Les prochaines semaines promettent dans la LCF avec le repêchage d’expansion du Rouge et Noir d’Ottawa qui approche à grands pas. C’est intéressant à suivre comme dossier et je suis content de voir que la LCF ait finalement fourni une liste des joueurs autonomes pour clarifier le portrait en vue de cette étape qui aura lieu le 16 décembre.

C’était déjà un peu mystérieux puisque les listes de protection ne seront pas dévoilées au public. Ainsi, personne ne sera au courant des joueurs qui étaient disponibles. Les équipes avaient aussi essayé de ne pas divulguer leurs joueurs autonomes, mais ce n’était pas très correct pour les amateurs.

Plusieurs partisans prennent cela à cœur et ils veulent suivre les tractations. De plus, il n’aurait pas fallu manquer cette occasion de mousser ce processus et attirer l’attention sur la LCF. Dans le fond, il faut faire de ce repêchage un événement que les amateurs veulent suivre.

Pourquoi ne pas s’inspirer du repêchage ou de la date limite des joueurs autonomes dans la LNH ou pourquoi se priver de visibilité pendant la saison morte ? Bref, je suis content qu’on puisse analyser la liste des joueurs autonomes étant donné que c’est un aspect important dans les choix qui seront pris par les dirigeants de la nouvelle formation.

Ces joueurs peuvent avoir accès à l’autonomie à partir du 15 février. Il faut comprendre que si le Rouge et Noir décide de repêcher un joueur qui deviendra autonome, il ne fait que repêcher ses droits, mais il s’agit d’un risque considérable. Bien sûr, Ottawa peut se présenter avec des arguments « massues » surtout que la masse salariale part à zéro, mais tu peux rater ton coup et gaspiller un choix ce qui ferait très mal.

Voilà pourquoi on présume qu’Ottawa se tiendra loin, dans l’ensemble, des joueurs autonomes pour son repêchage d’expansion.

Les Alouettes comme exemple

Analysons la situation en se basant sur le portrait des Alouettes. C’est intéressant de constater que Montréal se retrouve avec 17 joueurs autonomes ce qui n’est pas un hasard. Vous savez pourquoi ? Et bien, le directeur général Jim Popp a toujours été un maître pour avoir la liste la plus courte étant l’expert des prolongations de contrat durant la saison. Ce n’est pas pour rien que ça arrive ainsi cette année. Ce n’est pas fou comme stratégie quand tu y penses parce que tu n’as pas besoin de protéger ces 17 joueurs ce qui te permet de protéger davantage d’athlètes de ton organisation.

En somme, tu pourrais perdre des joueurs de moins grande qualité et je serais très surpris que ce soit une coïncidence ! On a toujours dit que Jim est quelques coups en avance sur ses homologues et voici un autre exemple de ses qualités de directeur général.

Bien sûr, Ottawa se forgera une base avec des joueurs canadiens et américains et commençons le survol par les joueurs canadiens qui sont au nombre de 10 parmi les 17 joueurs autonomes des Alouettes.

Josh BourkeÉtant une denrée plus rare, les Canadiens ont une valeur plus élevée que les Américains dont tu peux en dénicher 12 pour 1$ tellement ils sont nombreux. Même si les joueurs canadiens sont plus abondants grâce à la progression des programmes universitaires canadiens, ça demeure de l’or en barre pour les équipes de la LCF.

Bonne nouvelle pour Popp car il peut en compter sur 10 sur la liste allant vers l’autonomie. Tu peux donc prendre la chance de ne pas les protéger et cette liste contient : Martin Bédard, Josh Bourke (photo), Luc Brodeur-Jourdain, Marc-Olivier Brouillette, Michael Carter, Curtis Dublanko, Shea Emry, Brian Ridgeway, Daryl Townsend et Sean Whyte.

Ottawa pourra se tourner vers les joueurs canadiens à partir de la deuxième ronde. Ainsi, les Alouettes peuvent protéger six joueurs canadiens en plus de ceux déjà nommés. On comprend que les 10 ne sont pas tous des joueurs étoiles, mais ça donne un coup de main agréable et tu finiras par avoir protégé 16 Canadiens. Ça ne veut pas dire que tu perdras le 17e Canadien dans ton organigramme, mais tu auras protégé plusieurs éléments importants.

