Le plus gros attrapé que j'ai vu au SB
Football mardi, 3 févr. 2009. 00:32 dimanche, 15 déc. 2024. 06:29
Un an après la victoire improbable - et mémorable - des Giants de New York sur les Patriots de la Nouvelle-Angleterre, les amateurs de football ont encore eu droit à une fin de match haute en couleurs au Super Bowl XLIII.
Si personne n'a oublié l'attrapé impossible de David Tyree, un jeu qui avait mis la table au touché gagnant de Plaxico Burress l'an dernier, on se rappellera longtemps de celui de Santonio Holmes, qui a permis aux Steelers de Pittsburgh de toucher au trophée Vince Lombardi pour la sixième fois de leur histoire, la deuxième en quatre ans.
Fait inusité : Holmes a réussi le touché gagnant avec 35 secondes à faire au quatrième quart, des circonstances similaires à celles dans lesquelles Burress a donné les devants pour de bon aux Giants un an auparavant.
J'aimerais remettre en contexte le touché de Holmes, sans aucun doute le jeu le plus important de sa jeune carrière, question que tout le monde comprenne bien à quel point nous avons assisté à une fin de match exceptionnelle. Souvenez-vous : depuis le début du quatrième quart, l'attaque des Steelers n'avaient absolument rien fait qui vaille.
Les Steelers ont eu possession du ballon à quatre reprises lors de la dernière période :
1. Trois jeux, perte de dix verges (un sac du quart) et un botté de dégagement.
2. Trois jeux, quatre verges (un sac du quart) et un botté de dégagement.
3. Trois jeux, aucun gain, touché de sûreté.
Donc, les Steelers, après leurs trois premières séquences du quatrième quart, montraient un cheminement négatif de six verges. À mes yeux, ça rend la série offensive victorieuse encore plus incroyable. Comment cette équipe a-t-elle pu jouer soudainement avec autant de confiance après avoir connu une lancée aussi désastreuse?
Rien ne laissait présager une telle fin. Les Steelers ont repris possession du ballon pour la dernière fois avec 2:37 au cadran, dans le plus gros match de l'année, et ont de plus écopé d'une pénalité de dix verges sur leur premier jeu, une pénalité qui les plaçait en situation de premier essai et 20 verges à franchir à leur propre ligne de 12.
Et c'est là que la magie a commencé à opérer. Ben Roethlisberger a d'abord complété un gros jeu de 14 verges à Holmes, puis a complété un gros premier jeu sur un troisième et six. Holmes a capté quatre passes pour des gains de 73 verges sur cette séquence seulement, une séquence de huit jeux d'une distance de 78 verges qui a mené à l'un des dénouements les plus spectaculaires de l'histoire du Super Bowl. Au risque de me répéter, je suis impressionné.
C'est drôle, parce que quand Larry Fitzgerald a donné les devants aux siens avec son deuxième touché du match, je me suis immédiatement dit que les Cards, en ne prenant que 21 secondes pour marquer, avaient laissé trop de temps aux Steelers. Ces derniers ont fait des remontées de fin de match leur marque de commerce cette saison, remportant six de leurs 19 parties dans les deux dernières minutes de la rencontre.
Une étoile est-elle née?
Évidemment, il serait impossible de passer sous silence la performance de Holmes, qui a mérité le titre de joueur par excellence de la rencontre grâce à un total de neuf attrapés pour des gains de 131 verges.
Il est intéressant de voir à quel point les Steelers ont décidé de l'impliquer tôt dans la rencontre. Holmes est jeune et avec un Hines Ward ralenti par les blessures, on lui a demandé de remplir de très gros souliers. On l'a rejoint dès le début du match avec des passes courtes dans les flancs, des passes voilées, question de monter son niveau de confiance. L'effet a été le même chez Roethlisberger, qui avait connu un match difficile lors du Super Bowl XXL en 2005. On a vu le résultat quand ça comptait en fin de match.
Plus je regarde le touché de la victoire, plus je suis émerveillé par la qualité de la passe décochée par Roethlisberger. Quelques pouces plus haut, cette passe allait rebondir dans les gradins. Un tantinet plus bas et elle était interceptée. Et que dire des mains de Holmes! On parle ici d'une balle rapide, pas d'un ballon de plage! De l'attraper comme ça du bout des doigts, d'être capable de déposer les deux pieds à l'intérieur des limites du terrain et de conserver le contrôle du ballon en donnant contre le sol... Wow!
