C'est certain que les Eskimos d'Edmonton avaient déjoué les pronostics de tout le monde avec leur début de saison canon de cinq victoires et aucune défaite.

Toutefois, ils avaient démontré certaines faiblesses - dont au niveau de la protection - lors de leur premier revers la semaine dernière contre les Blue Bombers de Winnipeg. Les Bombers avaient attaqué Ricky Ray en deuxième demie ce qui avait fait toute la différence.

Dans un monde idéal, on se disait que les Alouettes devaient reproduire ce scénario et c'est exactement ce qui est arrivé.

Ça peut paraître surprenant puisque les Alouettes avaient eu toutes sortes d'ennuis pour appliquer une pression constante sur les quarts adverses avec seulement sept sacs à leurs six premiers matchs.

Malgré cela, les Alouettes ont réussi six sacs contre les Eskimos et ils les ont réussis tôt dans le match. Tout cela a permis d'ébranler Ricky Ray tout en jetant du sable dans l'engrenage de l'attaque des Eskimos qui n'a jamais été en mesure de s'établir. En première demie, ils ont été limités à un faible total de 88 verges d'attaque en plus d'avoir échappé le ballon deux fois. C'était vraiment une domination totale des Moineaux!

On croyait que cette rencontre serait une bataille intéressante entre les deux meilleurs quarts de la LCF, mais je me disais que les Alouettes pourraient avoir l'avantage s'ils pouvaient appliquer de la pression dont en utilisant quelques pistes du match contre Winnipeg. Bref, la défensive a donné le ton au match de façon incroyable.

Il faut souligner le beau travail de Moton Hopkins qui a été excellent avec deux sacs du quart tout en étant très actif sur la ligne défensive. C'était un premier départ avec les Alouettes pour cet ancien des Bombers.

Les Alouettes sont allés le chercher il y a quelques semaines pour ajouter sur l'équipe de pratique. Chose certaine, il s'est arrangé pour se faire voir et lancer le message qu'il est là et qu'il aimerait avoir une autre chance.

J'en profite pour ouvrir une petite parenthèse. Hopkins est un Américain et l'entraîneur Marc Trestman préfère jouer avec un plaqueur canadien ce qui lui permet de jouer avec cinq receveurs américains. Hopkins a obtenu sa chance puisque que J.P. Bekasiak est blessé, mais quand on regarde cela, les Alouettes ne sont peut-être pas obligés d'agir ainsi. Ils pourraient continuer de déployer une ligne défensive américaine ça permettrait ainsi à Éric Deslauriers (un receveur) de jouer un peu plus. Mais c'est un autre débat et ça devient un beau problème pour les Alouettes.

Vous savez, on dit souvent que le football est un sport est basé sur la stratégie, mais il ne faut jamais oublier que c'est avant tout un sport de collision. Il y aura toujours un avantage important à l'équipe qui joue de façon plus physique, qui est plus robuste et qui gagne la guerre des tranchées.

Ce facteur s'est déroulé à sens unique en faveur des Alouettes! La ligne défensive des Alouettes a été excellente en battant la ligne offensive des Eskimos avec la robustesse, la vitesse et la stratégie…

La défensive montréalaise n'a pas accordé de touché en plus d'appliquer de la pression et de créer des revirements. Quand tu accordes seulement quatre points, c'est évident que tu n'as pas grand-chose à te reprocher.

C'était vraiment leur performance la plus dominante de la saison!

L'unité offensive sera critique envers son travail

En ce qui concerne l'attaque montréalaise, elle a connu de bons moments particulièrement en première demie. L'unité offensive a été excellente sur de nombreux deuxièmes essais et un long gain à franchir. Les Alouettes ont même marqué un touché dans de telles circonstances et ils ont inscrit 20 points en première demie.

C'est certain qu'Anthony Calvillo n'a pas toujours fait preuve de précision, mais il faut aussi donner du crédit à la défense des Eskimos qui l'a forcé à précipiter son geste plusieurs fois. Il ne faut pas oublier les passes échappées par des receveurs des Alouettes et je pense tout de suite aux deux passes de touché manquées par Kerry Watkins. Ce ne fut pas son meilleur match, mais il faut rappeler qu'il a raté tout le camp d'entraînement et que c'est seulement son troisième match si bien qu'il est en retard comparativement aux autres receveurs.

Les Alouettes ont effectué quatre bottés de précision dont trois alors que les Alouettes étaient installés dans la zone payante (à l'intérieur du 20 verges). Les hommes de Trestman ont manqué un peu de finition et d'opportunisme et ce match aurait pu être hors de portée beaucoup plus rapidement.

Mais ça demeure une victoire par 23 points avec une faible production de sept points en deuxième demie. Connaissant Calvillo et son attaque, ils sont très sévères envers eux-mêmes, ils seront déçus dans leur auto-évaluation de la deuxième demie. Ceci dit, ils ont accompli ce qu'ils devaient en gagnant la partie.

C'est donc une victoire d'équipe car tout le monde a participé.

Quel est le vrai visage des Eskimos?

Parmi les autres constatations, on peut retenir que les déboires des Eskimos se poursuivent à Montréal. Cette fois, ils ont perdu au compte de 27-4. En 2010, ils ont encaissé un revers de 31-14, en 2009 ils ont subi une râclée de 50 à 16 et une autre de 40 à 4 en 2008. Vous aurez compris que ce n'est jamais le fun quand ils viennent à Montréal depuis quatre ans!

Les Eskimos avaient gagné leurs cinq premiers matchs de la saison avec un ratio de +11 au niveau des revirements en plus d'avoir alloué seulement sept sacs.

La situation est complètement différente depuis deux matchs avec défaites, un ratio de -7 et neuf sacs accordés. C'est simple, ils ne protègent pas leur quart ni le ballon et tu ne peux pas gagner des matchs de cette façon.

Est-ce qu'on vient de crever leur balloune? Est-ce un retour à la réalité? Les vrais Eskimos sont-ils l'équipe de 5-0 ou celle de 0-2? La vérité doit se trouver au milieu de cela et j'ai hâte de voir s'ils pourront s'en remettre car ils se sont exposés depuis deux matchs.

Leurs adversaires ont démontré des façons de les battre et je mets un gros bémol en évaluant tout cela. C'est essentiel de préciser que Calvillo jouait avec son arsenal de receveurs tandis que Ray devait se contenter d'un groupe décimé par les blessures. Ses deux meilleurs receveurs Fred Stamps et Chris Bauman n'étaient pas en uniforme.

C'est un peu comme si Calvillo arrivait avec son bazooka et que Ray se présentait avec son tire-pois! Il faut ajouter ce bémol parce que les Eskimos seraient meilleurs avec ces deux joueurs. Par contre, je ne suis pas prêt à dire que la différence aurait été grande car c'est difficile de t'imposer quand tu te fais battre dans les tranchées et ce, peu importe la qualité de tes receveurs.

Grâce à cette victoire, les joueurs seront contents et c'est parfait pour eux avant la semaine de congé car personne ne se fera poser de questions avant la pause. La semaine de congé est toujours plus difficile à la suite d'une défaite et tu profites moins de tes vacances.

Après avoir trébuché pendant deux matchs, les Alouettes sont revenus avec du football dominant dans les trois facettes. Le botteur Sean Whyte a continué son bon travail avec quatre placements en quatre tentatives ainsi que de bons dégagements sur lesquels les couvertures ont été excellentes.

Tant que les Alouettes feront cela, ils seront extrêmement difficiles à battre. C'était une bonne performance et ils obtiennent des vacances bien méritées.

*Propos recueillis par Éric Leblanc