Une semaine no 1 remplie de rebondissements dans la NFL est désormais derrière nous, et je vous propose aujourd’hui cinq histoires qui ont retenu mon attention.

Murray époustouflant dans la victoire des Cards

Les Cardinals de l’Arizona ont amorcé leur saison avec conviction en remportant leur match 38-13 face aux Titans du Tennessee, et c’est en bonne partie grâce au brio du quart Kyler Murray, qui a été absolument brillant dimanche.

Je me souviens d’avoir écrit essentiellement la même chose lors d’une chronique en début de saison 2020. Qu’il était carrément incroyable, qu’il paraissait inarrrêtable, qu’il était sur le point de devenir l’ultime double menace dans la NFL.

Je le pense encore, même si je crois qu’il existe de meilleurs passeurs parmi les jeunes quarts vedettes, dont le plus évident est Patrick Mahomes. Il existe aussi un meilleur coureur en la personne de Lamar Jackson. Mais parmi ceux qui ont la combinaison du bras et de la mobilité, Murray est à mon avis le meilleur du circuit Goodell. Il est capable d’étirer les jeux avec ses jambes et ensuite de lancer avec puissance et suffisamment de précision de n’importe quelle plateforme. On l’a vu dans son premier match de 2021 avec des exemples évidents du bras canon qu’il possède.

Kyler MurrayFace aux Titans, il a complété 66 % de ses passes et amassé 289 verges de gains aériens, en plus d’inscrire quatre touchés par la voie des airs. Il a aussi obtenu 20 verges au sol et réussi un majeur par la course.

Le groupe de receveur à sa disposition est très solide cette année avec la présence de DeAndre Hopkins, A.J. Green, Christian Kirk et Rondale Moore. Ce sera intéressant de voir la suite de sa progression. Après un fort début l’an dernier, ça s’était quelque peu estompé.

On raconte souvent que le poste d’entraîneur-chef de Kliff Kingsbury sera en danger si les Cards ne sont pas des éliminatoires. C’est à lui de trouver les meilleures façons de mettre en valeur son quart étoile. Il l’a fait dans la semaine no 1, mais devra poursuivre de la sorte tout au long de l’année, surtout dans une NFC Ouest qui s’annonce extrêmement relevée, possiblement même la meilleure division de la ligue.

Jags : déjà des inquiétudes pour Meyer

Il n’y a qu’un match de joué dans l’ère Urban Meyer à Jacksonville, et déjà, des inquiétudes font surface quant au travail du nouvel homme de confiance des Jags.

Plusieurs ont tenté sans grand succès de faire le saut des rangs collégiaux, dans lesquels ils avaient connu passablement de succès, vers la NFL au fil des dernières décennies. On peut penser à Nick Saban, Steve Spurrier et Chip Kelly notamment. Les exemples ne manquent pas, et les résultats ont été plus souvent qu’autrement décevants. Le fait de diriger des professionnels est une toute autre réalité que celle de diriger de jeunes universitaires.

Urban MeyerMalgré un dossier de 83-9 avec Ohio State et qu’il n’est pas habitué à perdre, on est en droit de s’attendre à ce que l’histoire ne soit pas si différente pour Meyer.

D’une part, il a hérité d’un club en reconstruction, donc qui ne possède pas immensément de talent. D’autre part, on peut aussi se poser des questions sur certains choix qui ont été effectués au dernier repêchage. Au lieu de bâtir en privilégiant les tranchées, de manière à bien protéger le quart recrue Trevor Lawrence, on est allés chercher des joueurs offensifs comme Travis Etienne. À mon sens, ce n’était pas un choix très avisé pour l’avenir de l’organisation.

En plus de tout cela, et au-delà de la cuisante défaite subie aux mains d’une équipe qui est censée être à un niveau similaire en 2021, il y a aussi le fait que certains de ses joueurs ne soient pas enchantés par certaines de ses façons de faire. C’est du moins ce que rapportait un article de CBS Sports peu avant le coup d’envoi de la saison. On fait état de discordes et de tensions entre Meyer et certains de ses joueurs, et même avec certains membres du personnel.

On raconte qu’il menace la sécurité d’emploi des entraîneurs qui ne font pas les choses à sa manière et qu’il prend le contrôle des exercices en pratique. Il agirait avec une main de fer et miserait sur la méthode militaire. Dans la NCAA, où l’entraîneur est roi et maître, cela peut très bien rapporter des dividendes. C’est lui qui décide du sort de tout le monde, après tout. Chez les pros, la balance du pouvoir n’est pas la même.

Certes, on lui a fait signer un long contrat, et on lui laissera une réelle chance de mettre son empreinte sur cette jeune équipe avant de paniquer. Mais ce n’est pas de bon augure lorsque déjà au tout début du règne de Meyer, on rapporte qu’il y a de la bisbille à l’interne.

Système à deux quarts pour les 49ers et les Bears

J’ai trouvé digne de mention que les 49ers de San Francisco et les Bears de Chicago aient utilisé deux quarts-arrières dans un même match lors de leur match d’ouverture.

On a beaucoup parlé des cinq quarts-arrières sélectionnés en première ronde ce printemps. Lawrence (Jacksonville), Zach Wilson (Jets de New York) et Mac Jones (Nouvelle-Angleterre) débutent l’année en tant que partant de leur équipe respective.

Deux autres entamaient la campagne en tant que substituts pour des raisons différentes, mais qui se justifient. Dans le cas de San Francisco, Jimmy Garoppolo est un bon quart d’expérience et on lui verse un salaire faramineux. Il a également connu un solide camp d’entraînement. De son côté, la recrue Trey Lance n’est pas nécessairement prêt à jouer de bout en bout un match au niveau professionnel. Il va devoir continuer à mûrir comme joueur avant de dépasser Garoppolo dans la hiérarchie.

