Les Chargers ont été impressionnants
Football lundi, 14 janv. 2008. 23:36 dimanche, 15 déc. 2024. 14:54
Si les résultats de samedi n'ont jeté personne sur le derrière en ce deuxième week-end éliminatoire dans la NFL, peu de gens peuvent se vanter d'être restés de glace devant le dénouement de la journée suivante.
J'avais prédit une victoire de Dallas, mais pour moi, si un favori devait tomber au combat en fin de semaine, c'était évident que ça allait être les Cowboys. Mais la victoire des Chargers, franchement, je ne l'avais pas vu venir.
Les hommes de Norv Turner se présentaient dans un environnement hostile pour y affronter les champions en titre du Super Bowl. Déjà qu'Antonio Gates jouait sur une seule jambe, ils ont tour à tour vu leur porteur de ballon étoile LaDainian Tomlinson et leur quart-arrière Philip Rivers tomber au combat, un hécatombe comme je ne me souviens pas d'en avoir vu. Et comme si ce n'était pas assez, ils ont écopé de plusieurs pénalités, dont certaines douteuses.
Avec tout le respect que je leur dois, je m'attendais à ce qu'ils passent sous le rouleau compresseur, mais c'est tout le contraire qui s'est produit. Ce qu'ils ont été capables d'accomplir en fin de semaine est assez extraordinaire et il faut les féliciter.
Je n'ai jamais été le plus grand fan de Philip Rivers. Il est baveux, arrogant, passe son temps à crier après ses adversaires et à ridiculiser les partisans. Mais il faut lui donner ce qui lui revient. Les passes de touché qu'il a lancées à Vincent Jackson et Chris Chambers étaient tout simplement parfaites. Sa marge d'erreur était inexistante, mais il n'aurait pas pu être plus précis. De l'art!
Quand Tomlinson et lui ont dû quitter le match, on a pu découvrir la belle profondeur des Chargers. Michael Turner et Darren Sproles ont montré qu'ils étaient des remplaçants de luxe au poste de demi offensif et Billy Volek a fait le travail qu'on lui a demandé, notamment en marquant le touché décisif.
Grâce entre autres à leur arme la plus redoutable, la passe voilée, les Chargers ont réussi pas moins de dix jeux de plus de 15 verges. On se souviendra surtout de celle qui a mené au touché de 56 verges de Sproles, mais il ne faut pas oublier celle complétée à Legedu Naanee, un parfait inconnu qui s'avère être le troisième ailier rapproché de l'équipe, qui a conduit au touché de la victoire.
J'ai été amèrement déçu par la défensive des Colts, une unité qui a dominé la plupart des colonnes de statistiques pendant la saison régulière, mais qui a connu son pire match au moment où ça comptait le plus et, qui plus est, contre une équipe démantelée par les blessures. Les Colts, qui n'avaient alloué que 16,3 points en moyenne par match, en ont concédé 28 dimanche. Eux qui ne donnaient que 279 verges par partie à leurs adversaires ont laissé les Chargers en récolter 411, dont 312 par la passe. C'est plus de 130 verges de plus que ce qu'ils avaient l'habitude d'accorder en saison régulière. Finalement, contre une équipe qui ne donnait que 4,6 verges par jeu en saison régulière, les Chargers sont pratiquement allés chercher un premier essai (7,6 verges) chaque fois qu'ils mettaient le ballon en jeu.
Et il ne faudrait quand même pas croire que l'attaque n'a rien à se reprocher. Elle a commis trois revirements dans la zone critique, une statistique mortelle. S'ils ne donnent pas bêtement le ballon à l'adversaire au moment où ils peuvent sentir la pelouse de la zone des buts, les Colts, dans le pire des cas, mettent neuf points de plus au tableau.
Les deux passes de Peyton Manning qui ont été interceptées ont été déviées avant d'aboutir dans les mains de l'adversaire. Je veux bien donner le bénéfice du doute à Reggie Wayne, mais Kenton Keith n'avait pas le droit de ne pas capter cette petite passe à la porte des buts. Et l'échappé de Marvin Harrison au premier quart reste pour moi le point tournant du match. Je sais qu'il restait amplement de temps au cadran, mais imaginez si les Colts s'emparent d'une avance de 14-0 au terme de cette séquence Je ne suis pas certain que les Chargers s'en seraient remis.
Il faut d'ailleurs lever notre chapeau à la défensive des vainqueurs, qui a été capable de prévenir le gros jeu dont personne n'est à l'abri contre les Colts. Bon, il y a bien eu le touché d'Anthony Gonzalez, mais on ne parle pas ici d'une bombe et si Marlon McCree n'arrive pas à son rendez-vous une fraction de seconde trop tard, il limite les dégâts. Si on fait abstraction de ce jeu, la plus longue passe de Manning en fut une de 25 verges.
