. Steve McNair a bien lancé le ballon en fin de saison et il a un excellent ailier rapproché en Todd Heap. C'est le scénario parfait pour faire exactement ce que les Steelers de Pittsburgh ont accompli l'an dernier contre Indy. Tout le monde s'attendait à des courses à profusion de Willie Parker et Jerome Bettis, mais les Steelers ont répliqué en décochant sans arrêt des passes en plein milieu du terrain. À un moment donné, les Colts n'ont eu d'autre choix que de sortir leur maraudeur de la boîte défensive pour contrer le jeu aérien. C'est alors que les Steelers sont revenus avec le jeu au sol en deuxième demie.
La question qui fait frissonner les partisans des Ravens : Peyton Manning va-t-il connaître deux mauvais matchs de suite? La semaine dernière, sans dire qu'il a été mauvais, il a tout de même lancé trois interceptions. S'ils veulent se rassurer, les fervents de Baltimore peuvent se dire qu'en cinq départs sur la route en éliminatoires, Manning a une fiche de 1-4, il a lancé plus d'interceptions que de touchés et sa cote d'efficacité se chiffre à 67. Il n'est tout simplement pas le même gars.
La défensive des Colts non plus n'est pas la même sur la route et elle est bâtie pour être à son meilleur quand l'attaque met des points au tableau. Ce n'est pas le meilleur scénario pour les Colts et c'est pourquoi je choisis les Ravens.
Eagles de Philadelphie vs Saints de la Nouvelle-Orléans (samedi 20h00 à RDS)
Les Eagles me font penser aux Steelers de 2005. Ils sont sur une lancée de six victoires consécutives, ils sont une équipe unie, l'esprit d'équipe semble au beau fixe et les joueurs ont l'air d'avoir beaucoup de plaisir.
Drew Brees est à la tête d'une attaque dévastatrice et j'ai hâte de voir si son entraîneur Sean Payton restera lui-même. Il a été agressif toute la saison dans ses choix de jeu et doit à mon avis persister à faire la même chose. Les Saints sont une équipe qui peut vous épuiser avec des courses répétitives en plein centre et qui n'a pas peur d'y aller pour le circuit. Deuce McAllister fonce dans le tas avec plaisir tandis que Reggie Bush est utilisé pour toutes sortes de jeux renversés, des tracés à contre-courant, des passes pièges, des relais dans le flanc.
La semaine dernière, Eli Manning a joué un mauvais match. À plusieurs reprises il a été incapable de rejoindre ses receveurs qui étaient découverts. Les Eagles ont gagné, mais leurs faiblesses ont tout de même été exposées. En plus, Lito Sheppard ne pourra affronter les Saints, alors si ces derniers décident d'amener leur formation à trois ou quatre receveurs, ça ne sera plus le troisième demi de coin qui va embarquer sur le terrain, mais le quatrième et le cinquième
Les Eagles aiment mettre de la pression sur le quart-arrière adverse, mais la dernière fois qu'ils ont joué contre Brees, ils ne l'ont atteint que quatre fois, jamais avant qu'il n'ait décoché sa passe. Ce n'est pas suffisant.
Le salut des Eagles passera par leur capacité à contrôler le temps de possession lorsqu'ils seront en possession du ballon. Ils ont la ligne offensive pour le faire et ils ont les porteurs de ballon pour le faire. Même si les statistiques ne veulent plus rien dire une fois en éliminatoires, on peut noter que les Saints ont accordé, en moyenne, cinq verges par course en saison régulière. Si les Eagles contrôlent ballon, Brees et ses soldats seront des spectateurs sur les lignes de côté. Si, par contre, ce match se transforme en festival offensif, je vais prendre Brees avant Jeff Garcia. Les Eagles ont tout intérêt à ralentir le match.
Les Eagles sont en mode « éliminatoires » depuis deux mois, eux qui se battent pour leur vie à chaque semaine depuis la blessure à Donovan McNabb. C'est une équipe expérimentée qui sait comment gagner, spécialement sur la route. Souvenons-nous de cette fameuse séquence au mois de décembre alors qu'ils ont remporté trois matchs importants de suite à l'étranger contre des rivaux de section.
