La sage décision de Mike Tomlin
Football mercredi, 28 janv. 2009. 20:40 dimanche, 15 déc. 2024. 09:39
Avec le recul, on s'aperçoit que même s'il n'avait que 35 ans lorsqu'il a accepté le poste d'entraîneur en chef des Steelers de Pittsburgh, Mike Tomlin a fait preuve de beaucoup de sagesse et a pris des décisions qui le font très bien paraître aujourd'hui.
Quand un entraîneur arrive avec sa nouvelle équipe, deux choix se présentent à lui : le changement ou la continuité. Tomlin, lui, a opté pour la deuxième option. Et faut-il vraiment s'en étonner? La continuité est la marque de commerce des Steelers, qui n'ont été dirigés que par trois pilotes - Chuck Noll, Bill Cowher et Tomlin - dans leur histoire.
La meilleure décision de Tomlin depuis le début de son règne a probablement été de conserver les services de Dick LeBeau au poste de coordonnateur défensif. Ça peut sembler une évidence, mais revenons dans le passé et replaçons les choses dans leur contexte. Avant d'arriver à Pittsburgh, Tomlin était lui-même un coordonnateur défensif avec les Vikings du Minnesota. Disciple de Tony Dungy, il a fait ses classes dans un système défensif 4-3 et a gagné un Super Bowl aux côtés de Jon Gruden avec les Buccaneers de Tampa Bay.
Quand Tomlin est arrivé en ville, il aurait très bien pu dire "Au diable la tradition! Il y a un nouveau shérif en ville et il préfère le 4-3!". Mais il a eu la réaction inverse. Il a décidé de garder les effectifs qui étaient en place et deux ans plus tard, son unité défensive est la meilleure de toute la NFL.
Il ne faudrait toutefois pas penser que Tomlin s'est contenté de donner un chèque en blanc à LeBeau sans garder un œil sur le montant qu'il allait y inscrire. En regardant les performances de gars comme Troy Polamalu et Ike Taylor, on s'aperçoit que Tomlin, un ancien entraîneur des demis défensifs, a ajouté son petit grain de sel dans le travail de sa tertiaire.
Le nom de Polamalu est connu de la plupart des amateurs de football. L'un des maraudeurs les plus dominants de la NFL, il vient de connaître la meilleure saison de sa carrière. Mais Taylor avait pratiquement sombré dans l'oubli collectif quand Cowher a quitté le navire et sous les ordres de Tomlin, il est devenu un nouvel homme. Pendant toute la saison, c'est à lui qu'on a confié la mission de surveiller le receveur le plus dangereux de l'équipe adverse. Il a tellement bien fait qu'il a été nommé réserviste au Pro Bowl. C'est d'ailleurs à lui que devrait revenir la tâche de couvrir Larry Fitzgerald dimanche... quoique son entraîneur serait bien fou de le laisser se débrouiller seul contre pareille bête!
Bref, le succès des Steelers est une combinaison du système de LeBeau et des idées originales de son supérieur. À bien y penser, ce n'est peut-être pas un hasard si les Steelers sont les meilleurs dans pratiquement toutes les facettes du jeu en défensive.
Tomlin aurait pu arriver avec ses grands sabots et tout chambarder pour montrer à tout le monde que ça allait marcher à sa manière. Il a préféré prendre un pas de recul et a finalement pris toute une décision.
La recette est connue, tout dépend de l'exécution
Dans leur parcours vers le Super Bowl, les Cardinals de l'Arizona n'ont pas affronté d'équipe qui préconise un système défensif 3-4. Les Falcons d'Atlanta autant que les Panthers de la Caroline ou les Eagles de Philadelphie sont tous dirigés d'après le modèle du 4-3.
Ça m'a donc mis la puce à l'oreille. Comment s'en sont tirés les Cards, en saison régulière, contre les systèmes défensifs 3-4? La réponse : ils ont conservé une fiche de quatre victoires contre deux revers.
- Victoire de 23-13 contre les 49ers de San Francisco
- Victoire de 31-10 contre les Dolphins de Miami
- Défaite de 56-35 contre les Jets de New York
- Victoire de 30-24 contre les Cowboys de Dallas
- Victoire de 29-24, encore contre les 49ers
- Défaite de 47-7 contre les Patriots de la Nouvelle-Angleterre
Il est donc clair que les Cards sont capables de marquer des points contre ce système. Le quart-arrière Kurt Warner a récolté, en moyenne, des gains par la passe de 270 verges par partie et lancé un total de onze passes de touché dans ces six rencontres.
