Aussi incroyable que cela puisse paraître, la NFL a réussi l'immense tour de force que de présenter la totalité des 256 matchs de la saison régulière dans le contexte de pandémie mondiale.

Malgré que quelques matchs aient été déplacés en raison de foyers d'éclosion de COVID-19 répertoriés ici et là au sein des équipes, c'est très impressionnant que le calendrier ait été joué en entier dans les 32 stades de la ligue, en dépit de tous le voyagement que cela demandait. Dans l'ensemble, ç'a été géré d'une main de maître par les autorités du circuit Goodell. Le sérieux dans les protocoles mis en place était quelque chose en soi, et le fait que les instructeurs, les joueurs et leur entourage aient réussi - en grande majorité - à le respecter est quelque chose qui se doit d'être souligné.

Nous étions plusieurs à croire que de jeunes athlètes riches dans la vingtaine, bourrés de testostérone, qui veulent profiter de la vie, allaient mettre en péril les objectifs de la ligue. Mais au final, ils nous ont prouvé le contraire. Lorsque tu es un sportif professionnel, on s'attend à ce que tu te comportes d'une certaine manière. Et lorsqu'on ajoute le concept d'équipe à l'équation, on peut réaliser de grandes choses.

C'était plaisant dimanche soir de voir qu'après toute l'incertitude des derniers mois, la NFL y est arrivée, non sans avoir dû gérer quelques situations de crise qui étaient, avouons-le, invéitables. 

Merci à la NFL pour avoir amené un peu de normalité dans les dimanches des amateurs de football durant une année tout sauf normale!

Avec du recul, je comprends les Eagles

Beaucoup de gens parmi ceux qui ont vu le match opposant les Eagles de Philadelphie à l'Équipe de Washington se sont forgé une opinion sur la décision de Philly d'envoyer Nate Sudfeld dans la mêlée au 4e quart d'un match qui voulait beaucoup dire pour Washington et les Giants dew New York pour le titre de la division NFC Est.

J'étais à la description du match, et je dois admettre que je ne savais pas trop sur le coup comment je devais réagir à cette décision de Doug Pederson. Devais-je être outré, devais-je cautionner ce choix? D'une part, j'ai toujours été un de ceux qui croient qu'aucune équipe professionelle ne devrait délibérément tanker. Qu'il fallait honorer son statut de pro et donner tout ce qu'on a pour les partisans. Hier, je vous avouerai par contre que je n'ai pas eu problème plus qu'il ne le faut à ce que Sudfeld soit envoyé dans le match.

Pederson a justifié cette décision en affirmant que Sudfield méritait du temps de jeu, et que l'équipe continuait de jouer pour gagner. J'ai l'impression que du côté de Philly, on a continué de tout faire pour remporter le match... tout en se disant que si ça se terminait en défaite, ce n'était pas la fin du monde.

L'idée de donner le meilleur spectacle possible aux partisans qui ont payé leur billet ne tenait pas la route hier, devant un stade vide. Quant aux autres fans regardant la rencontre dans leur salon, voulaient-ils réellement battre Washington à ce point? Est-ce qu'une fiche de 5-10-1 pour leurs Eagles les auraient rendus à ce point plus heureux qu'un dossier de 4-11-1? Je pense que c'est plutôt le 2e scénario qui intéressait plusieurs d'entre eux, étant donné le choix au repêchage plus élevé que cela représentait. 

Oui, c'était peut-être un peu choquant sur le coup d'envoyer son quart substitut dans le match, un choix qui réduisait considérablement les chances de victoire des Eagles. Mais en même temps, il récompensait un vétéran qui a le respect de ses coéquipiers et qui rend de fiers services à l'organisation depuis quelques saisons.

Au final, n'en déplaise aux partisans des Giants, qui souhaitaient ardemment voir Philly battre Washington, les Eagles ont fait d'une pierre deux coups dimanche soir. Ils ont offert l'opportunité à un joueur apprécié de tous de performer dans un match de saison régulière, et ils ont amélioré leur sort en passant du 9e rang au total au 6e rang en vue de l'encan amateur. Après réflexion, même si en général je déplore lorsque les équipes font tout en leur pouvoir pour perdre des matchs, je n'ai pas vraiment de problème avec le choix de Pederson, rendu au dernier quart d'un match qui ne voulait rien dire pour son club, et sachant que c'était aussi une façon de « donner une tape dans dos » à Sudfeld. 

Cleveland en éliminatoires au bout du suspense

Ç'a été une montagne russe d'émotions face à l'équipe « B » des Steelers de Pittsburgh, mais voilà qu'on peut dire que les Browns de Cleveland sont qualifiés pour les éliminatoires pour la première fois depuis 2002.

Les Browns forment une équipe qui attire beaucoup l'attention et qu'on a beaucoup couvert ces dernières années. L'arrivée d'Odell Beckham Jr., la sélection de Baker Mayfield avec le tout premier choix en 2018, n'ont rien fait pour diminuer la couverture médiatique de la formation de l'Ohio. Après avoir été le standard de médiocrité pendant si longtemps dans la NFL, les Browns seront du calendrier d'après-saison et ça mérite d'être souligné.

