EDMONTON - Une organisation représentant les Inuits du Canada estime que l'équipe d'Edmonton de la Ligue canadienne de football, les Eskimos, devrait changer de nom.

Le président d'Inuit Tapiriit Kanatami, Natan Obed, clame qu'aucune équipe sportive ne devrait porter le nom d'un groupe ethnique.

Il explique que le terme « eskimo » était utilisé à une époque où les Inuits n'avaient aucun contrôle sur leur vie ou encore sur le nom qu'on leur donnait.

Bien que le nom de l'équipe de football ait fait l'objet de débats au fil des ans, les représentants de la communauté inuite s'étaient toujours gardés d'intervenir.

Mais M. Obed croit que le temps est maintenant venu pour les Inuits de faire entendre leur voix, surtout au moment où la franchise dispute cette fin de semaine la Coupe Grey, à Winnipeg.

Il avance qu'à la suite du dépôt du rapport de la Commission vérité et réconciliation, « tous les secteurs de la société devraient contribuer à la réconciliation » des peuples.

La direction de l'équipe a toujours repoussé du revers de la main les critiques en arguant qu'elle n'avait jamais reçu de plainte officielle concernant son nom. Aucun représentant de l'équipe n'a répondu à la demande d'entrevue de La Presse Canadienne, vendredi.

M. Obed, qui a notamment joué au hockey au niveau universitaire aux États-Unis, a dit comprendre que les partisans sont très fidèles à leur équipe.

« Ils n'ont pas à s'excuser d'encourager une équipe et de scander un nom qui n'est plus acceptable aujourd'hui », tempère-t-il.

« Mais alors que les valeurs de notre société changent, les valeurs dans le sport peuvent aussi changer », fait valoir M. Obed.

Bien que les Inuits des États-Unis continuent d'utiliser le mot "Eskimo", les Inuits du Canada ont cessé de l'utiliser au même moment où ils ont commencé à revendiquer des droits sur leurs territoires ancestraux dans les années 1970, affirme M. Obed.

« Lorsque nous nous sommes mobilisés et que nous avons décidé de nous battre pour nos droits, nous avons décidé d'utiliser le mot "Inuit", parce que c'est ça notre nom. Aucun autre groupe de personnes a le droit de décider qui nous sommes et comment nous nous appelons », poursuit-il.

« Aujourd'hui, si quiconque m'appelait un Eskimo, j'en serais offensé », conclut M. Obed.