Personnellement, je classe cet attrapé comme le plus spectaculaire parmi tous ceux que j'ai vu de mes yeux au Super Bowl. Devant celui de Lynn Swann, devant celui de Tyree aussi. La raison est simple : il s'agit d'un touché gagnant. Les autres attrapés étaient quelque chose, mais ils n'avaient pas la même importance que celui de Holmes. C'est ce qui fait que pour moi, le jeu de Holmes se démarque des autres.
Au cours de ce match, Holmes, un choix de première ronde des Steelers en 2006, nous a dit clairement qu'il était en train de prendre sa place. Rappelez-vous en saison régulière... C'est son touché qui avait permis aux Steelers de battre les Ravens de Baltimore et de s'assurer de terminer au premier rang de l'Association américaine. Et qui a oublié son retour de botté de dégagement contre les Chargers de San Diego?
Quand on regarde ça de plus près, on se rend compte que ce jeune joueur a eu un gros impact cette année chez les Steelers.
Les Cards vont s'en vouloir
Félicitations aux Steelers, mais il faut absolument lever notre chapeau aux Cardinals. Après un début de match chancelant qui les a placés devant un déficit de 10-0, les grands négligés des éliminatoires se sont finalement inscrit à la marque et ils ont été en mesure de donner toute une opposition aux favoris.
Au cours des prochains jours, des prochaines semaines, des prochains mois, les joueurs des Cardinals vont avoir une sorte de nœud dans l'estomac. Ils auront la nausée chaque fois qu'ils repenseront à l'occasion qui leur a glissé entre les doigts parce qu'ils n'auront personne d'autre qu'eux-mêmes. Oui, les Steelers ont bien travaillé pour effectuer leur remontée en fin de match, mais les Cards ont eu des chances de mettre ce match hors de portée de l'adversaire et ils n'en n'ont jamais profité.
Des exemples de leur manque d'opportunisme?
- En première demie, Steve Breaston place son équipe en excellente position sur le terrain - à la ligne de 43 des Steelers - avec un beau retour de botté de dégagement. Les Cards ont toutefois reculé de 17 verges et ont dû dégager.
- Plus tard, Roethlisberger lance une interception qui donne le ballon aux Cards à la ligne de 33 des Steelers. Tirant de l'arrière par trois points, les Cards sont presque assurés d'au moins créer l'égalité avant la fin de la demie, mais PAF! James Harrison réussit le plus long jeu de l'histoire du Super Bowl, un retour d'interception de 100 verges qui donne plutôt une avance de dix points aux Steelers.
L'allure du match aurait été complètement différente si les Cards avaient pu profiter de leurs chances. Parce que c'est ce qu'on disait au début de la rencontre : les Cards devaient connaître un départ canon pour 1) gagner en confiance et 2) sortir les Steelers de leur zone de confort. En forçant les Steelers à jouer du football de rattrapage, les Cards auraient sorti leurs adversaires de leurs pantoufles.
Mais on ne saura jamais ce que ça aurait donné.
Malgré tout, les Cards peuvent se targuer d'avoir fait preuve de beaucoup de courage et de caractère pour remonter la pente. En bout de ligne, ils n'ont pas manqué de cœur, seulement de temps.
À un certain moment, les Steelers en avaient plein les bras. Les Cardinals ont généré près de 400 verges de gains en attaque, produisant des poussées offensives de 83, 87 et 64 verges pour des touchés. Contre la meilleure unité défensive de la NFL, c'est un rendement exceptionnel.
Il faut également lancer quelques fleurs à leur défensive, qui a tenu le fort jusqu'à ce que l'attaque débloque. Excellente contre le jeu au sol, elle a également mis beaucoup de pression sur Big Ben. Quand on y pense, la défensive des Cards n'a accordé que 20 points, soit trois de moins que celle des Steelers.
Mais reste qu'aujourd'hui, les joueurs des Cards ont l'impression d'être dans un mauvais rêve. À l'exception du pointage et du temps de possession, plusieurs catégories de statistiques balancent de leur côté. Ils doivent être frustrés d'être passés si près, d'avoir goûté au plat sans avoir pu le savourer.
Le sens du spectacle selon Kurt Warner
Je m'en voudrais de ne pas souligner la performance du vénérable Kurt Warner. Le vétéran quart-arrière a peut-être une fiche de 1-2 au Super Bowl, mais quand il joue dans le match ultime, on peut être certain qu'on va avoir droit à tout un spectacle!
