J'ai bien aimé la façon avec laquelle les Roughriders de la Saskatchewan ont battu les Alouettes au compte de 35-19 samedi. Ils ont servi une belle leçon d'humilité aux Montréalais.

En défensive, les Alouettes sont toujours agressifs et cette unité se porte toujours à l'attaque, ce qui oblige l'attaque adverse à se défendre. Les adversaires doivent généralement trouver le moyen de se défendre contre le blitz des Alouettes plutôt que d'attaquer. Contre les Alouettes, les Riders ont utilisé un très bon plan de match en ne succombant pas à la tentation de modifier leur formation offensive. Ils ont décidé de ne pas se laisser intimider par les Alouettes et j'ai apprécié leur tactique.

Pendant ce temps, les Alouettes se sont entêtés à utiliser le blitz à outrance et à avoir beaucoup de joueurs à la ligne d'engagement. C'est dans ces moments que les Riders ont réalisé leurs plus gros jeux, car une fois la ligne d'engagement passée, il n'y avait plus personne pour plaquer.

Les Riders sont parvenus à déstabiliser les Alouettes en utilisant des formations avec plusieurs receveurs en mouvement, ce qui a permis à certains joueurs de se transformer en receveur de passes. Tantôt ces receveurs étaient utilisés comme bloqueurs alors que d'autres fois, ils étaient envoyés sur des tracés de passe. Il suffit de penser au touché de Chris Szarka qui était dans le champ arrière pour bloquer et qui s'est dégagé pour capter une passe. Les Alouettes n'ont pas réussi à s'ajuster et ils ont créé plusieurs occasions de surnombre à la faveur des Riders. Henry Burris a d'ailleurs connu beaucoup de succès avec son jeu d'attirer du quart lors de ces séquences de surnombre.

Il n'y a jamais de bonne défaite mais dans le cas du match contre Saskatchewan, je pense que c'est finalement une bonne chose. Les Alouettes avaient une avance de 18-0 après un quart et il n' y pas de raison pour avoir échappé ce match. Les hommes de Don Mattews n'ont simplement pas réussi à égaler l'intensité des Riders.

Les Riders ont principalement utilisé une défensive homme à homme, ce qui a fait dire à Sylvain Girard que dans de telles circonstances, il n'est pas question de finesse. Il est plutôt question des joueurs qui doivent se défoncer pour battre l'adversaire.
Je n'ai pas vu beaucoup d'intensité et j'ai même senti une certaine indifférence.

En mettant les choses en perspective, on constate que les deux défaites cette saison ont été encaissées deux fois sur la route et deux fois par des pointages élevés. La première fois 32-9 contre la Colombie-Britannique et cette fois 35-19 contre les Riders. Je me demande si cette équipe ne baisse pas les bras trop rapidement dans l'adversité. J'aurais aimé voir les Alouettes livrer une meilleure bataille. Donnons toutefois au crédit aux joueurs des Riders et n'oublions pas que la fiche des nos oiseaux est de 12-2.

Je le répète, les adversaires des Alouettes seront gonflés à bloc d'ici la fin de la saison. Premièrement, ces équipes sont impliquées dans une course pour les séries éliminatoires et deuxièmement, ces formations voudront profiter de ces rencontres pour mesurer là où elles sont rendues dans leur développement.

Encore une fois, les Alouettes ont fait preuve d'indiscipline. Les joueurs ont écopé de pénalité qui ont permis aux séquences offensives des Riders de se prolonger. Je pense notamment à la rudesse d'Anwar Stewart et à l'obstruction contre Duane Butler. Ces deux pénalités sont survenues successivement, ce qui a mené au premier touché des Riders, ce qui portait la marque à 18-10 Montréal. Dès ce moment, on a senti le vent tourner et la foule du Taylor Field se réveiller. Deux minutes plus tard, Kenton Keith marquait un touché sur une longue course, c'était le début de la fin.

C'est la première fois que la défensive des Alouettes accorde autant de points dans un match. Mais à la défense de cette unité, il faut bien dire que l'attaque ne l'a pas aidée. Combien de fois la défensive à garder l'équipe dans le match cette saison? Cette fois, la défensive avait besoin d'être bien appuyée par l'attaque et ce n'est jamais venu.

En deuxième demie seulement, l'attaque a eu le ballon à sept reprises et à cinq occasions, il n'y a eu que deux jeux, qui ont été suivis d'un dégagement. Aux deux autres occasions, il y a eu quatre jeux une fois, suivis d'un revirement. La deuxième fois, il y a eu cinq jeux, suivis d'une interception contre Anthony Calvillo. L'offensive a donc été un gros zéro dans les deux derniers quarts et les Riders ont eu le ballon onze minutes de plus, ce qui a eu pour effet de surtaxer l'unité défensive.

Les Alouettes vont amorcer à compter de lundi, une séquence de trois parties en 13 jours. Malgré les apparences, ils ne sont pas à plaindre. Ils jouent lundi qui vient à Edmonton alors que l'autre partie n'aura lieu que dimanche. Je ne suis donc pas inquiet, surtout que Matthews tient surtout des pratiques légères à ce stade de la saison. Dans la victoire comme dans la défaite, Matthews ne change jamais sa façon de préparer son équipe.

Il sera certes plus facile pour Matthews de recommencer à diriger après une défaite. Après une séquence de six victoires, c'est plus facile d'oublier des petits détails mais après une défaite, ce n'est pas possible. Puis, les joueurs viennent de vivre une belle leçon d'humilité. Ce n'est pas parce que tu portes le gilet des Alouettes de Montréal que ce sera plus facile.

À bientôt,

Pierre.


*propos recueillis par RDS.ca