Contre un quart-arrière étoile qui a décoché 48 passes, les Chargers se sont permis de plier, mais n'ont jamais cassé.
Pour les Colts, l'histoire se répète. Quand l'équipe a bénéficié d'une semaine de congé en 2005, elle a été battue par les Steelers à la maison au premier tour éliminatoire. L'an dernier, les hommes de Tony Dungy se sont mis au travail une semaine plus tôt et ont battu les Chiefs, les Ravens et les Patriots avant de défaire les Bears au Super Bowl.
Tirez-en vos propres conclusions
Les Cowboys étaient-ils vraiment prêts?
Les Cowboys avaient peut-être battu les Giants deux fois en saison régulière, mais c'est à une équipe métamorphosée qu'ils se sont frottés en fin de semaine. Les Giants ont une attitude transformée. Ça crève les yeux, cette équipe est en mission. Elle déborde de confiance et tous ses éléments semblent soudés ensemble avec le même objectif en tête.
Le match de dimanche en est un bel exemple. Les Giants n'ont dominé aucune colonne de statistiques, sauf la plus importante, celle des points marqués. L'explication : Eli Manning est resté à l'intérieur de ses moyens pour un troisième match de suite et la défensive a réalisé les gros jeux quand ça comptait.
Si on cherche un point tournant à cette victoire contre Dallas, il faut revenir à la dernière minute de la première demie, quand les Giants ont pris possession du ballon avec 46 secondes à faire et les Cowboys en avance 14-7. On n'a à peine eu le temps de se demander quelle stratégie serait employée par Tom Coughlin que BOOM! Des passes à Steve Smith, Kevin Boss et Amani Toomer et les Giants étaient dans la zone des buts.
Sur cette séquence qui a permis aux Giants de créer l'égalité, Brendan Jacobs a réussi un jeu qui en dit long sur le nouveau visage de son équipe. Il a détecté le blitz des Cowboys et s'est chargé du maraudeur Roy Williams, le capitaine et l'âme de la défensive de Dallas, qu'il a complètement détruit avant de le reclouer au sol quand il a tenté de se relever. C'était sa façon de dire « Vous ne l'aurez pas facile aujourd'hui. On est venu pour se battre. »
Eli Manning, encore une fois, n'a pas commis d'erreur. À ses 15 premiers matchs cette année, il a complété 55% de ses passes, 19 passes de touché et autant d'interceptions. Depuis, en trois matchs, il montre un taux d'efficacité de 70% avec huit passes de touché et une seule interception. Qu'est-ce qui explique cette métamorphose? Deux choses, selon moi.
La première, c'est qu'Eli n'a tenté que 22 passes par match, en moyenne, au cours de cette période. Pour lui, c'est parfait. N'allez pas lui demander d'en lancer 50 comme son frère, parce que les choses risquent de se compliquer.
L'autre, c'est que son jeu au sol et ses unités spéciales le supportent de façon admirable. Dimanche, l'efficacité de l'attaque au sol des Giants est presque passée inaperçue parce que Jacobs et Ahmad Bradshaw n'ont pas amassé des statistiques éclatantes, mais il y a une raison à ça : tout au long du match, les Giants ont bénéficié de bonnes positions sur le terrain. Quand tu commences une poussée offensive à la ligne de 45 de l'adversaire, tu vas te retrouver dans la zone des buts avant d'avoir eu le temps d'engraisser ta fiche personnelle!
C'est ce qui a permis aux Giants de l'emporter : les fameuses verges cachées. Il y a eu les onze pénalités décernées aux Cowboys, mais je pense surtout au retour de botté d'envoi de 45 verges de Domenik Hixon et à celui de R.W. McQuarters sur un botté de dégagement en fin de match. De plus, combien de fois a-t-on vu Jeff Feagles refouler les Cowboys derrière leur ligne de dix? Les Giants ont complètement dominé la bataille du positionnement sur le terrain, ce n'était même pas drôle, et ça a eu un impact important sur le déroulement de la partie.
De leur côté, les Cowboys représentent l'exemple parfait de l'équipe qui joue mal au mois de décembre et qui est incapable de repartir la machine quand les éliminatoires arrivent. Comme John Madden l'a dit, il n'existe pas d'interrupteur qu'une équipe peut activer quand c'est le temps de recommencer à bien jouer. En décembre, les Cowboys ont perdu la moitié de leurs matchs et leurs deux victoires ont été arrachées aux Lions de Detroit et aux Panthers de la Caroline. Rien de très convaincant.