Il est vrai que l'attaque des Cards a été victime de douze revirements et a accordé 13 sacs du quarts, mais en regardant plus attentivement, on se rend compte que ça a souvent été tout ou rien. Les douze revirements sont survenus dans seulement trois rencontres. Donc, dans la moitié de ces duels, les Cards n'ont jamais donné le ballon à l'adversaire.
Au sol, les Cards ont généré des gains moyens de 73 verges par match en saison régulière, le pire rendement de la NFL. Et contre le 3-4, c'est encore pire : un maigre 63 verges par partie pour les James, Hightower et cie.
La bonne nouvelle pour les Cards, c'est qu'en théorie, ils possèdent les éléments pour exploiter les quelques faiblesses des Steelers.
Quand on jette un coup d'œil aux formations qui ont connu du succès contre les Steelers au cours des dernières années - on peut penser aux Patriots ou aux Colts - on remarque cette constante : elles déployaient toutes leur offensive sur la largeur du terrain avec des formations à trois ou quatre receveurs de passes. Le but : faciliter la lecture des intentions de l'adversaire.
Je m'explique Le plus difficile contre un système défensif 3-4, c'est la protection du quart-arrière. Pourquoi? Parce qu'avec toutes les permutations et les combinaisons possibles au niveau du front défensif, l'attaque ne sait jamais ce qui s'en vient.
Contre un système 4-3, tu sais que plus souvent qu'autrement, les quatre gars qui partent avec une main au sol vont se ruer sur le quart. C'est alors beaucoup plus facile de trouver le cinquième et de prendre les moyens pour le bloquer. Mais contre un 3-4, tu vois trois joueurs avec la main au sol et derrière, il y en a quatre qui courent partout. Ajoutez à ça un maraudeur comme Polamalu qui arrive les cheveux dans le vent et ça commence à être difficile d'identifier qui doit bloquer qui.
Les équipes qui sont parvenues à connaître du succès contre ce puzzle, elles l'ont fait en étirant la défensive. Évidemment, en mettant quatre receveurs sur le terrain, tu accentues la pression sur ta ligne offensive, qui se retrouve soudainement seule pour protéger le quart. Mais l'avantage, c'est que tu forces l'adversaire à te montrer ses cartes. Plus l'unité défensive sort ses membres de la boîte, meilleures sont tes chances d'identifier d'où s'amènera la pression.
Dans le fond, ce que tu recherches avant tout, c'est la clarté. Tu ne veux pas te faire surprendre.
La beauté avec les Cards, c'est qu'ils adorent passer le ballon et ils le font avec un quart-arrière intelligent, expérimenté et qui dégaine rapidement. En formation shotgun, il est dans son élément. Et ses receveurs, les Fitzgerald, Boldin et Breaston, sont imposants et les verges amassées après l'attrapé représentent leur pain et leur beurre.
Les Cardinals possèdent donc tous les ingrédients pour concocter la recette qui donne des problèmes aux Steelers. Reste à voir si ça va lever, parce que le fait d'avoir un beau coffre à outils ne fait pas nécessairement de vous un bon menuisier!
Deux quarts, deux mondes
On parle beaucoup des défensives et de l'importance, d'un côté ou de l'autre du ballon, d'imposer sa loi au sol. Mais en bout de ligne, j'ai quand même hâte d'assister au duel de quarts-arrières que nous proposent Kurt Warner et Ben Roethlisberger.
Un point en commun : les deux ont non seulement déjà participé au match du Super Bowl, mais ils l'ont gagné. Il y a toutefois un monde de différence entre les performances offertes par les deux athlètes lors du match ultime.
En 1999, contre les Titans du Tennessee, Warner avait lancé pour 414 verges, complété deux passes de touché, montré une cote d'efficacité de 99,7 et remporté le titre de joueur du match. Deux ans plus tard, dans une défaite contre les Patriots, il avait quand même généré des gains aériens de 365 verges.
