La dernière fin de semaine nous a permis de connaître l’identité des deux prétendants au Super Bowl 54.

Dans un premier temps, les Chiefs de Kansas City ont su vaincre les Titans du Tennessee grâce à certains éléments clés qui ont tourné en leur faveur.

La formation de KC se devait de freiner Derrick Henry. Il est la raison pour laquelle les Titans avaient été en mesure d’atteindre cette étape des éliminatoires en ayant raison coup sur coup des Patriots de la Nouvelle-Angleterre et des Ravens de Baltimore.

Henry venait tout juste d’amasser au moins 180 verges lors de trois matchs consécutifs ce qui avait été du jamais vu. Il brisait des plaqués comme s’il était un homme parmi les enfants et il trouvait toujours un moyen d’aller chercher un important morceau de terrain sur une seule course au cours de la rencontre.

J’ai trouvé que le demi offensif format géant des Titans a bien entamé la rencontre au Arrowhead Stadium. Il semblait avoir un rythme plus qu’appréciable avec sa part de courses qui frôlaient les sept ou huit verges de gain. Je me demandais si les Chiefs pouvaient rectifier le tir et au plus tôt, car si Henry prend son élan, l’attaque des Titans sera fort difficile à arrêter.

L’unité défensive des Chiefs  a pris les choses en mains au deuxième quart. Je ne crois pas qu’il soit question d’ajustements sur le plan stratégique. Ce n’est rien de bien compliqué, les joueurs en défense ont haussé leur niveau d’intensité. On les sentait plus impliqués et ils voulaient faire la différence avec de solides plaqués.

La présence ici de Chris Jones s’est fait sentir. Il n’avait pas joué la semaine précédente et on a vu quel impact il peut avoir sur la ligne de mêlée. C’est l’un des meilleurs plaqueurs défensifs à travers la NFL et les Chiefs ont besoin de lui en uniforme pour freiner le jeu au sol.

Lors d’une séquence en particulier, il était possible de le voir se débarrasser de son bloqueur pour rejoindre Henry dans le champ-arrière et réaliser le plaqué. À partir de ce moment, les courses du porteur des Titans ont été limitées à des distances de deux, une ou même aucune verge. Le vent a véritablement tourné en faveur de la défense des Chiefs qui a su enlever Henry de l’équation pour la fin du match.

Le coordonnateur à l’attaque Arthur Smith a donc été forcé de se tourner vers le bras de Ryan Tannehill et c’était le pari de Kansas City. Les Titans devaient les battre avec le jeu aérien et ils n’ont pas été en mesure de le faire.

La stratégie des Titans n’était pas mauvaise, alors qu’ils ont su exploiter la feinte de jeu au sol lors des premiers essais pour aller chercher de bons gains avec les receveurs. Ils n’avaient toutefois pas les armes pour rivaliser de cette façon coup pour coup avec la puissante unité offensive de Kansas City.

C’est un succès pour cette unité défensive qui a empêché Henry de frapper un coup de circuit et qui a su dominer physiquement ses rivaux. Tyrann Mathieu y est pour quelque chose alors qu’il a réalisé d’importants plaqués et avec autorité. C’était étonnant de voir en quelque sorte les Titans être dominés sur le plan robustesse comme cette équipe en faisait sa fierté, mais c’est ce que l’unité des Chiefs a réussi.

Un copier-coller chez les Chiefs

Si les Titans ont connu un bon début de match, du côté des Chiefs, ça commençait un peu trop à ressembler à un copier-coller de leur précédent match devant les Texans de Houston. L’attaque a peiné alors qu’on voyait des passes échappées et rapidement, Kansas City a tiré de l’arrière au tableau.

Personne n’a paniqué à 10-0 et si les amateurs savaient que les Chiefs pouvaient remonter, le quart Patrick Mahomes le savait également. Lorsque cette unité s’est mise en marche, elle a fait des flammèches.

LDT peut mettre la cerise sur une saison exceptionnelle

On a tout d’abord vu Tyreek Hill étirer la défense des Titans horizontalement sur son touché après une dérobade. Le receveur a su se servir de sa vitesse pour profiter de toute la largeur du terrain et il a débordé ses couvreurs pour terminer sa course dans la zone des buts.

Hill a refait des siennes, mais cette fois sur le plan vertical. C’est une belle stratégie de voir sur une séquence le receveur faire son chemin sur les lignes de côté avant d’ensuite refaire mal aux Titans, mais cette fois en plein centre du terrain.

La clé est tout de même demeurée Mahomes et il a prouvé qu’il était le meilleur joueur du circuit. Comprenez-moi bien, Lamar Jackson héritera du titre de joueur par excellence cette saison avec un rendement extraordinaire.

Mahomes a de son côté connu une saison légèrement inférieure à ses campagnes précédentes qui avaient été tout simplement ahurissantes. Il faut aussi mentionner qu’il n’a pas été épargné par les blessures.

Cependant, il a toujours su prouver qu’il était capable de hausser son niveau de jeu plus l’enjeu était important. Même l’an dernier lorsqu’il s’est incliné en finale d’Association devant les Patriots de la Nouvelle-Angleterre, il avait connu une excellente sortie. Il présente d’ailleurs un dossier de 11 passes de touché contre aucune interception après le calendrier régulier.

