MONTRÉAL – L’an dernier, à sa première année avec les Ravens de Baltimore, Marc Trestman est parvenu à mener une attaque décimée au 14e rang de la NFL, mais ce rendement ne s’est pas reflété sur le rendement de l’équipe.

Les Ravens, de l’entraîneur-chef John Harbaugh, n’ont pu faire mieux qu’un dossier de 5-11 loin derrière les Bengals de Cincinnati (12-4) et les Steelers de Pittsburgh (10-6) qui ont dominé la section Nord de l’Association américaine.

À l’aube de la saison 2016, il serait difficile de trouver un homme plus heureux que Trestman. En effet, le coordonnateur offensif devrait enfin pouvoir compter sur tous les meilleurs outils de l’organisation.

L’an passé, Trestman a colmaté les brèches de son mieux lorsque des piliers dont le quart-arrière Joe Flacco, le receveur Steve Smith, le joueur de ligne offensive Eugene Monroe et le porteur de ballon Justin Forsett ont été tenus à l’écart du terrain.

Ce lourd bilan médical n’était pas le seul obstacle avec lequel Trestman devait composer. Afin de miser sur la continuité, les Ravens ont demandé à l’entraîneur d’expérience de conserver l’attaque déjà déployée par l’équipe. C’est donc dire qu’il a dû assimiler le système d’un autre au lieu d’implanter ses paramètres.

Pour l’an II aux commandes de ce groupe, Trestman remarque une grande évolution.

« C’est vraiment différent. La saison dernière, j’arrivais comme le nouveau coordonnateur offensif dans un nouvel environnement avec de nouveaux joueurs et avec un nouveau système offensif à découvrir. Ça prend du temps pour apprendre à les connaître autant sur leurs forces et faiblesses que sur leur personnalité. Ça progresse beaucoup plus rapidement », a reconnu l’homme de 60 ans durant une entrevue avec le RDS.ca.

Même si Trestman n’a pas échappé à quelques blâmes de partisans avides de championnats, l’ancien entraîneur des Alouettes a réussi un tour de force en situant son unité parmi la première moitié des 32 formations de la NFL.

Flacco et Smith n’ont pas encore entièrement recouvré la santé, mais Trestman entrevoit de belles choses pour la saison qui débutera le 11 septembre avec la visite des Bills de Buffalo.

À 37 ans, Smith en a surpris plusieurs en décidant de revenir à l’action à la suite d’une blessure au tendon d’Achille. L’athlète de cinq pieds neuf pouces est devenu émotif, la semaine dernière, quand il a justifié son retour car il avait eu l’impression de laisser tomber les siens en se blessant l’an passé.

« Avant tout, c’est un joueur d’élite. Pour réussir ce qu’il a accompli pendant aussi longtemps et avec une stature comme la sienne, ce n’est rien de moins que remarquable. Évidemment, les gens savent qu’il est très compétitif, mais il est également un bon meneur et un athlète très intelligent. Son côté amusant et son sens de la répartie aident aussi à créer une belle ambiance dans le vestiaire », a décrit Trestman.

Les Ravens souhaitaient entourer Smith de meilleures ressources et ils ont embauché le receveur Mike Wallace. S’il demeure un cas énigmatique, Wallace détient des habiletés indéniables.

« Il nous a déjà démontré qu’il avait de belles qualités de meneur. Il a assumé ce rôle en attendant le retour de Steve. Mike possède encore la vitesse pour capter de longues passes et il a été capable d’attraper des passes contestées à l’entraînement », a remarqué Trestman.

Les plus grandes responsabilités reviendront tout de même à Flacco. Celui-ci continue de bâtir sa relation de travail avec Trestman puisque sa blessure a limité leurs interactions.

John Harbaugh et Marc Trestman« La relation avec ton quart-arrière évolue constamment. La nôtre évolue dans une direction très positive, on communique aisément ensemble. On est ouvert sur tout ce qui se passe et on s’amuse en plus. Je suis excité en pensant à ce qui s’en vient », a exposé Trestman au sujet de Flacco qui a frôlé le plateau des 4000 verges en 2013 et 2014.

Très cartésien dans son approche, Trestman a déjà imaginé ses prévisions pour son attaque. Sans dévoiler de chiffres, il calcule des rendements à la hausse en additionnant tous ces facteurs positifs.