La Nouvelle-Orléans compte sur quelques recrues, dont Bush et le receveur de passes Marques Colston. Par contre, il faut rendre à César ce qui lui revient, ils ont bien fait dans les gros matchs cette saison. On l'a vu contre les Cowboys, on l'a vu contre les Giants. Les matchs où ça comptait vraiment, ils ont donné de bonnes performances.
Je vais y aller avec les Saints, même si je dois avouer que les Eagles me font peur. S'il y a une équipe qui est équipée pour gagner sur la route, c'est bien celle-là.
Seahawks de Seattle vs Bears de Chicago (dimanche 13h00 à RDS)
Les Bears ont bouclé la saison régulière avec un dossier de 13-3, mais il y a quand même beaucoup de questions qui les entourent.
Leur unité défensive a accordé plus de 26 points et plus de 300 verges par la passe par match en décembre. Elle a toutes les misères du monde à mettre de la pression sur le quart adverse depuis la perte du plaqueur Tommie Harris. C'est une défensive qui se fie beaucoup sur ses quatre joueurs de ligne pour harceler le quart adverse. Les secondeurs Hunter Hillenmeyer, Lance Briggs et Brian Urlacher n'ont qu'un sac du quart à eux trois cette saison, la preuve que Lovie Smith n'appelle pas souvent le blitz.
Comment essayeront-ils de recréer cette pression pour compliquer la tâche de Matt Hasselbeck? Soit ils feront une rotation sur la ligne défensive pour toujours garder des forces fraîches, soit ils devront se résigner à délaisser leurs habitudes et à blitzer. Ils ont le personnel pour le faire, mais ce n'est simplement pas dans leur philosophie. Le blitz est une arme à deux tranchants, il peut te donner un gros jeu comme tu peux en donner un.
L'une des raisons pourquoi la défensive de Chicago accorde plus de points, c'est qu'elle est fréquemment mise dans de fâcheuses situations par l'attaque qui a pris la mauvaise habitude de multiplier les revirements. Ce qui m'amène à parler d'un autre point d'interrogation à Chicago : Rex Grossman.
À ses quatre premiers matchs à domicile, il a impressionné tout le monde en conservant une fiche de 4-0, complétant 66% de ses pages pour une moyenne de 237 verges par match, avec 11 touchés, pas d'interception et une cote d'efficacité de 124. Il n'a toutefois gagné que deux des quatre derniers, complétant 47% de ses passes pour des gains moyens de 154 verges, a lancé trois fois plus d'interceptions, neuf, que de passes de touché sa cote d'efficacité a été inférieure à 40. Il a connu une fin de saison atroce, accumulant les mauvaises décisions. Il a même avoué qu'il ne s'était pas bien préparé pour le match contre les Packers, un commentaire complètement stupide qui m'a assommé! Si c'est vrai, ce n'est déjà pas fort. Mais de l'avouer en plus? Ouf
Tout ça pour dire que le plan de match des Bears sera basé sur du jeu défensif solide, un bon positionnement sur le terrain et du bon travail des unités spéciales. Ils ne voudront pas remettre le ballon dans les mains de Grossman trop souvent. S'il fallait qu'il commence sa journée avec une ou deux interceptions et que les Bears se fassent huer au Soldier Field L'avantage du terrain est une notion qui a échappé aux Bears ces dernières années : ils n'ont pas gagné un match éliminatoire à la maison depuis 1991.
Les Seahawks peuvent entreprendre le match en se disant que toute la pression est sur l'adversaire. S'ils peuvent réussir à prendre les commandes tôt dans la rencontre et forcer les Bears à jouer du football de rattrapage, ils seront dans le siège du conducteur. Même si leur tertiaire est amochée, ils doivent forcer l'adversaire à abandonner le jeu au sol et rendre leur attaque unidimensionnelle.
