MONTRÉAL – Mardi, Laurent Duvernay-Tardif a eu une dernière conversation très positive avec ses entraîneurs des Chiefs de Kansas City et il ne quitte pas cette organisation avec amertume, mais il avait besoin de se sentir désiré de nouveau. 

C’était devenu lourd pour le garde à droite de 30 ans de constater, match après match cette saison, qu’il ne faisait plus partie des plans pour protéger Patrick Mahomes. Même si les Jets de New York n’aspirent pas au Super Bowl à court terme, LDT était heureux que les Jets s’enquièrent de sa disponibilité il y a trois semaines. 

« C'est une situation gagnante pour tout le monde »

« J’aime la question parce que c’est exactement ça. Démontrer de l’intérêt, c’est se sentir désiré. Dans la NFL, on dirait que t’es tout le temps en train de te battre pour ta place. Puis, je pense qu’à Kansas City, j’avais beau me battre, il y avait peut-être moins de réception dans les dernières semaines », a admis Duvernay-Tardif en visioconférence alors que c’était étrange de le voir porter de nouvelles couleurs. 

« Malgré le fait que je n’avais pas joué depuis 18 mois, que je n’avais pas nécessairement participé aux matchs préparatoires, l’enjeu de la masse salariale et le contrat, de voir qu’il y avait encore de l’intérêt, ça donne quand même un boost de confiance. Je suis très excité, je n’ai pas dormi de la nuit. Je suis content d’être ici, on dirait que c’est un vent de fraîcheur, comme un renouveau ou une nouvelle aventure. En plus, c’est plus proche de la maison donc vous allez pouvoir venir », a poursuivi le sympathique colosse. 

« Dans une business qui est assez dure et directe, ça s’est fait quand même de façon assez humaine. J’ai trouvé qu’il y a eu une belle communication entre Kansas City, moi et les Jets », a précisé le Québécois.  

Même s’il a eu le plaisir d’enfiler son uniforme pour la première fois de la saison, lundi soir, il a déterminé qu’il devait lever sa clause de non-échange pour entamer un autre chapitre. 

« Pour moi, le statu quo à Kansas City n’était pas envisageable. D’abord et avant tout, parce que je voulais jouer. Après ça, c’est important d’être transparent par rapport à ce qu’on veut faire », a ajouté celui qui a fait une croix sur la saison 2020 pour aider les travailleurs de la santé avec le but de revenir en force cette année. 

Car inutile d’être médecin pour le comprendre, ce n’était pas plaisant de se contenter d’un rôle minime avec une équipe pour laquelle on a gagné le Super Bowl en tant que partant. 

« Ce n’est pas facile... De savoir que tu es en pleine forme, mais que tu n’as pas l’occasion de jouer. En même temps, j’ai appris à travers les années qu’il n’y a pas juste le niveau de jeu immédiat qui compte dans les décisions au football. Il y a aussi le potentiel, la pérennité de l’équipe, la masse salariale et plein d’enjeux. C’est un peu la même chose qui m’est arrivée quand j’en étais à ma deuxième année avec les Chiefs. J’ai eu l’occasion de jouer alors que je n’étais peut-être pas nécessairement le meilleur joueur, mais on voyait mon potentiel et une continuité. Ça ressemble à la situation de Trey Smith (le garde à droite partant cette saison) et je lui souhaite la meilleure des chances », a reconnu avec réalisme LDT qui a aidé Smith dans sa progression cette année. 

Son arrivée avec les Jets fait inévitablement bifurquer la conversation vers son avenir au-delà de la saison 2021, la dernière à son contrat actuel. Il a confirmé publiquement qu’il envisageait fort probablement de poursuivre sa carrière. 

« C’était assurément dans les conversations avec mon agent avant d’accepter l’échange. Je ne pense pas que je serais ici (avec les Jets) si j’avais seulement l’idée de prendre ma retraite au terme de l’année », a lancé Duvernay-Tardif. 

