Ce qui me saute aux yeux à l'approche du deuxième tour éliminatoire de la NFL, c'est la fiche à domicile cumulée jusqu'ici par les équipes qui auront justement le luxe de jouer devant leurs partisans en fin de semaine. Ne manquez rien de l'action dans la NFL aujourd'hui, alors que RDS2 vous présente Saints-49ers et Broncos-Patriots à 16h30 et 20h avec son équipe d'experts habituelle.

Les Ravens et les Packers, qui accueilleront respectivement les Texans et les Giants, n'ont pas perdu une seule fois à la maison en saison régulière. Les 49ers et les Patriots, qui se préparent quant à eux pour les Saints et les Broncos, ont montré une fiche de 7-1 dans le confort de leur stade. Si on fait le total, on obtient un dossier cumulatif de 30-2.

Quand on sait que la semaine dernière, les quatre équipes qui jouaient à domicile - Houston, La Nouvelle-Orléans, New York et Denver - sont parvenues à passer au tour suivant, on peut dresser un portrait plutôt alarmant pour les équipes visiteuses qui souhaitent poursuivre leur parcours ce week-end.

Sauf que...! Il faut remonter à 2004 pour recenser la dernière fois où les deux équipes les mieux semées dans chaque association, celles qui avaient obtenu un laissez-passer au premier tour éliminatoire, ont composé le carré d'as de la NFL en janvier. Alors quand on parle de l'avantage du terrain, l'histoire nous conseille de ne pas nous laisser aveugler par les chiffres récents, puisqu'ils ne sont visiblement pas garants de succès au point où nous en sommes dans la saison.

Vous êtes curieux de savoir de quel côté me font pencher les chiffres en fin de semaine? Voici tout d'abord mon analyse des deux matchs qui seront présentés samedi. Le portrait des affrontements de dimanche est dressé dans cet autre texte.

SAINTS c. 49ERS (samedi, 16h30, RDS2)

Il est bon de se rappeler que ces deux équipes se sont affrontées au début de la saison 2010 sur la pelouse du Candlestick Park. À l'époque, les 49ers montraient peu de signe d'une équipe qui allait décrocher une fiche de 13-3 un an plus tard, mais les Saints avaient dû réussir trois placements au quatrième quart, dont un sur le tout dernier jeu du match, pour l'emporter 25-22.

Je crois que toute discussion à propos des Saints doit débuter par un élément qui est, à mes yeux, loin d'être négligeable : c'est une équipe de dôme, une équipe qui est habituée de jouer à l'intérieur.

Les Saints ont joué douze de leurs 17 matchs sous un toit cette saison. Leur fiche : onze victoires, une défaite. Pointage moyen : 38,6 points marqués contre 20,4 points accordés par match. Ratio de revirements : +3.

L'échantillon opposé, bien que plus modeste, n'en est pas moins révélateur. En cinq matchs à l'extérieur, les Saints ont subi deux défaites, marqué une moyenne de 25,8 points et n'en ont concédé 24,4. Et la donnée qui, pour moi, est le plus accrocheur, est leur ratio de revirements de -6.

Les Saints mettent sur le terrain une offensive très agressive, constamment en quête du gros jeu et prête à prendre les risques nécessaires pour l'obtenir. Sean Payton n'a pas peur de commander des jeux risqués et vous ne trouverez pas beaucoup de quarts-arrières qui ont davantage confiance en leurs receveurs de passes - et en leurs propres moyens - que Drew Brees. Alors disons qu'il se gêne rarement pour tenter d'enfiler l'aiguille.

La récompense est souvent élevée, mais cette philosophie est bien sûr une arme à double tranchants. Combien d'interceptions les joueurs des Lions de Detroit ont-ils laissé leur filer entre les doigts la semaine dernière? Je pense que les 49ers, si le même genre d'occasion se présente, seront assurément plus opportunistes. Mes arguments : le nombre de revirements qu'ils ont provoqués en saison régulière (38) et leur ratio de +28, deux sommets dans la NFL.

On résume? Les Saints sont victimes d'un nombre de revirements plus élevé à l'étranger et se préparent à rendre visite à l'équipe qui en provoque le plus dans le circuit. Voilà là, à mon avis, un avantage très intéressant du côté des 49ers et force est de constater que la défensive de San Francisco possède des atouts qui pourraient, de façon réaliste, lui permettre de mettre du sable dans l'engrenage de la grosse machine des Saints.

