MONT-TREMBLANT – Jim Popp n’a jamais eu la langue dans sa poche et il ne se gêne pas pour clamer que la Ligue canadienne de football traverse une période remplie de défis.

 

Le directeur général des Argonauts de Toronto – et ancien DG des Alouettes de Montréal – n’a pas hésité à exprimer son point de vue dans le cadre du conseil de direction de la LCF qui se tient à Mont-Tremblant cette semaine.

 

Avant d’explorer ses différentes perspectives, voici un aperçu des préoccupations avec lesquelles le circuit canadien doit composer. Il y a la venue de l’Alliance of American Football (AAF, un nouveau circuit qui retiendra des joueurs américains), la négociation d’une nouvelle convention collective (celle qui prévaut se termine en mai) et l’instauration d’un plafond salarial des opérations football (qui a forcé bien des équipes à limoger des adjoints). Tout ça se produit alors que les dépenses ont augmenté plus rapidement que les revenus. On doit ajouter à ce portrait l’arrivée éventuelle d’une équipe à Halifax et des projets internationaux à intégrer avec le Mexique et une panoplie de pays européens par la suite.

 

Vous aurez compris que le visage de la LCF pourrait changer considérablement dans un avenir rapproché. Popp souhaite surtout que les pépins soient résolus sans tarder.

 

« On doit composer avec des défis, de très gros défis. C’est facile de comprendre qu’il se passe plusieurs choses dans la LCF présentement. On traverse une ère différente », a déclaré Popp à RDS sans se retenir.

 

Avec plus de 20 ans d’expérience dans le circuit canadien, Popp cible l’arrivée de l’AAF comme première source de préoccupation.

 

« Ce que je peux dire, c’est qu’on vit un véritable défi pour signer des joueurs américains. Une autre ligue voit le jour en sol américain et elle paie en dollars américains. On peut souligner que le taux de change n’est pas très avantageux pour nous présentement. Ils pourraient avoir la chance de jouer 10 matchs au lieu de 20 pour plus d’argent.

 

« Il faut tout de même garder l’esprit ouvert et comprendre que chaque personne prend ses décisions pour son bien-être et sa situation personnelle. On pourrait, par exemple, perdre des joueurs qui souhaiteraient évoluer dans leur ville d’origine comme des Canadiens peuvent le faire dans la LCF », a-t-il énoncé.

 

« Par contre, je ne crois pas qu’on perdra les joueurs vedettes. Chose certaine, plus il y a aura de ligues, plus ce sera un défi. On doit déjà travailler très fort pour trouver des joueurs qui ont un passeport pour venir au Canada quand on le souhaite », a poursuivi le père de six enfants.  

 

Popp refuse néanmoins de sonner alarmiste. Il tient à insister sur un aspect bien important à ses yeux.

 

« Ce que j’en comprends, c’est que cette ligue sera véritablement bâtie comme une entité de développement de la NFL. Je trouve qu’on n’entend pas assez parler de cette réalité. »

 

L’AAF veut s’assurer des services des joueurs pendant trois ans. Ceux-ci pourront graduer dans la NFL si une occasion se présente. Ce chemin ne serait pas prévu pour la LCF, bien sûr.

 

Des licenciements qui déplaisent à Popp

 

Le travail de démarchage pour attirer des joueurs se déroule dans un climat plutôt gris. Les opérations football ont été sabrées à travers la LCF. Les dirigeants du circuit ont imposé une réduction des effectifs pour limiter les dépenses à ce chapitre. Popp a bien de la misère à se rallier à cette mesure même si elle existe pour tous ses rivaux.

 

« Je ne suis pas un grand fan de cette approche. J’en comprends la logique et le raisonnement, mais on verra de quelle manière ça affectera les gens. Je n’aime pas que des gens perdent leur emploi. Toutes les équipes ont dû congédier des gens et réduire des salaires », a commenté Popp sans filtre.

 

Randy AmbrosiePopp devra avaler sa pilule à ce propos, mais il ne veut pas lâcher le morceau pour un autre combat qu’il mène depuis plusieurs années. D’après lui, ce serait judicieux de détruire la liste de négociations qui permet aux équipes de détenir les droits sur des joueurs qui n’évoluent pas dans la LCF.  

 

« Il y a une chose qui, je crois, n’aide pas la LCF et c’est la liste de négociations. Je sais que je n’obtiens pas l’unanimité à ce sujet, mais ça fait 10 ans que je pousse pour qu’elle soit abolie. Quand des équipes de la LCF ont des besoins, on ne peut pas se servir de ces joueurs et ça complique les choses. Ça permettrait tout simplement aux équipes qui ont des ennuis de trouver du talent plus rapidement », a exposé Popp avec un discours intrigant.

 

« Je crois savoir de quel directeur général tu parles. Ce que j’aime à propos de ce groupe, c’est qu’on peut parler de tous les aspects. Est-ce qu’on parviendra à obtenir un consensus sur une nouvelle méthode, je ne pense pas. Sauf que ça vaut la peine d’en discuter et je me suis engagé à ce que ça se fasse. Mon travail est d’écouter les avis et de déterminer si une avenue semble plaire à la majorité », a rétorqué le commissaire Randy Ambrosie sur cette question.

 

Popp ne faisait pas l’unanimité durant son règne à Montréal - et encore moins vers la fin – sauf que sa présence semble importante au sein de la LCF. Comme il le confiait lui-même à RDS, il souhaite que tous les dirigeants présents aux réunions expriment leur opinion pour faire avancer les choses. Sur ce point, le commissaire Ambrosie ne peut qu’acquiescer.

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