Il me semble que récemment, il m’est arrivé plus d’une fois de débuter une chronique en parlant d’une blessure désastreuse subie par un joueur étoile. En fin de semaine dernière, ce fut au tour du quart-arrière des Eagles de Philadelphie, Carson Wentz, qui a vu sa saison prendre fin abruptement en raison d’une déchirure ligamentaire à un genou.

Celui-ci connaissait un match et une saison extraordinaires à sa deuxième année dans la NFL. De le voir tomber au combat de la sorte, c’est dommage et pas seulement pour son équipe, mais aussi pour les amateurs de football américain, qui étaient gâtés semaine après semaine en le voyant à l’œuvre. On veut voir les meilleurs jouer, particulièrement à ce moment-ci de l’année alors que les éliminatoires approchent.  

C’était donc difficile pour les Eagles de se réjouir de la victoire acquise contre les Rams de Los Angeles. Ce gain leur permettait de s’assurer du premier rang de la division Est de la NFC, mais il laisse néanmoins un goût amer en bouche.

Au-delà de la déception de perdre Wentz jusqu’en 2018, je pense toutefois que Philadelphie sera en mesure de rester compétitif pour la suite des choses, et même aspirer aux grands honneurs. Non, Nick Foles n’est pas Carson Wentz. Mais il est un excellent quart substitut qui a déjà connu du succès dans la NFL, particulièrement dans l’uniforme des Eagles. Je suis confiant que le personnel d’entraîneurs sera en mesure d’ajuster le livre de jeux afin de tirer le maximum de ce que Foles fait bien.

Les Eagles n’ont pas perdu leurs excellentes lignes offensive et défensive, leur jeu au sol diversifié et leur solide groupe de receveurs. Il y a donc des raisons de croire que l’équipe peut se rendre loin en matchs d’après-saison même sans Wentz.

Les insuccès de Brady à Miami

C’est réellement une contre-performance que nous ont servi les Patriots de la Nouvelle-Angleterre de Tom Brady lundi à Miami. C’est rare qu’on a l’occasion d’affirmer que Jay Cutler a mieux joué que Brady, mais ce fut pourtant le cas.

Tom Brady et Danny AmendolaIl ne faut pas avoir peur des mots : le no 12 des Pats a connu une rencontre atroce. Il a doublé son nombre d’interceptions de la saison (il n’en comptait que deux avant le match) et n’était pas sur la même page que ses receveurs. Je suis conscient que Rob Gronkowski ne participait pas au match et que le général a été frappé avec force par les joueurs des Dolphins, mais ce n’est pas seulement ça. Brady n’était vraiment pas dans son assiette; son doigté n’était pas le même qu’à l’habitude, son synchronisme avec ses cibles non plus.

Pour la première fois depuis les années 80, les Patriots se sont montrés incapables de convertir le moindre troisième essai. Les hommes de Bill Belichick ont raté leurs 11 tentatives en de telles circonstances.

Étrangement, Brady montre une fiche cumulative de 7-9 au domicile des Dolphins depuis ses débuts professionnels. Pour une raison obscure, c’est sa bête noire en saison régulière. Est-ce une coïncidence ou est-il réellement inconfortable dans ce stade? Je n’en sais rien, mais il s’agit d’une tendance lourde.

Malgré tout, il est encore permis d’espérer terminer au premier rang de l’association Américaine si la Nouvelle-Angleterre devait l’emporter dimanche à Pittsburgh.

Pour les Dolphins, c’est un baume sur une saison médiocre. Ils pourront au moins se consoler en se disant qu’ils ont vaincu les Pats en 2017.

Les Steelers ou l’art de se compliquer la vie

Parlant des prochains adversaires des Patriots, les Steelers l’ont échappé belle face aux Ravens de Baltimore, se rendant la tâche bien plus compliquée que ç’aurait dû l’être. Ils ont très bien entamé la rencontre, se donnant une avance de 14-0, et on se disait « Ça y est! L’émotion d’avoir perdu Ryan Shazier pour la saison a motivé tout le monde ». Et tout à coup, c’est comme si la chaîne avait débarqué et que l’attaque des Ravens faisait ce qu’elle voulait.

Pour une offensive aussi ordinaire, on leur a accordé des verges et des points à profusion. L’unité de Joe Flacco a totalisé 26 premiers essais et 413 verges de gains, dont 152 au sol. C’est plutôt préoccupant pour une défense qui, même sans son leader Shazier, possède les éléments pour ralentir un club comme les Ravens.

En même temps, c’est quelque peu symptomatique de la manière de faire des Steelers depuis quelques saisons. Ça semble souvent se jouer sur des montées héroïques de fin de match, et le duel de dimanche n’y a pas fait exception.

