Le repêchage d’expansion, tel que celui tenu lundi pour le Rouge et Noir d'Ottawa, est un exercice particulier et difficile à prévoir puisqu’on baigne carrément dans l’inconnu. À part pour quelques cas exceptionnels, personne n’a la moindre idée de l’identité des joueurs protégés. Il est vrai que le nom de Kevin Glenn revenait souvent dans les discussions durant les jours précédant ce repêchage d’expansion, et les rumeurs se sont concrétisées. Pour les hauts dirigeants des Stampeders de Calgary, une décision délicate allait inévitablement être prise puisqu’ils comptaient dans leurs rangs trois quarts-arrières talentueux et capables de remplir efficacement le mandat d’un général partant.

Glenn est un vétéran de 33 ans qui n’a plus à faire ses preuves dans la LCF. Au cours des deux dernières saisons, sa fiche en tant que partant est étincelante : 20 victoires contre seulement huit revers, la meilleure de tous les généraux du circuit durant cette période. Il s’est admirablement bien tiré d’affaire avec les Stamps la saison dernière, mais ceux-ci avaient déjà identifié Bo Levi Mitchell et Drew Tate comme les quarts d’avenir de l’organisation.

Avec le Rouge et Noir, Glenn se verra confier des responsabilités accrues de prime abord. Non seulement a-t-il roulé sa bosse dans la LCF, mais il connaît très bien les systèmes et le fonctionnement du circuit. Puisqu’il a été épargné par les blessures depuis ses débuts dans la ligue, je suis d’avis qu’il a encore quelques bonnes campagnes devant lui. Il dirigera l’attaque mais agira aussi à titre de mentor pour les jeunes joueurs.

Pour leur part, les Alouettes ont vu trois de leurs joueurs être réclamés, dont le centre-arrière québécois Patrick Lavoie, qui a été sélectionné par Marcel Desjardins au deuxième tour (le premier consacré aux joueurs canadiens). Les deux autres joueurs des Alouettes qui déménageront à Ottawa sont le plaqueur défensif américain Moton Hopkins et le secondeur de la ligne canadien Jordan Verdone. Appelé à réagir, Lavoie n’a pas caché qu’il était sous le choc de quitter le nid, n’ayant pas prévu que son nom figurerait sur la liste des joueurs non protégés.

À sa première saison à Montréal, en 2012, Lavoie s’était illustré au point de devenir la nouvelle coqueluche des partisans. Il était hyper impliqué dans le système de jeu préconisé par Marc Trestman, concluant son année recrue avec 33 réceptions pour des gains de 307 verges par la voie des airs en plus de marquer quatre touchés. Durant la saison morte, l’ancien du Rouge et Or de l’Université Laval a été ralenti par une blessure, de sorte qu’il a pris du retard en raison de son absence au camp d’entraînement et lors des premiers matchs de la saison.

Conséquemment, son utilisation sous Dan Hawkins a été passablement réduite, ce qui à mon sens a été une grave erreur. Lavoie représente un outil qui aurait mérité une plus grande place dans la planification offensive. Cette deuxième saison moins impressionnante a fait en sorte que Jim Popp, après avoir procédé à l’évaluation des éléments en place, a pris le risque de rendre son jeune centre-arrière disponible, et Ottawa en a profité pour réaliser une belle prise.

Il n’est aucunement étonnant que Patrick ait été réclamé, car Desjardins était dans le camp des Alouettes lorsque ceux-ci l’ont sélectionné au 11e rang à l’encan de 2012. Parions qu'il connaissait le type de contribution que Lavoie est en mesure d'apporter à sa formation, et qu'il saura l'intégrer au plan de match de façon plus soutenue.

Un portrait chamboulé

Les confrontations de dimanche dans la NFL ont une fois de plus chamboulé le portrait des éliminatoires. Certaines formations ont repris espoir de participer au calendrier d’après-saison, tandis que d’autres se sont drôlement compliqué la tâche avec une défaite.

