Goliath a écrasé David
Football vendredi, 20 août 2010. 19:27 mercredi, 11 déc. 2024. 19:43
Les Blue Bombers de Winnipeg avaient tout contre eux. Ils se présentaient à Montréal face à une équipe plus talentueuse et plus expérimentée, jeudi soir. Les Bombers n'avaient remporté aucun match sur la route (0-3) cette saison alors que les Alouettes étaient sur une séquence de 12 victoires à domicile. Winnipeg arrivait avec son quart réserviste, alors que les Alouettes comptaient sur le meilleur quart de la ligue, futur intronisé au Temple de la renommée. Pour ajouter à cela, les Bombers se présentaient comme une équipe en reconstruction, devant une formation aguerrie.
C'est pourquoi je crois que personne n'est surpris du résultat du match.
Les Alouettes ont limité les longs jeux
Défensivement, Montréal a limité les longs jeux, ce qui n'est pas rien, compte tenu que Winnipeg, malgré sa fiche de deux victoires et cinq revers avant le match, était la meilleure équipe de la Ligue canadienne au niveau des jeux explosifs, les fameuses passes de 30 verges et plus. La défense des Alouettes, de son côté, se trouvait au septième rang dans la LCF au niveau des longs jeux accordés. Il faut dire que les receveurs des Bombers ont aidé les Alouettes en échappant plusieurs ballons au cours du match; des jeux qui auraient pu donner des longs gains et même des touchés. Les receveurs manitobains ont complètement laissé tomber Steven Jyles, qui n'est déjà pas reconnu comme le quart le plus précis pour les longues passes. Il reste que Jyles a fait de très belles passes mais ses receveurs les ont échappées.
Avant le match, j'ai lancé à la blague que les Blue Bombers devaient arriver à l'heure. Depuis le début de la saison, cette équipe se fait battre au premier quart. Elle doit ensuite jouer du football de rattrapage. La rencontre de jeudi fut à l'image de leur saison. Winnipeg était sur la route, contre l'une des bonnes formations de la ligue et à un certain point, c'était 24-0 Montréal.
Une bonne préparation mentale
Même si les Bombers se sont mis dans le trouble dès le début de la rencontre, je n'enlève rien aux Alouettes, qui ont fourni un bel effort. D'autant plus que l'équipe n'a eu aucun entraînement entre le match à Toronto et cette rencontre. Marc Trestman a préféré tenir des réunions d'équipe et des séances de visionnement de bandes vidéo. L'entraîneur a compris que ses joueurs devaient être prêts mentalement pour remporter le match. Je trouve que Trestman a très bien géré la situation. D'ailleurs, c'est l'une de ses grandes qualités depuis son arrivée à Montréal; l'entraîneur semble toujours avoir le pouls de son vestiaire. Trestman est près de ses joueurs, il discute beaucoup avec eux et il possède un excellent flair. Il sait quand ses joueurs doivent augmenter la cadence et quand ceux-ci ont besoin de repos. Sans pratiquer, les Alouettes ont donc réussi à appliquer les jeux qui étaient inscrits au tableau.
Tous les joueurs se sont ajustés aux blessures
Je trouve que Chris Leak et Brandon Whitaker, qui ont remplacé respectivement Anthony Calvillo et Avon Cobourne, se sont très bien débrouillés. Il ne faut pas oublier que ce sont des gars qui n'ont pas souvent eu la chance de s'entraîner avec la première unité d'attaque. Whitaker n'a pas déçu. Il a fait son travail lorsqu'on lui a fait appel. On dit souvent que Cobourne est très bon pour protéger le ballon mais Whitaker a été excellent à ce niveau. Dans le cas de Leak, j'ai beaucoup aimé son énergie. Tu voyais que le jeune homme était excité de jouer. Il a été un peu trop exubérant dans certaines situations, et c'est revenu le hanter lorsqu'il a lancé son interception. Mais pour un jeune qui passait ses matchs sur le banc, je trouve qu'il a bien fait, notamment en complétant 66% de ses passes. C'est un quart-arrière avec du potentiel. Ceux qui ont suivi sa carrière universitaire en Floride savent qu'il a du talent.
Les Alouettes ont perdu Calvillo, le leader incontesté de l'équipe, avant d'accorder deux touchés coup sur coup. Ce genre de situation peut dégonfler une équipe. Mais malgré cette mauvaise séquence, les Alouettes se sont serrés les coudes. Tout le monde a mis l'épaule à la roue. Je n'ai vu personne pointer du doigt. Les joueurs sont retournés au travail et n'ont pas abandonné. Ils ont arrêté l'hémorragie et repris le dessus. Montréal a marqué deux touchés en fin de match pour fermer les livres. Je trouve que cette équipe a démontré beaucoup de caractère. Dans l'adversité, les Alouettes ont donc bien répondu, ce qui est rassurant pour Marc Trestman.
