COLLABORATION SPÉCIALE

Une semaine après qu’il ait fait la pluie et le beau temps face aux Ravens de Baltimore dans un duel de division crucial, Joe Burrow n’avait pas l'intention de s’arrêter là.

Électrisant pour un deuxième match consécutif en compagnie du receveur Ja’Marr Chase, Burrow a laissé sa carte de visite aux Chiefs de Kansas City, mettant fin à la série de huit victoires des finalistes du dernier Super Bowl.

Après sa récolte monstrueuse de 525 verges contre Baltimore, le quart vedette de Cincy a enchaîné avec un après-midi de 446 verges aériennes. À ses deux plus récents départs, il compte donc 971 verges de gains, huit passes de touché, un pourcentage de passes complétées de 78,7 %, le tout sans avoir été victime de la moindre interception. 

Burrow offre à son équipe le meilleur rendement de ses deux saisons dans la NFL au moment où cela compte le plus, et il en résulte que les Bengals sont les champions de la division Nord de l’Américaine pour la première fois depuis 2015.

Son équipe n’a pas fait preuve d’une grande constance d’une sortie à l’autre dans cette saison 2021, mais le no 9 a sorti l’artillerie lourde dans le dernier droit pour transporter ses coéquipiers jusqu’à la ligne d’arrivée. C’était l’une des raisons pour lesquelles on l’avait réclamé avec le tout premier choix l’an dernier : Burrow a la réputation d’être un gagnant, lui qui avait tout dominé à sa dernière campagne à LSU. Doté d’un leadership naturel, il est le genre d’athlète autour duquel ses coéquipiers gravitent, et c’est un changement de culture qui est le bienvenu pour l’équipe de l’Ohio.

C’est Burrow qui avait plaidé durant l’entre-saison pour que l’état-major sélectionne Chase avec le 5e choix au total du repêchage de 2021. Ce plaidoyer n’avait pas été accueilli avec grand enthousiasme - alors que certains croyaient qu’un ajout à la ligne offensive devait être la priorité - mais 17 matchs plus tard dans la saison recrue du jeune receveur, force est de constater que les Bengals ne se sont pas trompées. Auteur cette saison de la meilleure performance de l’histoire par un joueur de première année à sa position, Chase appartient déjà à l’élite des ailiers espacés de la NFL.

Burrow et Chase avaient bâti une chimie remarquable dans les rangs collégiaux, et celle-ci a mis très peu de temps à se transposer dans le circuit Goodell. 

Cela étant dit, si je reviens au duel entre les Bengals et les Chiefs, je m’explique encore mal pourquoi ces derniers se sont entêtés à privilégier la couverture homme à homme - une faiblesse des Chiefs - contre un jeu aérien qui, visiblement, est tout feu tout flamme. Cette tactique a permis à Chase d’exposer à répétition les demis défensifs des Chiefs, que ce soit Charvarius Ward ou Rashad Fenton. Le vétéran coordonnateur défensif Steve Spagnuolo est loin d’être sans reproche pour les choix stratégiques effectués dans cette rencontre.

Les Bengals s’en sortent donc avec une précieuse victoire acquise non sans avoir fait preuve de beaucoup d’audace... et presque trop d’audace. Le travail des officiels n’a certainement pas nui à la cause de la troupe de Zac Taylor en fin de rencontre, mais ce n’est qu’une variable dans l’équation. Cincinnati ne l'a pas volée, cette victoire qui donnera assurément une dose de confiance supplémentaire aux joueurs.

Ça semble facile pour les Packers

Les Packers de Green Bay se sont assurés dimanche, en malmenant les Vikings du Minnesota, d’engranger une 13e victoire pour une troisième campagne d’affilée. C’est un autre titre de section pour Aaron Rodgers et sa bande, et à ce point-ci, la phrase que l’on garde en tête dans leur cas est « le Super Bowl ou rien » avec une formule qui semble fonctionner contre à peu près tous les types d’adversaires potentiels.

D’une part, la combinaison Rodgers-Davante Adams n’a jamais rayonné aussi fort qu’elle le fait présentement. C’est magique de voir ces deux amis travaillent ensemble sur un terrain de football; c’est comme s’ils partageaient un cerveau tellement le synchronisme est toujours impeccable. La précision du bras du no 12 des Packers, les mains sûres et les tracés du no 17, c’est franchement impressionnant. On vient de d'encenser Burrow et Chase, et il y a la paire Patrick Mahomes-Tyreek Hill qui est fabuleuse, elle aussi. Mais je crois sincèrement que Rodgers et Adams sont dans une classe à part cette saison.

Avec la présence de Marques Valdez-Scantling et d’Allen Lazard, le jeu aérien des Packers peut faire du dommage. Toutefois, ils ne sont pas unidimensionnels, et c’est ce qui les rend dangereux en attaque. Leur « one-two punch » dans le champ-arrière formé d’Aaron Jones et A.J. Dillon est extrêmement difficile à enrayer, et ce sont d’ailleurs ces deux joueurs qui ont pavé la voie vers la victoire de 37-10 contre le Minnesota.

