JACKSONVILLE (PC) - Samson et Dalila, Monroe et DiMaggio, Jagger et Richards, John et Jackie, Batman et Robin: l'Histoire, petite ou grande, politique ou culturelle, est farcie de duos célèbres.

Au football, on pense d'emblée à des combinaisons comme celles formées par Joe Montana et Jerry Rice ainsi que Jack Lambert et Jack Ham. A Philadelphie, ce n'est toutefois pas celle - spectaculaire et prévisible - entre Donovan McNabb et le receveur de passes Terrell Owens qui est la plus importante, mais bien celle qui lie le quart des Eagles et son joueur de centre, Hank Fraley.

L'impact de ce duo est bien peu éclatant en regard de ceux nommés plus haut, mais il est peut-être le plus cimenté du lot. Aucun divorce à l'horizon. Depuis qu'il a été acquis des Eagles via le ballottage en l'an 2000, Fraley est devenu le centre de McNabb et l'un des piliers de la ligne à l'attaque.

A six pieds deux pouces et 300 livres, il n'est pas le plus gros bonhomme à jouer à sa position. Rencontré lors du point de presse des Eagles, mercredi matin, il avait presque l'air chétif à côté de son compagnon de jeu, Jermane Mayberry, un colosse de six pieds quatre pouces qui semble bien plus lourd que les 325 livres mentionnées dans le guide de presse de l'équipe. Mais personne n'est dupe, deux journalistes sur trois venaient rencontrer Fraley, l'homme de fer devant McNabb.

"Nous avons une relation très proche, explique McNabb. Chaque mercredi et jeudi, nous regardons une foule de films portant sur nos adversaires. La discussion se poursuit ensuite au restaurant. Il est quelqu'un qui accorde de l'importance à tous les détails. Cette semaine, on va devoir débourser un peu plus d'argent par contre, car il y a beaucoup de restaurants dans le coin et les gars de la ligne à l'attaque ont un énorme appétit."

Fraley, originaire du Maryland, sait à quel point son jeu et celui de ses coéquipiers va être déterminant lors du match de dimanche, ce qui l'excite au plus haut point.

"Je crois que nous avons aussi hâte de nous mesurer à la ligne défensive des Patriots qu'ils ont hâte de nous affronter", dit-il, admettant craindre plus les blitz collectifs que les affrontements à un contre un.

"Je suis du genre tenace. Je sais que ça va être dur face à leur première ligne, mais je sais aussi que je peux tenir le coup la plupart du temps, peu importe qui va me foncer dessus. Le blitz, c'est plus ardu. Les Patriots sont les spécialistes pour surprendre l'adversaire avec des schémas rarement vus. Ils tentent justement de déstabiliser le joueur de centre. Par contre, s'ils tentent trop de blitz, Donovan est le genre de quart qui va les brûler, car ils vont laisser durant quelques secondes une zone sans protection pour nos receveurs."

McNabb, en dépit du fait qu'il n'aime pas être désigné comme un quart qui court, peut se sauver à toutes jambes s'il le faut. Curieusement, ça complique plutôt la tâche de Fraley, Mayberry et leurs coéquipiers.

"Tu sais toujours où se trouve un quart qui aime demeurer dans la poche protectrice, note Fraley. Mais quand il court, ça oblige les joueurs de ligne à courir aussi. Le fameux jeu de cette année, contre Dallas, quand Donovan a échappé à une foule de plaqués avant de compléter une passe à Freddie (Mitchell), ça nous a épuisés. Nous avons tous fait au moins cinq blocs là-dessus (grand rire). Il a dû demander un temps d'arrêt pour que l'on reprenne notre souffle."

McNabb est le premier à admettre que ses succès à l'attaque sont tributaires de la qualité de jeu de ses collègues.

"On devrait leur acheter des chandails avec l'inscription "Meet the Blokers" afin qu'ils attirent plus l'attention."

Malgré le fait que Fraley a signé une prolongation de contrat de cinq ans en 2002, le salaire de McNabb est nettement supérieur au sien. Donc, qui paie la bouffe au restaurant?

" Je paie le mercredi et il paie le jeudi", confirme Fraley.

Ça, c'est de l'esprit d'équipe.