Mahomes est selon moi le meilleur joueur de la NFL et oui il a été bon avec son bras devant les Titans, mais c’est avec ses jambes qu’il s’est surtout illustré. La protection autour du quart des Chiefs était excellente, mais ce dernier tardait à repérer ses receveurs qui n’étaient pas en mesure de se démarquer. Il a su acheter du temps en quittant sa pochette et ses jambes ont alors permis à ses coéquipiers de surprendre leur couvreur et c’est ainsi que le jeu aérien s’est mis à fonctionner.

On ne peut passer sous silence sa course pour un magnifique touché à la fin du deuxième quart. C’est l’un des plus beaux jeux de l’année et de la décennie dans la NFL. Il a su déborder la défense adverse, rester à l’intérieur du terrain avant de baisser l’épaule pour marquer le touché.

Le moment était aussi significatif, car les Chiefs savaient qu’en marquant lors des deux dernières minutes de la première demie, ils allaient porter un dur coup aux Titans. La foule était survoltée par la suite et on a vu l’apogée des Chiefs. Les Titans n’étaient pas K.-O. comme le match était encore serré, mais ils ont été envoyés sévèrement dans les câbles et Kansas City a su fermer les livres pour s’offrir le premier billet au Super Bowl.

Une domination des Niners

L’autre finale d’Association a été bien plus à sens unique et il faut lever notre chapeau au jeu au sol des 49ers de San Francisco.

Raheem Mostert a connu un match phénoménal avec 29 courses pour des gains de 220 verges et quatre touchés. C’est une magnifique histoire que la sienne lorsqu’on sait qu’il a été libéré par six autres formations avant de trouver un poste à San Francisco.

Il n’était pas non plus le partant pour ce match. Au fil de la saison, il a su obtenir un rôle à la suite des nombreuses blessures. On se rappellera que les Niners comptent dans leurs rangs Jerick McKinnon et Matt Breida, Tevin Coleman s’est blessé au cours du match, mais Mostert a su relever le défi avec brio.

On pouvait voir qu’il était dans sa zone. Certains athlètes vont tomber dans une sorte d’état de grâce et tout leur paraît plus limpide sous leurs yeux. La vision de Mostert contre les Packers de Green Bay était sans faille, alors qu’il parvenait à trouver les brèches. Il était capable de bien placer ses blocs avant de se frayer un chemin dans la défense.

Si beaucoup de crédit revient au porteur de ballon, il ne faut pas non plus négliger le travail des entraîneurs pour les stratégies et le déploiement des effectifs sur le terrain. C’était à couper le souffle alors qu’on ne savait jamais où le jeu se dirigeait. Kyle Shanahan a fait preuve de génie et son équipe a dominé les Packers sur le plan robustesse.

Cette défense était bâtie pour arrêter le jeu aérien, mais elle n’y pouvait rien contre ce genre de jeu au sol. Le filon a été exploité alors que pas moins de 42 courses ont été tentées contre seulement huit passes pour les Niners au cours du match.

La domination s’est aussi transmise en défense, alors que les protégés de Robert Saleh chez les 49ers ont su contenir Aaron Rodgers et l’attaque de Matt LaFleur.

Le plan était d’empêcher le quart à entrer dans sa zone et c’est exactement ce qui s’est produit. Si un quart comme Rodgers trouve son rythme, c’est dangereux. Toutefois, ce n’était pas le cas, alors qu’il était souvent sous pression.

On a vu Rodgers commettre certaines bévues, dont son échappée sur une remise, et les 49ers ont éventuellement répliqué au revirement avec un touché pour porter un dur coup aux espoirs des Packers.

Il y a aussi eu sa première interception aux dépens d’Emmanuel Moseley, alors que la passe était derrière le receveur.

Pour l’emporter, les Packers avaient besoin d’une bonne prestation de leur défense et de Rodgers et ce n’est pas ce qui s’est produit.

Place au Super Bowl

La table est donc mise pour ce qui devrait être un excellent Super Bowl. C’est impossible de prédire ce qui va se passer, mais il y a des éléments en place qui fournissent déjà quelques intrigues.

D’un côté, on retrouve le vétéran entraîneur Andy Reid qui mérite une deuxième chance au Super Bowl. Il fait face à peut-être l’avenir pour ce qui est des entraîneurs de la NFL avec Shanahan.

Sinon, c’est l’attaque des Chiefs qui mise sur la vitesse devant une unité défensive qui est en mesure d’appliquer beaucoup de pression. On a aussi l’attaque au sol des Niners contre la défense qui vient de se charger de Derrick Henry.

Je me dois de conclure en glissant un mot sur Laurent Duvernay-Tardif qui sera de ce rendez-vous. Son cheminement est incroyable et ce sera plaisant de vivre le tout par procuration grâce à lui. LDT est un ambassadeur incroyable pour le Québec, on se souviendra uniquement de sa présentation pour le football du dimanche soir où il avait pris la peine de prononcer en français son introduction. Il est très fier de ses racines et du support qu’il reçoit et c’est tout à son honneur s’être rendu au Super Bowl.

Il n’est plus qu’à une victoire d’ajouter un trophée Vince Lombardi son palmarès fort bien garni.  

*Propos recuillis par Maxime Tousignant