Il est légitime de se demander si cette équipe était bien préparée. Outre les onze pénalités dont elle a écopé, combien de passes a-t-on échappées? Et que dire du drôle de plan de match de Wade Phillips - qui, en passant, n'a jamais gagné en quatre matchs éliminatoires - qui a gardé Marion Barber au repos en deuxième demie après l'avoir vu gagner 101 verges en première?
Sans vouloir pardonner à Phillips, il faut toutefois donner le crédit qui lui revient au front défensif des Giants, qui avait passé énormément de temps sur le terrain en première demie et qui, malgré tout, a su trouver l'énergie nécessaire pour limiter les gains au sol des Cowboys et frapper Tony Romo dans la deuxième portion de la rencontre. Les chiffres ne mentent pas : en deux matchs de saison régulière, les Giants n'avaient frappé Romo que trois fois et n'avaient réussi que deux sacs du quart. Dimanche, ils ont réussi à le frapper huit fois derrière sa ligne de mêlée, deux fois alors qu'il avait toujours possession du ballon.
Est-ce que tout le monde avait la tête à la bonne place chez les Cowboys? On a beaucoup parlé des petites vacances au Mexique de Tony Romo, mais pendant ce temps, à peu près tous les adjoints de Phillips étaient aux quatre coins du pays pour passer des entrevues pour des postes d'entraîneur chef. À quel point étaient-ils vraiment concentrés sur le match contre New York? Ça laisse place à toutes sortes de scénarios...
Les Jaguars ont été incapables de suivre
Comment débuter une analyse de la victoire des Patriots sur les Jaguars sans parler de la performance de Tom Brady? Le quart-arrière, qui prend de plus en plus sa place parmi les grands de l'histoire de la NFL chaque fois qu'il foule le terrain, a pratiquement été parfait pour permettre à son équipe de le demeurer. Les deux seules passes qu'il n'a pas complétées sur les 28 qu'il a décochées étaient directement dans les mains de ses receveurs, qui les ont échappées.
Défensivement, les Jaguars avaient décidé de mourir à petit feu. Pas question qu'on laisse Randy Moss nous battre avec des bombes, pas question qu'on laisse les Pats aller chercher des gains de 30 ou 40 verges. Ils l'ont bien fait, mais Brady et son attaque n'ont jamais montré de signe d'impatience. On parle d'une équipe qui a converti 57 jeux de plus de 20 verges en saison régulière, mais devant la stratégie des Jaguars, personne n'a paniqué, personne ne s'est choqué.
«Vous ne me laisserez pas vous battre avec la puissance de mon bras? Pas de problème, s'est dit Brady. Je vais prendre ce que vous me donnez ». Ce qu'on lui a donné, c'est beaucoup de passes intermédiaires, des jeux de dix verges et moins que ses joueurs se sont amusés à allonger une fois le ballon en leur possession.
L'une des rares fois où les Jaguars ont tenté de décontenancer Brady en amenant le blitz, ce dernier a trouvé Donte' Stallworth et l'a regardé trotter sur une distance de 53 verges, le plus long jeu du match. « Ça y est, il n'y a vraiment rien à faire avec ce gars-là », ont-ils dû se dire, découragés.
Le jeu au sol, avec Laurence Maroney, a connu du succès. Les Jaguars avaient tellement peur de Randy Moss que souvent, on plaçait un demi de coin à la ligne d'engagement pour le déranger dès la mise en jeu et on avait un maraudeur placé loin derrière, à 20 ou 25 verges de la ligne de mêlée, qui l'attendait dans la zone profonde. Les Patriots ont riposté en courant du côté de Moss, profitant de l'avantage numérique que les Jaguars concédait.
En effet, le demi de sûreté était tellement loin qu'il n'était plus un facteur pour contrer le jeu au sol. On n'avait même pas besoin de le bloquer. Le temps qu'il arrive à Maroney, celui-ci avait déjà eu le temps de gagner huit ou neuf verges. On a aussi vu des longues courses où Maroney avait tellement d'élan que le maraudeur arrivait pour le stopper mais en était incapable.
Moss, lui, a agi en vrai joueur d'équipe. Il a bien bloqué et même s'il n'a pas accumulé de grandes statistiques, il a quand même influencé grandement les performances de ses compagnons à l'attaque.
On ne peut tout de même pas blâmer les Jaguars pour avoir utilisé cette stratégie. Leur objectif était de ralentir le rythme du match, qu'il se déroule le plus lentement possible pour que Brady touche le moins souvent au ballon. Le problème, c'est que Brady et sa bande, dès qu'ils en ont eu la chance, ont imposé leur propre rythme, tout droit venu d'enfer.