La tâche ne sera pas nécessairement facile. Les Seahawks ont un petit front défensif, des joueurs rapides, pleins d'énergie, qui bougent beaucoup, mais qui manquent de jus au quatrième quart. On l'a constaté en regardant Julius Jones la semaine dernière et c'est maintenant son frère Thomas, accompagné de Cedric Benson, qui tentera de faire la même chose. Les Seahawks en ont arraché contre les coureurs en puissance cette saison : Frank Gore, LaDainian Tomlinson et Jones, des demis précédés de lignes offensives imposantes et d'un bon centre arrière, ont couru vite et longtemps contre Seattle.
Suis-je confiant de m'en aller à la guerre avec Hasselbeck. Il est certainement plus talentueux que Grossman, mais il n'a pas l'air en grande forme. Shaun Alexander a quitté le terrain en boitant la semaine dernière. Je crois que ça va être un match plus serré qu'on le pense, mais j'y vais quand même avec les Bears.
Patriots de la Nouvelle-Angleterre vs Chargers de San Diego (dimanche 16h30 à RDS)
Voilà un affrontement incroyable. San Diego est l'équipe plus talentueuse, plus jeune, mais qui peut ignorer les bons vieux Patriots de Bill Belichick et Tom Brady, une équipe entourée d'une certaine aura quand le mois de janvier arrive.
Les Chargers ont une tonne de pression sur les épaules, surtout l'entraîneur Marty Schottenheimer, qui n'a pas la réputation de connaître du succès en éliminatoires et qui pourrait jouer son poste malgré l'excellent rendement de son équipe en saison. En fait, s'il ne gagne pas, il est dans le pétrin.
Si Tomlinson court avec le ballon 35 fois et que San Diego perd, les gens vont encore le Martyball, le style conservateur qui a fait la réputation du coach. Si jamais il décide d'ouvrir le jeu, avec un jeune quart comme Philip Rivers qui en est à son premier départ, et que c'est interception, cafouillage, échappés et que les Chargers perdent, on va le blâmer de ne pas avoir été plus prudent. Il est condamné à gagner.
Évidemment, la clé pour les Chargers porte les initiales L.T. Je pense qu'ils devront l'envoyer vers l'extérieur puisque les Pats sont très solides au centre avec Vince Wilfork, Richard Seymour, Ty Warren et les secondeurs. Ils sont peut-être plus vulnérables à l'extérieur, ils n'ont pas la rapidité nécessaire pour être efficaces d'est en ouest. Il sera important de contenir Tomlinson, de le forcer à rester vers l'intérieur, de ne pas le laisser tourner le coin.
Les Patriots ont un système défensif qui peut leur permettre de limiter les dégâts. On s'entend pour dire qu'on ne peut neutraliser complètement Tomlinson, mais si on peut le limiter à 90 verges sans qu'il atteigne la zone des buts, on peut dire mission accomplie. Pour ça, ils devront être très disciplinés parce que c'est un demi qui a une vision incroyable. Contre un athlète qui peut changer de direction sur une pièce de dix sous, il faut être patient. Il faut l'attendre à la ligne d'engagement et boucher les trous le plus possible. Si tu te retrouves dans le champ arrière, il va t'éviter et se retrouver devant une énorme brèche. Tu dois jouer en équipe plus que jamais contre un gars de cette trempe, mais les Patriots en forment une bien entraînée.
Fait intéressant à noter : Tomlinson a marqué 31 touchés saison et les Patriots sont l'une des équipes les plus coriaces dans la zone critique. On ne se fera pas de cadeaux, mes amis.
Antonio Gates pourrait connaître un gros match. Chaque fois qu'on parle d'une équipe dont l'adversaire vise à arrêter le jeu au sol, l'ailier rapproché devient la cible idéale.
On a tous hâte de voir comment Philip Rivers va se comporter, lui qui a eu une petite baisse de régime en fin de saison. Depuis la semaine numéro 5, la défensive des Chargers a accordé plus de 22 points en moyenne par match. À domicile, ils ont battu les Cards de l'Arizona, les Raiders d'Oakland et les Browns de Cleveland par sept points. Et les Patriots forment la meilleure équipe sur la route.