Dans le camp perdant, on retrouve les Cowboys de Dallas, qui ont connu une autre dégringolade impardonnable en deuxième demie contre les Packers de Green Bay, qui ont inscrit cinq majeurs en seconde mi-temps pour l’emporter 37-36. L’image du quart-arrière Tony Romo sera une fois de plus ternie par une contre-performance au quatrième quart. Il ne fait nul doute qu’une partie du blâme lui revient, mais c’est réellement un désastre collectif qui s’est produit à Dallas hier. Il est impensable que le groupe d’entraîneurs et l’unité défensive aient pu laisser les Packers combler un déficit de 26-3 avec Matt Flynn derrière le centre.

Tony RomoJ’essaie encore de m’expliquer pourquoi on a opté pour des jeux aériens chez les Cowboys alors qu’on tentait de s’accrocher à une avance de 36-31 avec trois minutes à faire au duel. Le porteur de ballon DeMarco Murray connaissait pourtant un match fantastique au sol, comme en témoigne sa moyenne de 7,4 verges par course. Jason Garrett n’aurait jamais dû s’éloigner de la formule qui a permis aux siens de prendre le contrôle de la partie.

Avec leur fiche de 7-7 et deux matchs à disputer, les Cowboys se situent toujours au cœur de la lutte pour le premier rang de la NFC Est. Ils sont devancés par les Eagles de Philadelphie (8-6) qui eux-mêmes ont connu des ratés au Minnesota, où ils ont laissé les Vikings, un club somme tout ordinaire, traverser leur front défensif même en l’absence du redoutable Adrian Peterson. C’est probablement le tout dernier match de la saison entre Dallas et Philadelphie qui décidera lequel des deux clubs se qualifiera pour les séries.

Le scénario s’annonce tout aussi passionnant dans la division Nord de la Nationale, avec le retour en force des Bears de Chicago. Une place dans le portrait éliminatoire semble à la portée des Lions de Detroit, des Packers et des Bears, un trio de prétendants à la première position de la division avec deux semaines d’activités à faire.

Après leur triomphe miraculeux, tous les espoirs sont encore permis pour les Packers avec le retour imminent du quart-arrière étoile Aaron Rodgers. Ce dernier donnera aux siens une excellente chance de l’emporter à domicile contre les Steelers de Pittsburgh dimanche prochain, puis sur le terrain des Bears lors de 17e et dernière semaine.

L'audace de Trestman récompensée

Parlant des Bears, ceux-ci ont fait preuve d’une persévérance à toute épreuve contre les Browns de Cleveland. La décision vivement contestée de Marc Trestman de préférer Jay Cutler à Josh McCown doit être saluée, puisque le vétéran quart a rebondi de façon exceptionnelle après avoir commis quelques revirements coûteux en début d’affrontement. Il a finalement complété 71 % de ses passes (22 en 31) pour des gains de 265 verges et complété trois passes de touché.

Michael Bush et Jay CutlerBref, l’attaque des Bears n’a rien perdu de son dynamisme et il apparaît évident que le système de jeu de Trestman fonctionne à merveille dans la NFL, peu importe qui évolue derrière le centre. Il a fait preuve d’audace avec le choix de son général compte tenu des belles prestations récentes de McCown, mais dans l’entourage de l’équipe, tout le monde s’est montré d’accord avec la décision et on voit désormais pourquoi.

Quant à eux, les Dolphins de Miami sont bien positionnés pour causer la surprise après leur gain de 24-20 sur les Patriots de la Nouvelle-Angleterre. Ils ont gagné leurs trois derniers matchs et leur rendement de 8-6 leur permet d’espérer participer aux séries, d’autant plus que leur calendrier pour conclure la saison régulière (à Buffalo, puis contre les Jets de New York) est possiblement le plus facile parmi les formations toujours dans la course dans l’Américaine.

Le jeune Ryan Tannehill a réalisé du bon boulot derrière le centre, tandis que la défensive contre la passe s’est montrée solide dans les derniers instants du match, alors que Tom Brady tentait de reproduire une remontée semblable à celles contre les Texans et les Browns lors des semaines précédentes. Le manque d’efficacité dans la zone payante explique en partie la défaite des Pats. L’absence de Rob Gronkowski s’est fait sentir lorsque Brady a peiné à repérer ses cibles dans la zone des buts, où l’espace est limité. Le petit gabarit des Danny Amendola, Julian Edelman et Austin Collie ne leur a pas rendu la tâche facile sur les confrontations un contre un lors de la dernière séquence offensive.

*Propos recueillis par Maxime Desroches