Retour sur Hamilton, regard sur Toronto
Football mardi, 27 juil. 2010. 00:48 samedi, 14 déc. 2024. 22:37
Il y avait un petit quelque chose d'intrigant dans l'affrontement entre les Alouettes et les Tiger-Cats de Hamilton, la semaine dernière.
L'année dernière, les Ti-Cats avaient montré des signes d'une belle progression et on se disait que s'ils étaient capables de construire là-dessus et d'offrir plus d'opposition aux Alouettes, on aurait droit à du jeu plus emballant dans la section Est.
Finalement, les Tiger-Cats ont été corrects le temps d'une demie lors du match d'ouverture au stade Percival-Molson, mais on dirait qu'ils ont perdu une roue et se sont mis à déraper par la suite.
Pourtant, même si quelqu'un qui n'a pas vu le match pourrait croire que les Alouettes ont eu la tâche facile en raison du pointage final (37-14), la rencontre fut quand même chaudement disputée et ce pour une seule et unique raison : le manque d'opportunisme de l'équipe locale en attaque.
Me faisant un devoir de tenter de retirer du positif de chaque situation, je pourrais souligner que les problèmes des Alouettes dans la zone payante ont au moins eu l'avantage de redonner confiance à Damon Duval, qui a réussi sept de ses huit tentatives de placement. Mais jamais une équipe ne sera satisfaite de se contenter de trois points lors de chacun de ses quatre voyages dans la zone payante de l'adversaire.
Le premier placement de Duval a parcouru la distance de 24 verges, ce qui veut dire que les Alouettes ont été arrêtés à la ligne de 15. Les Tiger-Cats ont ensuite raté leur botté de dégagement pour redonner le ballon aux Alouettes à l'entrée de leur territoire, mais ça ne leur a ultimement coûté que trois autres points.
En cinq minutes, les Alouettes auraient pu clouer le cercueil des visiteurs et les renvoyer à la maison la queue entre les jambes, mais ce n'est pas ce qui s'est produit. L'ennemi a pu reprendre son souffle, laisser passer la tempête et retrouver ses moyens. Les Tiger-Cats ont même eu la chance de prendre les devants lorsqu'ils ont amené le ballon à la porte des buts adverse, mais le front défensif des Alouettes s'est levé et a réussi à finalement freiner leur progression. Ça a eu pour effet de réveiller une foule jusque-là discrète et d'injecter une dose d'adrénaline à toute l'équipe.
Le manque d'opportunisme de l'unité offensive des Alouettes est la première chose qui m'a frappé dans ce match. La deuxième, ce sont les lacunes dans la protection offerte à Anthony Calvillo.
Dans les trois premiers matchs de la saison, la ligne offensive des Alouettes a souvent été victime d'un peu de confusion en raison des conditions difficiles causées par une foule hostile. Mais contre les Tiger-Cats, ça n'a rien eu à voir avec ça. On a carrément perdu des batailles homme à homme, on a été battus sur le plan physique. Les Tiger-Cats s'assuraient d'envoyer une pression à cinq hommes pour que chaque joueur de ligne à l'attaque ait quelqu'un à bloquer. Ça prend alors un seul gars défensif qui gagne sa bataille pour qu'il puisse se rendre à Calvillo. La stratégie a fonctionné parce que la ligne des Als en a eu plein les bras.
En quatre matchs, la ligne offensive des Alouettes a déjà donné 13 sacs du quart, le plus haut total de la Ligue canadienne. Ais-je besoin de vous rappeler que lors de la première saison de Marc Trestman à la barre de l'équipe, Calvillo n'avait été victime que de 22 sacs! L'an passé, ce chiffre est monté à 35 et cette année, on s'enligne vers une saison de 54 ou 55 sacs.
C'est inquiétant, parce qu'il y a une autre tendance présentement à la hausse chez les Alouettes : l'âge de Calvillo! Ça, ça ne fait pas bon ménage habituellement. Plus un quart-arrière vieillit, moins ça lui tente de se faire frapper et plus il est susceptible de se blesser. L'âge de Calvillo, on ne peut rien y faire, alors il faudra rapidement trouver un moyen de renverser l'autre tendance.
Une attaque équilibrée, s.v.p.
