L'histoire prouve que les Patriots ne trébuchent pas souvent dans les matchs importants. L'une des raisons est sans doute le travail de leur entraîneur Bill Belichick.

Les statistiques sont éloquentes en éliminatoires. Lorsque Belichick et ses hommes profitent d'une semaine de congé, ils présentent un dossier parfait de 6-0.

Au cours des dernières années, les Patriots ont excellé lorsqu'ils affrontent une équipe pour une deuxième fois durant la même saison. En règle générale, ils accordent moins de points à l'adversaire lors de ce deuxième duel. Si on remonte dans les 12 derniers mois, les Patriots ont affronté cinq équipes à deux occasions. Après une défaite de 38 à 34 face aux Colts en finale d'Association l'an dernier, ils ont gagné 24 à 20 cette saison. Les Jets ont marqué 14 et 10 points face aux Patriots en 2007, alors que les Chargers ont réussi 14 et 12 points et les Dolphins 28 et 7 points. L'exception demeure les Bills. Après avoir obtenu 7 maigres points, ils ont marqué 10 points à leur deuxième duel face aux Patriots.

Ces chiffres prouvent que Belichick a le don de déceler les faiblesses de ses adversaires.

Tout au long de cette saison parfaite, l'entraîneur des Patriots est parvenu à garder son équipe concentrée match après match.

Même s'il utilise un festival de clichés lors de ses conférences de presse et qu'il ne semble pas l'homme le plus enthousiaste, ses méthodes fonctionnent.

Ses joueurs doivent apprécier le fait que Belichick réussit à les placer dans des confrontations avantageuses. Voilà ce que tous les joueurs recherchent, ils veulent bien paraître sur le terrain.

Évidemment, Belichick n'est pas M. Personnalité, mais ce n'est pas le charisme des entraîneurs qui vend des billets, mais bel et bien les victoires des équipes. En bout de ligne, les Pats gagnent très souvent et c'est le billet le plus recherché à Boston!

De plus, l'entraîneur des Patriots ne panique pas sur les lignes de côté de son équipe. Que sa formation perde ou gagne, il garde son calme et ça devient un message important pour ses joueurs qui perçoivent la confiance de leur entraîneur.

Coughlin à « Transformation extrême »

Du côté de Tom Coughlin, je me demande s'il n'a pas été invité à l'émission «Transformation extrême» tellement il s'est ajusté cette année. Auparavant, il dirigeait tel un militaire avec des camps d'entraînement très difficiles et il n'était pas vraiment à l'écoute de ses joueurs.

Mais Coughlin est un nouvel homme cette saison et c'est évident que le courant passe davantage avec ses joueurs. Il s'est adouci et il est plus souriant.

Cette semaine, il faisait des blagues avec les journalistes et semblait détendu. Pourquoi pensez-vous que Michael Strahan a fait la grève durant le camp d'entraînement, il savait quel genre de camp l'attendait et ça ne lui tentait pas de vivre ça.

Mais il faut donner le crédit à Coughlin qui s'est ajusté; ce fut un facteur important dans les succès des Giants.

Coughlin a également très bien géré le dernier match de la saison face aux Patriots. Il aurait pu décider de reposer ses joueurs clés. Je ne serais pas surpris que certains joueurs lui aient dit : on ne veut pas mal paraître durant le dernier match de la saison, on veut se mesurer à la meilleure équipe pour connaître notre valeur.

L'entraîneur des Giants est probablement arrivé dans la réunion avant le match en disant : «Go les gars, on les attaque, on fonce et on tente de mettre fin à leur saison parfaite».

Cette décision a augmenté le niveau de confiance de son équipe. Ce fut l'une de ses bonnes décisions et il paraît très bien dans cette histoire.

Avant avec son style militaire, l'équipe était près de la révolte.

Malgré tous ces compliments, on a pu s'apercevoir que «l'ancien» Coughlin n'est pas caché très loin. On l'a constaté quand il a enguirlandé son botteur Lawrence Tynes lorsqu'il a manqué un placement important face aux Packers…

Les impondérables

D'entrée de jeu, les Giants n'ont rien à perdre puisque la pression repose sur les Patriots qui veulent écrire une page d'histoire.

S'ils perdent le match, ce sera désastreux et perçu comme un échec.

Les Giants sont contents d'y être et ils ne sont pas supposés l'emporter. Si les Giants perdent, personne ne sera surpris alors que leur victoire serait une belle surprise.

Mais si on y songe vraiment, combien de Super Bowl les Patriots ont joué cette saison? Toutes les équipes qu'ils ont affrontées percevaient cette partie comme le test ultime, elles jouaient leur meilleur football.

Nul doute, les Patriots ont démontré qu'ils ne flanchaient pas sous la pression.

