Au football, on entend souvent parler des mêmes joueurs : les quarts-arrières, les porteurs de ballon, les receveurs de passes et, de l'autre côté de la ligne d'engagement, les ailiers et les demis défensifs. Bref, ce sont ceux qui auront la chance de toucher au ballon qui vont voler la majorité des manchettes.

C'est dommage pour lui, mais aujourd'hui, j'ai décidé de me servir de la blessure subie par Albert Haynesworth pour parler de l'importance d'un plaqueur défensive de sa stature au sein d'une équipe. Parce qu'il faut comprendre que sa perte en est une énorme pour les Titans du Tennessee.

Les Titans affronteront les Steelers de Pittsburgh en fin de semaine, deux équipes qui aiment gagner la guerre des tranchées. Si les Steelers ont une faiblesse, toutefois, elle se trouve du côté de la ligne à l'attaque. Ben Roethlisberger est le quart qui a été frappé derrière sa ligne de mêlée le plus souvent cette saison et pour être poli, on dira du jeu au sol qu'il manque de constance.

On peut donc deviner que l'entraîneur Mike Tomlin est un homme soulagé à l'idée que ses troupiers n'aient pas à faire face à Haynesworth et à son bon ami, Kyle Vanden Bosh, deux brutes qui totalisent 75 plaqués et 16 sacs du quart depuis le début de la saison et qui manqueront énormément aux Titans.

Pourquoi l'absence de Haynesworth et Vanden Bosh devrait-elle se faire autant ressentir chez les Titans? Parce qu'ils sont les pièces maîtresses d'un système défensif basé sur une pression à quatre joueurs. Les Titans n'aiment pas blitzer. Ils préfèrent reculer avec sept hommes en couverture de passe, garder leurs deux maraudeurs dans les zones profondes et se protéger contre les longs jeux. En agissant ainsi, ils veulent forcer l'adversaire à être patient, précis et à connaître des séquences d'une douzaine de jeux ou plus pour traverser le terrain.

Toute cette philosophie, donc, est basée sur le fait qu'ils sont capables de presser le quart adverse uniquement avec leur front défensif. Sans Haynesworth et Vanden Bosh, par contre, tu as un gros problème. Si tu décides de demeurer avec une pression à quatre, elle sera automatiquement moins bonne et ta tertiaire se retrouvera exposée. D'un autre côté, si tu optes pour davantage de blitz, tu demandes à tes demis défensifs de faire des choses qu'ils n'ont pas faites depuis le début de la saison et qu'ils n'ont peut-être pas les aptitudes de réaliser efficacement sur une base régulière.

Les Titans pourraient également trouver la journée longue si les Steelers décident d'établir le jeu au sol, puisque c'est une phase du jeu où les deux plaqueurs, en collaboration avec le secondeur intérieur, forment le triangle qui doit contrôler le jeu entre les bloqueurs. Un gars comme Haynesworth est tellement dominant que l'adversaire, dans son plan de match, va affecter deux joueurs pour le contrer. Faites le calcul et ça signifie qu'il reste moins d'effectifs pour les autres.

Pour toutes ces raisons, ça me fait un peu rigoler quand les gens se disent « Bof, ce n'est qu'un plaqueur défensif, ils peuvent s'en passer ». Je ne crois pas qu'ils réalisent à quel point l'absence de Haynesworth crée un effet domino incroyable au sein de l'équipe.

De plus en plus de pression sur Collins

Il y a autre chose qui devrait inquiéter quelque peu les partisans des Titans.

Reculons dans le temps de quelques semaines et transportons-nous au début du mois de novembre, alors que les hommes de Jeff Fisher se sont présentés au Soldier Field. Les Titans étaient ressortis de Chicago avec une neuvième victoire en autant de matchs, mais les Bears avaient été la première équipe à prendre cette décision : si on se fait battre, ce sera à cause du bras de Kerry Collins. Chris Johnson et LenDale White avaient amassé un grand total de 20 verges en 29 courses, mais Collins avaient pris la relève et avait fait ce qu'il fallait pour que son équipe conserve sa fiche parfaite.