Calvillo saura prendre soin de lui
J'ai confiance qu'Anthony Calvillo mettra les bouchés doubles pour revenir dans la formation des Alouettes frais et dispo. Avec les années, le quart-arrière vedette a appris l'importance d'une bonne préparation physique. C'est un gars qui prend un soin jaloux de son corps et qui passe beaucoup de temps dans le gymnase. C'est un homme qui mange mieux, qui fait de la prévention en consultant ses physiothérapeutes pour s'assurer qu'un petit bobo ne deviendra pas une blessure sérieuse. Il n'était pas comme ça au début de sa carrière mais aujourd'hui, oui. C'est ce qui fait qu'il n'est pas souvent blessé et qu'il performe.
C'est certain qu'une blessure au sternum, ce n'est pas évident. Les quarts-arrières génèrent beaucoup de puissance dans leur tronc lorsqu'ils lancent le ballon. Calvillo s'est blessé du côté où il lance le ballon. Lors de son retour, il s'exposera à être frappé au même endroit et donc, sera plus vulnérable, même avec des protecteurs.
La bonne nouvelle est que les Alouettes profitent d'une semaine de repos, eux qui ne joueront pas avant le 3 septembre. Peut-être que Calvillo aura le temps de guérir. Si ce n'est pas le cas, celui qui devra le remplacer aura au moins le temps de se préparer convenablement.
Je crois que les Alouettes peuvent gagner sans Anthony Calvillo. C'est certain que statistiquement, la fiche de 2-4 de l'équipe sans lui (depuis son arrivée à Montréal) n'est pas reluisante. Il reste que plusieurs de ces matchs ont été disputés en fin de saison, alors que l'on reposait le numéro 13 - et plusieurs autres partants - pour les séries et qu'il n'y avait plus vraiment d'enjeu.
Cette équipe a tout simplement trop de talent. Sans vouloir manquer de respect aux Lions, les prochains adversaires des Alouettes, ceux-ci forment l'une des pires équipes cette année. Même sans Calvillo, il y a donc de fortes chances de battre les Lions à Montréal. Il faut toutefois comprendre que les Alouettes ne forceront pas la note pour que Calvillo revienne plus vite que prévu. L'équipe est en bonne position au classement et voudra certainement éliminer les chances que Calvillo aggrave sa blessure lorsqu'il reviendra.
Chip Cox : une perle défensive
Chip Cox était partout au cours de ce match. C'est une très grosse année pour lui. Je me rappelle que lorsqu'on l'avait muté à la position de secondeur, il ne semblait pas d'accord avec cette décision. Pourtant, il a accepté le défi et aujourd'hui, il est incroyable. J'ai la chance de parler à des joueurs de chaque équipe et son nom revient tout le temps dans les conversations. Cox a toujours le nez près du ballon. Jeudi, il était tout feu, tout flamme. On arrive à la mi-saison et pour moi, Cox est le joueur par excellence en défense chez les Alouettes, si ce n'est de toute la Ligue canadienne.
Une attaque trop prévisible?
La ligne offensive des Alouettes accorde beaucoup de sacs du quart cette année. Je crois que le départ à la retraite de Bryan Chiu, un joueur vedette, a fait perdre une certaine rapidité à la ligne à l'attaque. Paul Lambert et Luc Brodeur-Jourdain ne sont pas aussi rapides que l'était Chiu. Mais il reste que les choix de jeux et le positionnement des joueurs offensifs chez les Alouettes en sont pour quelque chose.
Au niveau des choix de jeux, je crois que l'attaque des Alouettes est très prévisible. Les autres équipes savent que les Alouettes iront plus souvent qu'autrement avec la passe et ça devient beaucoup plus facile pour eux de s'ajuster. Ils savent aussi exactement où se positionnera Calvillo pour décocher sa passe.
Il y a aussi que les entraîneurs ont une stratégie qui privilégie beaucoup d'espacement entre les joueurs de ligne offensive. La raison pour laquelle on préfère « étirer » la ligne à l'attaque est que l'ailier défensif adverse se retrouve alors plus loin de Calvillo lorsque le jeu se met en marche. C'est aussi une stratégie intéressante contre le blitz lorsque celui-ci arrive de l'extérieur. Le problème, c'est que lorsque la défense adverse est plus agressive au centre et y va avec des stratégies en croisée, ça devient très difficile pour les joueurs de ligne offensive qui - même si ça me fait de la peine de l'avouer car j'en étais un - ne sont pas d'aussi bons athlètes que les joueurs de ligne défensive. En leur donnant davantage d'espace, c'est sûr qu'à certaines occasions, les joueurs de ligne offensive ne sont pas capables de danser avec la défense. Pour moi, un joueur de ligne offensive a beaucoup plus de chance de gagner sa bataille s'il peut la jouer « dans une cabine téléphonique ». La réalité, c'est que n'importe quelle ligne à l'attaque dans cette situation aurait des problèmes.