On parle souvent des prouesses et des records de Brees, mais on a tendance à oublier que le succès de l'attaque aérienne des Saints trouve sa source dans l'efficacité de son jeu au sol. Contre les Lions, Brees a pu profiter de la dynamique du play action (feinte de course suivie d'une passe) grâce aux 167 verges récoltées par Darren Sproles et compagnie. Il s'agit d'un élément essentiel dans la réussite de leur plan de match. La mauvaise nouvelle pour les Saints, c'est qu'ils se préparent à affronter la meilleure défensive de la NFL contre le jeu au sol, une unité qui n'a concédé que 77 verges par match et une moyenne de 3,5 verges par course à l'adversaire.

Les Saints aiment aussi se servir de toute la largeur du terrain pour peupler la ligne de mêlée de receveurs de passes et Brees excelle pour dénicher ses cibles de prédilections si jamais l'adversaire décide de répondre en envoyant la cavalerie sous forme de blitz. L'avantage que détiennent ici les 49ers, c'est qu'ils ont prouvé qu'ils étaient capables d'appliquer une pression constante en envoyant seulement quatre joueurs à la chasse de façon à pouvoir en garder sept à l'arrière en couverture de passes. La plus belle preuve, c'est que 36 de leurs 42 sacs du quarts ont été réussis par leurs joueurs de ligne et j'inclus ici les 14 sacs du secondeur recrue Aldon Smith, qui s'aligne comme ailier défensif à droite dans les situations où il est utilisé.

Sans compter que les joueurs des 49ers ratent très peu de plaqués et accordent donc rarement des gains additionnels après les attrapés, un autre aspect du jeu qui fait la force des Saints.

Toujours pas convaincus? Je pourrais vous parler des trois derniers matchs que les Niners ont disputé à domicile, au cours desquels ils ont alloué, tenez-vous bien, un grand total de dix points. Sept points contre l'Arizona, blanchissage contre St. Louis et trois points contre Pittsburgh.

Comment? Il n'y a rien d'impressionnant à tenir les Rams en échec? Ah bon! Laissez-moi dans ce cas vous rappeler que ces mêmes Rams ont battu les Saints 31-21 en milieu de saison. Je dis ça comme ça!

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En attaque, les 49ers ne sont pas très subtils : ils veulent courir et ont besoin de courir. Face à ce constat, il est bon de noter que les Saints possèdent l'une des pires défensives contre le jeu au sol. Si vous gardez le ballon au sol contre eux, les probabilités veulent que vous obteniez une moyenne de cinq verges par course.

C'est une faiblesse qui est camouflée, si on peut dire, parce que l'attaque des Saints force généralement l'adversaire à jouer du football de rattrapage et à abandonner le jeu au sol assez tôt dans la partie. Toutefois, comme je m'attends à ce que le match soit chaudement disputé, je crois que les Niners seront capables de respecter leur engagement envers le jeu au sol.

Et quand vient le temps d'attaquer le quart adverse, il faut admettre que les Saints ont des ennuis. Ils n'ont réussi que 33 sacs en saison régulière et si vous prenez le temps d'analyser l'origine de ces sacs, vous constaterez qu'ils ont été l'œuvre de 15 joueurs différents. J'en conclus qu'il n'y a pas de joueur dominant au sein de leur unité, un pilier qui peut gagner les 1-contre-1 de façon régulière.

Pour se rendre au quart adverse, le coordonnateur de la défensive, Gregg Williams, doit donc user d'imagination pour envoyer de la pression en créant toutes sortes de surnombres pour semer la confusion dans la ligne à l'attaque. La tactique, si elle ne porte pas fruits, expose dangereusement les membres de la tertiaire, qui doivent alors se débrouiller seuls avec leurs problèmes. Aucune équipe n'a accordé plus de jeux de plus de 40 verges que les Saints en saison régulière.

Ça ne veut évidemment pas dire que les 49ers sont sortis du bois. L'éventail de blitz dans le livre de jeux des Saints peut être dévastateur si vous n'êtes pas prêts à y faire face. Mais deux facteurs me font croire que la troupe de Jim Harbaugh est prête à faire face à la musique.

Jonathan Goodwin, le centre de la ligne à l'attaque, a gagné le Super Bowl avec les Saints en 2009. Sa contribution dans la préparation du plan de match et dans la communication sur le terrain sera assurément appréciée. Et Frank Gore, surtout reconnu pour ses habiletés dans le transport de l'objet ovale, est également excellent dans la protection. Il sera un élément crucial du rempart que les 49ers voudront ériger devant Alex Smith.