L'attaque des Patriots a fait huit apparitions sur le terrain au cours du match. Oublions tout de suite la possession en fin de première demie, alors qu'ils ont mis un genou au sol et ont quitté pour le vestiaire. Éliminons aussi celle à la fin du quatrième quart, alors qu'ils ont couru pour écouler les secondes et forcer les Jaguars à utiliser un temps d'arrêt. On peut donc dire que les Pats ont dirigé six séquences à l'attaque dans le match et chaque fois, ils ont marqué des points ou se sont mis en position pour en marquer : quatre touchés, un placement et une tentative ratée.
Jacksonville a donc dû augmenter le tempo, suivre un rythme plus rapide qu'il ne l'aurait souhaité, qui ne l'avantage pas. Sans vouloir vexer qui que ce soit, la menace que représentent David Garrard, Ernest Wilford, Dennis Northcutt et Matt Jones n'a rien à voir avec celle des Brady, Moss, Welker et cie.
On s'attendait à ce que Maurice Jones-Drew et Fred Taylor tentent de voler le show, mais les Jaguars n'ont amassé que 80 verges au sol. Ils n'ont pas pu être aussi patients qu'ils le désiraient parce que leur défensive n'était pas capable d'arrêter les Pats. Et on peut les comprendre! Affronter les Pats n'a rien d'une sinécure. Ils marquent pratiquement un touché chaque fois qu'ils touchent au ballon, ce qui fait que même un placement peut être considéré comme un échec quand vient votre tour de répliquer.
Favre a compensé pour l'inexpérience des siens
Dans ma dernière chronique, je me demandais si le manque d'expérience collectif des Packers allait jouer dans la balance dans les premières minutes de leur affrontement contre les Seahawks de Seattle. Non seulement les Packers sont-ils l'une des équipes les plus jeunes de la NFL, mais ils sont dirigés par un entraîneur, Mike McCarthy, qui en était à son baptême de feu dans la deuxième saison.
Disons que je n'ai pas mis de temps à avoir ma réponse. Le porteur de ballon Ryan Grant a connu un début de rencontre désastreux et après à peine quatre minutes de jeu, c'était 14-0 Seattle. On voulait savoir comment les Packers allaient répondre à l'adversité, on l'a vu! Cinquante-six minutes plus tard, ils quittaient le terrain enneigé du Lambeau Field avec une victoire de 42-20.
Le premier quart que les Packers ont vécu samedi, c'est une expérience qui n'a pas de prix. Ça les aidera non seulement pour leurs prochains matchs, mais pour les prochaines années.
Les Packers forment peut-être une équipe inexpérimentée, mais il y a un endroit où la sagesse déborde et c'est au poste de quart. Quand est venu le temps de rétablir l'équilibre et de calmer tout le monde, on a placé le match dans les mains de Brett Favre. Dans la séquence qui a mené à leur premier touché, le premier de Greg Jennings, a complété ses cinq passes pour des gains de 60 verges. Il a pris les rênes de l'équipe et a permis à son jeune coéquipier de décompresser un peu et de reprendre ses sens.
Sur la série offensive suivante, McCarthy gagne son pari en contestant une décision des officiels et dans le temps de le dire, c'est 14-14. On recommence à zéro et Grant a démontré une grande force de caractère en amassant plus de 200 verges au sol par la suite. La ligne à l'attaque des Packers a complètement dominé le front défensif des Seahawks, permettant entre autre aux locaux de convertir 70% de leurs jeux sur un troisième essai.
Je dis donc bravo aux jeunes joueurs des Packers qui ont su se calmer, rester concentrés et qui n'ont pas laissé tomber après un début de match atroce. Félicitations aussi à McCarthy, qui n'a jamais dérogé de son plan de match même s'il aurait été tentant de le faire. Il avait dit qu'il voulait courir contre les Seahawks et ça aurait été facile de clouer son gars au banc après ses deux bourdes, mais il est revenu avec lui. En fin psychologue, il a appuyé son porteur de ballon au lieu de le décourager avec ses gros yeux.
Fait intéressant à noter, les Packers sont en train de redonner vie à une ancienne formation à l'attaque qui ressemble à un espèce de wishbone inversé où l'on voit un porteur de ballon précédé de deux centres arrières. Ainsi positionnés, ils envoient un centre arrière ouvrir le chemin tandis que l'autre a pour mission de sceller le coin opposé pour éviter la pénétration. La ligne à l'attaque peut ainsi se concentrer sur le milieu de la défensive adverse. Les Seahawks n'ont jamais été capables de contrer cette stratégie.