Depuis ce temps-là, tout le monde utilise cette stratégie. Lors des trois matchs après celui de Chicago, Collins a fait du bon boulot : il a complété 62% de ses passes, gagné une moyenne de 254 verges par match et lancé six passes de touché contre une seule interception. Par contre, au cours des trois derniers matchs, le portrait est moins reluisant : un pourcentage de réussite de 54%, des gains moyens de 154 verges par rencontre et deux passes de touché contre trois interceptions.

Les adversaires des Titans ont pris le pari que Kerry Collins n'était pas Peyton Manning et qu'il était impossible qu'il gagne des matchs à lui seul, semaine après semaine. Et voyez-vous, on commence à voir qu'ils avaient peut-être raison.

En fin de semaine, ça risque d'être le même scénario, le cas classique : les Steelers, qui possèdent la meilleure défensive contre la course de la NFL, vont mettre le sort des Titans dans les mains de Collins.

Personnellement, je crois que les Steelers sont équipés pour gagner ce match là. S'ils me donnent raison, il y aura égalité au classement général de l'Association américaine et une semaine plus tard, ils affronteront les Browns de Cleveland à la maison. Une autre victoire et ils seront assurés de terminer au tout premier rang et de profiter de l'avantage du terrain jusqu'au Super Bowl.

La dernière chance des Lions

Si ma mémoire ne me fait pas défaut, il y a une seule semaine où j'ai choisi les Lions de Detroit pour l'emporter dans mes prédictions hebdomadaires. C'était en tout début de saison, contre les Falcons d'Atlanta. Ils ont évidemment perdu et depuis ce temps, on se demande tous s'ils vont connaître une saison sans victoire.

Je ne donne aucune chance aux Lions d'aller gagner à Green Bay lors de la dernière semaine du calendrier, alors je crois que s'ils veulent préserver leur honneur, c'est en fin de semaine que ça se passe. À la maison, contre les Saints de la Nouvelle-Orléans.

Qu'est-ce qui me fait croire que les Lions ont des chances? Premièrement, ils démontrent certains signes d'une équipe compétitive dernièrement. La semaine dernière, ils ont quand même tenu les Colts d'Indianapolis à égalité 21-21 jusqu'à la fin.

Puis je me dis que les Saints ont encore le goût amer de l'élimination en bouche et qu'ils ne montreront peut-être pas la même intensité qu'en temps normal. On ne sait jamais comment une équipe va réagir dans ces circonstances. Et Reggie Bush ne sera pas là…

Finalement, c'est drôle à dire, mais les Lions et les Bengals sont les pires équipes de la NFL sur la route avec une fiche de 0-7. Ensuite, on retrouve les Chiefs, les Rams et… les Saints (!), à 1-6.

Tout ça pour dire que je ne parierais peut-être pas ma chemise là-dessus, mais c'est peut-être le temps ou jamais pour les Lions!

Le Pro Bowl : de mini-controverses

Les résultats du vote pour le Pro Bowl ont été rendus publics en début de semaine et comme à chaque année, certaines sélections ont fait sursauter tandis que certains joueurs qui auraient mérité de s'y retrouver ont été ignorés.

Parmi ceux qui, selon moi, peuvent se compter chanceux d'avoir été élus, on retrouve Brett Favre. Le grisonnant quart-arrière n'a lancé qu'une passe de touché à ses quatre derniers matchs, il domine la NFL pour les interceptions avec 17 et à ceux qui me répondront qu'il a 21 passes de touché, je dirai qu'il en a quand même lancé six dans un seul match, contre les Cards de l'Arizona.

