Samedi contre les Tiger-Cats, les Alouettes ont été victimes de trois revirements. Ils ont manqué d'opportunisme en gaspillant deux belles occasions profondément en territoire de l'adversaire. Ils n'ont pas démontré l'instinct du tueur quand ils menaient 17-0 au premier quart et ont plutôt laissé Hamilton revenir dans le match. Ils ont écopé de 17 pénalités pour des pertes de terrain de 157 verges.

Comme lors de leur match d'ouverture contre les Blue Bombers de Winnipeg, les Alouettes n'ont pas joué un grand match. La bonne nouvelle dans tout ça, c'est qu'ils ont quand même gagné par un écart de 18 points. Ça démontre à quel point cette équipe a du potentiel et la journée où elle va jouer comme elle en est capable, ça va faire des flammèches.

Comme la semaine dernière, c'est la défensive qui a écrit l'histoire du match. Elle a provoqué des revirements et procuré de bonnes positions sur le terrain à l'attaque durant tout le match. En huit séquences en deuxième demie, samedi, les Alouettes ont forcé cinq fois les Cats à dégager après deux jeux infructueux. L'unité défensive des Oiseaux n'a d'ailleurs toujours pas accordé de points en deuxième demie cette saison.

Samedi, les Tiger-Cats ont marqué tous leurs points en l'espace de cinq minutes au deuxième quart dans une succession d'événements comme on en voit souvent au football. Vous savez, ces séquences qui débutent par un mauvais jeu et qui semblent faire boule de neige.

On peut remonter à une passe imprécise de Calvillo, alors que Ben Cahoon était complètement libre. Plutôt que de réussir le premier jeu, les Alouettes ont fait face à un troisième essai et ont tenté le jeu truqué, la remise directe à Lapointe, qui a échappé le ballon.

Par la suite, Jason Maas a réalisé une longue course en débordant un ailier défensif. Ce dernier a en plus écopé d'une pénalité à la fin du jeu. C'est ce qui a mené au touché de Craig Yeast, mais malgré cette succession d'erreurs, et avec un peu d'aide du botteur Jamie Boreham qui a raté deux placements, Montréal a réussi à s'en tirer et à conserver l'avance à la mi-temps.

Ajustements

Les Tiger-Cats avaient eu la chance d'étudier le film du match contre les Blue Bombers et ça a paru qu'ils s'étaient bien préparés contre le blitz des Alouettes. Ces derniers n'ont pas été en mesure d'exercer une pression aussi intense sur Mass que sur Kevin Glenn.

Le but d'une défense étant toujours de briser le rythme du quart-arrière, les Alouettes ont apporté des ajustements à la demie pour être capable de semer la confusion dans l'arsenal offensif de leurs adversaires. Voici comment ils s'y sont pris.

Ceux qui connaissent bien les Alouettes savent que leur blitz débute souvent avec sept joueurs à la ligne d'engagement, alors que les cinq demis défensifs se trouvent en retrait d'une dizaine de verges. Hamilton a réussi à rendre cette tactique inefficace en complétant de courts tracés de passes de sept, huit ou neuf verges. Le blitz des Alouettes n'arrivaient pas assez rapidement à Jason Maas.

Au troisième quart, Montréal a ramené ses demis défensifs à la ligne d'engagement et a décidé de préconiser ce qu'on appelle une technique press. Les couvreurs avaient désormais la tâche de rester dans la face des receveurs, de les frapper, les accrocher, les ralentir. Casser les tracés de passes est une autre façon de briser le rythme d'une attaque. Souvent, on a vu les Alouettes contrer les petites passes aux ailiers espacés pour des pertes de terrain.

Autant la semaine dernière c'était la pression à outrance et les demis défensifs se tournaient les pouces, autant ce sont eux qui ont été appelés à faire le travail cette semaine, et ils l'ont très bien fait. Lamont Brightful et Darrel Crutchfield ont terminé le match avec cinq plaqués, Chip Cox avec quatre.