Dans le cas de Roethlisberger, personne n'a oublié sa grande performance de 2006 contre les Seahawks de Seattle. Il n'avait amassé que 123 verges par la passe, lancé deux interceptions et montré un coefficient d'efficacité de 22,6. Je crois que c'est la première fois que je voyais un quart-arrière avec un coefficient plus bas que son âge!
Roethlisberger l'avait avoué par la suite. D'ordinaire, il est toujours nerveux pour les deux ou trois premiers jeux d'un match, mais cette fois-là, il avait ressenti ce stress du début à la fin du match. Depuis, il a pris beaucoup de maturité et de confiance et il faut s'attendre à une meilleure performance de sa part contre les Cards.
Warner et Roethlisberger pratiquent leur métier de façons bien différentes. Le vétéran se sent à l'aise dans sa zone de protection et il veut que le ballon quitte sa main rapidement. On l'a vu contre les Eagles : il a été magistral contre le blitz, il n'a jamais laissé le temps à la pression de se rendre à lui.
J'invite les gens à prendre quelques minutes pour étudier le langage corporel de Warner dimanche. Portez bien attention à sa tête lorsqu'il s'éloigne de son centre et commence à scanner le terrain. Il prend un malin plaisir à manipuler la défensive adverse avec ses yeux, sa tête ou ses épaules. Vous allez me dire que les demis défensifs sont loin du corps et ne remarquent pas ce genre de détail, mais c'est faux. Quand tu vois un casque qui tourne d'un côté, tu as tendance à tricher. Avec sa gestuelle, Warner est capable d'amener la défensive du côté opposé d'où il veut lancer. Contre les Eagles, il a donné une véritable clinique. Ça n'avait aucun bon sens à quel point il était en feu.
De l'autre côté, il y a le Gros Ben, qui est maître dans l'art d'étirer le jeu en s'échappant de sa zone de protection. Ici aussi, j'invite les gens à observer sa tendance. Même s'il est droitier, Roethlisberger dérobe presque toujours à contre-courant, vers la gauche. C'est loin d'être la technique idéale, mais il est très à l'aise pour le faire. Le meilleur exemple est la passe de touché qu'il a lancée à Santonio Holmes contre les Ravens de Baltimore.
Roethlisberger a maintenant la pleine confiance de ses coéquipiers. En fin de demie ou en fin de match, il a le don de faire les gros jeux.
Son vis-à-vis pourra-t-il mettre assez de points au tableau pour le forcer à se dépasser?
*Propos recueillis par Nicolas Landry.
Quand un entraîneur arrive avec sa nouvelle équipe, deux choix se présentent à lui : le changement ou la continuité. Tomlin, lui, a opté pour la deuxième option. Et faut-il vraiment s'en étonner? La continuité est la marque de commerce des Steelers, qui n'ont été dirigés que par trois pilotes - Chuck Noll, Bill Cowher et Tomlin - dans leur histoire.
La meilleure décision de Tomlin depuis le début de son règne a probablement été de conserver les services de Dick LeBeau au poste de coordonnateur défensif. Ça peut sembler une évidence, mais revenons dans le passé et replaçons les choses dans leur contexte. Avant d'arriver à Pittsburgh, Tomlin était lui-même un coordonnateur défensif avec les Vikings du Minnesota. Disciple de Tony Dungy, il a fait ses classes dans un système défensif 4-3 et a gagné un Super Bowl aux côtés de Jon Gruden avec les Buccaneers de Tampa Bay.
Quand Tomlin est arrivé en ville, il aurait très bien pu dire "Au diable la tradition! Il y a un nouveau shérif en ville et il préfère le 4-3!". Mais il a eu la réaction inverse. Il a décidé de garder les effectifs qui étaient en place et deux ans plus tard, son unité défensive est la meilleure de toute la NFL.
Il ne faudrait toutefois pas penser que Tomlin s'est contenté de donner un chèque en blanc à LeBeau sans garder un œil sur le montant qu'il allait y inscrire. En regardant les performances de gars comme Troy Polamalu et Ike Taylor, on s'aperçoit que Tomlin, un ancien entraîneur des demis défensifs, a ajouté son petit grain de sel dans le travail de sa tertiaire.