Ailleurs, il y a un gars comme Philip Rivers qui totalise 500 verges de plus que Favre par la voie des airs, qui a lancé 28 passes de touché et qui possède la meilleure cote d'efficacité de la NFL. Il y a ceux qui diront que Rivers joue pour une équipe qui ne joue même pas pour ,500 tandis que Favre a aidé les Jets à passer d'une fiche de 4-12 à 9-5.

D'accord… Alors s'il faut vraiment prendre en considération les répercussions des statistiques d'un athlète sur le rendement de son équipe, pourquoi ne pas faire une place à Chad Pennington? Le prédécesseur de Favre à New York a lui aussi cumulé plus de verges par la passe et s'il est vrai qu'il n'a que 14 passes de touché, il n'a toutefois lancé que six interceptions et grâce à lui, les Dolphins, la risée de la NFL en 2007, sont à la porte des éliminatoires.

Si on résume, Rivers a de meilleures statistiques que Favre et Pennington a eu un plus grand impact sur sa nouvelle formation, mais Brett the Jet a une meilleure réputation. Il faut croire que parfois, c'est ce qui compte pour être invité au Pro Bowl.

N'allez surtout pas croire que j'ai une dent contre Favre. Par contre, j'ai un peu de difficulté à comprendre pourquoi la NFL semble si pressée d'envoyer ses invitations pour Hawaii. On connaît les étoiles de la saison alors qu'il reste encore deux matchs à jouer, sachant en plus que les votes ont probablement été envoyés il y a quelques semaines. Pourquoi si tôt? Qu'est-ce qui presse tant? Quel mal y aurait-il à procéder au scrutin une fois la saison régulière terminée et à faire connaître les résultats dans la semaine de congé précédent le Super Bowl?

Si la NFL était un peu plus patiente, on pourrait voir…

- DeAngelo Williams à la place de Clinton Portis. Dans la NFL présentement, il n'y a probablement pas un porteur de ballon plus en feu que Williams, à part peut-être Adrian Peterson. Il a 14 touchés, le double de Portis, qui a commencé à piquer du nez en même temps que le reste de son équipe.

- Steve Slaton à la place de Ronnie Brown. Le joueur recrue des Texans de Houston aussi est meilleur de semaine en semaine. Dommage, parce que la NFL ne semble pas vouloir récompenser les joueurs qui terminent l'année en force.

- Casey Hampton ou Haloti Ngata. Les plaqueurs défensifs de deux des meilleures défensives de la NFL ne sont vraisemblablement pas assez bons pour aller au Pro Bowl, mais il y a une place pour Shaun Rogers, des Browns de Cleveland.

- John Abraham, le joueur qui compte le plus de sacs du quart dans la NFC. Par contre, il faut avouer que les trois joueurs qui lui ont été préférés, Justin Tuck, Julius Peppers et Jared Allen, ne sont pas piqués des vers.

- Matt Ryan. Le quart recrue des Falcons a montré qu'il n'était pas un feu de paille. Il aurait pu prendre la place d'Eli Manning, qui est probablement récompensé pour sa victoire au Super Bowl et la bonne saison des Giants.

L'heure de se mouiller

En terminant, voici mes prédictions complètes pour la 16e et avant-dernière semaine d'activité dans la NFL.

Indianapolis c. Jacksonville
Baltimore c. Dallas
Arizona c. Nouvelle-Angleterre
Cincinnati c. Cleveland
Miami c. Kansas City
Nouvelle-Orléans c. Detroit
Pittsburgh c. Tennessee
San Diego c. Tampa Bay
San Francisco c. St. Louis
Buffalo c. Denver
Houston c. Oakland
NY Jets c. Seattle
Atlanta c. Minnesota
Philadelphie c. Washington
Caroline c. NY Giants
Green Bay c. Chicago

Résultats de la semaine XVI : 9 victoires, 7 revers

Résultat après 16 semaines : 152 victoires, 87 revers


*Propos recueillis par Nicolas Landry.