Le besoin des Alouettes de trouver une solution à leurs problèmes de protection n'a jamais été plus frappant qu'à la fin de la première demie contre les Tiger-Cats, quand Calvillo est resté étendu au sol après s'être fait plaquer par Garrett McIntyre. C'est exactement le genre de situation qui nous fait réaliser qu'au football, même si le terrain est d'une longueur de 110 verges et d'une largeur de 65 verges, tout est souvent une question de centimètres. Si McIntyre tombe trois centimètres de l'autre côté, le genou de Calvillo éclate, sa saison est terminée et celle des Alouettes tourne au cauchemar.
Vous savez quand on dit que ça prend de la chance pour gagner un championnat? En voici un très bon exemple.
Ça m'amène à dire qu'il est peut-être temps pour Marc Trestman de remettre en question son plan de match en attaque et d'accorder un peu plus d'importance au jeu au sol. Dans le troisième match de la saison, contre les Lions de la Colombie-Britannique, les Alouettes avaient déployé 47 jeux de passe et 14 jeux de course. Contre les Tiger-Cats, le ratio est pratiquement demeuré le même : 38 passes pour 11 courses, si on enlève les deux jeux sans conséquence de Dahrran Diedrick sur la dernière séquence de la partie et les trois faufilades du quart.
C'est vrai qu'on a commencé à voir une amélioration à ce chapitre à partir de la deuxième demie jeudi dernier. Mais ce qui me chicote, c'est que cette nouvelle tangente n'a pas été motivée par un désir réel de changer d'approche, mais plutôt par le constat cruel auquel on était confronté : Calvillo était en train de se faire démolir.
Ce n'est plus un secret pour personne que Trestman est un amant du jeu aérien et que le jeu au sol n'est pas son dada. Je sais aussi qu'on n'est mal placé pour critiquer son travail puisqu'en deux ans à la barre des Alouettes, il a mené ses troupes à deux reprises au match de la coupe Grey. Mais je persiste à dire que j'aimerais voir son équipe montrer un visage plus équilibré en attaque.
Si c'est correct de commencer le troisième quart avec du jeu au sol pour aider la ligne à l'attaque, quel serait le problème de commencer le match avec la même stratégie? Ça pourrait certainement redonner confiance aux membres de la ligne à l'attaque, une unité qui, il faut le dire, se cherche présentement.
Par contre, petite note positive, je dois dire que j'ai adoré le plan de match qu'on avait préparé pour Brian Bratton, qu'on a incorporé dans plusieurs formations en le plaçant dans le champ arrière. Parfois il y restait en protection, d'autres fois on lui faisait une passe piège. On s'en est aussi servi pour un balayage, pour le jeu d'option ou pour des petites passes dans le flanc. Il a tellement été impliqué de cette façon que quand Kerry Watkins a marqué son touché au quatrième quart, il était tout fin seul parce que tout le monde surveillait Bratton dans le flanc.
Le numéro 85 a terminé le match avec trois courses pour des gains de 31 verges. C'est excellent, mais ça demeure onze courses au total...
Comprenez-moi bien. Je ne veux pas passer pour l'éternel mécontent qui continue de frapper sur le même clou. Les Alouettes ont quand même marqué 37 points et je n'essaie pas de trouver des poux où il n'y en a pas. Je veux seulement qu'on réalise toute l'importance de compter sur une attaque diversifiée au football et j'aimerais voir les Alouettes mettre cette théorie en pratique.
Une autre excellente note pour la défensive
Pour un deuxième match de suite, la défensive des Alouettes a été incroyable. Quand elle a provoqué des revirements coup sur coup pour débuter le troisième quart, ça a complètement assommé les Tiger-Cats, qui ne s'en sont jamais remis.
Je me permets d'ailleurs une petite parenthèse : si Hamilton veut réussir à battre les Alouettes, il faudra un jour remporter la bataille des revirements. Chaque fois que les deux équipes s'affrontent, c'est automatique, les Alouettes ont le dessus dans cette facette du jeu. C'est clair que les Ti-Cats ont un complexe à ce chapitre. Fin de la parenthèse.