Il faut parler de Tom Brady. La ligne tertiaire de San Diego est vulnérable et les Chargers ne voudront pas laisser le temps à Brady de s'installer dans sa pochette protectrice. Il ne serait donc pas surprenant, encore une fois, de voir Brady s'installer en position parapluie, avec plusieurs receveurs à ses côtés, et se mettre à distribuer le ballon. Ce qu'il fait très bien en ce moment, c'est d'arriver avec une formation à trois ailiers rapprochés, un porteur de ballon et un receveur. Tout le monde s'aligne dans une formation groupée, musclée qui signifie que le jeu au sol s'en vient. La défensive réplique alors avec une formation de base, plus costaude pour être de taille et c'est là que Brady démarre l'attaque sans caucus pour ne pas permettre à l'adversaire de changer de personnel et éparpille ses cibles sur la largeur du terrain.
Cette stratégie a deux effets : avec du recul, le quart-arrière est davantage en mesure de voir le déploiement défensif. Ça prend un peu plus de temps à la défensive pour appliquer de la pression. Il y aura peut-être un qui sera laissé sans bloqueur, mais le temps qu'il arrive, la passe sera déjà décochée. De plus, en se servant de la largeur du terrain, Brady force des joueurs comme Shawne Merriman, qui aiment blitzer, à sortir du front pour aider les demis avant de s'amener.
Brady a eu du succès de cette façon contre les Vikings, les Jets et les Jaguars. Je m'attends à ce qu'il en ait contre les Chargers et je favorise les Patriots.
Bon football tout le monde!
Propos recueillis par RDS.ca
Qu'est-ce que les premiers matchs de 2007 nous ont permis d'observer? Premièrement, des défensives plus coriaces. C'est connu, toutes les équipes font leur possible pour resserrer leur défensive quand arrivent les éliminatoires. On peut noter le bel effort du onze défensif des Colts d'Indianapolis, qui a démontré beaucoup d'intensité contre l'attaque au sol des Chiefs de Kansas City. Les résultats ont été surprenants,
De l'autre côté de la ligne d'engagement, les offensives ont été plus conservatrices. Au lieu d'attaquer, on dirait qu'elles avaient tellement peur d'être victimes de revirements qu'elles ne voulaient jamais oser, et certaines équipes ont payé le prix pour leur manque d'audace. L'exemple le plus probant est celui des Cowboys de Dallas, qui n'ont jamais attaqué la tertiaire décimée des Seahawks.
Les Chiefs, même si c'était évident que les Colts mettaient tous leurs œufs dans le même panier pour arrêter Larry Johnson, n'ont jamais essayé de lancer le ballon. Je peux comprendre qu'ils voulaient s'engager à courir le ballon, mais ils auraient au moins pu tenter quelques longues passes, question de faire reculer les maraudeurs des Colts, de leur envoyer un message. Si vous tenez tant que ça à nous arrêter au sol, on va y aller par la voie des airs. Vous allez voir qu'une passe de 50 verges peut faire bien plus mal que trois ou quatre courses de sept verges. Mais ils ne l'ont jamais fait.
On a aussi pu voir l'importance des unités spéciales. Des gaffes monumentales ont été commises, des gaffes qui ont coûté cher. Évidemment, on ne peut pas passer sous silence la bourde de Tony Romo. On a aussi vu un botteur de dégagement échapper une longue remise, un touché sur un retour de botté, un botteur frapper un poteau sur un court placement.
Voici donc ce qu'on peut retenir du premier week-end éliminatoire de la NFL. Maintenant, jettons un œil sur ce qui nous attend cette fin de semaine. Bien malin qui pourrait prédire l'issue des quatre rencontres et peu importe vos prédictions, vous ne ferez pas rire de vous.
Colts d'Indianapolis vs Ravens de Baltimore (samedi 16h30 à RDS)
Un duel des plus intéressants puisqu'il met aux prises une équipe qui mise sur une défensive agressive et une autre qui est basée sur une attaque qui marque beaucoup de points. Dans le fond, la question à laquelle il faut répondre est la suivante : laquelle réussira à imposer son rythme?
