Un Canadien qui s'illustre dans l'ombre
NFL samedi, 16 nov. 2013. 15:50 mercredi, 11 déc. 2024. 20:50Élevé sur une ferme d’une petite contrée du sud de l’Ontario, Austin Pasztor se passionnait pour le hockey, mais il a tellement grandi qu’il a dû troquer son équipement de gardien de but pour un de football sans penser qu’il s’établirait, sans tarder, dans la NFL.
À six pieds, sept pouces et 308 livres, Pasztor n’a jamais regretté son choix surtout qu’il s’est emparé d’un poste de partant sur la ligne offensive des Jaguars de Jacksonville en moins d’une saison complète.
À travers une année plus qu’éprouvante pour les Jaguars, le rendement de Pasztor s’avère l’un des seuls éléments positifs tout comme la première victoire de la saison savourée la semaine dernière contre les Titans du Tennessee.
Le colosse natif de Tillsonburg, tout près de la frontière américaine et du Lac Érié, a réussi un tour de force car il a obtenu ce statut malgré un changement de position. Évoluant au poste de garde depuis plusieurs années, il a été muté comme bloqueur à droite et il est devenu une pièce indélogeable en quelques semaines.
Le 10 novembre, ses efforts et ceux de ses coéquipiers ont été récompensés quand les Jaguars ont mis un terme à une longue traversée du désert de 13 revers.
« Bien sûr, c’est une très grosse victoire pour nous, nous avions travaillé tellement fort depuis le début de la saison sans pouvoir arracher une seule victoire. L’effet est très bénéfique sur le groupe et c’était très festif dans notre vestiaire », a avoué Pasztor, en entrevue au RDS.ca.
Les Jags ont causé la surprise grâce à une recette éprouvée.
« Notre défense a très bien joué en créant quatre revirements en plus de marquer des points avec un touché de sûreté et un majeur », a identifié Pasztor à propos des 17 points marqués à partir de revirements.
Sans surprise, les sourires sont plus nombreux dans l’organisation des Jaguars cette semaine, mais Pasztor assure que la semaine de préparation ne diffère pas beaucoup des précédentes.
« L’ambiance se ressemble beaucoup parce que tu ne peux pas laisser les victoires ou les défaites influencer ton travail », a soutenu l’imposant numéro 67.
Les Canadiens qui deviennent des rouages importants d’une équipe de la NFL demeurent rares et Pasztor pourrait avoir l’impression de flotter sur un nuage surtout qu’il a réussi cet exploit sans avoir été repêché.
Toutefois, les résultats insatisfaisants de sa troupe l’empêchent de trop se réjouir et le climat de travail pourrait être désastreux dans un tel contexte, mais il se fait rassurant à ce sujet.
« C’est vrai que ça peut être éprouvant, mais notre entraîneur Gus Bradley fait un excellent travail pour nous garder motivés et concentrés », a indiqué Pasztor au sujet du pilote recrue.
En fait, une accumulation de défaites aurait pu créer un environnement propice à des querelles et des dissensions entre coéquipiers. Heureusement, la situation est beaucoup plus harmonieuse que dans le vestiaire des Dolphins de Miami qui traversent une tempête.
« Nous avons un excellent vestiaire particulièrement cette année. Les nouveaux entraîneurs et le nouveau directeur général (David Caldwell) ont décidé qu’ils voulaient bâtir l’équipe autour de joueurs avec un bon caractère », a confié celui dont le frère Matt poursuit une carrière au niveau universitaire ontarien.
Une transition réussie grâce à son intelligence
Depuis qu’il est devenu le bloqueur à droite partant de sa formation lors du cinquième match de la campagne, Pasztor s’est attiré des éloges. La ligne offensive des Jags présente encore certaines faiblesses, mais l’Ontarien s’avère un maillon fort du groupe.
Humble, et encore plus en entrevue, Pasztor préfère réfléchir quelques secondes pour expliquer son succès dans un nouveau rôle.
« Je présume que le travail de bloqueur n’est pas si différent de celui de garde. C’est surtout en protection pour la passe que les différences sont plus importantes », a-t-il expliqué.
« À partir du camp d’entraînement, j’ai dû apprendre où le quart se situe dans les différentes situations et je devais aussi m’habituer à freiner des athlètes plus rapides et agiles que ceux auxquels j’étais confronté auparavant », a ajouté Pasztor en vantant l’apport des entraîneurs.
Ceux-ci n’hésitent pas à souligner l’intelligence de Pasztor qui était parvenu à s’établir comme partant à seulement 17 ans avec les Cavaliers de l’Université Virginia.
« En effet, je crois qu’il faut être intelligent pour jouer sur la ligne offensive car tu dois comprendre plusieurs aspects et nuances dans le jeu pour t’adapter », a-t-il reconnu.
S’il accepte ce compliment, il adopte l’habitude de plusieurs athlètes qui refusent de lire ou de regarder les médias sportifs pour éviter que sa concentration soit affectée.
Sélectionné au quatrième rang du repêchage de la LCF en 2012 par les Eskimos d’Edmonton, Pasztor n’aurait pas détesté une carrière au football canadien lorsqu’il était plus jeune. Mais son parcours a pris un virage encore plus attirant quand il a été recruté par l’école de l’Académie militaire Fork à la suite d’un match de joueurs canadiens prometteurs contre cette institution.
Après une saison au sein de ce nouveau programme – qui a notamment formé Eddie George et Plaxico Burress - il a été recruté par l’Université Virginia où il a étudié en sociologie.
Son séjour remarqué au football universitaire américain lui a ouvert les portes de la NFL où il vit de superbes expériences comme celle d’avoir été invité à passer une journée auprès de pilotes d’avion de la Garde nationale de la Floride.
« C’était une occasion merveilleuse pour voir des choses très intéressantes et parler avec des personnes inspirantes », a conclu Pasztor qui n’a pu entrer dans le cockpit du F-15 pour la même raison que son équipement de gardien de but ne lui convenait plus.
Si les Jaguars ne représentent pas l’équipe la plus séduisante de la NFL, Pasztor se réjouit d’avoir la chance de miser sur la présence de quelques amis ou membres de sa famille à chacune de ses parties.