Alex Smith... vous n'y croyez toujours pas, hein? Mais saviez-vous que le mal-aimé quart-arrière avait été victime de presque trois fois moins d'interceptions que Drew Brees (5 contre 14) cette saison? Aaaah, mais je dois vous donnez raison ici, chers amateurs, je fais parler les chiffres à mon avantage! L'information n'est pas complète tant qu'on n'a pas précisé que Brees a complété plus de passes (468) que Smith en a tenté (446). Vous avez bien lu!

Mais blague à part, on peut quand même se servir de cette donnée pour brosser le vrai portrait des 49ers. C'est une équipe dominante en défensive qui compte sur une attaque capable d'aller chercher un gros jeu, mais qui met surtout l'accent sur la protection du ballon.

Drew Brees est sans contredit le joueur le plus dominant dans cet affrontement. Les 49ers voudront donc qu'il ait le ballon dans ses mains le moins souvent possible - que ce soit en créant des revirements ou en gardant leur propre attaque sur le terrain - et je crois qu'ils ont tous les outils pour y parvenir.

Prédiction : 49ers 26, Saints 24

BRONCOS c. PATRIOTS, samedi, 20h, RDS2

Un autre affrontement entre deux équipes qui se sont affrontées récemment. Lors de la semaine numéro 15, les Patriots l'avaient emporté 41-23, mais je me souviens surtout du départ canon qu'avait connu les Broncos. Ils menaient 16-7 avant de commettre trois échappés qui ont permis aux Pats de marquer 20 points au deuxième quart.

Tom Brady avait connu un excellent match et la défensive des Broncos n'avait trouvé aucune réponse pour arrêter les deux ailiers rapprochés des Pats. Rob Gronkowski avait été un peu plus tranquille, mais Aaron Hernandez avait connu son meilleur match en carrière avec neuf attrapés pour des gains de 129 verges et un touché.

Un mois plus tard, le problème reste intact pour les Broncos, qui n'ont probablement pas la profondeur et l'expérience nécessaire à la position de maraudeur pour faire face à ces deux monstres.

Même s'ils s'étaient bien défendus, les Broncos avaient terminé le match avec un différentiel de -3 au chapitre des revirements. C'est d'ailleurs une fâcheuse tendance qui les a hantés pendant toute la saison, qu'ils ont conclue avec un ratio de -12. Contre une équipe comme les Patriots, qui en ont affiché un de +17, ça ne regarde pas bien.

Dans les circonstances, Tim Tebow n'avait quand même pas mal fait à son baptême contre la formation dirigée par Bill Belichick. Il avait complété 50 % de ses passes, généré des gains aériens de 194 verges et avait lui-même marqué deux touchés par la course. Il avait aussi été victime de deux échappés, dont un recouvert par les Pats. Bref, une performance correcte.

Une conclusion que les Patriots peuvent tirer à propos de Tebow en étudiant les vidéos de la victoire des Broncos sur les Steelers de Pittsburgh la semaine dernière, c'est que le populaire quart recrue est capable de battre une couverture homme à homme, un constat qu'il était jusque-là impossible de soulever.

Les joueurs des Steelers semblaient abasourdis après leur élimination. Tout au long de l'élaboration de leur plan de match, ils n'avaient jamais vu Tebow décrypter avec succès une défensive homme à homme. Le jeune était imprécis et ne comptait pas sur un groupe de receveurs très expérimenté. Si les Chiefs de Kansas City avaient réussi à le faire mal paraître à deux reprises, quelles étaient ses chances, vraiment, contre le rideau d'acier des dangereux Steelers?

On a donc décidé de négliger les zones profondes et d'amener l'artillerie dans le front défensif en laissant les demis de coin sur une île avec les receveurs. Bilan de l'expérience : les Steelers, qui avaient alloué seulement six passes de plus de 30 verges en saison régulière, en ont concédé cinq dimanche dernier. Sur les 316 verges amassées par Tebow, 204 ont été courues par Demaryius Thomas.

Difficile de comprendre pourquoi les Steelers, soudainement dépouillés de leur identité, n'ont jamais apporté d'ajustements en cours de partie. C'est quand même incroyable, quand on y pense : c'est Tim Tebow qui est entré dans la tête de Dick Lebeau et non l'inverse.

Tout ça pour dire que je ne pense pas que Belichick va tomber dans ce piège. Les Patriots devraient conserver un certain équilibre et montrer plus de discipline contre le fameux jeu d'option qui a complètement mystifié les secondeurs des Steelers par moments.