En 1999, contre les Titans du Tennessee, Warner avait lancé pour 414 verges avec deux passes de touché. Et quel amateur de football n'a pas, incrustée dans son cerveau, l'image de Kevin Dyson, des Titans, qui étire le bras pour tenter de porter le ballon dans la zone des buts sur le tout dernier jeu du match, un touché qui aurait créé l'égalité?
Deux ans plus tard, Warner et les Rams avaient été surpris par les Patriots de la Nouvelle-Angleterre, qui avait gagné 20-17 grâce à un placement d'Adam Vinatieri, encore une fois sur le dernier jeu de la rencontre.
Et dimanche, une autre fin de match de fou. En trois présences au Super Bowl, Warner a généré des gains aériens de 1156 verges et décoché six passes de touché. Les trois matchs les plus productifs pour un quart-arrière au Super Bowl, en terme de verges amassées, lui appartiennent.
Warner a perdu contre les Steelers, mais je suis tout de même heureux de le voir récolter autant de succès. Il m'a l'air d'un gars sympathique, terre à terre et qui possède de bonnes valeurs.
Mieux vaut tard que jamais, Larry
Je n'allais quand même pas terminer cette chronique sans rendre hommage à Larry Fitzgerald, qui a réécrit une bonne partie du livre des records de la NFL cette année.
Il aura toutefois fallu attendre un peu avant de voir Fitzgerald dimanche. En début de rencontre, le jeu aérien des Cards passait davantage par Edgerrin James et Tim Hightower ainsi que par les ailiers rapprochés. Évidemment, les Steelers ont investi beaucoup d'énergie pour ralentir Fitzgerald et Anquan Boldin et les Cards ont mis du temps à trouver un moyen de mettre leurs meilleurs receveurs en valeur.
De l'extérieur, il est impossible de savoir quels ajustements exacts ont permis aux Cards de faire débloquer leur receveur vedette. De ma position d'analyste, j'ai quand même pu remarquer qu'on le déplaçait constamment à la ligne d'engagement. On l'utilisait comme ailier espacé, ailier inséré ou on l'alignait derrière un autre receveur, dans ce qu'on appelle dans le jargon un stack. Ainsi, c'est le premier receveur qui encaissait les coups du couvreur et Fitzgerald se retrouvait libre de débuter son tracé sans se faire interrompre.
Au quatrième quart, Fitzgerald est soudainement devenu plus impliqué. On a vu le centre du terrain s'ouvrir à lui quand les Steelers ont envoyé leurs maraudeurs vers les lignes de côté pour défendre les zones profondes. Sur le deuxième touché de Fitzgerald, les demis insérés ont effectué des tracés vers les coins extérieurs pour attirer Troy Polamalu et Ryan Clark.
Quant au premier touché du grand numéro 11, c'était un classique. Aussitôt qu'on a vu qu'il était en homme à homme à la ligne d'engagement, on savait que le ballon allait lui être lancé et ça a fonctionné.
Le travail des officiels
Au bout du compte, ce que j'ai aimé de ce 43e Super Bowl, c'est que les joueurs vedettes ont tous répondu à l'appel. Les deux quarts-arrières ont été splendides, Fitzgerald et Holmes ont été brillants. Bref, ceux qu'on attendait, les gros canons, ont fait le travail.
Seul petit bémol, le travail des officiels. Premièrement, j'ai trouvé qu'ils décernaient trop de pénalités, cassant ainsi le rythme des deux équipes.
Pourquoi ne pas avoir sévi à l'endroit de Santonio Holmes, qui a célébré de façon illégale en faisant sa petite imitation de LeBron James après son touché?
Et puis sur le dernier jeu du match, pourquoi ne pas aller à la reprise vidéo pour s'assurer que Warner a bel et bien échappé le ballon et qu'il ne s'agit pas d'une passe incomplète? Même si les arbitres sont convaincus d'avoir pris la bonne décision, on parle ici du Super Bowl. Pourquoi ne pas enlever complètement le doute dans la tête des amateurs, surtout les partisans des Cards?
Imaginez si la reprise permet de voir que les Cards gardent possession du ballon pour un dernier jeu et que Warner lance une bombe à Larry Fitzgerald dans la zone des buts. On nous a peut-être privés d'une fin de match encore plus dramatique!