Là-dessus, je vous dis à vendredi pour mes prédictions en vue des finales d'associations!
*Propos recueillis par Nicolas Landry
J'avais prédit une victoire de Dallas, mais pour moi, si un favori devait tomber au combat en fin de semaine, c'était évident que ça allait être les Cowboys. Mais la victoire des Chargers, franchement, je ne l'avais pas vu venir.
Les hommes de Norv Turner se présentaient dans un environnement hostile pour y affronter les champions en titre du Super Bowl. Déjà qu'Antonio Gates jouait sur une seule jambe, ils ont tour à tour vu leur porteur de ballon étoile LaDainian Tomlinson et leur quart-arrière Philip Rivers tomber au combat, un hécatombe comme je ne me souviens pas d'en avoir vu. Et comme si ce n'était pas assez, ils ont écopé de plusieurs pénalités, dont certaines douteuses.
Avec tout le respect que je leur dois, je m'attendais à ce qu'ils passent sous le rouleau compresseur, mais c'est tout le contraire qui s'est produit. Ce qu'ils ont été capables d'accomplir en fin de semaine est assez extraordinaire et il faut les féliciter.
Je n'ai jamais été le plus grand fan de Philip Rivers. Il est baveux, arrogant, passe son temps à crier après ses adversaires et à ridiculiser les partisans. Mais il faut lui donner ce qui lui revient. Les passes de touché qu'il a lancées à Vincent Jackson et Chris Chambers étaient tout simplement parfaites. Sa marge d'erreur était inexistante, mais il n'aurait pas pu être plus précis. De l'art!
Quand Tomlinson et lui ont dû quitter le match, on a pu découvrir la belle profondeur des Chargers. Michael Turner et Darren Sproles ont montré qu'ils étaient des remplaçants de luxe au poste de demi offensif et Billy Volek a fait le travail qu'on lui a demandé, notamment en marquant le touché décisif.
Grâce entre autres à leur arme la plus redoutable, la passe voilée, les Chargers ont réussi pas moins de dix jeux de plus de 15 verges. On se souviendra surtout de celle qui a mené au touché de 56 verges de Sproles, mais il ne faut pas oublier celle complétée à Legedu Naanee, un parfait inconnu qui s'avère être le troisième ailier rapproché de l'équipe, qui a conduit au touché de la victoire.
J'ai été amèrement déçu par la défensive des Colts, une unité qui a dominé la plupart des colonnes de statistiques pendant la saison régulière, mais qui a connu son pire match au moment où ça comptait le plus et, qui plus est, contre une équipe démantelée par les blessures. Les Colts, qui n'avaient alloué que 16,3 points en moyenne par match, en ont concédé 28 dimanche. Eux qui ne donnaient que 279 verges par partie à leurs adversaires ont laissé les Chargers en récolter 411, dont 312 par la passe. C'est plus de 130 verges de plus que ce qu'ils avaient l'habitude d'accorder en saison régulière. Finalement, contre une équipe qui ne donnait que 4,6 verges par jeu en saison régulière, les Chargers sont pratiquement allés chercher un premier essai (7,6 verges) chaque fois qu'ils mettaient le ballon en jeu.
Et il ne faudrait quand même pas croire que l'attaque n'a rien à se reprocher. Elle a commis trois revirements dans la zone critique, une statistique mortelle. S'ils ne donnent pas bêtement le ballon à l'adversaire au moment où ils peuvent sentir la pelouse de la zone des buts, les Colts, dans le pire des cas, mettent neuf points de plus au tableau.
Les deux passes de Peyton Manning qui ont été interceptées ont été déviées avant d'aboutir dans les mains de l'adversaire. Je veux bien donner le bénéfice du doute à Reggie Wayne, mais Kenton Keith n'avait pas le droit de ne pas capter cette petite passe à la porte des buts. Et l'échappé de Marvin Harrison au premier quart reste pour moi le point tournant du match. Je sais qu'il restait amplement de temps au cadran, mais imaginez si les Colts s'emparent d'une avance de 14-0 au terme de cette séquence Je ne suis pas certain que les Chargers s'en seraient remis.
Il faut d'ailleurs lever notre chapeau à la défensive des vainqueurs, qui a été capable de prévenir le gros jeu dont personne n'est à l'abri contre les Colts. Bon, il y a bien eu le touché d'Anthony Gonzalez, mais on ne parle pas ici d'une bombe et si Marlon McCree n'arrive pas à son rendez-vous une fraction de seconde trop tard, il limite les dégâts. Si on fait abstraction de ce jeu, la plus longue passe de Manning en fut une de 25 verges.
