Nous attendions avec impatience l'affrontement entre les Patriots de la Nouvelle-Angleterre et les Colts d'Indianapolis, les deux équipes invaincues de la NFL. Ce match mettait aux prises les deux meilleurs quarts-arrières de la NFL : Tom Brady et Peyton Manning.

Les deux en ont arraché et c'est tout à l'honneur des défensives. Brady n'avait lancé que deux interceptions depuis le début de la saison avant d'affronter les Colts (en huit matchs) et il a été intercepté deux fois dimanche. Les Colts avaient été victimes de cinq revirements depuis le début de la saison avant d'affronter les Patriots et dimanche, ils ont été victimes de deux revirements, l'interception et l'échappé de Manning.

Les deux quarts ont eu des hauts et des bas, mais quand ça comptait, dans les huit dernières minutes du quatrième quart, les Patriots ont fait ce qu'il fallait. On en revient toujours à ce vieux cliché à savoir que les bonnes équipes savent trouver une façon de gagner.

Mais nous avons vu deux équipes des Pats dimanche : celle qui se faisait frapper, avait de la difficulté à mettre de la pression sur Manning, avait de la difficulté à plaquer Addai bref, c'était difficile. La défensive des Colts frappait tout ce qui bougeait, était très rapide et robuste. Elle m'a impressionné encore une fois même si elle fait très bien depuis le début de la saison. Elle était tellement dominante qu'à un certain moment, rien ne fonctionnait pour les Patriots.

Puis, tout à coup, tout a changé. Brady avait du temps d'exécuter les jeux et on l'a vu rejoindre Randy Moss, Donte' Stallworth et Wes Welker.

En regardant le match, je ne voyais pas comment les Colts pouvaient perdre tellement ils dominaient. Ils menaient 20-10 à un certain moment, avance presque insurmontable. Mais les Pats, qui regroupent plusieurs vétérans qui en ont vu d'autres et qui ont l'habitude des gros matchs, se sont mis en marche.

C'est la première fois cette saison que les Patriots tiraient de l'arrière aussi tard dans le match. Mais ils ont démontré beaucoup de caractère et sont revenus plus fort au quatrième quart. Brady a accumulé 255 verges par la passe dans toute la partie, mais 153 au quatrième engagement.

La défensive des Patriots, qui en a arraché tout le match, s'est levée à sa porte des buts. On peut dire que les Colts ont manqué d'opportunisme, eux qui se sont faits arrêter à la ligne de cinq, une autre fois à l'intérieur de la ligne de dix. Reggie Wayne a pour sa part échappé une longue passe qui aurait pu mener à un touché et Adam Vinatieri a raté un placement quand le ballon a été bloqué. Les Colts ont eu leurs chances et ils auraient pu gagner ce match. Ils doivent avoir un goût amer. Ils ont senti la victoire et ils l'ont échappée, ce qui doit être frustrant.

Les statistiques en disent long et peuvent résumer le match : en première demie, les Pats ont gagné 114 verges et les Colts 229. En deuxième demie, les Pats ont gagné 228 verges et les Colts 100.

Les Pats aussi ont des faiblesses

Toutes les équipes de football ont des faiblesses, même les Patriots de la Nouvelle-Angleterre. Nous l'avons vu dimanche, la défensive contre la course est le Talon d'Achille des Pats. Cette défensive n'avait pas été exposée cette année, avant le match face aux Colts, à des pointages serrés.

Depuis le début de la saison, les Pats gagnaient souvent par plus de 25 points et l'adversaire était forcé de jouer du football de rattrapage. À partir de ce moment, ils n'avaient pas le choix que d'utiliser la passe. Les statistiques peuvent donc être trompeuses puisque l'adversaire arrête de courir à un certain moment dans le match.

J'avais retenu deux matchs des Patriots depuis le début de la saison : face aux Cowboys, ces derniers qui avaient gagné 99 verges mais une moyenne de six verges par course, et Miami, qui avait gagné 179 verges avec une moyenne de 6,2 verges par course. Mon point d'interrogation, c'était de savoir si la défensive des Pats était en mesure d'arrêter Joseph Addai, Kenton Keith et toute l'attaque au sol des Colts.

La défensive des Patriots en a eu plein les bras avec Addai, un « one man show », qui faisait un travail de destruction à lui seul. En deuxième demie, la défensive s'est ressaisie et les Pats ont fait des jeux importants quand ça comptait.

Les Pats étaient 32e...