Mais quand même, il faut admettre que nous avons été gâtés. J'espère que vous avez apprécié la dernière saison de football autant que moi. Je vous souhaite un bel hiver et on se reparle au printemps pour le début du camp des Alouettes!
Pierre.
*Propos recueillis par Nicolas Landry.
Si personne n'a oublié l'attrapé impossible de David Tyree, un jeu qui avait mis la table au touché gagnant de Plaxico Burress l'an dernier, on se rappellera longtemps de celui de Santonio Holmes, qui a permis aux Steelers de Pittsburgh de toucher au trophée Vince Lombardi pour la sixième fois de leur histoire, la deuxième en quatre ans.
Fait inusité : Holmes a réussi le touché gagnant avec 35 secondes à faire au quatrième quart, des circonstances similaires à celles dans lesquelles Burress a donné les devants pour de bon aux Giants un an auparavant.
J'aimerais remettre en contexte le touché de Holmes, sans aucun doute le jeu le plus important de sa jeune carrière, question que tout le monde comprenne bien à quel point nous avons assisté à une fin de match exceptionnelle. Souvenez-vous : depuis le début du quatrième quart, l'attaque des Steelers n'avaient absolument rien fait qui vaille.
Les Steelers ont eu possession du ballon à quatre reprises lors de la dernière période :
1. Trois jeux, perte de dix verges (un sac du quart) et un botté de dégagement.
2. Trois jeux, quatre verges (un sac du quart) et un botté de dégagement.
3. Trois jeux, aucun gain, touché de sûreté.
Donc, les Steelers, après leurs trois premières séquences du quatrième quart, montraient un cheminement négatif de six verges. À mes yeux, ça rend la série offensive victorieuse encore plus incroyable. Comment cette équipe a-t-elle pu jouer soudainement avec autant de confiance après avoir connu une lancée aussi désastreuse?
Rien ne laissait présager une telle fin. Les Steelers ont repris possession du ballon pour la dernière fois avec 2:37 au cadran, dans le plus gros match de l'année, et ont de plus écopé d'une pénalité de dix verges sur leur premier jeu, une pénalité qui les plaçait en situation de premier essai et 20 verges à franchir à leur propre ligne de 12.
Et c'est là que la magie a commencé à opérer. Ben Roethlisberger a d'abord complété un gros jeu de 14 verges à Holmes, puis a complété un gros premier jeu sur un troisième et six. Holmes a capté quatre passes pour des gains de 73 verges sur cette séquence seulement, une séquence de huit jeux d'une distance de 78 verges qui a mené à l'un des dénouements les plus spectaculaires de l'histoire du Super Bowl. Au risque de me répéter, je suis impressionné.
C'est drôle, parce que quand Larry Fitzgerald a donné les devants aux siens avec son deuxième touché du match, je me suis immédiatement dit que les Cards, en ne prenant que 21 secondes pour marquer, avaient laissé trop de temps aux Steelers. Ces derniers ont fait des remontées de fin de match leur marque de commerce cette saison, remportant six de leurs 19 parties dans les deux dernières minutes de la rencontre.
Une étoile est-elle née?
Évidemment, il serait impossible de passer sous silence la performance de Holmes, qui a mérité le titre de joueur par excellence de la rencontre grâce à un total de neuf attrapés pour des gains de 131 verges.
Il est intéressant de voir à quel point les Steelers ont décidé de l'impliquer tôt dans la rencontre. Holmes est jeune et avec un Hines Ward ralenti par les blessures, on lui a demandé de remplir de très gros souliers. On l'a rejoint dès le début du match avec des passes courtes dans les flancs, des passes voilées, question de monter son niveau de confiance. L'effet a été le même chez Roethlisberger, qui avait connu un match difficile lors du Super Bowl XXL en 2005. On a vu le résultat quand ça comptait en fin de match.
Plus je regarde le touché de la victoire, plus je suis émerveillé par la qualité de la passe décochée par Roethlisberger. Quelques pouces plus haut, cette passe allait rebondir dans les gradins. Un tantinet plus bas et elle était interceptée. Et que dire des mains de Holmes! On parle ici d'une balle rapide, pas d'un ballon de plage! De l'attraper comme ça du bout des doigts, d'être capable de déposer les deux pieds à l'intérieur des limites du terrain et de conserver le contrôle du ballon en donnant contre le sol... Wow!
