MONTRÉAL – Considérant son parcours, Pier-Olivier Lestage a bien raison de voir sa présence sur l’équipe d’entraînement des Seahawks de Seattle comme une victoire et non une défaite. 

Après tout, le joueur de ligne offensive de 24 ans n’a pas joué la saison dernière et il a raté les deux premières semaines du camp d’entraînement à la suite d’une opération pour une hernie sportive. 

Puisque les Seahawks n’ont pas investi un choix de repêchage sur lui, il fallait que l’organisation l’aime pour qu’elle lui confie l’un des 16 postes (3 joueurs de ligne offensive) sur l’équipe d’entraînement. 

« Ils (les dirigeants des Seahawks) m’ont dit que j’avais un très bon potentiel », a confié Lestage lors d’une disponibilité médiatique. 

Cette nouvelle est survenue après le troisième et dernier match préparatoire.

« Quand c’est la journée de congé et que tu te fais dire de venir aux installations de l’équipe et d’amener ton cahier de jeux, tu sais un peu ce qui se passe. Tu ne le sais pas exactement parce qu’ils ne te disent pas qu’ils vont te garder sur l’équipe d’entraînement. C’est sûr que c’était stressant pendant les quelques heures que je ne savais pas ce qui se passerait et j’étais super content quand ils m’ont annoncé que je restais sur l’équipe de pratique », a raconté Lestage. 

Lestage a eu l’occasion de participer aux trois parties à titre de garde à gauche et, pour avoir une meilleure idée de son audition, il faut lire sa mise en contexte. 

« Dans l’ensemble, je pense que ça s’est bien passé. J’avais été opéré donc j’ai manqué les deux premières semaines. Ensuite, à la troisième semaine, c’était le premier match. J’avais commencé à pratiquer, mais je n’avais pas eu beaucoup de répétitions, j’étais vraiment limité dans ce que je pouvais faire », a-t-il précisé pour donner le ton. 

« La première partie a vraiment été un baptême de feu, j’avais peut-être fait une pratique en épaulettes avec peu de répétitions et je m’en allais dans un match NFL. C’était un gros step, j’avais beaucoup de temps et de répétitions à rattraper », a ajouté Lestage. 

On le comprend encore mieux d’être fier de son accomplissement. 

« J’ai seulement joué au dernier quart dans chaque match, mais j’ai été en mesure de réussir de belles choses. Je suis content du résultat. Pour moi, ce n’est vraiment pas une défaite de faire l’équipe de pratique », a mentionné l’athlète de six pieds trois pouces et 312 livres. 

Lestage s’est plongé dans l’univers de la NFL en se mesurant aux Raiders, aux Broncos et aux Chargers. Sans vouloir se laisser intimider par l’ampleur du moment, il a vécu de belles émotions. 

Pier-Olivier Lestage« C’est sûr que la première game contre les Raiders, c’est un nouveau stade et c’était la première partie que des partisans pouvaient entrer. Il y a plus de monde que tu t’attends pour un match préparatoire. Après l’hymne national, j’ai eu l’un de ces petits moments. Je me suis arrêté pour me dire ‘Je suis dans la NFL, c’est cool’. Mais j’essaie de garder mon calme par rapport à ça. Je ne suis plus un fan de la NFL, c’est mon travail maintenant. Il faut que je puisse garder mon calme et ce n’est pas un problème », a témoigné Lestage. 

Un statut sur l’équipe d’entraînement s’accompagne justement d’une grande dose de travail. En plus d’être un bon coéquipier et d’aider à la préparation de la première équipe, voilà ce qu’il veut exposer à ses patrons. 

« Étudier un peu plus la game, rester pour des répétitions de plus après les entraînements et montrer que oui, je suis là, mais que je suis là pour rester. Montrer que je suis un travaillant et m’améliorer dans les facettes mentales, physiques et techniques. Tout le kit... », a énuméré celui qui veut se tailler un poste sur la formation des 53 joueurs partants la saison prochaine. 

Quand on se rappelle que Laurent Duvernay-Tardif n’avait pas été en uniforme durant sa première saison, en 2014, ça devient une belle source de motivation. 

« Pour moi, c’est une victoire de pouvoir rester ici et progresser chaque jour. Tu regardes des gars comme David (Foucault) et Laurent, ils ont eu des opportunités. On se le fait dire chaque jour qu’on aura des opportunités et qu’on doit être prêts. Tu vois que c’est possible », a réagi Lestage.  

« Les Seahawks sont une équipe qui donne de vraies occasions aux joueurs de l’équipe d’entraînement. Oui, c’est difficile un peu parfois parce que tu ne joues pas, mais tu dois te préparer comme si c’était le cas. Il faut garder le pied sur la pédale et continuer d’avancer. »

En uniforme plus tard cette saison ?

Afin d’avoir une opinion externe et plus exhaustive, on a sondé Gregg Bell, qui couvre les activités des Seahawks pour The News Tribune et il trouve que le portrait est intéressant pour Lestage à Seattle. 

« Étant donné que les Seahawks lui ont gardé une place sur l’équipe d’entraînement, ça démontre qu’ils sont encore intrigués par sa polyvalence et son potentiel », a convenu Bell.Pier-Olivier Lestage

Depuis la saison dernière, en raison de la pandémie, les équipes peuvent ajouter deux joueurs de l’équipe d’entraînement par match sans devoir retrancher un coéquipier de la formation partante de 53 joueurs. Lestage pourrait obtenir ce privilège jusqu’à deux fois cette saison et il n’aurait pas à être soumis en ballottage, en retournant sur l’équipe d’entraînement, contrairement à auparavant.

« Si Lestage peut demeurer en santé, il pourrait être en mesure de se retrouver en uniforme cette saison afin de camper un certain rôle. Les joueurs de ligne offensive qui peuvent occuper différentes positions sont utiles dans la NFL et pour cette équipe », a ajouté Bell en rappelant que les Seahawks ont déployé huit combinaisons différentes sur cette unité la saison dernière. 

Fier pour la famille des Carabins

Un peu plus haut, Lestage ne faisait pas référence à Foucault pour rien. Il devient le deuxième ancien des Carabins, après Foucault, à se tailler un poste dans la NFL. 

« C’est une très grande fierté. En étant resté à Montréal, c’était une barrière de plus. Des gars comme Foucault et moi, ça démontre que du bon football se joue un peu partout dans le monde. Je suis fier de représenter ma ville, ma province et surtout mon université », a-t-il convenu. 

Ces jours-ci, il est enchanté de découvrir les hauts standards de l’organisation des Seahawks. 

« Je n’ai pas vu ce qui se fait ailleurs, mais tu peux quand même dire que l’organisation fait partie des meilleures de la NFL. Ça part de la culture implantée par Pete Carroll », a relayé Lestage qui est emballé par cet entraîneur-chef qui détient de grandes qualités de meneur. 

Fort occupé à démontrer son arsenal, Lestage ne s’est rendu à Seattle qu’une seule fois pour jouer aux touristes. Il sait que ça viendra tout comme des discussions avec le quart-arrière vedette Russell Wilson.