Avant le match, la défensive des Patriots à l'intérieur de leur zone critique (20 verges et moins) était au 32e rang. En d'autres mots, c'était la pire unité défensive quand l'adversaire pénétrait à l'intérieur de la zone de 20 des Pats. Depuis le début du calendrier, cette situation s'était présentée 18 fois et 14 fois la Nouvelle-Angleterre avait accordé un touché. À une autre occasion, elle a concédé un placement. Cette statistique m'a surpris et j'avais hâte de voir comment la défensive des Pats allait se débrouiller devant l'attaque des Colts. Mais ce fut une toute autre histoire dimanche.

Bill Belichick a sorti toutes sortes de formations défensives en deuxième demie : à un certain moment, c'était deux joueurs de ligne, cinq secondeurs, quatre demis défensifs. À un autre moment, il y allait avec un joueur de ligne, quatre secondeurs et six demis défensifs bref, tout pour semer la confusion et générer de la pression sur Manning pour le faire hésiter. Cela a fonctionné puisque les Colts ont été limités à 100 verges. C'est encore du grand Belichick qui n'a pas eu peur d'innover, d'utiliser plusieurs combinaisons.

Nous ne pouvons passer à côté des pénalités. Les Patriots ont écopé de dix pénalités pour 146 verges, un record d'équipe et ça n'a pas aidé leur cause.

Côté arbitrage, j'ai trouvé que les officiels ont « charrié » un peu sur certaines pénalités comme l'obstruction contre Randy Moss -je ne la comprends pas encore- ou l'obstruction contre Ellis Hobbs, sur une longue passe. À un moment donné, Kevin Faulk se fait retenir, un geste flagrant, et aucune pénalité n'a été appelée. Bref, l'arbitrage aurait pu être meilleur. Les Colts ont marqué 20 points dont 14 à la suite de deux interceptions. Ils ont marqué six points à la suite de pénalités pour obstruction sur les gros jeux qui ont fait mal aux Pats, qui ont tout de même trouvé une façon de gagner.

Des aubaines

Dans les dix dernières minutes de jeu, sur les 13 gros jeux des Patriots, 12 ont été réussis par Moss, Stallworth ou Welker, trois receveurs de passes. Quand les Patriots avaient perdu en finale d'association en 2006, on avait vu la même situation se présenter. Les Pats avaient la chance de revenir dans le match mais les receveurs ont commis plusieurs échappés, puis ce fut une interception et les Colts sont allés au Super Bowl pour le gagner.

La première chose que s'étaient alors dit les Pats c'est d'aller chercher des receveurs et ils l'ont fait. Et ce sont ces gars-là qui ont fait la différence dimanche. La Nouvelle-Angleterre a acquis Moss pour un choix de quatrième ronde, le vol du siècle; Wes Welker pour un choix de deuxième ronde, là aussi un vol, et Stallworth sur le marché des joueurs autonomes, lui qui, curieusement n'était pas tellement convoité. Ces trois gars-là représentent 8,7 millions $ dans la masse salariale... surprenant dans un plafond salarial de 109 millions $.

16-0, pas sûr!

Les Patriots demeureront-ils invaincus? Dimanche, les Colts représentaient le plus gros défi, le plus gros test de la saison. Mais ça ne veut pas dire que tout est gagné puisqu'il y a tellement d'impondérables, de choses qui peuvent se produire. Comme les Colts il y a quelques années, les Patriots ont le potentiel de connaître une saison parfaite.

Par contre, dans l'éventualité où les Patriots auront un dossier de 15-0 au moment où ils affronteront les Giants de New York, et leur front défensif très dominant, pour compléter la saison dans un match qui ne veut rien dire, Belichick sera-t-il tenté d'exposer Tom Brady à des blessures pour avoir une saison parfaite? Belichick n'a jamais été confronté à une situation semblable mais il ne se gêne pas pour reposer ses partants. Comment va-t-il gérer ça? Nous verrons.

Autre facteur, les Patriots vont affronter les Ravens et les Steelers, les deux meilleures défensives de la ligue. Et les adversaires vont maintenant attendre la Nouvelle-Angleterre de pied ferme. Les équipes seraient ravies d'arrêter la séquence des Patriots, surtout que plusieurs d'entre-elles les accusent de manquer d'esprit sportif et de marquer trop de points quand la victoire est déjà acquise.

Troisième facteur, incontrôlable celui-là, est les blessures. Pour l'instant, les Patriots s'en tirent bien, mais ça peut changer.

Propos recueillis par RDS.ca