Personnellement, je classe cet attrapé comme le plus spectaculaire parmi tous ceux que j'ai vu de mes yeux au Super Bowl. Devant celui de Lynn Swann, devant celui de Tyree aussi. La raison est simple : il s'agit d'un touché gagnant. Les autres attrapés étaient quelque chose, mais ils n'avaient pas la même importance que celui de Holmes. C'est ce qui fait que pour moi, le jeu de Holmes se démarque des autres.
Au cours de ce match, Holmes, un choix de première ronde des Steelers en 2006, nous a dit clairement qu'il était en train de prendre sa place. Rappelez-vous en saison régulière... C'est son touché qui avait permis aux Steelers de battre les Ravens de Baltimore et de s'assurer de terminer au premier rang de l'Association américaine. Et qui a oublié son retour de botté de dégagement contre les Chargers de San Diego?
Quand on regarde ça de plus près, on se rend compte que ce jeune joueur a eu un gros impact cette année chez les Steelers.
Les Cards vont s'en vouloir
Félicitations aux Steelers, mais il faut absolument lever notre chapeau aux Cardinals. Après un début de match chancelant qui les a placés devant un déficit de 10-0, les grands négligés des éliminatoires se sont finalement inscrit à la marque et ils ont été en mesure de donner toute une opposition aux favoris.
Au cours des prochains jours, des prochaines semaines, des prochains mois, les joueurs des Cardinals vont avoir une sorte de nœud dans l'estomac. Ils auront la nausée chaque fois qu'ils repenseront à l'occasion qui leur a glissé entre les doigts parce qu'ils n'auront personne d'autre qu'eux-mêmes. Oui, les Steelers ont bien travaillé pour effectuer leur remontée en fin de match, mais les Cards ont eu des chances de mettre ce match hors de portée de l'adversaire et ils n'en n'ont jamais profité.
Des exemples de leur manque d'opportunisme?
- En première demie, Steve Breaston place son équipe en excellente position sur le terrain - à la ligne de 43 des Steelers - avec un beau retour de botté de dégagement. Les Cards ont toutefois reculé de 17 verges et ont dû dégager.
- Plus tard, Roethlisberger lance une interception qui donne le ballon aux Cards à la ligne de 33 des Steelers. Tirant de l'arrière par trois points, les Cards sont presque assurés d'au moins créer l'égalité avant la fin de la demie, mais PAF! James Harrison réussit le plus long jeu de l'histoire du Super Bowl, un retour d'interception de 100 verges qui donne plutôt une avance de dix points aux Steelers.
L'allure du match aurait été complètement différente si les Cards avaient pu profiter de leurs chances. Parce que c'est ce qu'on disait au début de la rencontre : les Cards devaient connaître un départ canon pour 1) gagner en confiance et 2) sortir les Steelers de leur zone de confort. En forçant les Steelers à jouer du football de rattrapage, les Cards auraient sorti leurs adversaires de leurs pantoufles.
Mais on ne saura jamais ce que ça aurait donné.
Malgré tout, les Cards peuvent se targuer d'avoir fait preuve de beaucoup de courage et de caractère pour remonter la pente. En bout de ligne, ils n'ont pas manqué de cœur, seulement de temps.
À un certain moment, les Steelers en avaient plein les bras. Les Cardinals ont généré près de 400 verges de gains en attaque, produisant des poussées offensives de 83, 87 et 64 verges pour des touchés. Contre la meilleure unité défensive de la NFL, c'est un rendement exceptionnel.
Il faut également lancer quelques fleurs à leur défensive, qui a tenu le fort jusqu'à ce que l'attaque débloque. Excellente contre le jeu au sol, elle a également mis beaucoup de pression sur Big Ben. Quand on y pense, la défensive des Cards n'a accordé que 20 points, soit trois de moins que celle des Steelers.
Mais reste qu'aujourd'hui, les joueurs des Cards ont l'impression d'être dans un mauvais rêve. À l'exception du pointage et du temps de possession, plusieurs catégories de statistiques balancent de leur côté. Ils doivent être frustrés d'être passés si près, d'avoir goûté au plat sans avoir pu le savourer.
Le sens du spectacle selon Kurt Warner
Je m'en voudrais de ne pas souligner la performance du vénérable Kurt Warner. Le vétéran quart-arrière a peut-être une fiche de 1-2 au Super Bowl, mais quand il joue dans le match ultime, on peut être certain qu'on va avoir droit à tout un spectacle!
