La venue d'Anthony Calvillo avec les Carabins de l'Université de Montréal est une grosse nouvelle.

Je suis très heureux qu'il puisse revenir à Montréal. Il faut savoir qu'Anthony est un homme de famille et ç'a toujours paru tout au long de sa carrière. La famille est un aspect fondamental qui le décrit bien. Il était proche de sa mère. Il en est de même pour son épouse et ses deux enfants. Bien honnêtement, on était tous curieux de voir comment il allait passer une année à Toronto, loin de sa famille.

D'ailleurs quand il a rejoint l'équipe d'instructeurs de Marc Trestman, on s'est rapidement dit que c'était un test à savoir s'il voulait vraiment embrasser une carrière de coach au niveau professionnel. Pour être véritablement prêt à faire ce travail au niveau professionnel, il faut être prêt à déménager souvent. C'est la nature même du travail qui guide les entraîneurs et athlètes de ville en ville. Pour  travailler au niveau professionnel à Montréal, il n'y a qu'un seul club, ce qui laisse bien peu d'opportunité s'il veut rester ici.

De toute évidence, il a trouvé difficile son exil dans la Ville Reine. Le départ de Trestman des Argos a peut-être motivé sa décision.

D'un autre angle, il est bien pour lui de prendre un pas de recul. Il faut bien dire qu'il n'a pas connu beaucoup de succès comme entraîneur. À Toronto, il a rapidement perdu les services de son quart Ricky Ray, rien pour aider sa cause. C'est peut-être bon de revenir plus bas, mais au sein d'une organisation gagnante avec un excellent programme sous les ordres de Danny Maciocia.

Anthony a déjà un bon lien avec Danny, ce qui devrait l'aider à apprendre. J'ai bien aimé l'entendre dire dans sa conférence de presse qu'il voulait apprendre. Et en ce sens, il me fait penser à Trestman à son arrivée avec les Alouettes. Il n'arrive pas chez les Carabins avec ses gros souliers en pensant qu'il sait tout sur le coaching parce qu'il a connu une grande carrière. C'est honorable de sa part.

La dynamique va être intéressante avec Calvillo, qui sera adjoint à Maciocia et responsable des quarts. Il travaillera aussi en collaboration avec le coordonnateur à l'attaque Gabriel Cousineau qui n'a pas beaucoup d'expérience non plus. Je pense qu'ils vont tous réussir à faire fonctionner la machine des Carabins.

Mais pour qu'Anthony connaisse du succès à l'Université de Montréal, il y a une condition sine qua non et c'est d'apprendre le français. Noel Thorpe l'a fait par le passé avec les Carabins. Maciocia a déclaré que ça ne change rien que Calvillo soit unilingue anglais et j'ai tendance à être en désaccord avec lui. Il y a quelque chose qui cloche de retrouver un entraîneur unilingue anglophone dans une université francophone.

Les joueurs et les entraîneurs se parlent en français. Je l'ai vécu avec le Rouge et Or à l'Université Laval. Même si les termes de football sont en anglais, ça se passe en français. Pour être à la même place que tout le monde, il faut qu'Anthony parle le même langage.  Il a déclaré qu'il souhaitait faire une différence dans la vie des athlètes et je le crois. Il veut les aider et leur prouver aussi que les études sont la chose la plus importante. Mais pour bien le faire, il doit apprendre le français.

Je le crois quand il dit qu'il aura un tuteur et qu'il fera les démarches pour apprendre la langue de Molière. Il est un adulte mature et il sait ce qu'il doit faire, mais il est essentiel d'apprendre le français rapidement s'il veut avoir un impact. Ça peut fonctionner quand même en anglais, mais il est faux de croire que ça pourrait se faire sans problème.

En action, joueurs et entraîneurs vont parler la langue du football avec des termes anglais inclus dans une phrase en français.

Anthony doit parler français. Il a déclaré que ses racines étaient à Montréal depuis 1998. Il est le premier à admettre que c'est un regret de ne pas parler français tout comme c'est un regret de ne pas parler l'espagnol, lui dont les origines sont mexicaines. Ses enfants et sa femme parlent français, ce qui devrait l'aider à assimiler la langue.

