Muamba a attiré l'attention de plusieurs équipes de la NFL
NFL vendredi, 7 févr. 2014. 21:00 mercredi, 11 déc. 2024. 22:32Selon la tendance solidement ancrée, les joueurs canadiens ont l’habitude d’accéder à la NFL au compte-gouttes après avoir bûché pendant des années. À l’autre bout de ce spectre se trouve Henoc Muamba, le nouveau protégé des Colts d’Indianapolis, qui a attiré l’attention d’une multitude d’équipes du circuit américain.
Depuis qu’il a été sélectionné au tout premier rang du repêchage de la LCF en 2011, Muamba n’a pas cessé de progresser à la vitesse à laquelle il emmagasine les plaqués. Après trois saisons couronnées de succès, il a été élu joueur par excellence dans la section Est de la Ligue canadienne et les portes de la NFL sont devenues grandes ouvertes pour qu’il y poursuive son chemin.
Voilà où le parcours de Muamba étonne. Le secondeur de 24 ans, il fêtera son 25e anniversaire le 23 février, a eu le privilège de choisir avec quelle équipe de la NFL il allait faire le saut.
« Je dois dire que je suis vraiment béni d’être dans cette situation », a avoué Muamba, au RDS.ca, quelques heures après l’annonce officielle de son pacte avec Indianapolis.
Grâce à ses performances sur les vastes terrains canadiens, Muamba et son agent ont reçu de l’intérêt sérieux de plusieurs organisations. Au total, l’agent de l’athlète originaire de la République démocratique du Congo a été en contact avec près de 20 clubs de la NFL.
Au fil des dernières semaines, il a donc parcouru les États-Unis pour aller se faire valoir devant les dirigeants des équipes les plus sérieuses où son potentiel pouvait être mis à contribution. Nul doute, il réalise à quel point son statut s’avère privilégié.
« Beaucoup d’équipes me disaient que j’étais dans une situation unique pour un joueur venant de la LCF. Je suis très chanceux et je donne beaucoup de crédit à Dieu, à toutes les personnes de mon entourage et surtout à mes entraîneurs qui m’ont placé dans des situations enviables pour progresser », a confié celui qui s’exprime dans un excellent français.
« Vers la fin du processus, il y avait dans le portrait des équipes comme les Seahawks, les Broncos, les Ravens, les Patriots, les Dolphins, les Buccaneers… », a nommé Muamba sans vouloir se bomber le torse – ce qui n’est pas nécessaire avec sa carrure de six pieds et 230 livres.
C’est finalement le fer à cheval des Colts qui a croisé la ligne d’arrivée avec une longueur d’avance.
« Parmi les équipes très intéressées, j’ai été très confortable dès que je suis arrivé dans l’environnement des Colts. J’ai apprécié le contact avec le directeur général Ryan Grigson, qui a été franc et ouvert, ainsi qu’avec l’entraîneur Chuck Pagano et celui des secondeurs (Jeff FitzGerald). Je pense aussi que le contexte de leur défense pourrait me permettre de grandir comme joueur », a révélé celui qui a fait le sacrifice de déménager au Texas temporairement pour mener son ascension à la NFL avec succès.
En plus de son curriculum vitae éloquent, les Colts avaient une autre excellente raison de faire confiance à ce produit canadien d’origine congolaise. En effet, Indianapolis n’a jamais regretté son choix d’embaucher, en 2012, le secondeur Jerrell Freeman en provenance des Roughriders de la Saskatchewan sans oublier leur lien qui ne date pas d’aujourd’hui avec les athlètes canadiens comme Mike Vanderjagt, Austin Collie, Samuel Giguère ou Carl-Olivier Prime.
D’emblée, Muamba se montre très reconnaissant envers Freeman et tous ceux qui ont fait tomber des barrières entre les deux ligues.
« Absolument, Jerrell a ouvert la porte. Il y a beaucoup de gens qui l’ont fait aussi. Je pense notamment à Vaughn Martin (Dolphins et Chargers) que je connais personnellement. J’espère pouvoir en faire autant pour d’autres Canadiens », a-t-il souhaité avec conviction.