En 1999, contre les Titans du Tennessee, Warner avait lancé pour 414 verges avec deux passes de touché. Et quel amateur de football n'a pas, incrustée dans son cerveau, l'image de Kevin Dyson, des Titans, qui étire le bras pour tenter de porter le ballon dans la zone des buts sur le tout dernier jeu du match, un touché qui aurait créé l'égalité?
Deux ans plus tard, Warner et les Rams avaient été surpris par les Patriots de la Nouvelle-Angleterre, qui avait gagné 20-17 grâce à un placement d'Adam Vinatieri, encore une fois sur le dernier jeu de la rencontre.
Et dimanche, une autre fin de match de fou. En trois présences au Super Bowl, Warner a généré des gains aériens de 1156 verges et décoché six passes de touché. Les trois matchs les plus productifs pour un quart-arrière au Super Bowl, en terme de verges amassées, lui appartiennent.
Warner a perdu contre les Steelers, mais je suis tout de même heureux de le voir récolter autant de succès. Il m'a l'air d'un gars sympathique, terre à terre et qui possède de bonnes valeurs.
Mieux vaut tard que jamais, Larry
Je n'allais quand même pas terminer cette chronique sans rendre hommage à Larry Fitzgerald, qui a réécrit une bonne partie du livre des records de la NFL cette année.
Il aura toutefois fallu attendre un peu avant de voir Fitzgerald dimanche. En début de rencontre, le jeu aérien des Cards passait davantage par Edgerrin James et Tim Hightower ainsi que par les ailiers rapprochés. Évidemment, les Steelers ont investi beaucoup d'énergie pour ralentir Fitzgerald et Anquan Boldin et les Cards ont mis du temps à trouver un moyen de mettre leurs meilleurs receveurs en valeur.
De l'extérieur, il est impossible de savoir quels ajustements exacts ont permis aux Cards de faire débloquer leur receveur vedette. De ma position d'analyste, j'ai quand même pu remarquer qu'on le déplaçait constamment à la ligne d'engagement. On l'utilisait comme ailier espacé, ailier inséré ou on l'alignait derrière un autre receveur, dans ce qu'on appelle dans le jargon un stack. Ainsi, c'est le premier receveur qui encaissait les coups du couvreur et Fitzgerald se retrouvait libre de débuter son tracé sans se faire interrompre.
Au quatrième quart, Fitzgerald est soudainement devenu plus impliqué. On a vu le centre du terrain s'ouvrir à lui quand les Steelers ont envoyé leurs maraudeurs vers les lignes de côté pour défendre les zones profondes. Sur le deuxième touché de Fitzgerald, les demis insérés ont effectué des tracés vers les coins extérieurs pour attirer Troy Polamalu et Ryan Clark.
Quant au premier touché du grand numéro 11, c'était un classique. Aussitôt qu'on a vu qu'il était en homme à homme à la ligne d'engagement, on savait que le ballon allait lui être lancé et ça a fonctionné.
Le travail des officiels
Au bout du compte, ce que j'ai aimé de ce 43e Super Bowl, c'est que les joueurs vedettes ont tous répondu à l'appel. Les deux quarts-arrières ont été splendides, Fitzgerald et Holmes ont été brillants. Bref, ceux qu'on attendait, les gros canons, ont fait le travail.
Seul petit bémol, le travail des officiels. Premièrement, j'ai trouvé qu'ils décernaient trop de pénalités, cassant ainsi le rythme des deux équipes.
Pourquoi ne pas avoir sévi à l'endroit de Santonio Holmes, qui a célébré de façon illégale en faisant sa petite imitation de LeBron James après son touché?
Et puis sur le dernier jeu du match, pourquoi ne pas aller à la reprise vidéo pour s'assurer que Warner a bel et bien échappé le ballon et qu'il ne s'agit pas d'une passe incomplète? Même si les arbitres sont convaincus d'avoir pris la bonne décision, on parle ici du Super Bowl. Pourquoi ne pas enlever complètement le doute dans la tête des amateurs, surtout les partisans des Cards?
Imaginez si la reprise permet de voir que les Cards gardent possession du ballon pour un dernier jeu et que Warner lance une bombe à Larry Fitzgerald dans la zone des buts. On nous a peut-être privés d'une fin de match encore plus dramatique!
Mais quand même, il faut admettre que nous avons été gâtés. J'espère que vous avez apprécié la dernière saison de football autant que moi. Je vous souhaite un bel hiver et on se reparle au printemps pour le début du camp des Alouettes!
Pierre.
*Propos recueillis par Nicolas Landry.