Évidemment, on ne peut passer sous silence la performance de John Bowman, qui a réussi trois sacs du quart et trois plaqués en plus de forcer un échappé. On entend souvent les joueurs dire qu'ils ne lisent pas les journaux et qu'ils n'écoutent pas les nouvelles, mais je peux vous dire que ce n'est pas vrai. Dans son entrevue d'après-match, Bowman a fait référence à tous ceux qui avaient critiqué le travail de la ligne défensive dans les médias. Je pense qu'il a été piqué dans son orgueil, qu'il était fatigué d'entendre que la ligne n'était plus la même depuis le départ de Keron Williams.
Bowman ne réussira pas à me faire croire que la ligne défensive des Alouettes est meilleure sans Williams, mais ça a quand même fait du bien de le voir répondre de la sorte aux sceptiques. On voit que les gars sont fiers et ont des attentes élevées.
J'ai aussi adoré l'attitude des demis défensifs, qui ont brassé la cage des receveurs de passes des Tiger-Cats. Qu'ils attrapent ou non les ballons lancés en leur direction, les cibles de Kevin Glenn et de Quinton Porter ont été punies régulièrement. Plus la rencontre progressait et plus on voyait que les receveurs des Tiger-Cats avaient besoin de temps pour se relever. À la fin du match, je ne suis pas certain que ça leur tentait encore de recevoir des passes!
Et finalement, il faut parler de la prestation des unités spéciales. Il y a évidemment les sept placements de Duval, mais il a aussi été excellent sur ses bottés de dégagement, qui ont été bien dirigés pour neutraliser la vitesse du retourneur Marcus Thigpen. Fait assez incroyable, Thigpen n'a maintenu qu'une moyenne de 12 verges par retour sur les bottés d'envoi des Alouettes.
Les Argonauts, un défi différent
Les Alouettes se retrouvent donc avec une fiche de 3-1 et ils affronteront jeudi soir les Argonauts de Toronto dans un match qui décidera du détenteur du premier rang au classement de la section Est. Qui l'eut cru!
Qu'on aime ou non les Argos, il faut respecter le fait qu'ils évoluent dans le plus gros marché de la Ligue canadienne, un marché important pour la télévision et les commanditaires. Alors quand les Argos sont compétitifs sur le terrain, ça ne peut qu'être positif pour la LCF.
Après des années de vaches maigres, il y a maintenant plusieurs raisons d'être optimiste dans la Ville Reine. L'équipe compte sur un bon propriétaire, un bon président, un bon entraîneur chef... on voit qu'ils ont mis du bon monde en place, des gens qui connaissent le football canadien et qui vont prendre le temps de bien faire les choses pour bâtir une bonne fondation.
D'entrée de jeu, quand je pense au match qui nous attend, je vois non seulement deux équipes avec la même fiche, mais aussi deux équipes qui sont sur une séquence de trois victoires et qui trouvent le moyen de gagner au quatrième quart. Sur papier, par contre, les Alouettes bénéficient d'un avantage frappant.
L'idéal pour Montréal serait un scénario à l'opposé de ce qui s'est produit contre Hamilton, c'est-à-dire un départ canon agrémenté de quelques touchés rapides. Ce serait la meilleure solution pour battre les Argonauts, qui ne compte pas sur un jeu aérien très explosif. À Toronto, on compte plutôt sur le jeu au sol avec l'émergence de Cory Boyd, qui domine la LCF avec des gains de 431 verges et qui gagne en moyenne 6,5 verges par course.
En fait, voici la recette des Argos : ils espèrent ralentir le rythme du match, contrôler le temps de possession et garder le pointage serré question d'être toujours dans le coup au quatrième quart et de pouvoir se sauver avec la victoire grâce à un gros jeu, que ce soit en attaque, en défensive ou sur les unités spéciales.
Ça se résume à ça, les Argonauts, depuis le début de la saison. C'est une équipe qui travaille fort, qui vend chèrement sa peau, mais ce n'est pas une équipe qui peut vous battre à coup de circuits. Alors je me dis que si les Alouettes peuvent débuter le match sur les chapeaux de roue et forcer leurs rivaux à jouer du football de rattrapage, ils seront en voiture. Le quart-arrière Cleo Lemon a complété seulement 58% de ses passes et lancé plus d'interceptions (quatre) que de touchés (trois). L'équipe gagne moins de 200 verges par la passe et à peine 300 verges au total par partie. Leur meilleur receveur de passes, un certain Jeremaine Copeland, occupe le 22e rang du circuit au niveau des verges amassées.
