Trois rivaux de premier plan
LCF mercredi, 31 juil. 2013. 18:09 samedi, 14 déc. 2024. 00:49Les Alouettes de Montréal affrontent cinq rivaux de la section Ouest au cours de leurs neuf derniers matchs. Après avoir procédé à l’analyse des forces en présence dans la section Est, voici celle de l’Ouest.
À tout seigneur, tout honneur, commençons avec les Roughriders de la Saskatchewan qui dominent la LCF avec un dossier de 5-0. Quel début de saison!
Que peut-on dire de plus à part que c’est une équipe qui a bâti une formation pour remporter la Coupe Grey devant ses partisans. Ils ont tout fait pour y arriver.
Dans la LCF, les saisons de reconstruction n’existent pas étant donné que six équipes participent aux éliminatoires. Chaque saison, une équipe peut modifier quelques pièces de son casse-tête pour accéder aux éliminatoires et tout est permis par la suite.
Si un tel procédé n’est pas vraiment possible, les Roughriders ont quand même déployé un plan sur 2-3 ans pour construire l’équipe actuelle et c’est fort intéressant de décortiquer le travail qui a été effectué.
D’abord, les Riders ont donné raison au dicton selon lequel on gagne grâce aux tranchées au football. Ils sont allés chercher Dominic Picard, Brendon LaBatte et ils ont repêché Ben Heenan. Ces trois joueurs de ligne offensive ont solidifié cette unité pour donner une chance à Darian Durant de profiter d’une protection intéressante et avoir un jeu au sol bien établi.
On a découvert le porteur de ballon Kory Sheets l’an dernier et on l’admire cette saison. C’est impressionnant, il a déjà récolté 712 verges en 118 portées pour une moyenne de six verges en plus de quatre touchés.
Il est devenu le premier porteur de ballon à courir pour 100 verges ou plus dans ses cinq premières parties de la saison. Il est donc en voie d’abattre tous les records! Match après match, on se dit qu’il ralentira, mais il prouve le contraire.
De plus, il représente un très bel athlète à observer en raison de son style, son agilité, sa façon d’attaquer les ouvertures…
Il ne faudrait pas oublier leurs valeurs sûres au niveau des receveurs avec Weston Dressler et Chris Getzlaf.
Cette saison, les Riders ont ajouté des joueurs de talent dans la tertiaire puisque cette unité avait éprouvé des ennuis en 2012. Ils ont ajouté Weldon Brown, Dwight Anderson en plus de Geroy Simon du côté offensif. Ses meilleurs jours sont peut-être derrière lui, mais on peut se fier sur lui, ses mains et son leadership dans une équipe jeune.
Ils ont bâti cette équipe de façon exceptionnelle tout en embauchant George Cortez comme coordonnateur offensif qui avait aidé les Tiger-Cats de Hamilton à mener la LCF pour les points marqués en 2012.
Bref, cette équipe est construite pour gagner et on ne peut pas vraiment déceler de faiblesses. Ceci dit, je n’irais pas jusqu’à leur prédire une saison de 18-0, mais ça regarde bien. En 2012, ils avaient amorcé la saison avec trois victoires avant de perdre cinq parties consécutives. Cette fois, on ne les voit pas ralentir et ils pourraient s’approprier l’avantage du terrain pour la durée entière des éliminatoires.
Il faut se souvenir que les Lions ont gagné le précieux trophée devant leurs partisans en 2011, les Argonauts ont fait de même en 2012 et les Riders voudraient répéter ce scénario cette année. Et s’il y a bien un endroit où l’avantage du terrain est significatif, c’est au domicile des Roughriders.
Calgary, une organisation modèle
En ce qui concerne Calgary, c’est bien sûr leur situation des trois quarts qui retient l’attention. On ne peut pas passer sous silence ce contexte particulier. Drew Tate a hérité du poste de partant il y a deux ans ce qui a permis aux Stampeders de se départir d'Henry Burris. C’est Tate qui donne la meilleure chance à son équipe de gagner, mais il demeure fragile.
Ensuite, ils misent sur Kevin Glenn, un vétéran acquis comme une police d’assurance dans la transaction de Burris. Cette prudence a été salutaire puisque Glenn a dû jouer souvent et il a même mené les Stamps jusqu’à la finale de la Coupe Grey.
Ce fut à son tour de se blesser permettant à Bo Levi Mitchell de faire son entrée en scène. Cet Américain est tout simplement phénoménal depuis ses débuts. C’est simple, j’avais l’impression d’halluciner en le regardant briller contre les Blue Bombers vendredi.