N’empêche que la victoire était cruciale et que l’attaque fonctionne à plein régime. La combinaison entre Ben Roethlisberger et Antonio Brown est sensationnelle présentement, alors que le dynamique receveur est tout simplement inarrêtable cette année. Il est de loin le meilleur à sa position en 2017, au point où il devrait s’immiscer dans les discussions pour le titre de joueur par excellence de la saison, même si les receveurs de passes font rarement partie des candidats sérieux.

Les attrapés qu’il effectue près des traits hachurés lorsque le match est sur la ligne sont devenus une routine hebdomadaire. Ça semble arriver avec une régularité déconcertante; il y a deux semaines face aux Packers de Green Bay, la semaine dernière aux dépens des Bengals de Cincinnati, et une fois de plus dimanche soir. Chaque fois lorsque son club est en danger de perdre le match.

Après 13 rencontres, il compte 1509 verges au compteur, alors que son plus proche poursuivant DeAndre Hopkins en totalise 1233. C’est près de 300 verges de différence.

Alors qu’il reste trois matchs à disputer, à quel point Brown peut-il se rapprocher de la marque de 1964 verges établie en 2012 par Calvin « Megatron » Johnson? Ça prendra d’autres performances étincelantes, mais une chose est certaine, sa propre marque de 1834, réussie en 2015, est à sa portée.

Pour sa part, Big Ben est devenu le tout premier joueur de l'histoire du circuit à engranger 500 verges ou plus dans trois matchs différents.

Chapeau à Gordon, mais...

Le retour de Josh Gordon à sa forme des vieux jours avec les Browns de Cleveland est franchement impressionnant. Je comprends qu’il n’a que 26 ans, mais c’est d’une absence de trois saisons qu’il revient. On parle d’un athlète qui a passé de longs mois en cure de désintoxication, qui a eu la tête bien loin du sport professionnel pendant un bon moment. Ce n’est pas la même dynamique qu’un joueur subissant une grave blessure qui s’entraîne de manière acharnée pour revient.

Gordon a su faire fi des distractions et retrouver un haut niveau de jeu. Souhaitons que son redressement ne soit pas que passager et qu’il soit de retour pour de bon.

David Njoku et Josh GordonUn détail qui m’a chicoté se doit toutefois d’être mentionné. Le fait que celui qu’on surnomme « Flash » se soit empressé d’enfiler des lunettes de soleil en guise de célébration d’après-touché à son arrivée sur les lignes de côté m’a agacé.

Je me suis fait dire par des abonnées Twitter que je devrais le laisser vivre son moment. Je comprends leur point de vue, mais pour un joueur qui revient d’aussi loin, et que l’organisation a soutenu lorsqu’il a atteint le fond du baril, je trouve qu’il a la responsabilité de faire ses preuves – pas comme joueur, mais comme humain et adulte responsable. J’aurais préféré qu’il opte pour une approche discrète et professionnelle.

Peut-être suis-je « vieux jeu», mais le fait qu’il ait songé à apporter une paire de lunettes sur les lignes de côté n’est pas le reflet d’une grande maturité. Prouve à ton organisation et à tes coéquipiers que tu es droit avant de te lancer dans de telles célébrations!

 Les Chiefs ont le droit de rêver

De retour sur le sentier victorieux après quatre défaites d’affilée, les Chiefs de Kansas City ont de quoi sourire. En entrevue avec Blitz lundi soir, le garde Laurent Duvernay-Tardif racontait qu’il avait pratiquement oublié à quel point il pouvait être jouissif de gagner un match significatif dans la NFL. On le sentait très content.

Ils ont écrasé les Raiders d’Oakland 26-15 dans une rencontre hyper importante dans le portrait des éliminatoires. Le pointage ne le reflète pas nécessairement, mais la domination des Chiefs a été totale. Les points des Raiders ont été marqués dans les derniers instants du quatrième quart, alors que Kansas City se contentait de laisser écouler du temps au chronomètre.

La défense était véritablement en mission, une semaine après avoir été malmenée séquence après séquence par les Jets de New York. Dimanche, Derek Carr n’a rien pu faire. Les longs jeux se sont faits très rares, voire même inexistants. Et l’attaque, qui avait connu une très bonne sortie contre les Jets, a continué de faire sa part, notamment grâce à la course qui a très bien fonctionné. Le temps de possession a aussi été un élément crucial afin d’amener les Raiders dans les câbles.

Ça met bien la table pour une autre confrontation dont les enjeux sont immenses, cette fois contre les Chargers de Los Angeles, qui possèdent la même fiche que les Chiefs (7-6). Qui s’emparera du premier rang de la division? Cette partie vous sera d’ailleurs présentée samedi à compter de 20 h.

* propos recueillis par Maxime Desroches