De plus, si Ottawa décide de sélectionner le quart Tanner Marsh en première ronde, tu obtiens la permission de protéger deux joueurs canadiens supplémentaires.

Voici comment je négocierais ce procédé si j’étais parmi les dirigeants des Alouettes.

  • - Immédiatement, j’ai identifié trois joueurs que je ne protégerais pas en raison de leur âge, leur salaire ou des blessures : Scott Flory, Walter Spencer et Andrew Woodruff.
  • - Ensuite, je réserverais le même sort à certains joueurs qui n’occupent pas un rôle clé avec l’équipe : Kyle Graves, Jordan Verdone, Bo Adebayo, Bryn Roy, Burke Dales et Jerod Zaleski.
  • - Il me reste donc 12 joueurs canadiens dans la liste actuelle des Alouettes et je dois en protéger six pour en perdre un, mais tu peux en protéger six autres par la suite. Bref, Montréal perdra deux Canadiens, mais ce ne sera pas si dramatique.
  • - Je protégerais : Mike Edem, Jeff Perrett, Ryan Bomben, Kristian Matte (photo), Patrick Lavoie et j’opterais pour Steven Lumbala devant Michael Klassen.
  • - Ottawa peut donc piger parmi : Klassen, Jerome Messam, Eric Deslauriers, Jamahl Knowles, Pascal Baillargeon et Nicolas Boulay.

On peut en venir à dire que les Alouettes perdront sans doute un premier joueur canadien de qualité, mais ça ne risque pas d’être à Montréal que le Rouge et Noir fera des ravages. Kristian Matte

Évidemment, l’état-major des Alouettes fera cet exercice et les amateurs pourront en faire autant. Certains choix peuvent être débattus et certains observateurs auront remarqué que j’ai protégé trois joueurs de ligne offensive, mais je me fie au fait que les Alouettes ont toujours voulu miser sur plusieurs Canadiens sur cette unité. Sans oublier, surtout, que Bourke et Brodeur pourraient profiter de leur autonomie.

Le dossier des Américains

En ce qui concerne les joueurs américains, on peut procéder de la même façon. Les sept joueurs autonomes ne devraient pas être protégés et on parle d’Alan-Michael Cash, Noel Devine, Ed Gainey, Kyries Hebert, Josh Neiswander, Michael Ola, Billy Parker et Rafael Priest.

On peut protéger un quart-arrière qui devrait être Troy Smith sans surprise.

  • - Je renoncerais encore à protéger des athlètes vieillissants comme Anthony Calvillo, Anwar Stewart et Arland Bruce III.
  • - Ensuite, il y a huit joueurs américains que je protégerais, sur la limite de 10, de façon automatique : Chip Cox, Duron Carter, Tyrell Sutton, John Bowman, S.J. Green, Aaron Lavarias, Moton Hopkins et Bear Woods.
  • - Après j’hésite, mais j’ajouterais Geoff Tisdale et un autre demi défensif comme Jerald Brown ou Byron Parker ou Winston Venable.

Si nous avons hâte de voir ce qui se passera, c’est encore plus vrai pour les joueurs.

Deux facteurs qui n’aident pas les Alouettes

Ce que je trouve le plus intéressant dans ce repêchage d’expansion, c’est que la LCF a vraiment donné la chance à Ottawa de dénicher des joueurs de qualité. Ce n’était pas le cas lorsque les Renegades étaient revenus dans la ligue alors qu’ils s’étaient contentés des restants – sans vouloir manquer de respect à personne - des autres formations; c’était complètement ridicule. 

Je suis content de voir que la LCF a compris qu’il faut permettre à une nouvelle équipe de devenir compétitive le plus rapidement possible. Sinon, c’est inutile de permettre une expansion.

Revenons sur le dossier des joueurs autonomes, car certains se retrouvent dans une situation particulière pour prendre une décision concernant leur avenir.

