Ottawa, ville de football
LCF vendredi, 13 déc. 2013. 21:52 vendredi, 13 déc. 2024. 14:11Risqué, le retour du football de la LCF à Ottawa? Pas du tout, et je vais vous en faire la démonstration.
Petit à petit, le Rouge et Noir prend forme. Après l’annonce de l’embauche de l’entraîneur-chef Rick Campbell, l’organisation procédera lundi prochain à son repêchage d’expansion.
La nouvelle franchise de la LCF sélectionnera un total de 24 joueurs, soit trois dans chacune des huit autres équipes du circuit, qui ont dû soumettre une liste des joueurs qu’elles ne protégeaient pas.
Nous aurons alors une bonne idée de l’équipe que pourront soutenir les résidents de la région d’Ottawa. Et croyez-moi, il y en a.
Contrairement à ce que plusieurs peuvent croire, Ottawa est une ville de football. Les défunts Roughriders et Renegades ont peut-être disparu tour à tour, ce n’est pas par manque d’intérêt. Loin de là.
Si on jette un coup d’œil à l’historique de la LCF dans la capitale nationale, on réalise rapidement qu’il y a un bon bassin de partisans dans cette région.
Notons d’abord que les Roughriders sont la dernière équipe à avoir soulevé la coupe Grey à Ottawa en 1976. De 1980 à 1996 – dernière saison de l’équipe – les Roughriders n’ont pas connu une seule campagne avec une fiche supérieure à .500. En 1984 et 1993, ils ont connu une saison de .500. Malgré toute cette série d’insuccès, les Roughriders ont attiré en moyenne près de 21 000 spectateurs par match.
Ça, ce n’est que quelques milliers de spectateurs de moins que la moyenne de partisans qui assistent aux rencontres des Alouettes au Stade Percival-Molson. Rappelons que les Montréalais ont participé aux éliminatoires lors des 18 dernières saisons...
Bref, des mordus de football il y en a à Ottawa, et ce même s’ils n’ont pas été gâtés par des équipes gagnantes au fil des ans.
Les Renegades ne leur ont pas offert plus de raisons de se réjouir entre 2002 et 2006. Au cours de cette période, l’équipe a présenté des dossiers successifs de 4-14, 7-11, 5-13 et 8-10. Malgré ces performances décevantes, cette nouvelle franchise alors dotée d’un nom qui ne faisait pas l’unanimité a néanmoins attiré plus de 22 000 personnes par match dans son stade.
Pour un marché de football supposément discutable, j’estime que les gens ont été très patients et surtout très passionnés.
Des propriétaires plus solides
Ça, c’est sans compter que des mauvais propriétaires se sont succédé à Ottawa. En provenance de l’extérieur, ils étaient dépourvus de vision, de plan à long terme et surtout de poches profondes, alors qu’à l’époque les propriétaires devaient être prêts à assumer des pertes lors des premières saisons.
Ajoutez à cela que ces propriétaires ne se sont jamais réellement souciés du marché de Gatineau.
Bref, le portrait n’était peut-être pas rose, mais cela n’avait pas empêché les fans de football de démontrer leur support et leur amour pour leur équipe. Je ne vois pas pourquoi ce serait différent avec le Rouge et Noir. Au contraire.
S’apprêtant à faire ses débuts dans un stade flambant neuf situé sur un site enchanteur en bordure du canal Rideau, le Rouge et Noir peut compter sur un groupe de propriétaires solides et bien nantis.
De plus, contrairement aux Renegades à leur début en 2002, le repêchage d’expansion de lundi offrira des règles beaucoup plus favorables au Rouge et Noir. Cette fois, ce n’est pas de bois mort dont héritera Ottawa.
La LCF a en effet appris de ses erreurs, car après tout, c’est dans l’intérêt du circuit et de ses équipes que le Rouge et Noir connaisse du succès rapidement. Les 24 joueurs qui seront sélectionnés lundi seront en mesure d’aider l’équipe.
Il ne faut de plus pas oublier qu’un nouveau contrat télévisuel amènera un revenu supplémentaire à la concession. Le plafond salarial offre aussi une structure financière sur laquelle on peut réellement bâtir. À l’époque des Renegades, le plafond salarial relevait plutôt de la suggestion. Moins fortunés, les propriétaires de l’équipe se sont vite aperçus qu’en théorie, c’était bien beau, mais en pratique c’était toute autre chose. Ils n’étaient pas en mesure de rivaliser avec les autres équipes.
Tout est donc en place pour que cette équipe connaisse du succès. Du moins plus facilement.
Un classement général uniquement?
Bien qu’une ligue à 10 équipes serait idéale pour équilibrer les divisions, je me réjouis tout de même de l’arrivée de ce neuvième club dans la ligue.
On a déjà annoncé que les Blue Bombers de Winnipeg évolueront dorénavant dans l’Ouest, ce qui est logique sur le plan géographique. Le problème c’est qu’on retrouvera cinq équipes dans l’Ouest et quatre dans l’Est.
Serait-il temps que la LCF adopte un classement général en vue des éliminatoires et qu’elle abolisse ses divisions? Personnellement, j’irais dans ce sens.
Ainsi, les six premières équipes au classement accéderaient aux éliminatoires. Les positions 1 et 2 obtiendraient quant à elles un laissez-passer au premier tour.
L’ajout d’une neuvième équipe est également intéressant à un autre égard. Chacun des clubs affrontera toutes les autres formations au moins deux fois au cours du calendrier régulier. À cela s’ajouteront deux « troisième » duels, ce qui alimentera les rivalités naturelles. Ainsi, les Alouettes et le Rouge et Noir pourraient par exemple s’affronter à trois reprises.
Avec une ligue à huit équipes comme l’an passé, des clubs se sont affrontés à quatre reprises durant la saison, une fois pendant le calendrier préparatoire et une autre fois en éliminatoires. C’est donc dire qu’une équipe pouvait en affronter une autre en six occasions lors d’une même année. C’est quelque peu exagéré à mon avis.
La venue du Rouge et Noir aura donc pour effet de diversifier le calendrier. Ça promet!
*Propos recueillis par Mikaël Filion