La carrière du Valdorien Miguel Robédé n’a pas été de tout repos. De Val-d’Or, à Miami, à Calgary, le joueur de ligne a également passé par toute la gamme des émotions depuis ses débuts professionnels.

En 2008, Robédé soulevait la Coupe Grey au Stade Olympique, après une brillante victoire contre les Alouettes. Un an plus tard, Robédé a vu sa saison prendre fin abruptement en finale de l’Ouest, contre les Roughriders de la Saskatchewan.

« C’est toujours plus excitant lorsque c’est un match sans lendemain. Je ne cherche pas d’excuse, mais il faut dire qu’ils (Roughriders) ont eu une semaine de congé, alors qu’on a dû disputer un match de demi-finale, avoue Robédé au bout du fil. J’étais nerveux mais c’était correct. »

Le joueur de ligne était évidemment très frustré au terme de cette défaite subie aux mains des Riders, et il n’a pas hésité à y aller d’une déclaration croustillante : « I fu**ing hate to loose ».

Déçu pour lui, oui, mais déçu également pour ses coéquipiers qui n’ont pas eu la chance, comme lui, de célébrer Grey l’an dernier :

« C’est dommage, surtout pour ceux qui sont là depuis longtemps et qui n’ont pas encore eu la chance de remporter la Coupe Grey ».

Et qu’a-t-il pensé du match ultime, opposant les Alouettes aux Roughriders il y a un mois?

« Personnellement, je savais que les Alouettes avaient de très bonne chance de l’emporter, mais les Riders leur ont tenu tête. Il faut donner le crédit aux Alouettes pour leur belle remontée en deuxième mi-temps. »

Un peu comme les joueurs des Riders, Robédé a lui aussi déjà vécu une fin dramatique qui n’a pas joué en sa faveur.

« C’était en demi-finale de l’Ouest contre la Saskatchewan en 2006. On a voulu effectuer un botté court mais l’un de nos joueurs a commis un hors-jeu, c’était vraiment frustrant », se souvient Robédé.

C’est justement en 2006 qu’a commencée la carrière de Robédé dans la Ligue canadienne de football, lui qui avait été le premier joueur sélectionné au repêchage de 2005.

Depuis ce temps, Robédé passe la majorité du temps à Calgary en compagnie de son bon ami Randy Chevrier. Les deux joueurs habitent sous le même toit durant la saison.

Lorsqu’il est au Québec, Robédé passe ses journées dans sa maison à St-Joseph-de-Beauce, un endroit moins urbain que la ville de Québec qui lui rappelle son Abitibi natal.

Robédé habite en Beauce avec son amie de cœur qu’il a connue au secondaire, mais les deux tourtereaux ne sont ensemble que depuis deux ans. Ils s’envoleront pour l’Europe au cours des prochains jours pour un périple de trois semaines. Ils iront notamment au Pays basque, terre d’origine de son père.

Entraînement intensif

Après des vacances de l’autre côté de l’Atlantique, Robédé reviendra en Amérique afin de s’entraîner le mieux possible en vue de la prochaine saison.

« Je vais aller m’entraîner à Miami avec les gars de l’université. J’aime bien suivre un entraînement comme ceux des hommes forts qui font des compétitions, que ce soit avec les gros pneus de tracteurs, la brouette ou la bûche, affirme le gaillard de 6 pieds 4 pouces et 284 livres. J’aime bien ce genre d’entraînement. »

Mais pour s’entraîner autant, il faut avoir de l’énergie à dépenser. C’est pourquoi Robédé englouti énormément de calories avant de mettre ses muscles à l’épreuve.

« Trois toasts avec du creton, deux œufs, un fruit, du bacon, des patates, ça dépend des jours. Je bois aussi des shakes entre les entraînements. Parfois, je mange trois bons repas avant l’heure du midi », explique celui qui n’est pas un grand amateur de sieste.

Dans sa préparation en vue des matchs, Robédé compte bien sûr sur son entraînement mais également sur la méditation.

« J’écoute de la musique intense, je me ferme les yeux et je m’étends dans mon lit. Ça me permet de bien me concentrer et visualiser ce qui s’en vient… mais il ne faut pas que je m’endorme », déclare en riant le sympathique joueur de ligne.

Une aventure à oublier aux États-Unis

Miguel Robédé a eu l’occasion de voyager énormément depuis le début de sa carrière. Parti de Val-d’Or après avoir complété sa troisième année de secondaire à l’école Percival (école pour anglophones), Robédé s’est également établi à Miami, à Québec puis à Calgary.

Entre temps, le Valdorien a terminé son secondaire en Estrie, au Bishop College School de Sherbrooke. C’est à cet endroit qu’il a véritablement développer sa passion pour le football.