Non seulement ont-ils passé 18 ans à mordre la poussière, ils ont aussi terminé au 4e et dernier rang à 13 reprises dans ces 18 saisons, et le clou du spectacle est survenu en 2017, lorsque l'équipe a terminé le calendrier à 0-16. C'était la 2e fois de suite que l'équipe perdait au moins 15 matchs. C'est une base de partisans qui a énormément souffert en raison de l'incompétence de l'organisation à plusieurs niveaux pendant tout ce temps. C'était carrément dysfonctionnel.

Lorsque les Browns ont atteint le fond du baril en 2017, ça leur a permis de jeter les bases vers ce qu'ils sont aujourd'hui. Ils ont sélectionné Mayfield, ont réussi à bien l'entourer, et ont éventuellement nommé Kevin Stefanski à la barre de l'équipe. Stefanski a mis les ingrédients ensemble et en a fait une équipe dangereuse.

Bravo à Stefanski et à ses Browns qui en ont fait juste assez pour se classer. Mais peu importe comment ça s'est passé, l'important est qu'ils goûteront le week-end prochain aux éliminatoires. Et pour ajouter à cette histoire fabuleuse, ils disputeront ce match éliminatoire contre ces mêmes Steelers, au Heinz Field!

Dans une ligue où la parité fait en sorte que tout le monde a tôt ou tard son moment dans la NFL, les Browns, qui étaient une exception à la règle, mettent finalement fin à cette longue disette.

Trois autres coachs se font montrer la porte

Comme c'est souvent le cas le lendemain de la fin de la saison régulière, trois entraîneurs-chefs ont perdu leur emploi lundi. Ça fait passer le total de postes à combler dans la NFL à six chez les instructeurs, et six chez les directeurs généraux.

On a vu les noms d'Adam Gase, Doug Marrone et Anthony Lynn s'ajouter à la liste dans les dernières heures, et il n'y a aucune surprise là.

Depuis quelques années, à Miami et à New York, Gase était devenu un « cimetière » pour les quarts-arrières. Jadis estimé comme un gourou offensif, il n'a rien pu faire pour l'attaque des Dolphins, et n'a pas su développer le potentiel de Sam Darnold. Il va falloir poursuivre le développement de Darnold avec un entraîneur offensif digne de ce nom. D'ailleurs, j'espère que les Jets n'abandonneront pas tout de suite sur le cas de Darnold.

Pour sa part, Lynn quitte en ayant le respect de ses joueurs, sauf qu'il n'a pas livré les résultats souhaités. Il n'a pas fait du mauvais boulot avec le quart recrue Justin Herbert qui a été étincelant en 2020, mais au final, sa mauvaise gestion des fins de matchs et des fins de demies lui a coûté sa place sur les lignes de côté des Chargers de Los Angeles. Trop souvent, son équipe a laissé filer des avances bêtement en fin de rencontre. Une des raisons pour lesquelles les meilleurs coachs de la NFL sont si bien payés, c'est qu'ils arrivent à gérer ces situations cruciales. Clairement, Lynn n'a pas fait la preuve qu'il pouvait bien diriger lors de ce « football de situations ».

Finalement, Marrone perd son poste après que son équipe ait encaissé 15 revers de suite après une victoire inattendue en tout début de calendrier. Les Jaguars de Jacksonville s'enfoncent de plus en plus creux au classement, leur fiche des trois dernières saisons étant de 12 victoires et 36 défaites. Ça fait maintenant trois ans de suite que les Jags terminent derniers dans l'AFC Sud.

Ils ont désormais la chance inestimable de parler au 1er rang du prochain repêchage, et à moins d'un revirement de situation invraisemblable, ce choix servira à réclamer le quart Trevor Lawrence. Tu n'as pas d'autre choix que de remodeler de fond en comble l'organisation pour bâtir autour du jeune général. Marrone n'était évidemment pas l'homme de la situation.

Les Bills, une des belles histoires de 2020

Je m'en voudrais de ne pas parler des Bills de Buffalo, qui à mon sens représentent une des plus belles histoires de cette saison dans la NFL.

Non seulement ont-ils mis la main sur le titre de l'AFC Est pour la 1re fois depuis 1995, c'est aussi épatant de voir comment ils l'ont fait. Les Bills jouent avec autorité, et entrent en éliminatoires en disputant leur meilleur football (possiblement le meilleur parmi les 14 clubs qualifiés?) Il n'y pas vraiment de faiblesse dans l'effectif de Sean McDermott, et l'attaque est menée par un quart ayant connu une progression fulgurante entre 2019 et 2020. 

Les Bills ont eu le pied sur l'accélérateur tout au long de la saison, et ça n'a pas changé face aux Dolphins pour la dernière rencontre. J'ai aimé de les voir finir ainsi; avec Josh Allen comme partant, 28 points ont été inscrits avant qu'on ne le laisse sur les lignes de côté. Avec son réserviste Matt Barkley aux commandes en 2e demie, Buffalo en a ajouté 28 autres. C'est impitoyable; on attaquait les zones profondes sans relâche. C'est la NFL et on ne fait pas de cadeaux. Je me mets à la place des Dolphins; si tu critiques le choix des Bills de continuer de monter le score, je dirais plus que c'est ton problème!

Les Bills voulaient démontrer avant l'arrivée en éliminatoires qu'ils étaient une des équipes à battre, associations Américaine et Nationale confondues, et à mon avis, ils l'ont fait de brillante façon, semaine après semaine, particulièrement dans le dernier droit.

* propos recueillis par Maxime Desroches