Bien qu'on ne soit jamais à l'abri de nouveaux rebondissements, le dossier Michael Vick a enfin connu son dénouement au cours des derniers jours quand l'ancien quart-arrière étoile des Falcons d'Atlanta a officialisé son retour dans la NFL en signant un contrat avec les Eagles de Philadelphie.

Je crois qu'on peut placer les gens qui ont suivi de près ou de loin cette histoire dans trois catégories différentes. Il y a d'abord ceux qui ne s'en font pas trop avec ça, qui ne voient pas ce qu'il a pu faire de si grave et qui ne perdront pas une minute de sommeil en raison des malheurs de cette super vedette déchue. Il y a ensuite ceux qui croient que Vick ne devrait plus jamais jouer au football, qu'il est honteux de la part de la NFL de le réintégrer dans ses rangs et que les Eagles sont fous de lui offrir une deuxième chance.

Enfin, je pense qu'au milieu de ces extrêmes, il y a une majorité de gens qui, comme moi, s'entendent pour dire que ce pourquoi Vick a été reconnu coupable est dégueulasse, mais que bien qu'il ait commis de graves erreurs de jugement, il a payé sa dette envers la société. Personnellement, je ne vois aucun problème avec le fait que Mike Vick soit de retour sur un terrain de football.

Si vous n'y voyez pas d'objection, je laisserai aux autres le soin de commenter tout l'aspect moral de cette histoire et je m'en tiendrai au football. Comment, donc, analyser l'arrivée d'un joueur comme Vick dans une équipe comme celle des Eagles?

Depuis que la possibilité de son retour a été évoquée, j'ai toujours dit que Vick pourrait connaître de nouveau du succès dans la NFL, mais pas n'importe où, et à première vue, Philadelphie semble lui offrir un scénario idéal. On y trouve d'abord un propriétaire, Jeffrey Lurie, qui est là depuis 15 ans. Il n'a pas eu peur de prendre le micro pour s'adresser aux partisans et expliquer sa décision. Joe Banner, le président du club, est aussi une figure solide au sein de l'organisation, tout comme celui qui aura à gérer les allées et venues de Vick sur le terrain et dans le vestiaire, l'entraîneur Andy Reid.

Vick arrive donc dans un environnement stable, dans une équipe érigée sur des bases solides. L'état-major des Eagles ne se laissera pas influencer et ne commencera pas à trembler dès que des gens monteront aux barricades et se pointeront aux entraînements avec des affiches en guise de protestation.

La décision des Eagles n'est pas non plus un geste de panique posé par une formation moribonde. Vick est loin d'arriver à Philadelphie dans un rôle de sauveur. Avec déjà trois quarts-arrières dans leur formation, les Eagles n'ont techniquement pas besoin de Vick. C'est un luxe qu'ils se paient en l'amenant au camp. On s'est dit que ce serait super si ce gars-là pouvait soudainement apporter une nouvelle dimension à l'attaque, mais que ce n'était pas plus grave que ça si ça ne fonctionnait pas.

Si on regarde les effectifs que les entraîneurs des Eagles ont sous la main, on se rend compte que l'ajout de Vick pourrait effectivement leur permettre de faire des flammèches. Vous en voulez, du talent? Essayez d'imaginer Vick avec Donovan McNabb, DeSean Jackson, Brian Westbrook, LeSean McCoy et Jeremy Maclin sur le même terrain... Ayoye!

D'un point de vue financier, les Eagles ne peuvent pas vraiment être perdants. Le contrat qu'ils ont accordé à Vick, d'une valeur de 1,6 M$ pour la première année, n'a quand même rien d'exubérant selon les critères de la NFL. En plus, si Vick se développe une certaine valeur sur le marché, on peut toujours l'échanger et dans le pire des cas, on le libère sans que l'impact sur le plafond salarial ne soit trop néfaste.

Sur le plan personnel, Vick ne pouvait mieux tomber. Il l'a dit lui-même, il ne s'attend pas à retrouver du jour au lendemain son aisance des beaux jours. Après deux ans loin des terrains de football, il amorce en quelque sorte un programme de remise en forme. Il arrive à Philly comme une verte recrue. Nouvelle équipe, nouveau système... Il repart à zéro et il ne faut pas penser qu'il va révolutionner la position de quart-arrière des Eagles! Surtout que Vick a toujours été un grand athlète qui évoluait à la position de quart-arrière, mais il n'a jamais été un grand quart. Nuance importante! Je ne crois pas que McNabb ait à s'inquiéter pour son job.

Dans ce dossier, il ne faut pas sous-estimer la présence de Tony Dungy, qui a servi de mentor à Vick. Je crois que les gens qui ont considéré intégrer Vick à leur équipe ont beaucoup d'estime envers Dungy et ce dernier a probablement tout fait pour aider la cause de son protégé.

J'ai hâte de voir quel genre d'accueil les partisans des Eagles réserveront à Vick. Parce qu'il ne faut pas se leurrer : s'il avait fallu que Vick signe un contrat avec n'importe quelle autre équipe de la NFL, c'est à Philadelphie qu'il aurait été attendu avec la plus grosse brique et le plus gros fanal. On parle ici des mêmes partisans qui ont déjà hué le Père Noël!

Vick a admis tous ses torts. Maintenant, jamais je ne croirai qu'il n'est pas prêt à tout faire pour repartir à neuf et profiter de la deuxième chance qui s'offre à lui. Il ne mérite pas de félicitations pour avoir bousillé la brillante carrière qu'il avait devant lui à Atlanta, mais s'il trouve le moyen de refaire la même erreur une deuxième fois, les mots qu'il faudra utiliser pour le décrire ne pourront être retranscrits dans une chronique!

Pendant ce temps, chez les Favre

Probablement que la meilleure chose à retirer de la saga Michael Vick, c'est qu'elle nous aura permis d'entendre un peu moins parler des éternelles remises en question de Brett Favre au cours de la dernière saison morte.

Personnellement, je croirai vraiment que Favre est à la retraite quand la saison sera commencée et qu'il sera encore en train de bûcher sur son terrain au Mississippi plutôt que sur un terrain de football. Et si on se fie aux dernières rumeurs, il ne faudrait pas se surprendre de voir Favre vêtu du chandail mauve des Vikings du Minnesota lorsque la prochaine saison se mettra en branle.

Deux choses simples à retenir dans toute cette histoire. Premièrement, on sait que les Vikings sont intéressés. C'est un fait, ils ne se sont jamais cachés pour le dire. Et ensuite, on sait que Favre n'a jamais eu peur de changer d'idée. Alors si on met ça ensemble, on se dit qu'il n'y a encore rien d'impossible!

Je revois encore Favre lors de ce qu'on croyait alors être sa conférence de presse d'adieu, après sa dernière saison avec les Packers de Green Bay. « I'm gonna miss those guys », avait-il dit en pleurnichant. Deux ans plus tard, il continue de s'accrocher et ça devient fatiguant. C'est dommage, parce qu'on risque de se souvenir de lui davantage pour son entêtement à repousser sa retraite plutôt que pour toutes les belles choses qu'il a réalisées sur le terrain.

C'est quand même ironique quand on y pense. L'une des qualités premières d'un bon quart-arrière, c'est sa capacité à prendre rapidement les bonnes décisions. Et voilà qu'après tout ce temps, Favre n'est toujours pas branché...


*Propos recueillis par Nicolas Landry.