Tout ça pour dire que jusqu'à preuve du contraire, il n'y a pas de raison de craindre l'attaque aérienne des Argonauts, alors il faut les forcer à l'utiliser. Il s'agit d'un défi différent pour la défensive des Alouettes, qui depuis le début de l'année a plutôt été habituée à affronter de bonnes attaques aériennes dirigées par de bons quarts-arrières. Jeudi, ce sera autre chose. Toujours très combative et robuste, la ligne à l'attaque des Argonauts s'améliore sans cesse et montre le chemin à un bon porteur de ballon.
Si les joueurs des Alouettes sont prêts à attacher leur casque serré et à payer le prix pour gagner la bataille physique et arrêter le jeu au sol, ils risquent de se faciliter grandement la tâche. Comme on dit en anglais, you gotta stop the run before you have fun!
***
Pour la ligne offensive des Alouettes, le test sera tout aussi motivant. Les Argonauts ont peut-être seulement sept sacs du quart, mais leur ligne défensive est très bonne et très physique. C'est le cas de le dire, il n'y en aura pas de facile pour le quintette montréalais et j'ai hâte de voir si les gars sauront relever le défi.
***
Défensivement, les Argonauts ont quand même provoqué 14 revirements, dont huit interceptions. Faut dire qu'ils ont joué un match contre le bipolaire Henry Burris, qui en avait lancé cinq cette journée-là. Ça aide à gonfler les statistiques, mais quand même...
On verra donc l'équipe qui a réalisé le plus d'interceptions contre le quart-arrière qui en a lancé le moins. Calvillo a été victime de seulement deux larcins cette saison et il est bon de préciser qu'il n'est responsable d'aucun des deux. Le premier est survenu sur sa première passe de la saison en Saskatchewan, déviée par Jamel Richardson et récupérée par un joueur adverse. L'autre a été le résultat d'une bombe décochée vers la zone des buts, la passe du désespoir, à la fin d'une demie. Ça, dans mon livre, ça ne compte pas.
Alors techniquement, Calvillo n'a toujours pas lancé d'interception. Il sera intéressant de voir s'il aura le dessus sur les requins de la défensive des Argos.
***
La statistique que je trouve la plus intéressante, et la preuve que le message du nouvel entraîneur Jim Barker passe, est la suivante : l'équipe la plus punie de toute la Ligue canadienne au cours des deux dernières saisons est présentement celle qui a écopé du moins de pénalités au sein du circuit Cohon.
Les Argonauts ont commis seulement 25 pénalités en quatre matchs. À titre de comparaison, les Alouettes en ont commis 46, le septième plus haut total de la Ligue.
Barker a fait comprendre à ses joueurs qu'il est déjà assez difficile de gagner un match de football, il faut éviter de le donner à l'adversaire. Celui-ci doit gagner chèrement chaque verge et chaque point.
***
Je vous laisse sur ces quelques notes et vous dit à vendredi pour mon analyse du match!
*Propos recueillis par Nicolas Landry.
L'année dernière, les Ti-Cats avaient montré des signes d'une belle progression et on se disait que s'ils étaient capables de construire là-dessus et d'offrir plus d'opposition aux Alouettes, on aurait droit à du jeu plus emballant dans la section Est.
Finalement, les Tiger-Cats ont été corrects le temps d'une demie lors du match d'ouverture au stade Percival-Molson, mais on dirait qu'ils ont perdu une roue et se sont mis à déraper par la suite.
Pourtant, même si quelqu'un qui n'a pas vu le match pourrait croire que les Alouettes ont eu la tâche facile en raison du pointage final (37-14), la rencontre fut quand même chaudement disputée et ce pour une seule et unique raison : le manque d'opportunisme de l'équipe locale en attaque.
Me faisant un devoir de tenter de retirer du positif de chaque situation, je pourrais souligner que les problèmes des Alouettes dans la zone payante ont au moins eu l'avantage de redonner confiance à Damon Duval, qui a réussi sept de ses huit tentatives de placement. Mais jamais une équipe ne sera satisfaite de se contenter de trois points lors de chacun de ses quatre voyages dans la zone payante de l'adversaire.
Le premier placement de Duval a parcouru la distance de 24 verges, ce qui veut dire que les Alouettes ont été arrêtés à la ligne de 15. Les Tiger-Cats ont ensuite raté leur botté de dégagement pour redonner le ballon aux Alouettes à l'entrée de leur territoire, mais ça ne leur a ultimement coûté que trois autres points.