Contre un quart-arrière étoile qui a décoché 48 passes, les Chargers se sont permis de plier, mais n'ont jamais cassé.
Pour les Colts, l'histoire se répète. Quand l'équipe a bénéficié d'une semaine de congé en 2005, elle a été battue par les Steelers à la maison au premier tour éliminatoire. L'an dernier, les hommes de Tony Dungy se sont mis au travail une semaine plus tôt et ont battu les Chiefs, les Ravens et les Patriots avant de défaire les Bears au Super Bowl.
Tirez-en vos propres conclusions
Les Cowboys étaient-ils vraiment prêts?
Les Cowboys avaient peut-être battu les Giants deux fois en saison régulière, mais c'est à une équipe métamorphosée qu'ils se sont frottés en fin de semaine. Les Giants ont une attitude transformée. Ça crève les yeux, cette équipe est en mission. Elle déborde de confiance et tous ses éléments semblent soudés ensemble avec le même objectif en tête.
Le match de dimanche en est un bel exemple. Les Giants n'ont dominé aucune colonne de statistiques, sauf la plus importante, celle des points marqués. L'explication : Eli Manning est resté à l'intérieur de ses moyens pour un troisième match de suite et la défensive a réalisé les gros jeux quand ça comptait.
Si on cherche un point tournant à cette victoire contre Dallas, il faut revenir à la dernière minute de la première demie, quand les Giants ont pris possession du ballon avec 46 secondes à faire et les Cowboys en avance 14-7. On n'a à peine eu le temps de se demander quelle stratégie serait employée par Tom Coughlin que BOOM! Des passes à Steve Smith, Kevin Boss et Amani Toomer et les Giants étaient dans la zone des buts.
Sur cette séquence qui a permis aux Giants de créer l'égalité, Brendan Jacobs a réussi un jeu qui en dit long sur le nouveau visage de son équipe. Il a détecté le blitz des Cowboys et s'est chargé du maraudeur Roy Williams, le capitaine et l'âme de la défensive de Dallas, qu'il a complètement détruit avant de le reclouer au sol quand il a tenté de se relever. C'était sa façon de dire « Vous ne l'aurez pas facile aujourd'hui. On est venu pour se battre. »
Eli Manning, encore une fois, n'a pas commis d'erreur. À ses 15 premiers matchs cette année, il a complété 55% de ses passes, 19 passes de touché et autant d'interceptions. Depuis, en trois matchs, il montre un taux d'efficacité de 70% avec huit passes de touché et une seule interception. Qu'est-ce qui explique cette métamorphose? Deux choses, selon moi.
La première, c'est qu'Eli n'a tenté que 22 passes par match, en moyenne, au cours de cette période. Pour lui, c'est parfait. N'allez pas lui demander d'en lancer 50 comme son frère, parce que les choses risquent de se compliquer.
L'autre, c'est que son jeu au sol et ses unités spéciales le supportent de façon admirable. Dimanche, l'efficacité de l'attaque au sol des Giants est presque passée inaperçue parce que Jacobs et Ahmad Bradshaw n'ont pas amassé des statistiques éclatantes, mais il y a une raison à ça : tout au long du match, les Giants ont bénéficié de bonnes positions sur le terrain. Quand tu commences une poussée offensive à la ligne de 45 de l'adversaire, tu vas te retrouver dans la zone des buts avant d'avoir eu le temps d'engraisser ta fiche personnelle!
C'est ce qui a permis aux Giants de l'emporter : les fameuses verges cachées. Il y a eu les onze pénalités décernées aux Cowboys, mais je pense surtout au retour de botté d'envoi de 45 verges de Domenik Hixon et à celui de R.W. McQuarters sur un botté de dégagement en fin de match. De plus, combien de fois a-t-on vu Jeff Feagles refouler les Cowboys derrière leur ligne de dix? Les Giants ont complètement dominé la bataille du positionnement sur le terrain, ce n'était même pas drôle, et ça a eu un impact important sur le déroulement de la partie.
De leur côté, les Cowboys représentent l'exemple parfait de l'équipe qui joue mal au mois de décembre et qui est incapable de repartir la machine quand les éliminatoires arrivent. Comme John Madden l'a dit, il n'existe pas d'interrupteur qu'une équipe peut activer quand c'est le temps de recommencer à bien jouer. En décembre, les Cowboys ont perdu la moitié de leurs matchs et leurs deux victoires ont été arrachées aux Lions de Detroit et aux Panthers de la Caroline. Rien de très convaincant.