« J’ai pogné la piqûre, comme on dit. On était seulement une petite ligue à trois équipes. On allait parfois jouer aux États-Unis et c’est en voyant le gabarit des joueurs américains que j’ai sérieusement commencé à m’entraîner. »

L’entraînement fait partie du quotidien d’un athlète. Le parcours de Robédé s’est poursuivi à Trois-Rivières lors de la phase collégiale.

« Je jouais toujours avec deux bons amis, Carl Gourgues et Jean-Michel Paquette, quand je suis arrivé à Trois-Rivières. On voyait la différence lors de nos entraînements et ça nous motivait à se tenir en forme plus que jamais », affirme celui qui a aussi passé une session en tant que membre des Spartiates du Cégep du Vieux-Montréal.

Robédé a par la suite quitté pour l’Université de Miami. Il a fait partie de l’une des plus fortes équipes qu’ait connues le football universitaire américain, couronnant le tout par une victoire au championnat national le 3 janvier 2002, l’emportant 37–14 sur Nebraska.

Une équipe forte, vous dites? Lorsque votre troisième porteur de ballon porte le nom de Willis McGahee, actuellement avec les Ravens de Baltimore, ça en dit long.

Devant McGahee, on y retrouvait Clinton Portis (Redskins de Washington) et Frank Gore (49ers de San Francisco), deux autres joueurs qui n’ont plus besoin de présentation.

Toujours à l’attaque, Andre Johnson (Texans de Houston) était le meilleur receveur, alors que Jeremy Shockey (Saints de La Nouvelle-Orléans) était l’ailier rapproché partant. Le tout était mené par le quart Ken Dorsey, un double-finaliste au trophée Heisman (joueur par excellence de la NCAA).

En défense, on y retrouvait notamment D.J. Williams (Broncos de Denver) et Jonathan Vilma (Saints de La Nouvelle-Orléans) comme secondeurs, et le dangereux Ed Reed (Ravens de Baltimore) à la position de maraudeur. Une équipe du tonnerre!

Quand on voit tous ces noms, il est logique de penser que Robédé aurait peut-être eu sa chance dans la NFL. Une déception? Sa réponse a de quoi surprendre.

« J’ai été déçu d’avoir été là-bas trop tôt, c’était un manque de jugement de ma part. J’étais pas mal bad boy et mes problèmes de comportement ont finalement mis fin à ma liaison avec Miami. »

« J’aurais pu aller à d’autres endroits aux États-Unis, mais il aurait fallu que j’attendre, j’ai alors décidé de revenir au Québec. J’ai été avec le Rouge et Or de l’Université Laval », indique le détenteur d’un baccalauréat multidisciplinaire.

Robédé a connu de très beaux moments en tant que membre du Rouge et Or, remportant la Coupe Vanier à deux occasions, avant de quitter pour Calgary.

Le Rouge et Or s’est finalement incliné à la Coupe Mitchell contre les Gaels de l’Université Queen’s, le 21 novembre dernier, à une partie de la rencontre ultime. Une déception qui n’a pas passé sous les yeux de Robédé.

« Ah, c’était vraiment décevant, lâche Robédé en soupirant. Mais je me rappelle que les officiels ont raté une pénalité sur un troisième essai avec une verge à faire. Le centre de Queen’s a bougé le ballon, avant d’effectuer la remise deux secondes plus tard. Ils auraient dû écoper d’une pénalité, ce qui les aurait forcés à dégager et remettre le ballon au Rouge et Or. »

De joueur de ligne à goon au hockey?

Robédé ne cache pas que le hockey est un sport qu’il aime bien et qu’il pratique à l’occasion, après y avoir joué dans des ligues organisées pendant 10 ans.

« L’hiver, j’ai le temps de jouer une fois par semaine, c’est du hockey sans contact, une chance pour ceux qui jouent avec moi, lance avec humour celui qui a aussi expérimenté le rugby. J’aurais aimé ça être comme Georges Laraque, un vrai goon Je ferais juste tomber de plus haut, par rapport aux autres. »

Sinon, Robédé confirme aussi qu’il est un « gars de bois » et qu’un emploi dans ce domaine l’aurait certainement intéressé. Il se paie d’ailleurs un gros voyage de pêche avec son père une fois par année.

« L’Abitibi me manque des fois, mais maintenant je suis en Beauce (St-Joseph-de-Beauce) et j’ai quelques projets en tête pour ici. Je m’ennuie surtout de l’ambiance qui régnait dans le Nord », avoue Robédé, dont les parents habitent encore à Val-d’Or.