Outre ces noms, celui d’Andy Mulumba (Packers) refait surface, car le parallèle s’impose entre la vie des deux athlètes. Après leur enfance au Congo, ils ont chacun trouvé leur terre d’accueil au Canada où ils ont fini par tomber en amour avec le football grâce aux invitations de leur entourage pour finalement séduire des dirigeants de la NFL.
Malgré les similitudes évidentes, les deux secondeurs ne se connaissent pas encore ce qui n’empêche pas l’inspiration d’opérer.
« J’ai entendu parler d’Andy puisqu’il vient du Congo et mes parents connaissent des personnes en lien avec lui. Sa réussite est très belle à voir et je suis très excité et content pour lui. C’est merveilleux de voir un Canadien accéder à la NFL et y rester dès la première année. C’est inspirant et je peux me fier sur son parcours. »
En vertu d’un camp d’entraînement étincelant, Mulumba a convaincu les Packers de retenir ses services et il a été récompensé en amorçant même quelques matchs comme partant en 2013. Cet exemple incite donc Muamba à croire en ses chances d’amorcer le calendrier 2014 avec un chandail bleu et blanc sur le dos.
« Je suis très optimiste, c’est la façon dont je travaille et j’ai confiance en mes habiletés données. Ce sera à moi de bien apprendre les différences entre les deux ligues et rapidement appliquer ces nuances », a lancé celui qui refuse de penser à l’éventualité d’un retranchement qui pourrait le mener vers une autre équipe de la NFL.
Un amour du football développé sur le tard
Cette route vers l’Indiana s’est pourtant amorcée dans une direction très éloignée alors que Muamba est né dans un pays de l’Afrique centrale. Vers 7 ans, Muamba et ses deux frères ont suivi leurs parents qui avaient décidé de traverser l’Atlantique pour leur offrir un meilleur avenir.
Après quelques années à Montréal, la famille quitte vers Mississauga en Ontario où il finira par découvrir le football, un sport qui était loin de l’attirer à cette époque.
« J’ai toujours adoré le basketball, c’était le sport que j’aimais le plus en grandissant. En 10e année, j’ai commencé à jouer au football puisque mes professeurs et mes entraîneurs m’avaient suggéré cette avenue. Au début, je ne comprenais pas les règles et je n’aimais pas le sport ni les contacts », a avoué l’ancien numéro 10 des Blue Bombers.
Graduellement, la magie du football a fait son œuvre et il a continué sa carrière à l’Université Saint-Francis-Xavier en Nouvelle-Écosse.
« C’est vraiment à ce moment que le sport est devenu quelque chose que j’adorais et que je consacrais du temps à l’extérieur du terrain pour m’améliorer », a expliqué Muamba qui a reçu, via Twitter, plusieurs messages de bienvenue de partisans des Colts.
Et quand il décide de s’impliquer à fond ou de foncer dans un projet, Muamba ne le fait pas avec des demi-mesures. Son séjour à Winnipeg constitue un exemple de son approche entière.
« Quand j’ai signé le contrat avec les Bombers, je voulais me donner cœur et âme à mon équipe et à la ville. Je me suis beaucoup impliqué dans la région, dont avec un programme pour aller partager mon expérience dans les écoles, les églises et les prisons », a dit Muamba en remerciant l’organisation dont le directeur général Kyle Walters.
En laissant leur pays d’origine derrière eux, la famille Muamba se tournait vers un horizon plus ensoleillé. Cette fois, en traversant la frontière, il se sépare de son grand frère Cauchy qui demeure avec les Blue Bombers, mais c’est afin d’atteindre la NFL qui est devenue son rêve ultime à mesure que son amour pour le football s’est développé.
Quant à son jeune frère, Joe Kelvin, qui entamera sa dernière année avec les Golden Hawks de l’Université Laurier, il comprend très bien ce choix tout comme ses parents Louise et Germain qui ont prouvé à leurs enfants que les ambitions peuvent mener bien loin.