La défensive des Ravens est celle qui a accordé le moins de points en saison régulière avec une moyenne de douze par match. Elle a enregistré 60 sacs du quart et 40 revirements, dont six ont été convertis en touché. C'est une équipe qui joue de façon robuste et qui sera bien reposée. Les Ravens étant composés de plusieurs vétérans, la semaine de congé ne pouvait être plus bénéfique à une autre équipe. Ray Lewis ne demande rien de mieux qu'une semaine supplémentaire pour recharger ses batteries au maximum. Un gros pilier comme Jonathan Ogden en avait besoin aussi.
La semaine de congé est bonne pour se reposer, mais elle l'est aussi pour préparer un meilleur plan de match, c'est-à-dire pour s'évaluer soi-même en plus d'évaluer l'adversaire. C'est l'occasion parfaite pour s'assurer que l'on n'a pas développé des tendances que l'adversaire aurait pu déceler. Souvent, on pense tellement à battre l'équipe adverse qu'on oublie de s'autoévaluer.
La clé du match réside dans la capacité des Colts à bien protéger Peyton Manning. La ligne tertiaire des Ravens pourrait éprouver des problèmes contre les receveurs des Colts. S'il y a un maillon faible au sein de la brigade défensive, c'est Samari Rolle, qui va en avoir plein les bras contre Reggie Wayne. Marvin Harrison sera confronté à Chris McAlister, un bon duel en perspective. McAlister devra se méfier, parce qu'il a l'habitude d'être super agressif et se fait souvent avoir sur les doubles feintes. Plus souvent qu'autrement, il veut faire l'interception, le gros jeu. Sauf qu'il se fait souvent brûler pour des passes de 50, 60 verges.
C'est là où la protection de Manning sera primordiale. Faire des doubles feintes, c'est plaisant, mais ça prend du temps. Si Manning n'a pas le temps de planter ses pieds et d'attendre qu'Harisson se libère, il ne le rejoindra pas. C'est pourquoi c'est l'enjeu pour les deux équipes. Les Colts voudront à tout prix protéger leur quart-arrière, ce qu'ils ont fait à merveille cette saison en n'accordant que 15 sacs du quart. Les Ravens voudront trouver un moyen de mettre de la pression et de s'assurer que Manning et sa ligne offensive ne sachent pas d'où elle vient d'une fois à l'autre.
En attaque, les Ravens voudront faire exactement ce que les Chiefs auraient dû faire la semaine dernière. Steve McNair a bien lancé le ballon en fin de saison et il a un excellent ailier rapproché en Todd Heap. C'est le scénario parfait pour faire exactement ce que les Steelers de Pittsburgh ont accompli l'an dernier contre Indy. Tout le monde s'attendait à des courses à profusion de Willie Parker et Jerome Bettis, mais les Steelers ont répliqué en décochant sans arrêt des passes en plein milieu du terrain. À un moment donné, les Colts n'ont eu d'autre choix que de sortir leur maraudeur de la boîte défensive pour contrer le jeu aérien. C'est alors que les Steelers sont revenus avec le jeu au sol en deuxième demie.
La question qui fait frissonner les partisans des Ravens : Peyton Manning va-t-il connaître deux mauvais matchs de suite? La semaine dernière, sans dire qu'il a été mauvais, il a tout de même lancé trois interceptions. S'ils veulent se rassurer, les fervents de Baltimore peuvent se dire qu'en cinq départs sur la route en éliminatoires, Manning a une fiche de 1-4, il a lancé plus d'interceptions que de touchés et sa cote d'efficacité se chiffre à 67. Il n'est tout simplement pas le même gars.
La défensive des Colts non plus n'est pas la même sur la route et elle est bâtie pour être à son meilleur quand l'attaque met des points au tableau. Ce n'est pas le meilleur scénario pour les Colts et c'est pourquoi je choisis les Ravens.