Ce n’est pas la première fois que Green Bay mise sur un bon duo de porteurs de ballon, mais celui-là est une coche au-dessus de ceux qui les ont précédés. Jones excelle sur les courses à l’extérieur en plus d’être une menace à surveiller dans le jeu de passes, tandis que Dillon obtient des morceaux de terrain en courant entre les bloqueurs. En janvier plus que dans n’importe quel autre mois de la saison, c’est essentiel de pouvoir compter sur des demis offensifs aux habiletés complémentaires. Les Packers ont ce luxe et encore davantage.

Finalement, du côté défensif, on arrive à générer suffisamment de pression sur les quarts-arrières adverses avec la présence des secondeurs De’Vondre Campbell et Krys Barnes, tandis que la ligne défensive fait le travail contre le jeu au sol également. Et à travers cela, sont revenus de blessures des joueurs importants dont le demi de coin étoile Jaire Alexander.

C’est une équipe que j’ai très hâte de voir jouer en éliminatoires. Ce sera intéressant de voir si elle fera un bon bout de chemin tel qu’on lui prédit, surtout que cela fait deux années d’affilée qu’elle subit la défaite en finale d’association.

Retour sur la saga AB chez les Bucs

Je ne serai pas le premier à me prononcer sur cette situation. Deux jours après le départ fracassant d’Antonio Brown vers le vestiaire de son club au beau milieu d'un match, on peut dire que le receveur de passes au caractère bouillant a fait couler beaucoup d’encre.

D’une part, force est d’admettre que c’est plutôt inusité comme événement. La dernière fois que quelque chose de moindrement semblable s’était produit, c’était en 2018 lorsque Vontae Davis avait décidé qu’il prenait sa retraite à la mi-temps d’un match de son équipe à l'époque, les Bills de Buffalo.

D’autre part, on constate que les circonstances entourant cette sortie fracassante de Brown sont encore nébuleuses. L’entraîneur-chef des Buccaneers de Tampa Bay Bruce Arians a commenté la situation, mais en restant tout de même évasif.

J’ai trouvé intéressant, voire même réconfortant, que bon nombre de gens aient fait remarquer que Brown avait été aux prises avec des problèmes de santé mentale. En ce sens, je ne pourrais être plus d’accord : il y a certainement une composante de santé mentale à cette histoire, et il est impératif de ne pas la négliger. 

D’un autre côté, il est impossible de tout mettre sur le dos d’ennuis de santé mentale et excuser le geste, d’autant plus que c’est un agissement inapproprié parmi tant d’autres pour l’athlète de 33 ans. Depuis le début de sa carrière, il nous a fourni plusieurs indices permettant de croire qu’il n’est pas le meilleur individu qui soit, alors qu’il a multiplié les comportements répréhensibles. On parle d’agression sexuelle, de vol, de voies de fait, de refus d’honorer le contrat d’employés après l’embauche, ce à quoi on peut ajouter son caractère exécrable envers des coéquipiers.

Je suis content qu’on prenne une pause pour souligner l’hypothèse que Brown puisse avoir besoin d’aide et que celle-ci pourrait l’aider dans son cheminement. Mais ceci ne devrait pas en soi nous empêcher de dresser le portrait d’un athlète ayant fait la preuve plusieurs fois qu’il n’est pas une bonne personne. En ce qui me concerne, Brown a un pied dans chacune de ces deux catégories.

Une équipe sans cesse sous-estimée

Pour une variété de raisons, il semble que les Titans du Tennessee aient de la difficulté à obtenir la reconnaissance qui leur revient pour la saison sensationnelle qu’ils sont en train de connaître.

Dirigés d’une main de maître par Mike Vrabel, les Titans ont continué d’accumuler les victoires malgré l’ajout à la liste des blessés de plusieurs joueurs clés. En ajoutant des joueurs et en ajustant le plan de match, ils ont su répondre de brillante façon à l’adversité pour performer à un haut niveau.

Le Tennessee forme une équipe qui se bat sans relâche et qui déploie beaucoup d’intensité jeu après jeu. C’est le front défensif qui donne le ton, et justement, je trouve que c’est l’une des unités dont on ne parle pas suffisamment dans la NFL. Ça part de Jeffery Simmons mais il est loin d’être seul; on est capables d’exercer une pression soutenue sur les quarts, tandis que la tertiaire est opportuniste.

À l’attaque, l’identité n’a jamais dévié malgré la lourde perte subie lorsque Derrick Henry est tombé au combat. Les Titans demeurent bâtis pour s’appuyer sur la course, grâce à une ligne à l’attaque solide, et l’efficacité est demeurée surprenamment bonne en l’absence du demi offensif étoile.

Tout cela pour dire que les Titans amorcent la 18e et dernière semaine du calendrier régulier en étant détenteurs du premier rang dans l’association Américaine. Leur destin est entre leurs mains : une victoire face aux Texans de Houston, et ce sera le laissez-passer en première ronde éliminatoire, ainsi que l’avantage du terrain. Pourtant, tout cela se fait sous le radar, et il est évident que le fait qu’ils représentent un modeste marché dans la NFL y est pour quelque chose.

Pourtant, on devra les avoir à l’oeil en matchs d’après-saison, d’autant plus que Henry a recommencé à courir. Constamment sous-estimés, les Titans sont équipés pour veiller tard.

* propos recueillis par Maxime Desroches