Et si j'étais dans les souliers de Belichick, mon premier appel serait fait à mon bon ami Romeo Crennel, qui était responsable de la défensive des Chiefs cette saison. C'est contre eux que Tebow a connu ses deux pires matchs de l'année : 2-en-8 pour 69 verges et 6-en-22 pour 60 verges!

À noter : les Patriots ont perdu leurs deux derniers matchs éliminatoires à domicile. En 2009, ils avaient battu les Ravens en saison régulière avant de se faire surprendre en décembre au Gillette Stadium. Puis l'année suivante, après avoir lessivé les Jets lors de la semaine 13, ils se sont fait remettre la monnaie de leur pièce au premier tour éliminatoire.

Aussi, ils ont pris la mauvaise habitude de connaître de lents débuts de rencontres en fin de saison. Ils perdaient 17-0 contre Miami avant de renverser la vapeur. Ils tiraient de l'arrière 21-0 contre Buffalo, mais l'ont quand même emporté. Je soulève cette réalité parce que je me demande ce qui arrivera si jamais les Broncos, qui arriveront à Foxboro avec l'argent du casino, se retrouvent dans le siège du conducteur après les premiers échanges de coups.

Il ne faut pas oublier que Denver est un peu la bête noire de Belichick, qui montre une fiche de 4-10 en carrière, et 0-2 en éliminatoires, contre les Broncos.

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S'il y a bien une équipe qui connaît, exploite et étire tous les règlements, c'est bien les Patriots. C'est pourquoi je ne suis pas surpris de les voir intégrer Josh McDaniels, qui prendra les rênes de l'attaque l'an prochain, à leur personnel d'instructeurs dès maintenant.

McDaniels, qui a été le coordonnateur offensif des Pats de 2001 à 2008 et qui occupait récemment les mêmes fonctions pour les Rams de St. Louis, a récemment été réembauché en Nouvelle-Angleterre à la suite du départ de Bill O'Brien pour Penn State. Mais au lieu d'attendre à l'été prochain pour prendre possession de son nouveau bureau, il est déjà arrivé dans l'entourage de l'équipe pour donner un coup de main.

La situation semble déranger plusieurs personnes, mais je me demande sincèrement à quel point les Patriots - qui ne violent d'ailleurs aucun règlement en agissant ainsi - peuvent en soutirer un avantage concret.

C'est vrai que McDaniels est le cerveau derrière la sélection de Tebow et de Thomas avec les Broncos, qu'il a dirigés en 2009 et 2010. Mais à l'époque où il tirait les ficelles à Denver, c'est Kyle Orton qui était le général de l'attaque sur le terrain. Le livre de jeux a certainement changé avec le temps. Jusqu'à quel point les connaissances de McDaniels peuvent servir aux Patriots aujourd'hui? Je me le demande.

Où les Patriots sont gagnants, c'est qu'en temps normal, ils devraient présentement se préparer pour les Broncos avec un coordonnateur offensif qui a un peu la tête ailleurs. O'Brien, bien qu'il soit tenu de terminer son mandat avec les Pats, doit aussi penser à sa prochaine mission à Penn State. Il doit trouver des adjoints et recruter des joueurs pour sa future équipe tout en pensant au championnat de section de la NFL. N'oubliez pas qu'il n'y a que 24 heures dans une journée!

McDaniels, lui, connaît déjà très bien les façons de faire, le système et les joueurs des Patriots. Il est là, pour moi, le positif que cette équipe peut retirer de la situation.

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Tom Brady n'a pas beaucoup de faiblesse, mais s'il en a une, c'est sa mobilité. Quand il commence à courir et sortir de sa zone de protection, il perd en efficacité. Le but est donc de lui compliquer la tâche en le forçant à se déplacer, mais voilà un objectif qui est plus facile à identifier qu'à atteindre! Brady a tenté 612 passes cette saison, mais n'a été plaqué que 32 fois derrière sa ligne de mêlée.

En 2009, les Ravens avaient brassé Brady sans retenue. En 2010, les Jets avaient plutôt opté pour une pression à trois pour créer du chaos dans les zones intermédiaires et profondes. Deux recettes complètement différentes. Deux recettes qui ont fonctionné.

Peut-être que les Broncos s'inspireront de ceux qui ont réussi avant eux pour tenter de trouver la solution au problème auquel ils font face. Peu importe, je doute qu'ils réussissent.

Prédiction : Patriots 30, Broncos 17

Propos recueillis par Nicolas Landry.