Pour la suite de sa carrière avec les Carabins ou peut-être un jour avec les Alouettes, Anthony doit maitriser la langue. C'est primordial.

En terminant sur ce sujet, je vous dirai que ce sera étrange pour moi de voir mon ancien coéquipier avec les Carabins. Ça me fait un petit pincement au coeur, mais comptez sur moi pour lui tirer la pipe quand le Rouge et Or battra son club!

Les surprenants Browns

Il est difficile à croire, mais les Browns de Cleveland sont toujours dans la course pour une place en éliminatoires. Bon, c'est mathématique parce que leurs chances sont presque nulles, mais après une saison 2017 sans triomphe, c'est déjà une victoire en soi.

Au football, on ne peut pas toujours évaluer le succès en terme de Super Bowl comme chez les Browns, où les paramètres pour évaluer les réalisations sont différents.  Leur fiche de 6-7-1 est spectaculaire.

À la fin de la saison, la direction devra se demander si l'entraîneur par intérim Gregg Williams mérite d'être confirmé dans son poste parce que de toute évidence, l'ancien entraîneur Hue Jackson était le problème. Depuis son départ, la fiche des Browns est de 4-2.

Le départ de Jackson a aussi servi à évaluer Williams. Le directeur général John Dorsey avait déclaré que Williams était en lice et que son rendement serait évalué à la fin de la campagne.  Ça veut dire qu'il sera un candidat sérieux. Pour ceux qui l'ont oublié, Williams a été lié au « bounty fund » à La Nouvelle-Orléans où l'on proposait de l'argent aux joueurs qui blessaient un adversaire.

Je pense que Williams a tiré des leçons de cette histoire. Il est un gars de la vieille école, mais je crois qu'il a muri. Il a été pénalisé pour ses actions avec les Saints et il semble avoir plus de doigté. Il demeure un dur, mais il semble tout de même plus délicat. Il a su s'ajuster à la nouvelle génération.

Avant d'analyser le travail de Williams comme entraineur-chef, il faut se dire que c'est différent d'hériter d'une équipe en déroute complète et d'amener une stabilité avec des joueurs qui étaient bien contents de voir l'autre entraîneur partir, que de débuter une saison en imposant une nouvelle philosophie dès le camp. C'est deux choses différentes. Une fois que l'entraîneur a eu du succès comme intérimaire, il doit trouver les moyens de continuer à avoir du succès.

Moins facile pour les Rams

Les Rams de Los Angeles commencent à éprouver des ennuis et je trouve la situation inquiétante pour eux.

Après leur extraordinaire victoire de 54-51 sur les Chiefs de Kansas City, ils ont connu trois performances décevantes particulièrement en attaque. C'est justement cet aspect que je trouve inquiétant. Les Rams avaient eu des hauts et des bas en défense, mais l'attaque était tellement explosive qu'elle compensait.  Alors, on ne s'inquiétait pas vraiment parce qu'on savait que l'attaque amènerait beaucoup de points au tableau.

Depuis quelques semaines, contre des unités défensives qui ne sont pas les meilleures de la NFL, l'attaque des Rams a des problèmes. Mis à part, les Bears qui ont limité les Rams à six points sur la route il y a deux semaines, Los Angeles a affronté Detroit et Philadelphie qui leur ont donné beaucoup de difficultés.

Les équipes ont compris que la clé contre les Rams est de dominer la ligne d'engagement et d'éliminer Todd Gurley de l'équation. C'est ce que les adversaires ont réussi à faire. Au cours de ses trois derniers matchs, Gurley a obtenu 132 verges en 23 courses contre Detroit, mais seulement 28 verges en onze courses face à Chicago et 48 verges sur 12 courses face aux Eagles. Il faut dire qu'il a été blessé dans ce dernier match.

