"N'oubliez pas de placer vos chaussures à la porte de votre chambrette pour un cirage et je n'oublierai pas de vous réveiller à cinq heures demain matin, une heure avant l'arrivée du train à South Bend, Indiana. Bonne nuit"

Le "porter" du "Chicagoan", le train qui faisait jadis la navette régulièrement entre Montréal et Chicago, avec escale à South Bend, venait de me donner ses dernières instructions quelques minutes avant le départ de la gare Windsor.

J'étais en route pour un voyage inoubliable. Un programme double assez spécial. Assister au match de football universitaire américain entre Notre Dame et Purdue, en matinée le samedi à South Bend, et la partie du Canadien à Chicago, le dimanche soir à l'ancien domicile des Blackhawks, le vieux Stadium de Chicago. Quel régal. Un rêve de p'tit gars, même si à cette époque, au début des années 70, j'étais quand même dans la quarantaine. Un mordu du football collégial américain en plus avec Notre Dame comme mon club favori. Wow!

Invité de John McHale

John McHale, président des Expos, me parlait souvent des Fithings Irish de Notre Dame, parce qu'il avait déjà joué pour cette équipe ainsi que ses fils. L'un d'eux avait même gagné le Rose Bowl, au jour de l'An, emblème du championnat national aux USA. Il m'avait donc suggéré de faire un reportage sur son alma mater et tout ce qui l'entoure, après la saison des Expos. De plus, et c'était important, je serais son invité. Je ne pouvais refuser. Quelle invitation. Quelle expérience.

Ce fut une une fin de semaine inoubliable, même si Notre-Dame devait subir cet après-midi là, l'une des pires dégelées de son histoire à domicile, une raclée de 35-10 contre Purdue. Leroy Keys, repêché plus tard par les Eagles de Philadelphie de la NFL, avait été le héros des vainqueurs, mais il n'a jamais fait fureur par la suite avec les Eagles. Ce fut son jour de gloire.

Le campus de l'université Notre-Dame est un endroit superbe. Le matin était ensoleillé, en cette magnifique journée d'automne et on y respirait une ambiance de paix et de fraicheur. McHale m'avait donné rendez-vous pour le petit déjeuner, vers huit heures, au Hollyday Inn, le seul endroit commercial du campus. Parmi son groupe d'invités, j'ai eu le bonheur de serrer la main à l'acteur Pat O'Brien, qui jouait le rôle du padre dans le fameux film : "Angels with dirty faces », mettant en vedette James Cagney, qui devait terminer ses jours sur la chaise électrique. Dans le film, évidemment. Le scénario de ce film -noir et blanc—tournait autour de ce qu'on pourrait appeler aujourd'hui, les gangs de rue. Et le bon padre tentait de mettre un peu d'ordre dans le bordel.

Puis ce fut le match de football. Quel désastre pour les quelques 55 000 chauds partisans qui remplissaient la place. Comme le veut le vieux dicton : « On ne peut pas toutes les gagner ». Jimmy The Greek, probablement le plus fameux handicapeur que Las Vagas ait connu, recommandait à ses clients dans le temps de ne jamais parier contre les Yankees, Notre Dame, le Canadien et Joe Louis. Pour les Yankees, c'est encore vrai. Le Canadien et Notre Dame sont en période de reconstruction. Et depuis trop longtemps. Joe Louis est mort de sa belle mort.

Les problèmes à Notre Dame, et j'entends déjà vos commentaires : on s'en contre ca….. D'accord. Mais il serait intéressant de souligner que n'entre pas qui veut à cette prestigieuse institution, si bon soit-il au football. S'inscrire à la faculté de musique à bouche simplement pour être éligible à jouer au football à NotreDame est une illusion. Ca ne marche pas. Le responsable des admissions est d'une extrême sévérité et les Fithing Irishs doivent en payer le prix.

Ce souvenir de mon voyage à Notre Dame, il y a près de 40 ans, m'est revenu à la mémoire en constatant, et avec joie, la popularité grandissante du football universitaire québécois par le temps qui court. On n'aurait jamais anticipé un tel engouement pour le football universitaire québécois il y a quelques décennies. L'organisation du Rouge et Or de l'université Laval de Québec a donné le ton suite aux succès retentissants enregistrés au niveau national Le Rouge et or a joué un rôle primordial dans la renaissance du football collégial chez nous. C'est tout à l'honneur de la famille Tanguay, qui a supporté comme il se son équipe.

Souhaitons que des entreprises avec les reins solides, en feront autant pour les Carabins de l'Université de Montréal et les autres institutions du genre à travers la province. En ce faisant, il y aura moins « D'angels with dirty faces » dans nos rues.