En cinq minutes, les Alouettes auraient pu clouer le cercueil des visiteurs et les renvoyer à la maison la queue entre les jambes, mais ce n'est pas ce qui s'est produit. L'ennemi a pu reprendre son souffle, laisser passer la tempête et retrouver ses moyens. Les Tiger-Cats ont même eu la chance de prendre les devants lorsqu'ils ont amené le ballon à la porte des buts adverse, mais le front défensif des Alouettes s'est levé et a réussi à finalement freiner leur progression. Ça a eu pour effet de réveiller une foule jusque-là discrète et d'injecter une dose d'adrénaline à toute l'équipe.
Le manque d'opportunisme de l'unité offensive des Alouettes est la première chose qui m'a frappé dans ce match. La deuxième, ce sont les lacunes dans la protection offerte à Anthony Calvillo.
Dans les trois premiers matchs de la saison, la ligne offensive des Alouettes a souvent été victime d'un peu de confusion en raison des conditions difficiles causées par une foule hostile. Mais contre les Tiger-Cats, ça n'a rien eu à voir avec ça. On a carrément perdu des batailles homme à homme, on a été battus sur le plan physique. Les Tiger-Cats s'assuraient d'envoyer une pression à cinq hommes pour que chaque joueur de ligne à l'attaque ait quelqu'un à bloquer. Ça prend alors un seul gars défensif qui gagne sa bataille pour qu'il puisse se rendre à Calvillo. La stratégie a fonctionné parce que la ligne des Als en a eu plein les bras.
En quatre matchs, la ligne offensive des Alouettes a déjà donné 13 sacs du quart, le plus haut total de la Ligue canadienne. Ais-je besoin de vous rappeler que lors de la première saison de Marc Trestman à la barre de l'équipe, Calvillo n'avait été victime que de 22 sacs! L'an passé, ce chiffre est monté à 35 et cette année, on s'enligne vers une saison de 54 ou 55 sacs.
C'est inquiétant, parce qu'il y a une autre tendance présentement à la hausse chez les Alouettes : l'âge de Calvillo! Ça, ça ne fait pas bon ménage habituellement. Plus un quart-arrière vieillit, moins ça lui tente de se faire frapper et plus il est susceptible de se blesser. L'âge de Calvillo, on ne peut rien y faire, alors il faudra rapidement trouver un moyen de renverser l'autre tendance.
Une attaque équilibrée, s.v.p.
Le besoin des Alouettes de trouver une solution à leurs problèmes de protection n'a jamais été plus frappant qu'à la fin de la première demie contre les Tiger-Cats, quand Calvillo est resté étendu au sol après s'être fait plaquer par Garrett McIntyre. C'est exactement le genre de situation qui nous fait réaliser qu'au football, même si le terrain est d'une longueur de 110 verges et d'une largeur de 65 verges, tout est souvent une question de centimètres. Si McIntyre tombe trois centimètres de l'autre côté, le genou de Calvillo éclate, sa saison est terminée et celle des Alouettes tourne au cauchemar.
Vous savez quand on dit que ça prend de la chance pour gagner un championnat? En voici un très bon exemple.
Ça m'amène à dire qu'il est peut-être temps pour Marc Trestman de remettre en question son plan de match en attaque et d'accorder un peu plus d'importance au jeu au sol. Dans le troisième match de la saison, contre les Lions de la Colombie-Britannique, les Alouettes avaient déployé 47 jeux de passe et 14 jeux de course. Contre les Tiger-Cats, le ratio est pratiquement demeuré le même : 38 passes pour 11 courses, si on enlève les deux jeux sans conséquence de Dahrran Diedrick sur la dernière séquence de la partie et les trois faufilades du quart.
C'est vrai qu'on a commencé à voir une amélioration à ce chapitre à partir de la deuxième demie jeudi dernier. Mais ce qui me chicote, c'est que cette nouvelle tangente n'a pas été motivée par un désir réel de changer d'approche, mais plutôt par le constat cruel auquel on était confronté : Calvillo était en train de se faire démolir.