* Propos recueillis par Samuel Thibault
C'est pourquoi je crois que personne n'est surpris du résultat du match.
Les Alouettes ont limité les longs jeux
Défensivement, Montréal a limité les longs jeux, ce qui n'est pas rien, compte tenu que Winnipeg, malgré sa fiche de deux victoires et cinq revers avant le match, était la meilleure équipe de la Ligue canadienne au niveau des jeux explosifs, les fameuses passes de 30 verges et plus. La défense des Alouettes, de son côté, se trouvait au septième rang dans la LCF au niveau des longs jeux accordés. Il faut dire que les receveurs des Bombers ont aidé les Alouettes en échappant plusieurs ballons au cours du match; des jeux qui auraient pu donner des longs gains et même des touchés. Les receveurs manitobains ont complètement laissé tomber Steven Jyles, qui n'est déjà pas reconnu comme le quart le plus précis pour les longues passes. Il reste que Jyles a fait de très belles passes mais ses receveurs les ont échappées.
Avant le match, j'ai lancé à la blague que les Blue Bombers devaient arriver à l'heure. Depuis le début de la saison, cette équipe se fait battre au premier quart. Elle doit ensuite jouer du football de rattrapage. La rencontre de jeudi fut à l'image de leur saison. Winnipeg était sur la route, contre l'une des bonnes formations de la ligue et à un certain point, c'était 24-0 Montréal.
Une bonne préparation mentale
Même si les Bombers se sont mis dans le trouble dès le début de la rencontre, je n'enlève rien aux Alouettes, qui ont fourni un bel effort. D'autant plus que l'équipe n'a eu aucun entraînement entre le match à Toronto et cette rencontre. Marc Trestman a préféré tenir des réunions d'équipe et des séances de visionnement de bandes vidéo. L'entraîneur a compris que ses joueurs devaient être prêts mentalement pour remporter le match. Je trouve que Trestman a très bien géré la situation. D'ailleurs, c'est l'une de ses grandes qualités depuis son arrivée à Montréal; l'entraîneur semble toujours avoir le pouls de son vestiaire. Trestman est près de ses joueurs, il discute beaucoup avec eux et il possède un excellent flair. Il sait quand ses joueurs doivent augmenter la cadence et quand ceux-ci ont besoin de repos. Sans pratiquer, les Alouettes ont donc réussi à appliquer les jeux qui étaient inscrits au tableau.
Tous les joueurs se sont ajustés aux blessures
Je trouve que Chris Leak et Brandon Whitaker, qui ont remplacé respectivement Anthony Calvillo et Avon Cobourne, se sont très bien débrouillés. Il ne faut pas oublier que ce sont des gars qui n'ont pas souvent eu la chance de s'entraîner avec la première unité d'attaque. Whitaker n'a pas déçu. Il a fait son travail lorsqu'on lui a fait appel. On dit souvent que Cobourne est très bon pour protéger le ballon mais Whitaker a été excellent à ce niveau. Dans le cas de Leak, j'ai beaucoup aimé son énergie. Tu voyais que le jeune homme était excité de jouer. Il a été un peu trop exubérant dans certaines situations, et c'est revenu le hanter lorsqu'il a lancé son interception. Mais pour un jeune qui passait ses matchs sur le banc, je trouve qu'il a bien fait, notamment en complétant 66% de ses passes. C'est un quart-arrière avec du potentiel. Ceux qui ont suivi sa carrière universitaire en Floride savent qu'il a du talent.
Les Alouettes ont perdu Calvillo, le leader incontesté de l'équipe, avant d'accorder deux touchés coup sur coup. Ce genre de situation peut dégonfler une équipe. Mais malgré cette mauvaise séquence, les Alouettes se sont serrés les coudes. Tout le monde a mis l'épaule à la roue. Je n'ai vu personne pointer du doigt. Les joueurs sont retournés au travail et n'ont pas abandonné. Ils ont arrêté l'hémorragie et repris le dessus. Montréal a marqué deux touchés en fin de match pour fermer les livres. Je trouve que cette équipe a démontré beaucoup de caractère. Dans l'adversité, les Alouettes ont donc bien répondu, ce qui est rassurant pour Marc Trestman.