Eagles de Philadelphie vs Saints de la Nouvelle-Orléans (samedi 20h00 à RDS)
Les Eagles me font penser aux Steelers de 2005. Ils sont sur une lancée de six victoires consécutives, ils sont une équipe unie, l'esprit d'équipe semble au beau fixe et les joueurs ont l'air d'avoir beaucoup de plaisir.
Drew Brees est à la tête d'une attaque dévastatrice et j'ai hâte de voir si son entraîneur Sean Payton restera lui-même. Il a été agressif toute la saison dans ses choix de jeu et doit à mon avis persister à faire la même chose. Les Saints sont une équipe qui peut vous épuiser avec des courses répétitives en plein centre et qui n'a pas peur d'y aller pour le circuit. Deuce McAllister fonce dans le tas avec plaisir tandis que Reggie Bush est utilisé pour toutes sortes de jeux renversés, des tracés à contre-courant, des passes pièges, des relais dans le flanc.
La semaine dernière, Eli Manning a joué un mauvais match. À plusieurs reprises il a été incapable de rejoindre ses receveurs qui étaient découverts. Les Eagles ont gagné, mais leurs faiblesses ont tout de même été exposées. En plus, Lito Sheppard ne pourra affronter les Saints, alors si ces derniers décident d'amener leur formation à trois ou quatre receveurs, ça ne sera plus le troisième demi de coin qui va embarquer sur le terrain, mais le quatrième et le cinquième
Les Eagles aiment mettre de la pression sur le quart-arrière adverse, mais la dernière fois qu'ils ont joué contre Brees, ils ne l'ont atteint que quatre fois, jamais avant qu'il n'ait décoché sa passe. Ce n'est pas suffisant.
Le salut des Eagles passera par leur capacité à contrôler le temps de possession lorsqu'ils seront en possession du ballon. Ils ont la ligne offensive pour le faire et ils ont les porteurs de ballon pour le faire. Même si les statistiques ne veulent plus rien dire une fois en éliminatoires, on peut noter que les Saints ont accordé, en moyenne, cinq verges par course en saison régulière. Si les Eagles contrôlent ballon, Brees et ses soldats seront des spectateurs sur les lignes de côté. Si, par contre, ce match se transforme en festival offensif, je vais prendre Brees avant Jeff Garcia. Les Eagles ont tout intérêt à ralentir le match.
Les Eagles sont en mode « éliminatoires » depuis deux mois, eux qui se battent pour leur vie à chaque semaine depuis la blessure à Donovan McNabb. C'est une équipe expérimentée qui sait comment gagner, spécialement sur la route. Souvenons-nous de cette fameuse séquence au mois de décembre alors qu'ils ont remporté trois matchs importants de suite à l'étranger contre des rivaux de section.
La Nouvelle-Orléans compte sur quelques recrues, dont Bush et le receveur de passes Marques Colston. Par contre, il faut rendre à César ce qui lui revient, ils ont bien fait dans les gros matchs cette saison. On l'a vu contre les Cowboys, on l'a vu contre les Giants. Les matchs où ça comptait vraiment, ils ont donné de bonnes performances.
Je vais y aller avec les Saints, même si je dois avouer que les Eagles me font peur. S'il y a une équipe qui est équipée pour gagner sur la route, c'est bien celle-là.
Seahawks de Seattle vs Bears de Chicago (dimanche 13h00 à RDS)
Les Bears ont bouclé la saison régulière avec un dossier de 13-3, mais il y a quand même beaucoup de questions qui les entourent.
Leur unité défensive a accordé plus de 26 points et plus de 300 verges par la passe par match en décembre. Elle a toutes les misères du monde à mettre de la pression sur le quart adverse depuis la perte du plaqueur Tommie Harris. C'est une défensive qui se fie beaucoup sur ses quatre joueurs de ligne pour harceler le quart adverse. Les secondeurs Hunter Hillenmeyer, Lance Briggs et Brian Urlacher n'ont qu'un sac du quart à eux trois cette saison, la preuve que Lovie Smith n'appelle pas souvent le blitz.