Le nom de Polamalu est connu de la plupart des amateurs de football. L'un des maraudeurs les plus dominants de la NFL, il vient de connaître la meilleure saison de sa carrière. Mais Taylor avait pratiquement sombré dans l'oubli collectif quand Cowher a quitté le navire et sous les ordres de Tomlin, il est devenu un nouvel homme. Pendant toute la saison, c'est à lui qu'on a confié la mission de surveiller le receveur le plus dangereux de l'équipe adverse. Il a tellement bien fait qu'il a été nommé réserviste au Pro Bowl. C'est d'ailleurs à lui que devrait revenir la tâche de couvrir Larry Fitzgerald dimanche... quoique son entraîneur serait bien fou de le laisser se débrouiller seul contre pareille bête!
Bref, le succès des Steelers est une combinaison du système de LeBeau et des idées originales de son supérieur. À bien y penser, ce n'est peut-être pas un hasard si les Steelers sont les meilleurs dans pratiquement toutes les facettes du jeu en défensive.
Tomlin aurait pu arriver avec ses grands sabots et tout chambarder pour montrer à tout le monde que ça allait marcher à sa manière. Il a préféré prendre un pas de recul et a finalement pris toute une décision.
La recette est connue, tout dépend de l'exécution
Dans leur parcours vers le Super Bowl, les Cardinals de l'Arizona n'ont pas affronté d'équipe qui préconise un système défensif 3-4. Les Falcons d'Atlanta autant que les Panthers de la Caroline ou les Eagles de Philadelphie sont tous dirigés d'après le modèle du 4-3.
Ça m'a donc mis la puce à l'oreille. Comment s'en sont tirés les Cards, en saison régulière, contre les systèmes défensifs 3-4? La réponse : ils ont conservé une fiche de quatre victoires contre deux revers.
- Victoire de 23-13 contre les 49ers de San Francisco
- Victoire de 31-10 contre les Dolphins de Miami
- Défaite de 56-35 contre les Jets de New York
- Victoire de 30-24 contre les Cowboys de Dallas
- Victoire de 29-24, encore contre les 49ers
- Défaite de 47-7 contre les Patriots de la Nouvelle-Angleterre
Il est donc clair que les Cards sont capables de marquer des points contre ce système. Le quart-arrière Kurt Warner a récolté, en moyenne, des gains par la passe de 270 verges par partie et lancé un total de onze passes de touché dans ces six rencontres.
Il est vrai que l'attaque des Cards a été victime de douze revirements et a accordé 13 sacs du quarts, mais en regardant plus attentivement, on se rend compte que ça a souvent été tout ou rien. Les douze revirements sont survenus dans seulement trois rencontres. Donc, dans la moitié de ces duels, les Cards n'ont jamais donné le ballon à l'adversaire.
Au sol, les Cards ont généré des gains moyens de 73 verges par match en saison régulière, le pire rendement de la NFL. Et contre le 3-4, c'est encore pire : un maigre 63 verges par partie pour les James, Hightower et cie.
La bonne nouvelle pour les Cards, c'est qu'en théorie, ils possèdent les éléments pour exploiter les quelques faiblesses des Steelers.
Quand on jette un coup d'œil aux formations qui ont connu du succès contre les Steelers au cours des dernières années - on peut penser aux Patriots ou aux Colts - on remarque cette constante : elles déployaient toutes leur offensive sur la largeur du terrain avec des formations à trois ou quatre receveurs de passes. Le but : faciliter la lecture des intentions de l'adversaire.
Je m'explique Le plus difficile contre un système défensif 3-4, c'est la protection du quart-arrière. Pourquoi? Parce qu'avec toutes les permutations et les combinaisons possibles au niveau du front défensif, l'attaque ne sait jamais ce qui s'en vient.
Contre un système 4-3, tu sais que plus souvent qu'autrement, les quatre gars qui partent avec une main au sol vont se ruer sur le quart. C'est alors beaucoup plus facile de trouver le cinquième et de prendre les moyens pour le bloquer. Mais contre un 3-4, tu vois trois joueurs avec la main au sol et derrière, il y en a quatre qui courent partout. Ajoutez à ça un maraudeur comme Polamalu qui arrive les cheveux dans le vent et ça commence à être difficile d'identifier qui doit bloquer qui.
Les équipes qui sont parvenues à connaître du succès contre ce puzzle, elles l'ont fait en étirant la défensive. Évidemment, en mettant quatre receveurs sur le terrain, tu accentues la pression sur ta ligne offensive, qui se retrouve soudainement seule pour protéger le quart. Mais l'avantage, c'est que tu forces l'adversaire à te montrer ses cartes. Plus l'unité défensive sort ses membres de la boîte, meilleures sont tes chances d'identifier d'où s'amènera la pression.