En raison de sa double vocation, LDT a eu des conversations avec sa faculté de médecine pour évaluer les scénarios. Ce qu’il sait, c’est qu’il veut jouer et qu’il ne ferme aucune porte. 

Ce qu’on ne doit pas oublier, c’est que, lors du camp d’entraînement, Duvernay-Tardif a subi une fracture à l’os de la main droite qui supporte le petit doigt.  Sans cette malchance, il demeure convaincu qu’il aurait joué cette saison. 

« Pas mal tout le monde était impressionné de voir comment je chassais la rouille. Évidemment, cette blessure a réduit mes chances. Ensuite, étant donné que j’évolue seulement comme garde à droite, c’est difficile d’être en uniforme (parmi les réservistes de la ligne offensive) », a jugé LDT qui est heureux de se dire que sa dernière partie avec les Chiefs aura été sa conquête du Super Bowl. 

Partant bientôt ? 

Mercredi matin, Duvernay-Tardif a pu rencontrer rapidement ses nouveaux coéquipiers et entraîneurs avant leur départ pour Indianapolis où ils affronteront les Colts, jeudi soir. Il n’effectue pas ce voyage afin de s’installer convenablement et surtout pour se familiariser avec le cahier de jeux des Jets dans le but de laisser une bonne première impression dès la semaine prochaine à l’entraînement. 

LDT débarque dans un contexte bien différent de la troupe d’Andy Reid. La profondeur sur la ligne à l’attaque est loin d’être aussi vaste chez les Jets où il rivalisera incessamment avec Greg Van Roten pour le poste de garde à droite partant.  

« Je n’ai jamais été parachuté dans une nouvelle équipe. Ce sera de voir à quelle vitesse je peux assimiler le tout. C’est une chose de le savoir sur papier, mais après ça, il faut que tu sois capable de t’en rappeler dans un stade devant 80 000 personnes sur un troisième essai et 15 verges à franchir. Les premières journées de pratique seront cruciales pour voir à quelle vitesse je peux m’intégrer au sein de la formation », a commenté Duvernay-Tardif. 

L’intérêt des Jets a fait son chemin dans l’esprit de LDT pour plus d’une raison. Il croit notamment qu’il pourra bien contribuer au système offensif de la troupe du nouveau, et très énergique, pilote Robert Saleh. 

C’était aussi rafraîchissant de l’entendre parler très candidement de son intégration dans ce groupe. 

« C’est excitant de faire partie d’une nouvelle organisation, il y a un stress aussi de rencontrer mes coéquipiers. [...] Je vais devoir arriver avec le bon état d’esprit pour bien m’intégrer dans le vestiaire parce que je pense que le football, surtout au niveau de la ligne offensive, c’est d’abord et avant tout une expérience humaine », a rappelé LDT. 

« J’ai été assez privilégié de pouvoir être dans une organisation pendant huit ans, mais je suis curieux de voir autre chose. Mon expérience dans la NFL sera plus complète grâce à ce changement », a-t-il enchaîné. 

Duvernay-Tardif ne connaît pratiquement personne chez les Jets, mais le défi l’enchante. 

« On dirait qu’on a l’avenir devant nous et c’est quelque chose qui me motive beaucoup », a ciblé LDT. 

On s’entend que l’ancien joueur de l’Université McGill n’a pas choisi de remettre son équipement en 2021 pour l’argent. Il voulait jouer de nouveau et gagner de nouveau avec les Chiefs. Quelques mois plus tard, il aboutit avec une équipe en reconstruction qui n’a pas craint d’acquérir un athlète de 30 ans. 

« Oui, ils misent sur un joueur de 30 ans, mais je suis aussi un joueur quand même assez accompli qui a gagné le Super Bowl récemment. Je pense que je peux beaucoup contribuer à cette équipe. J’espère que ce sera sur le terrain, mais aussi pour la vision et l’état d’esprit. Je suis extrêmement travaillant et si je peux contribuer à consolider la vision du club, c’est avec plaisir que je vais le faire », a conclu celui qui devrait être populaire dans le marché de New York.