Il est légitime de se demander si cette équipe était bien préparée. Outre les onze pénalités dont elle a écopé, combien de passes a-t-on échappées? Et que dire du drôle de plan de match de Wade Phillips - qui, en passant, n'a jamais gagné en quatre matchs éliminatoires - qui a gardé Marion Barber au repos en deuxième demie après l'avoir vu gagner 101 verges en première?
Sans vouloir pardonner à Phillips, il faut toutefois donner le crédit qui lui revient au front défensif des Giants, qui avait passé énormément de temps sur le terrain en première demie et qui, malgré tout, a su trouver l'énergie nécessaire pour limiter les gains au sol des Cowboys et frapper Tony Romo dans la deuxième portion de la rencontre. Les chiffres ne mentent pas : en deux matchs de saison régulière, les Giants n'avaient frappé Romo que trois fois et n'avaient réussi que deux sacs du quart. Dimanche, ils ont réussi à le frapper huit fois derrière sa ligne de mêlée, deux fois alors qu'il avait toujours possession du ballon.
Est-ce que tout le monde avait la tête à la bonne place chez les Cowboys? On a beaucoup parlé des petites vacances au Mexique de Tony Romo, mais pendant ce temps, à peu près tous les adjoints de Phillips étaient aux quatre coins du pays pour passer des entrevues pour des postes d'entraîneur chef. À quel point étaient-ils vraiment concentrés sur le match contre New York? Ça laisse place à toutes sortes de scénarios...
Les Jaguars ont été incapables de suivre
Comment débuter une analyse de la victoire des Patriots sur les Jaguars sans parler de la performance de Tom Brady? Le quart-arrière, qui prend de plus en plus sa place parmi les grands de l'histoire de la NFL chaque fois qu'il foule le terrain, a pratiquement été parfait pour permettre à son équipe de le demeurer. Les deux seules passes qu'il n'a pas complétées sur les 28 qu'il a décochées étaient directement dans les mains de ses receveurs, qui les ont échappées.
Défensivement, les Jaguars avaient décidé de mourir à petit feu. Pas question qu'on laisse Randy Moss nous battre avec des bombes, pas question qu'on laisse les Pats aller chercher des gains de 30 ou 40 verges. Ils l'ont bien fait, mais Brady et son attaque n'ont jamais montré de signe d'impatience. On parle d'une équipe qui a converti 57 jeux de plus de 20 verges en saison régulière, mais devant la stratégie des Jaguars, personne n'a paniqué, personne ne s'est choqué.
«Vous ne me laisserez pas vous battre avec la puissance de mon bras? Pas de problème, s'est dit Brady. Je vais prendre ce que vous me donnez ». Ce qu'on lui a donné, c'est beaucoup de passes intermédiaires, des jeux de dix verges et moins que ses joueurs se sont amusés à allonger une fois le ballon en leur possession.
L'une des rares fois où les Jaguars ont tenté de décontenancer Brady en amenant le blitz, ce dernier a trouvé Donte' Stallworth et l'a regardé trotter sur une distance de 53 verges, le plus long jeu du match. « Ça y est, il n'y a vraiment rien à faire avec ce gars-là », ont-ils dû se dire, découragés.
Le jeu au sol, avec Laurence Maroney, a connu du succès. Les Jaguars avaient tellement peur de Randy Moss que souvent, on plaçait un demi de coin à la ligne d'engagement pour le déranger dès la mise en jeu et on avait un maraudeur placé loin derrière, à 20 ou 25 verges de la ligne de mêlée, qui l'attendait dans la zone profonde. Les Patriots ont riposté en courant du côté de Moss, profitant de l'avantage numérique que les Jaguars concédait.
En effet, le demi de sûreté était tellement loin qu'il n'était plus un facteur pour contrer le jeu au sol. On n'avait même pas besoin de le bloquer. Le temps qu'il arrive à Maroney, celui-ci avait déjà eu le temps de gagner huit ou neuf verges. On a aussi vu des longues courses où Maroney avait tellement d'élan que le maraudeur arrivait pour le stopper mais en était incapable.
Moss, lui, a agi en vrai joueur d'équipe. Il a bien bloqué et même s'il n'a pas accumulé de grandes statistiques, il a quand même influencé grandement les performances de ses compagnons à l'attaque.
On ne peut tout de même pas blâmer les Jaguars pour avoir utilisé cette stratégie. Leur objectif était de ralentir le rythme du match, qu'il se déroule le plus lentement possible pour que Brady touche le moins souvent au ballon. Le problème, c'est que Brady et sa bande, dès qu'ils en ont eu la chance, ont imposé leur propre rythme, tout droit venu d'enfer.