Dans le fond, ce que tu recherches avant tout, c'est la clarté. Tu ne veux pas te faire surprendre.
La beauté avec les Cards, c'est qu'ils adorent passer le ballon et ils le font avec un quart-arrière intelligent, expérimenté et qui dégaine rapidement. En formation shotgun, il est dans son élément. Et ses receveurs, les Fitzgerald, Boldin et Breaston, sont imposants et les verges amassées après l'attrapé représentent leur pain et leur beurre.
Les Cardinals possèdent donc tous les ingrédients pour concocter la recette qui donne des problèmes aux Steelers. Reste à voir si ça va lever, parce que le fait d'avoir un beau coffre à outils ne fait pas nécessairement de vous un bon menuisier!
Deux quarts, deux mondes
On parle beaucoup des défensives et de l'importance, d'un côté ou de l'autre du ballon, d'imposer sa loi au sol. Mais en bout de ligne, j'ai quand même hâte d'assister au duel de quarts-arrières que nous proposent Kurt Warner et Ben Roethlisberger.
Un point en commun : les deux ont non seulement déjà participé au match du Super Bowl, mais ils l'ont gagné. Il y a toutefois un monde de différence entre les performances offertes par les deux athlètes lors du match ultime.
En 1999, contre les Titans du Tennessee, Warner avait lancé pour 414 verges, complété deux passes de touché, montré une cote d'efficacité de 99,7 et remporté le titre de joueur du match. Deux ans plus tard, dans une défaite contre les Patriots, il avait quand même généré des gains aériens de 365 verges.
Dans le cas de Roethlisberger, personne n'a oublié sa grande performance de 2006 contre les Seahawks de Seattle. Il n'avait amassé que 123 verges par la passe, lancé deux interceptions et montré un coefficient d'efficacité de 22,6. Je crois que c'est la première fois que je voyais un quart-arrière avec un coefficient plus bas que son âge!
Roethlisberger l'avait avoué par la suite. D'ordinaire, il est toujours nerveux pour les deux ou trois premiers jeux d'un match, mais cette fois-là, il avait ressenti ce stress du début à la fin du match. Depuis, il a pris beaucoup de maturité et de confiance et il faut s'attendre à une meilleure performance de sa part contre les Cards.
Warner et Roethlisberger pratiquent leur métier de façons bien différentes. Le vétéran se sent à l'aise dans sa zone de protection et il veut que le ballon quitte sa main rapidement. On l'a vu contre les Eagles : il a été magistral contre le blitz, il n'a jamais laissé le temps à la pression de se rendre à lui.
J'invite les gens à prendre quelques minutes pour étudier le langage corporel de Warner dimanche. Portez bien attention à sa tête lorsqu'il s'éloigne de son centre et commence à scanner le terrain. Il prend un malin plaisir à manipuler la défensive adverse avec ses yeux, sa tête ou ses épaules. Vous allez me dire que les demis défensifs sont loin du corps et ne remarquent pas ce genre de détail, mais c'est faux. Quand tu vois un casque qui tourne d'un côté, tu as tendance à tricher. Avec sa gestuelle, Warner est capable d'amener la défensive du côté opposé d'où il veut lancer. Contre les Eagles, il a donné une véritable clinique. Ça n'avait aucun bon sens à quel point il était en feu.
De l'autre côté, il y a le Gros Ben, qui est maître dans l'art d'étirer le jeu en s'échappant de sa zone de protection. Ici aussi, j'invite les gens à observer sa tendance. Même s'il est droitier, Roethlisberger dérobe presque toujours à contre-courant, vers la gauche. C'est loin d'être la technique idéale, mais il est très à l'aise pour le faire. Le meilleur exemple est la passe de touché qu'il a lancée à Santonio Holmes contre les Ravens de Baltimore.
Roethlisberger a maintenant la pleine confiance de ses coéquipiers. En fin de demie ou en fin de match, il a le don de faire les gros jeux.
Son vis-à-vis pourra-t-il mettre assez de points au tableau pour le forcer à se dépasser?
*Propos recueillis par Nicolas Landry.