Les malheurs de Lapointe…

Décidément, Éric Lapointe connaît un début de saison difficile. Hier, il a échappé le ballon sur un jeu truqué puis a commis la même bourde sur sa première course officielle de la saison. C'est dommage, parce que quand tu es réserviste et que tu as un joueur de la qualité de Robert Edwards en avant de toi, tu veux profiter de ta chance aussitôt qu'on te la donne. Parfois, tu te mets un peu trop de pression et tu essaies de trop en faire. C'est peut-être ce qui arrive avec Éric. Le connaissant, c'est un fier compétiteur et c'est sûr qu'il n'est pas de bonne humeur.

Une bonne façon de lui redonner confiance pourrait être de lui confier le ballon un peu plus souvent. Depuis le début de la saison, j'ai souvent soulevé que j'aimerais voir Lapointe toucher davantage au ballon. Contre Winnipeg lors de la semaine 1, Edwards n'allait nulle part et la venue d'un autre porteur dans le portrait aurait pu changer le temp. Même chose pour la majeure partie du match de samedi.

Parfois, avec un joueur différent dans le champ arrière, tu peux avoir le même jeu, les mêmes blocs, mais tu vas récolter cinq verges avec un et 12 avec l'autre. C'est une question de vision, de feeling.

…et des visions du vieux Edwards

Je dois toutefois avouer qu'en deuxième demie contre Hamilton, on a revu le Robert Edwards de l'an passé. Il est revenu en force et a commencé à courir avec plus d'autorité. Au début de la saison, je lui reprochais d'être trop hésitant avec le ballon. Comme ce n'est pas un marchand de vitesse, il faut qu'il attaque avec puissance, qu'il passe la première ligne et c'est ensuite qu'il va aller chercher ses verges, ce qu'il ne faisait pas.

Sauf qu'au quatrième quart, on a vu le bon vieux Edwards. Entre autres, sur une course de 20 verges, il a été plaqué à la ligne d'engagement. Tim Cheatwood, un gars de 265 livres, était sur lui et il s'en est débarrassé comme une mouche sur un éléphant. Il ne m'avait pas encore impressionné depuis le début de la saison (c'est vrai qu'il avait été ennuyé par une blessure au mollet) mais c'était plaisant de le voir jouer samedi. À noter également le bon travail de la ligne offensive devant lui.

D'autres mentions

J'ai bien aimé le travail de la ligne défensive des Alouettes contre le jeu au sol des Tiger-Cats. Les plaqueurs au centre Phillion, Haywood et Romero ont été solides durant tout le match, notamment sur les situations de courts gains. Ils ont été dominants au point d'attaque.

D'ailleurs, un gros pouce par en haut à la défensive montréalaise, qui a refusé de donner des points à Hamilton en fin de match. Même avec la victoire garantie, elle a décidé qu'il n'était pas question de donner de touché gratuit. Ils ont pris à cœur le fait de blanchir l'adversaire en deuxième demie et j'ai grandement apprécié ce signe de fierté.

Je me réjouis d'avoir vu Ben Cahoon revenir dans l'action plus souvent. Contre Winnipeg, on l'avait surtout utilisé sur des tracés extérieurs alors qu'il est à son meilleur au milieu du terrain, dans la circulation lourde. C'est un receveur intelligent qui sait trouver la faille dans la défensive adverse et il a été utilisé à bon escient samedi.

Je louange Chip Cox depuis le début de la saison, et je dois dire qu'encore une fois samedi, il a été excellent. Sur les unités spéciales, il a décidé de foncer vers le retourneur de botté et de récupérer un ballon errant. J'ignore s'il savait que le ballon avait été touché par l'adversaire ou s'il se disait que ça valait la peine de risquer une pénalité de 15 verges. Toujours est-il qu'il a parié et il a gagné.

La victoire des Alouettes est d'autant plus importante qu'ils profiteront d'un congé cette semaine. Pour les joueurs, c'est toujours important de gagner avant une longue pause. Ça évite de passer deux semaines à répondre aux questions et à ressasser les mauvais souvenirs.

*Propos recueillis par RDS.ca