Dans les deux défaites, Gurley n'a pas été un facteur. Pour les Rams, tout part de là. Une fois que le jeu au sol est établi, ça permet d'utiliser le « play-action », qui permet les balayages rapides avec les receveurs.  L'attaque des Rams est bâtie de la sorte. Les substituts Malcolm Brown et Justin Davis ont été blessés, ce qui a permis de se rendre compte que si Gurley était blessé à son tour, l'attaque tombait en morceaux. C'est pour cette raison qu'on a embauché C.J. Anderson pour apporter un peu de profondeur à cette position.

Mais à l'approche des éliminatoires, ça demeure inquiétant d'avoir deux défaites de suite en décembre pour une équipe qui aspirait au Super Bowl. Les choses doivent se replacer rapidement sinon, on va rater le bateau chez les Rams.

Jeu blanc des Colts

Les Colts d'Indianapolis ont réussi à l'emporter par blanchissage 23-0 sur les Cowboys. Ils se sont farci  Dallas, qui avait gagné cinq parties consécutives.  La semaine précédente, ils avaient mis un terme à la séquence de neuf victoires des Texans de Houston.

Ce n'est pas tant une surprise de voir les Colts l'emporter parce qu'il s'agit d'une très bonne équipe, mais c'est surtout leur façon de gagner qui a retenu mon attention. On sait déjà qu'Andrew Luck connaît une saison exceptionnelle, mais cette fois, c'est au sol que les Colts ont neutralisé l'adversaire. Pourtant Dallas a une très bonne unité défensive. Indianapolis a tout de même réussi à engranger 178 verges au sol contre eux. Ça faisait longtemps qu'on n'avait pas vu ça.

Luck a bien joué encore une fois, mais il en a fait juste assez. C'est son jeu au sol qui a fait la différence. Pour une équipe comme les Colts qui a un bon jeu aérien et un bon jeu terrestre, il y a une unité défensive qui a blanchi le quart Dak Prescott et le porteur de ballon Ezekiel Elliott, qui a été limité à moins de 100 verges.

Après un début de saison difficile, les Colts finissent très bien la campagne, contrairement aux Rams.

Pour terminer sur les Colts, il y a deux noms que je suis surpris de ne pas voir au Pro Bowl. Il s'agit du quart Andrew Luck et de la recrue Darius Leonard. Leonard connaît une saison exceptionnelle. Il domine la NFL avec 146 plaqués. Il a aussi sept sacs du quart en plus d'avoir provoqué quatre échappées. Il a vraiment tout fait pour les Colts, qu'il est surprenant de voir qu'il n'a pas obtenu son billet pour le match des étoiles de la ligue.

Les Patriots en danger

Après la défaite contre Miami dans ce qu'on a qualifié de « Miracle à Miami », les Patriots commencent à laisser des chances à l'adversaire, ce que nous ne sommes pas habitués de voir. Le week-end dernier contre les Steelers, ce fut l'une de leurs pires parties.

Contre les Dolphins, les Pats avaient joué du mauvais football de situation avec des erreurs mentales au niveau de la gestion de la rencontre, ce qui est pourtant leur force depuis des années. Habituellement, les Pats réalisent les gros jeux dans les moments clés. Ils ne se tirent pas dans le pied. Ce sont les adversaires qui le font généralement, mais pas eux.

Face aux Steelers, Tom Brady a joué un bon match, mais le reste de l'équipe l'a laissé tomber en échappant des passes et en faisant preuve d'indiscipline. Il y a de nombreuses choses qui n'ont pas fonctionné, si bien qu'on a perdu 17-10, mais ç'aurait pu être pire. Les Pats ont laissé Jaylen Samuels, le deuxième réserviste chez les Steelers, aller chercher  142 verges en 19 courses.

À l'approche des éliminatoires, les Pats jouent mal et il y a de quoi être soucieux parce que de la façon dont les choses sont parties, il y a des chances que la Nouvelle-Angleterre n'ait pas l'avantage du terrain et cette saison, et cette équipe est totalement différente quand elle joue à la maison et sur la route. Ainsi, ils montrent une fiche de 6-0 à Foxboro et 3-5 à l'étranger. Ça risque de leur faire mal et c'est ce qui devrait leur coûter une place en finale d'association.

*propos recueillis par Robert Latendresse.