Mitchell est originaire du Texas et on dit toujours que c’est la pépinière par excellence pour produire des quarts. Dans cet état américain où le football est roi, les quarts ne développent pas seulement leurs habiletés, mais aussi leur capacité à jouer sous pression. Mitchell a grandi en jouant devant des foules imposantes et il ne connaît pas la pression. Dès son premier départ, il était calme dans la pochette et il évitait la pression avec aisance. Ce n’est pas tout, il dégaine vite et il possède un bras canon. J’oserais dire que je le vois accéder à la NFL un jour.
Son émergence soulève une question intéressante pour les Stampeders. Avec l’arrivée d’Ottawa dans la LCF en 2014, Calgary devra décider quel quart protéger en vue du repêchage d’expansion. Glenn n’obtiendra pas ce privilège en raison de son âge, mais Tate mérite réflexion puisqu’il se blesse souvent et Mitchell pourrait quitter vers la NFL à court ou moyen terme.
Mitchell a été nommé joueur offensif de la semaine et sa sélection ne faisait aucun doute. Il a cumulé 376 verges aériennes, 85 % de passes complétées, 3 passes de touché et aucune interception. C’est simple, il a découpé les Blue Bombers.
Le succès de cette équipe repose aussi sur le brio du porteur de ballon Jon Cornish. D’ailleurs, quand on regarde les équipes de la LCF qui s’illustrent, il y a les Riders, les Stamps et les Lions. Ce sont des formations qui obtiennent du succès avec la course et c’est évident que c’est la clé cette saison dans la LCF.
Encore une fois, les Stampeders prouvent qu’ils s’avèrent une organisation de référence dans le circuit canadien. L’entraîneur John Hufnagel et son coordonnateur offensif Dave Dickenson sont à la base de ce bon boulot.
Des Lions bien dirigés
À propos des Lions, ils ont été très décevants dans leur premier match de la saison ainsi que celui de mardi contre les Argonauts. Entre ces deux revers, ils ont battu deux fois Edmonton et Toronto à une occasion.
C’est une équipe bourrée de talent qui a présenté un dossier de 13-5 en 2012. Je suis prêt à oublier leur premier match de la saison puisque je le considère comme un faux départ. Ils sont revenus avec trois solides prestations.
Leur unité défensive a été impeccable pendant ces rencontres. Les Lions accordent moins de 200 verges aériennes par match et moins de 300 verges d’attaque.Tout le crédit revient au coordonnateur défensif Rich Stubler. Il a fait le tour de la ligue et il est reconnu comme un maître de la défense.
Je considère que lui et Chris Jones sont les deux meilleurs coordonnateurs défensifs, mais ils préconisent des approches très différentes. Stubler déploie des systèmes complexes tandis que Jones prône l’agressivité jusqu’à temps que son adversaire tombe.
On se demandait pourquoi les Lions avaient conservé les services de Solomon Elimimian, Adam Bighill et Anton McKenzie. On peut constater que ces décisions donnent des résultats.
En attaque, Travis Lulay contrôle bien son groupe malgré des statistiques peu éloquentes. Ce n’est pas étincelant, mais il accumule les premiers jeux, court quand c’est le temps et ajuste bien son équipe.
Les Lions se démarquent avec leurs entraîneurs et le coordonnateur offensif Jacques Chapdelaine mérite qu’on souligne son travail. La Colombie-Britannique prévaut très souvent en deuxième demie ce qui est un excellent signe concernant les ajustements.
Pour revenir sur leur dernière sortie mardi, j’ai l’impression qu’ils ont sous-estimé les Argos qui devaient se débrouiller sans Ricky Ray et Chad Kackert. Ils avaient aussi battu Toronto lors de 16 des 17 duels précédents.
Finalement, ils ont encaissé quelques coups tôt dans le match sans pouvoir s’en remettre.
L’exception à la règle
Terminons avec les Eskimos qui ont ouvertement avoué qu’ils traversaient une année de reconstruction. Ils représentent donc l’exception à la règle par rapport à ce que je disais plus tôt.
Outre l’entraîneur Kavis Reed, tous ses adjoints sont nouveaux un peu comme à Montréal. Ça paraît que c’est le cas surtout que les Eskimos sont menés par un nouveau quart, Mike Reilly. La reconstruction devient encore plus imposante ainsi.
Reilly n’a pas encore fait ses preuves dans la LCF. C’est normal que lui et son équipe traversent des hauts et des bas.
Les Eskimos auraient pu facilement gagner le match à Montréal malgré tout. Un triomphe sur le terrain des Alouettes aurait été très bénéfique puisque je ne donne pas cher de leur peau pour accéder aux éliminatoires en évoluant dans une division aussi corsée que l’Ouest.
Ça risque d’être une année longue et pénible pour eux et leur problème principal commence avec leur ligne offensive déficiente. Ils ont de la difficulté à protéger leur quart et à courir avec efficacité. Tu peux essayer de t’en sortir, mais tu dois au minimum posséder un groupe fiable de cinq joueurs.
*Propos recueillis par Éric Leblanc.