Comment essayeront-ils de recréer cette pression pour compliquer la tâche de Matt Hasselbeck? Soit ils feront une rotation sur la ligne défensive pour toujours garder des forces fraîches, soit ils devront se résigner à délaisser leurs habitudes et à blitzer. Ils ont le personnel pour le faire, mais ce n'est simplement pas dans leur philosophie. Le blitz est une arme à deux tranchants, il peut te donner un gros jeu comme tu peux en donner un.
L'une des raisons pourquoi la défensive de Chicago accorde plus de points, c'est qu'elle est fréquemment mise dans de fâcheuses situations par l'attaque qui a pris la mauvaise habitude de multiplier les revirements. Ce qui m'amène à parler d'un autre point d'interrogation à Chicago : Rex Grossman.
À ses quatre premiers matchs à domicile, il a impressionné tout le monde en conservant une fiche de 4-0, complétant 66% de ses pages pour une moyenne de 237 verges par match, avec 11 touchés, pas d'interception et une cote d'efficacité de 124. Il n'a toutefois gagné que deux des quatre derniers, complétant 47% de ses passes pour des gains moyens de 154 verges, a lancé trois fois plus d'interceptions, neuf, que de passes de touché sa cote d'efficacité a été inférieure à 40. Il a connu une fin de saison atroce, accumulant les mauvaises décisions. Il a même avoué qu'il ne s'était pas bien préparé pour le match contre les Packers, un commentaire complètement stupide qui m'a assommé! Si c'est vrai, ce n'est déjà pas fort. Mais de l'avouer en plus? Ouf
Tout ça pour dire que le plan de match des Bears sera basé sur du jeu défensif solide, un bon positionnement sur le terrain et du bon travail des unités spéciales. Ils ne voudront pas remettre le ballon dans les mains de Grossman trop souvent. S'il fallait qu'il commence sa journée avec une ou deux interceptions et que les Bears se fassent huer au Soldier Field L'avantage du terrain est une notion qui a échappé aux Bears ces dernières années : ils n'ont pas gagné un match éliminatoire à la maison depuis 1991.
Les Seahawks peuvent entreprendre le match en se disant que toute la pression est sur l'adversaire. S'ils peuvent réussir à prendre les commandes tôt dans la rencontre et forcer les Bears à jouer du football de rattrapage, ils seront dans le siège du conducteur. Même si leur tertiaire est amochée, ils doivent forcer l'adversaire à abandonner le jeu au sol et rendre leur attaque unidimensionnelle.
La tâche ne sera pas nécessairement facile. Les Seahawks ont un petit front défensif, des joueurs rapides, pleins d'énergie, qui bougent beaucoup, mais qui manquent de jus au quatrième quart. On l'a constaté en regardant Julius Jones la semaine dernière et c'est maintenant son frère Thomas, accompagné de Cedric Benson, qui tentera de faire la même chose. Les Seahawks en ont arraché contre les coureurs en puissance cette saison : Frank Gore, LaDainian Tomlinson et Jones, des demis précédés de lignes offensives imposantes et d'un bon centre arrière, ont couru vite et longtemps contre Seattle.
Suis-je confiant de m'en aller à la guerre avec Hasselbeck. Il est certainement plus talentueux que Grossman, mais il n'a pas l'air en grande forme. Shaun Alexander a quitté le terrain en boitant la semaine dernière. Je crois que ça va être un match plus serré qu'on le pense, mais j'y vais quand même avec les Bears.
Patriots de la Nouvelle-Angleterre vs Chargers de San Diego (dimanche 16h30 à RDS)
Voilà un affrontement incroyable. San Diego est l'équipe plus talentueuse, plus jeune, mais qui peut ignorer les bons vieux Patriots de Bill Belichick et Tom Brady, une équipe entourée d'une certaine aura quand le mois de janvier arrive.
Les Chargers ont une tonne de pression sur les épaules, surtout l'entraîneur Marty Schottenheimer, qui n'a pas la réputation de connaître du succès en éliminatoires et qui pourrait jouer son poste malgré l'excellent rendement de son équipe en saison. En fait, s'il ne gagne pas, il est dans le pétrin.