« On veut certainement être la meilleure attaque qu’on peut être. On a l’impression qu’on a réussi à faire ça l’an dernier dans les conditions qu’on ne contrôlait pas. On place nos standards très élevés pour toute la saison et on aura plusieurs occasions de démontrer ce qu’on peut faire. On pense qu’on connaîtra aussi du succès par la course », a envisagé Trestman qui n’est pas du style à s’emballer gratuitement.

Après son expérience de courte durée à la barre des Bears de Chicago, Trestman apprécie la latitude dont il dispose sous les ordres de John Harbaugh.

« Il est du style à déléguer. Il aime créer des occasions pour que les autres puissent faire leur travail tout en saisissant très bien ce qui se passe dans l’équipe », a décrit l’entraîneur dont la plus vieille mention de la NFL dans son curriculum vitae remonte à 1985 avec les Vikings.

Harbaugh, Trestman et les Ravens devront profiter de leur calendrier plus favorable en début de saison pour amasser les victoires. Des duels contre les Bills, les Browns, les Jaguars, les Redskins et les Giants sont notamment prévus. Ça se corsera par la suite avec des affrontements comme ceux face aux Steelers, aux Cowboys, aux Patriots et aux Bengals (deux fois).

« Dans le football professionnel, ce n’est pas l’identité de ton adversaire qui importe, mais plutôt quand tu l’affrontes. On ne sait pas comment les équipes évolueront d’ici la deuxième moitié du calendrier, mais c’est clair qu’on veut connaître un fort départ », a-t-il indiqué.

Une grande confiance en Calvillo, l’entraîneur

Le nom de Trestman a souvent refait surface en sol canadien au cours des derniers mois. Les déboires des Alouettes ont incité des partisans à souhaiter son retour comme entraîneur des Oiseaux.

Pendant son règne de cinq ans, les Alouettes ont brillé remportant deux championnats consécutifs en 2009 et 2010. Cette période lui a permis de tisser des liens serrés avec le quart-arrière Anthony Calvillo qui a raffiné son jeu sous ses directives.

Calvillo a maintenant changé de chapeau en étant à sa première campagne complète comme coordonnateur offensif. Les deux « cerveaux » de football demeurent en contact.

« On a communiqué ensemble avant la saison et on s’échange des messages textes. Ce n’est pas une grande implication de ma part, plus des encouragements et du renforcement positif », a précisé Trestman qui a gentiment demandé à saluer les gens de Montréal.

Au cours des derniers jours, Calvillo a admis qu’il avait commis des erreurs dans certaines sélections de jeux. Il s’agit d’une situation inévitable aux dires de son mentor.

« AC se retrouve dans une position totalement différente de celle de joueur alors qu’il avait le contrôle sur le résultat. Comme coordonnateur offensif, tu seras toujours critique envers toi-même quand tu fais une erreur ou un choix que tu regrettes. Ça fait simplement partie de son apprentissage », a-t-il rappelé.

Assurément, Trestman voue une grande confiance envers le potentiel de l’ancien numéro 13. Anthony Calvillo et Marc Trestman

« Il deviendra un formidable entraîneur. Il a tout ce qu’il faut pour réussir avec sa capacité de communiquer ses connaissances, son côté compétitif et son leadership. Il traverse une période un peu moins facile présentement, mais c’est une belle opportunité d’en apprendre plus sur lui et l’équipe sur elle-même.

« Je ne crois pas que personne ne compose mieux avec l’adversité qu’Anthony. Je prévois beaucoup de succès pour lui et l’équipe dans l’avenir », a témoigné Trestman en parlant des épreuves professionnelles et personnelles surmontées par Calvillo.

À l’époque du tandem Calvillo-Trestman, les plans de match offensifs étaient complexes et réglés au quart de tour. Sans dénigrer les joueurs en poste, ce niveau est probablement trop relevé avec les munitions actuelles.

« Je sais qu’Anthony est conscient des forces et des faiblesses des ressources dont il dispose. La saison demeure jeune et je suis confiant qu’il saura s’ajuster », a maintenu l’Américain.

Avec ses nombreux contacts, Trestman a certainement eu des échos de l’expérience infructueuse de Duron Carter avec les Colts d’Indianapolis. L’entraîneur s’est limité à un seul conseil pour le receveur doué qui souhaite, éventuellement, s’établir dans la NFL.

« La première chose à faire est d’être un bon coéquipier qui pense aux autres et qui continue à réussir les jeux sur le terrain. Le reste suivra. Il doit se concentrer à être un bon coéquipier, ça aidera les Alouettes et sa carrière », a conclu Trestman qui a toujours prôné cette philosophie.