Shea EmrySi on prend l’exemple de Montréal, tu te demandes avant tout qui sera l’entraîneur en 2014 parce que c’est possible que tu préfères ne pas revenir selon ce choix. C’est légitime pour un joueur de vouloir connaître cette donnée avant de signer une entente.

Ensuite, le déroulement du repêchage d’expansion s’ajoute comme facteur à évaluer.

Après cela, il y a le sujet de la convention collective qui doit être renégociée dans les prochains mois et ça pourrait retarder certains développements. Quand tu ne connais pas le plafond salarial qui sera en vigueur, tu peux attendre de signer ton contrat pour accéder à un montant plus intéressant.

Par exemple, si le plafond salarial grimpe de 10%, est-ce que tous les contrats seront majorés selon cette donnée ou seulement ceux signés après l’entente?

Tout cela pour dire qu’il s’agit d’une situation assez particulière cette année et c’est notamment le cas à Montréal. Malgré cela, j’ai toujours pensé qu’on peut regrouper en quelques catégories les approches des joueurs autonomes.

  • - Souvent, il y a les joueurs qui ont déjà gagné des championnats et qui veulent passer à la banque en fin de carrière. Leur décision peut être basée sur ce facteur.
  • - Ensuite, il y a les autres joueurs qui ont goûté au champagne dans la coupe Grey, mais qui veulent retourner dans leur patelin et préparer leur après-carrière. Je ne dis pas que ça arrivera, mais ça me fait songer à Shea Emry (photo) qui est originaire de la Colombie-Britannique.
  • - Ou bien, il y a les joueurs qui n’ont jamais gagné et qui choisissent leur prochaine destination en fonction des probabilités de soulever le précieux trophée. C’est ce qui est survenu avec quelques athlètes cette année qui ont déménagé en Saskatchewan.

Par contre, l’arrivée d’Ottawa modifie un peu la donne et particulièrement pour les joueurs venant du Québec.

Je ne dis pas que les joueurs québécois des Alouettes sont maltraités, mais ils sont souvent victimes de ce qu’on appelle le « hometown discount » (le rabais de ta ville locale). En gros, l’équipe sait très bien que les joueurs sont attachés au fait de jouer dans leur coin de pays et devant leurs amis et membres de la famille. De plus, ils possèdent souvent une maison dans la région ou un deuxième travail. Bref, ils ne partiront pas à l’autre bout du pays pour 10 000$ de plus sur leur salaire. Ils préfèrent rester au Québec pour ne pas payer un deuxième loyer et demeurer avec leurs proches.

Cette aubaine se remarque avec toutes les équipes de la LCF, mais l’ajout d’Ottawa vient modifier la situation des Alouettes. Cette ville est située à proximité de Montréal et ça peut venir brouiller les cartes. Marc-Olivier Brouillette

Si je suis un dirigeant à Ottawa, je songerais sans doute à attirer des athlètes comme Brodeur-Jourdain ou Brouillette (photo) pour miser sur de bons joueurs canadiens et courtiser le marché francophone de Gatineau. Ce sont aussi d’excellents ambassadeurs à l’extérieur du terrain et dans la communauté.

C’est possible que des Québécois finissent par se dire qu’ils ne s’éloigneraient pas trop de leur entourage et leur milieu.

Le dernier argument concernant les Alouettes, c’est que l’organisation ne peut pas assurer aux joueurs d’appartenir à l’élite de la LCF. L’organisation traverse une période de transition et on ignore si l’équipe sera très compétitive. À une certaine époque, Montréal pouvait dire à un joueur : « On t’en donne moins sur ton salaire, mais tu iras en finale de l’Est où tu toucheras un boni de 7000$ et 15 000$ pour aller à la coupe Grey et 22 000$ si tu la gagnes. Viens à Montréal, tu feras plus d’argent. » Mais on ne peut plus dire que c’est vrai car la dernière visite des Alouettes au match de championnat remonte à 2010. Je dis donc à suivre car ce sera intrigant de voir la suite des choses.

*Propos recueillis par Éric Leblanc