Si Tomlinson court avec le ballon 35 fois et que San Diego perd, les gens vont encore le Martyball, le style conservateur qui a fait la réputation du coach. Si jamais il décide d'ouvrir le jeu, avec un jeune quart comme Philip Rivers qui en est à son premier départ, et que c'est interception, cafouillage, échappés et que les Chargers perdent, on va le blâmer de ne pas avoir été plus prudent. Il est condamné à gagner.
Évidemment, la clé pour les Chargers porte les initiales L.T. Je pense qu'ils devront l'envoyer vers l'extérieur puisque les Pats sont très solides au centre avec Vince Wilfork, Richard Seymour, Ty Warren et les secondeurs. Ils sont peut-être plus vulnérables à l'extérieur, ils n'ont pas la rapidité nécessaire pour être efficaces d'est en ouest. Il sera important de contenir Tomlinson, de le forcer à rester vers l'intérieur, de ne pas le laisser tourner le coin.
Les Patriots ont un système défensif qui peut leur permettre de limiter les dégâts. On s'entend pour dire qu'on ne peut neutraliser complètement Tomlinson, mais si on peut le limiter à 90 verges sans qu'il atteigne la zone des buts, on peut dire mission accomplie. Pour ça, ils devront être très disciplinés parce que c'est un demi qui a une vision incroyable. Contre un athlète qui peut changer de direction sur une pièce de dix sous, il faut être patient. Il faut l'attendre à la ligne d'engagement et boucher les trous le plus possible. Si tu te retrouves dans le champ arrière, il va t'éviter et se retrouver devant une énorme brèche. Tu dois jouer en équipe plus que jamais contre un gars de cette trempe, mais les Patriots en forment une bien entraînée.
Fait intéressant à noter : Tomlinson a marqué 31 touchés saison et les Patriots sont l'une des équipes les plus coriaces dans la zone critique. On ne se fera pas de cadeaux, mes amis.
Antonio Gates pourrait connaître un gros match. Chaque fois qu'on parle d'une équipe dont l'adversaire vise à arrêter le jeu au sol, l'ailier rapproché devient la cible idéale.
On a tous hâte de voir comment Philip Rivers va se comporter, lui qui a eu une petite baisse de régime en fin de saison. Depuis la semaine numéro 5, la défensive des Chargers a accordé plus de 22 points en moyenne par match. À domicile, ils ont battu les Cards de l'Arizona, les Raiders d'Oakland et les Browns de Cleveland par sept points. Et les Patriots forment la meilleure équipe sur la route.
Il faut parler de Tom Brady. La ligne tertiaire de San Diego est vulnérable et les Chargers ne voudront pas laisser le temps à Brady de s'installer dans sa pochette protectrice. Il ne serait donc pas surprenant, encore une fois, de voir Brady s'installer en position parapluie, avec plusieurs receveurs à ses côtés, et se mettre à distribuer le ballon. Ce qu'il fait très bien en ce moment, c'est d'arriver avec une formation à trois ailiers rapprochés, un porteur de ballon et un receveur. Tout le monde s'aligne dans une formation groupée, musclée qui signifie que le jeu au sol s'en vient. La défensive réplique alors avec une formation de base, plus costaude pour être de taille et c'est là que Brady démarre l'attaque sans caucus pour ne pas permettre à l'adversaire de changer de personnel et éparpille ses cibles sur la largeur du terrain.
Cette stratégie a deux effets : avec du recul, le quart-arrière est davantage en mesure de voir le déploiement défensif. Ça prend un peu plus de temps à la défensive pour appliquer de la pression. Il y aura peut-être un qui sera laissé sans bloqueur, mais le temps qu'il arrive, la passe sera déjà décochée. De plus, en se servant de la largeur du terrain, Brady force des joueurs comme Shawne Merriman, qui aiment blitzer, à sortir du front pour aider les demis avant de s'amener.
Brady a eu du succès de cette façon contre les Vikings, les Jets et les Jaguars. Je m'attends à ce qu'il en ait contre les Chargers et je favorise les Patriots.
Bon football tout le monde!
Propos recueillis par RDS.ca