Sans oublier que les Patriots remportent haut la main le facteur expérience. Les Patriots comptent sur 20 joueurs qui ont connu l'expérience du Super Bowl comparativement à trois pour leurs adversaires.

Bien sûr, ce n'est pas l'expérience qui réussit les plaqués, les passes ou attrape les ballons. Mais cet ingrédient aide à gérer une situation de cette envergure.

Personne ne peut douter que le Super Bowl est énorme. Les joueurs ne dormiront pas beaucoup, ils seront anxieux. Pour connaître du succès, les joueurs devront doser leurs énergies. Je suis persuadé que quelques joueurs ont déjà été épuisés avant même le début du Super Bowl tellement l'adrénaline est à un niveau élevé.

Toute la routine est chamboulée pour le Super Bowl. Le spectacle d'avant-match brise le rythme de l'échauffement, les pauses publicitaires s'éternisent et le spectacle de la demie est prolongé.


L'environnement neutre du stade de l'Arizona va également favoriser les Patriots. La dernière fois qu'ils ont affronté les Giants, la foule bruyante du Giants Stadium a compliqué leur tâche. L'impact le plus grand s'est fait sentir sur les bloqueurs des Patriots qui n'entendaient pas les signaux. Quoi de plus difficile quand ils doivent freiner les excellents ailiers défensifs, Michael Strahan et Osi Umenyiora.

Le doute autour de Eli Manning

Même s'il a excellé depuis le début des éliminatoires, j'ai hâte de voir comment Eli Manning va répondre à la pression du Super Bowl.

Je ne veux rien lui enlever, mais s'il a été solide lors des derniers matchs c'est grâce au bon travail de sa défensive. Étant donné que les Giants ont concédé peu de points, Manning n'avait pas à forcer le jeu.

En préconisant du football plus conservateur, Manning peut utiliser davantage de petites passes qui sont des jeux à plus haut taux de réussite.

Sans oublier que ses unités spéciales lui ont souvent donné le ballon dans une excellente position. Le contexte est très différent quand tu dois amorcer une poussée offensive en milieu de terrain comparativement à ta ligne de 20 verges.

En somme, je considère qu'Eli Manning fait partie du plan de match des Giants alors que Tom Brady est LE plan de match des Patriots!

Le jeu du chat et de la souris

J'ai également hâte de voir la prestation d'un vétéran comme Rodney Harrison. En huit matchs éliminatoires, Harrison a réussi sept interceptions. Il a toujours le don de réussir un jeu d'impact.

Un véritable jeu du chat et de la souris va s'établir entre lui et le quart-arrière des Giants. Harrison va vouloir s'impliquer dans le front défensif, devenir le 8e joueur, afin de freiner la course des Giants. Manning sait que si Harrison s'amène il peut tenter des passes plus longues à ses receveurs éloignés qui sont en situation de un contre un.

Mais Harrison est un fin renard. Est-ce qu'il va feinter la pression ou l'inverse? Cette bataille sera très intéressante à suivre.

Le travail d'Harrison est primordial puisque les Patriots ne veulent pas se faire «passer sur le corps» tout le match par le porteur de ballon robuste Brandon Jacobs.

Évidemment, j'attends avec impatience le combat entre les receveurs des Patriots et la défensive des Giants ainsi que l'affrontement entre la ligne offensive des Patriots et celle défensive des Giants.

Ces duels s'annoncent palpitants.

L'heure des prédictions

Le Super Bowl XLII met en scène deux belles histoires. D'un côté les Patriots qui aspirent à la saison parfaite et de l'autre, la croisade des négligés qui séduit toujours plusieurs amateurs. J'espère que ces grandes attentes vont se transposer sur le terrain puisque parfois les matchs du Super Bowl nous déçoivent.

Une chose est certaine, l'action s'annonce plus enlevante que lors de la dernière présence des Giants au Super Bowl. Les Giants s'étaient inclinés 34 à 7 lors du Super Bowl XXXV. Le duel de quarts opposait Kerry Collins à Trent Dilfer…

Cette semaine, le receveur des Giants, Plaxico Burress, a osé prédire une victoire de son équipe. Ensuite, un sénateur américain a ramené dans l'actualité l'histoire d'espionnage (Spygate) des Patriots.

Tous ces facteurs me font croire que les Patriots jouissent d'un scénario idéal pour se motiver : les Patriots contre le monde entier.

Au cours des derniers jours, les Giants profitent d'une certaine faveur dans les prédictions, ce qui est un cas classique lorsqu'il y a une semaine de congé avant le Super Bowl.

La même situation s'est produite l'an dernier et on a vu le résultat. Les Bears se sont écroulés.

En observant le tout, je me dis que le scénario ne cesse de favoriser les Patriots.

Je prédis donc leur victoire au compte de 31-24.

J'en profite pour vous souhaiter un excellent Super Bowl!

Propos recueillis par Éric Leblanc