À Chicago, on a Justin Fields mais on préfère jouer de prudence avec lui. Il est vrai qu’il n’est peut-être pas un produit aussi poli que les quatre autres quarts ayant trouvé preneur au premier tour. Il est également bon de mentionner que la qualité de la ligne offensive des Bears n’a rien de bien rassurant pour la protection d’un quart d’avenir. On ne veut pas le brûler, et c’est pourquoi Andy Dalton était aux commandes pour la grande majorité des jeux contre les Rams de Los Angeles.

J’ai trouvé intéressant que les Niners et les Bears décident quand même d’amener Lance et Fields dans le match ici et là. Je n’ai jamais été un grand partisan de cette façon de procéder, mais la stratégie employée dimanche par les deux clubs était tout de même amusante à regarder. Lorsqu’on s’approchait de la zone de buts, on déployait les deux jeunes quarts car ils représentent un tout autre type de menace que Garoppolo et Dalton avec leur grande mobilité. Force est d’admettre que les résultats ont été là : Lance a décoché sa première passe de touché, tandis que Fields s’est servi de ses jambes pour en marquer un au sol.

Comment Kyle Shanahan et Matt Nagy vont-ils continuer d’incorporer graduellement ces deux jeunes quarts à leurs schémas offensifs pour finalement leur laisser les rênes de l’attaque? La suite des choses sera intrigante.

Slater, un vol pour les Chargers?

Plusieurs experts du repêchage étaient d’avis que les Chargers de Los Angeles avaient réussi une belle affaire en réclamant le joueur de ligne offensive Rashwan Slater avec le 13e choix au total. Il était évident que la formation californienne avait besoin d’offrir une meilleure protection à Justin Herbert pour sa deuxième saison dans la NFL, et c’est ce qui a été fait via le repêchage ce printemps.

Slater a été le deuxième bloqueur de la cuvée à trouver preneur après Penei Swell avec les Lions de Detroit. D’une part, Slater est un joueur polyvalent capable de s’aligner à peu près n’importe où sur la ligne. D’autre part, on le considérait « pro-ready », c’est-à-dire qu’il n’était pas un projet à long terme pour les Chargers. Finalement, Slater avait marqué les esprits durant son séjour à Northwestern en jouant de superbe façon contre Chase Young alors que ce dernier évoluait pour Ohio State. Il l’avait neutralisé durant une confrontation entre les deux universités.

Rashawn SlaterAutant dire que si Slater est en mesure de tenir tranquille Young, il est capable d’en faire autant avec plusieurs excellents chasseurs de quarts. Pour son premier match avec L.A., on l’a placé comme bloqueur à gauche, et il s’est admirablement bien tiré d’affaire... contre un certain Chase Young, puisque les Chargers affrontaient Washington. La planète football était en pâmoison devant cette première performance chez les pros. Que ce soit Young ou Montez Sweat, qui est très bon aussi, le jeune bloqueur a été dominant, en plus de très bien faire aussi dans la protection pour le jeu au sol.

Lors de la première semaine, Pro Football Focus évalue que Slater a été le 14e meilleur bloqueur de tout le circuit sur un total de 68. PFF est une sommité pour évaluer les performances des joueurs de ligne. C’est vraiment remarquable comme prestation, surtout qu’il était confronté à un des fronts défensifs les plus terrorisants de la ligue.

St-Juste fait partie des plans immédiats à Washington

Parlant du match de Washington, j’ai été ébahi de voir à quel point l'entraîneur-chef Ron Rivera a rapidement fait confiance au demi de coin québécois Benjamin St-Juste. Je ne me serais pas attendu à le voir être sur le terrain avec autant de régularité dès la semaine no 1 tandis qu’il gravit les échelons, mais c’est bien ce qui s’est produit.

Face aux Chargers, St-Juste a disputé 47 des 81 jeux défensifs de son club, ce qui veut dire qu’on a fait appel à ses services environ 58 % du temps. Dans la NFL, où les entraîneurs font beaucoup de rotations en défense et envoient différents groupements de personnel dans la mêlée, le Québécois a pratiquement été un partant dans la tertiaire à ses débuts.

On n’a pas eu peur de le mettre en confrontation un-contre-un avec certains des receveurs les plus talentueux du circuit, notamment Keenan Allen et Mike Williams. Oui, Benjamin s’est fait attaquer. C’est la loi de la jungle. Il est un choix de troisième ronde qui en est à ses premiers pas dans la ligue. Les coordonnateurs offensifs adverses le savent et vont tenter d’exploiter une faille. Le Québécois a été loin d’être parfait, mais je trouve qu’il s’est franchement bien débrouillé. Il a de bonnes hanches et fait d’excellents changements de direction, en plus d’avoir la rapidité requise pour rattraper les receveurs après l’attrapé. Il n’a pas eu l’air fou une seule fois. 

Je sais qu’il n’y a pas de victoire morale dans le sport professionnel, mais il faut tenir compte du fait qu’à peu près tous les joueurs recrues ont une courbe d’apprentissage à respecter. Dimanche, c’était tout un test pour Benjamin St-Juste face à Herbert et un groupe de receveurs dangereux, et je crois qu’il a hyper bien paru. 

Ce sera intéressant de voir la suite de sa saison, car son utilisation si tôt dans l’année nous démontre que Washington a des plans d’envergure pour lui.

* propos recueillis par Maxime Desroches