Calvillo saura prendre soin de lui
J'ai confiance qu'Anthony Calvillo mettra les bouchés doubles pour revenir dans la formation des Alouettes frais et dispo. Avec les années, le quart-arrière vedette a appris l'importance d'une bonne préparation physique. C'est un gars qui prend un soin jaloux de son corps et qui passe beaucoup de temps dans le gymnase. C'est un homme qui mange mieux, qui fait de la prévention en consultant ses physiothérapeutes pour s'assurer qu'un petit bobo ne deviendra pas une blessure sérieuse. Il n'était pas comme ça au début de sa carrière mais aujourd'hui, oui. C'est ce qui fait qu'il n'est pas souvent blessé et qu'il performe.
C'est certain qu'une blessure au sternum, ce n'est pas évident. Les quarts-arrières génèrent beaucoup de puissance dans leur tronc lorsqu'ils lancent le ballon. Calvillo s'est blessé du côté où il lance le ballon. Lors de son retour, il s'exposera à être frappé au même endroit et donc, sera plus vulnérable, même avec des protecteurs.
La bonne nouvelle est que les Alouettes profitent d'une semaine de repos, eux qui ne joueront pas avant le 3 septembre. Peut-être que Calvillo aura le temps de guérir. Si ce n'est pas le cas, celui qui devra le remplacer aura au moins le temps de se préparer convenablement.
Je crois que les Alouettes peuvent gagner sans Anthony Calvillo. C'est certain que statistiquement, la fiche de 2-4 de l'équipe sans lui (depuis son arrivée à Montréal) n'est pas reluisante. Il reste que plusieurs de ces matchs ont été disputés en fin de saison, alors que l'on reposait le numéro 13 - et plusieurs autres partants - pour les séries et qu'il n'y avait plus vraiment d'enjeu.
Cette équipe a tout simplement trop de talent. Sans vouloir manquer de respect aux Lions, les prochains adversaires des Alouettes, ceux-ci forment l'une des pires équipes cette année. Même sans Calvillo, il y a donc de fortes chances de battre les Lions à Montréal. Il faut toutefois comprendre que les Alouettes ne forceront pas la note pour que Calvillo revienne plus vite que prévu. L'équipe est en bonne position au classement et voudra certainement éliminer les chances que Calvillo aggrave sa blessure lorsqu'il reviendra.
Chip Cox : une perle défensive
Chip Cox était partout au cours de ce match. C'est une très grosse année pour lui. Je me rappelle que lorsqu'on l'avait muté à la position de secondeur, il ne semblait pas d'accord avec cette décision. Pourtant, il a accepté le défi et aujourd'hui, il est incroyable. J'ai la chance de parler à des joueurs de chaque équipe et son nom revient tout le temps dans les conversations. Cox a toujours le nez près du ballon. Jeudi, il était tout feu, tout flamme. On arrive à la mi-saison et pour moi, Cox est le joueur par excellence en défense chez les Alouettes, si ce n'est de toute la Ligue canadienne.
Une attaque trop prévisible?
La ligne offensive des Alouettes accorde beaucoup de sacs du quart cette année. Je crois que le départ à la retraite de Bryan Chiu, un joueur vedette, a fait perdre une certaine rapidité à la ligne à l'attaque. Paul Lambert et Luc Brodeur-Jourdain ne sont pas aussi rapides que l'était Chiu. Mais il reste que les choix de jeux et le positionnement des joueurs offensifs chez les Alouettes en sont pour quelque chose.
Au niveau des choix de jeux, je crois que l'attaque des Alouettes est très prévisible. Les autres équipes savent que les Alouettes iront plus souvent qu'autrement avec la passe et ça devient beaucoup plus facile pour eux de s'ajuster. Ils savent aussi exactement où se positionnera Calvillo pour décocher sa passe.
Il y a aussi que les entraîneurs ont une stratégie qui privilégie beaucoup d'espacement entre les joueurs de ligne offensive. La raison pour laquelle on préfère « étirer » la ligne à l'attaque est que l'ailier défensif adverse se retrouve alors plus loin de Calvillo lorsque le jeu se met en marche. C'est aussi une stratégie intéressante contre le blitz lorsque celui-ci arrive de l'extérieur. Le problème, c'est que lorsque la défense adverse est plus agressive au centre et y va avec des stratégies en croisée, ça devient très difficile pour les joueurs de ligne offensive qui - même si ça me fait de la peine de l'avouer car j'en étais un - ne sont pas d'aussi bons athlètes que les joueurs de ligne défensive. En leur donnant davantage d'espace, c'est sûr qu'à certaines occasions, les joueurs de ligne offensive ne sont pas capables de danser avec la défense. Pour moi, un joueur de ligne offensive a beaucoup plus de chance de gagner sa bataille s'il peut la jouer « dans une cabine téléphonique ». La réalité, c'est que n'importe quelle ligne à l'attaque dans cette situation aurait des problèmes.
* Propos recueillis par Samuel Thibault