L'attaque des Patriots a fait huit apparitions sur le terrain au cours du match. Oublions tout de suite la possession en fin de première demie, alors qu'ils ont mis un genou au sol et ont quitté pour le vestiaire. Éliminons aussi celle à la fin du quatrième quart, alors qu'ils ont couru pour écouler les secondes et forcer les Jaguars à utiliser un temps d'arrêt. On peut donc dire que les Pats ont dirigé six séquences à l'attaque dans le match et chaque fois, ils ont marqué des points ou se sont mis en position pour en marquer : quatre touchés, un placement et une tentative ratée.
Jacksonville a donc dû augmenter le tempo, suivre un rythme plus rapide qu'il ne l'aurait souhaité, qui ne l'avantage pas. Sans vouloir vexer qui que ce soit, la menace que représentent David Garrard, Ernest Wilford, Dennis Northcutt et Matt Jones n'a rien à voir avec celle des Brady, Moss, Welker et cie.
On s'attendait à ce que Maurice Jones-Drew et Fred Taylor tentent de voler le show, mais les Jaguars n'ont amassé que 80 verges au sol. Ils n'ont pas pu être aussi patients qu'ils le désiraient parce que leur défensive n'était pas capable d'arrêter les Pats. Et on peut les comprendre! Affronter les Pats n'a rien d'une sinécure. Ils marquent pratiquement un touché chaque fois qu'ils touchent au ballon, ce qui fait que même un placement peut être considéré comme un échec quand vient votre tour de répliquer.
Favre a compensé pour l'inexpérience des siens
Dans ma dernière chronique, je me demandais si le manque d'expérience collectif des Packers allait jouer dans la balance dans les premières minutes de leur affrontement contre les Seahawks de Seattle. Non seulement les Packers sont-ils l'une des équipes les plus jeunes de la NFL, mais ils sont dirigés par un entraîneur, Mike McCarthy, qui en était à son baptême de feu dans la deuxième saison.
Disons que je n'ai pas mis de temps à avoir ma réponse. Le porteur de ballon Ryan Grant a connu un début de rencontre désastreux et après à peine quatre minutes de jeu, c'était 14-0 Seattle. On voulait savoir comment les Packers allaient répondre à l'adversité, on l'a vu! Cinquante-six minutes plus tard, ils quittaient le terrain enneigé du Lambeau Field avec une victoire de 42-20.
Le premier quart que les Packers ont vécu samedi, c'est une expérience qui n'a pas de prix. Ça les aidera non seulement pour leurs prochains matchs, mais pour les prochaines années.
Les Packers forment peut-être une équipe inexpérimentée, mais il y a un endroit où la sagesse déborde et c'est au poste de quart. Quand est venu le temps de rétablir l'équilibre et de calmer tout le monde, on a placé le match dans les mains de Brett Favre. Dans la séquence qui a mené à leur premier touché, le premier de Greg Jennings, a complété ses cinq passes pour des gains de 60 verges. Il a pris les rênes de l'équipe et a permis à son jeune coéquipier de décompresser un peu et de reprendre ses sens.
Sur la série offensive suivante, McCarthy gagne son pari en contestant une décision des officiels et dans le temps de le dire, c'est 14-14. On recommence à zéro et Grant a démontré une grande force de caractère en amassant plus de 200 verges au sol par la suite. La ligne à l'attaque des Packers a complètement dominé le front défensif des Seahawks, permettant entre autre aux locaux de convertir 70% de leurs jeux sur un troisième essai.
Je dis donc bravo aux jeunes joueurs des Packers qui ont su se calmer, rester concentrés et qui n'ont pas laissé tomber après un début de match atroce. Félicitations aussi à McCarthy, qui n'a jamais dérogé de son plan de match même s'il aurait été tentant de le faire. Il avait dit qu'il voulait courir contre les Seahawks et ça aurait été facile de clouer son gars au banc après ses deux bourdes, mais il est revenu avec lui. En fin psychologue, il a appuyé son porteur de ballon au lieu de le décourager avec ses gros yeux.
Fait intéressant à noter, les Packers sont en train de redonner vie à une ancienne formation à l'attaque qui ressemble à un espèce de wishbone inversé où l'on voit un porteur de ballon précédé de deux centres arrières. Ainsi positionnés, ils envoient un centre arrière ouvrir le chemin tandis que l'autre a pour mission de sceller le coin opposé pour éviter la pénétration. La ligne à l'attaque peut ainsi se concentrer sur le milieu de la défensive adverse. Les Seahawks n'ont jamais été capables de contrer cette stratégie.
Là-dessus, je vous dis à vendredi pour mes prédictions en vue des finales d'associations!
*Propos recueillis par Nicolas Landry