Ce n'est plus un secret pour personne que Trestman est un amant du jeu aérien et que le jeu au sol n'est pas son dada. Je sais aussi qu'on n'est mal placé pour critiquer son travail puisqu'en deux ans à la barre des Alouettes, il a mené ses troupes à deux reprises au match de la coupe Grey. Mais je persiste à dire que j'aimerais voir son équipe montrer un visage plus équilibré en attaque.
Si c'est correct de commencer le troisième quart avec du jeu au sol pour aider la ligne à l'attaque, quel serait le problème de commencer le match avec la même stratégie? Ça pourrait certainement redonner confiance aux membres de la ligne à l'attaque, une unité qui, il faut le dire, se cherche présentement.
Par contre, petite note positive, je dois dire que j'ai adoré le plan de match qu'on avait préparé pour Brian Bratton, qu'on a incorporé dans plusieurs formations en le plaçant dans le champ arrière. Parfois il y restait en protection, d'autres fois on lui faisait une passe piège. On s'en est aussi servi pour un balayage, pour le jeu d'option ou pour des petites passes dans le flanc. Il a tellement été impliqué de cette façon que quand Kerry Watkins a marqué son touché au quatrième quart, il était tout fin seul parce que tout le monde surveillait Bratton dans le flanc.
Le numéro 85 a terminé le match avec trois courses pour des gains de 31 verges. C'est excellent, mais ça demeure onze courses au total...
Comprenez-moi bien. Je ne veux pas passer pour l'éternel mécontent qui continue de frapper sur le même clou. Les Alouettes ont quand même marqué 37 points et je n'essaie pas de trouver des poux où il n'y en a pas. Je veux seulement qu'on réalise toute l'importance de compter sur une attaque diversifiée au football et j'aimerais voir les Alouettes mettre cette théorie en pratique.
Une autre excellente note pour la défensive
Pour un deuxième match de suite, la défensive des Alouettes a été incroyable. Quand elle a provoqué des revirements coup sur coup pour débuter le troisième quart, ça a complètement assommé les Tiger-Cats, qui ne s'en sont jamais remis.
Je me permets d'ailleurs une petite parenthèse : si Hamilton veut réussir à battre les Alouettes, il faudra un jour remporter la bataille des revirements. Chaque fois que les deux équipes s'affrontent, c'est automatique, les Alouettes ont le dessus dans cette facette du jeu. C'est clair que les Ti-Cats ont un complexe à ce chapitre. Fin de la parenthèse.
Évidemment, on ne peut passer sous silence la performance de John Bowman, qui a réussi trois sacs du quart et trois plaqués en plus de forcer un échappé. On entend souvent les joueurs dire qu'ils ne lisent pas les journaux et qu'ils n'écoutent pas les nouvelles, mais je peux vous dire que ce n'est pas vrai. Dans son entrevue d'après-match, Bowman a fait référence à tous ceux qui avaient critiqué le travail de la ligne défensive dans les médias. Je pense qu'il a été piqué dans son orgueil, qu'il était fatigué d'entendre que la ligne n'était plus la même depuis le départ de Keron Williams.
Bowman ne réussira pas à me faire croire que la ligne défensive des Alouettes est meilleure sans Williams, mais ça a quand même fait du bien de le voir répondre de la sorte aux sceptiques. On voit que les gars sont fiers et ont des attentes élevées.
J'ai aussi adoré l'attitude des demis défensifs, qui ont brassé la cage des receveurs de passes des Tiger-Cats. Qu'ils attrapent ou non les ballons lancés en leur direction, les cibles de Kevin Glenn et de Quinton Porter ont été punies régulièrement. Plus la rencontre progressait et plus on voyait que les receveurs des Tiger-Cats avaient besoin de temps pour se relever. À la fin du match, je ne suis pas certain que ça leur tentait encore de recevoir des passes!
Et finalement, il faut parler de la prestation des unités spéciales. Il y a évidemment les sept placements de Duval, mais il a aussi été excellent sur ses bottés de dégagement, qui ont été bien dirigés pour neutraliser la vitesse du retourneur Marcus Thigpen. Fait assez incroyable, Thigpen n'a maintenu qu'une moyenne de 12 verges par retour sur les bottés d'envoi des Alouettes.
Les Argonauts, un défi différent
Les Alouettes se retrouvent donc avec une fiche de 3-1 et ils affronteront jeudi soir les Argonauts de Toronto dans un match qui décidera du détenteur du premier rang au classement de la section Est. Qui l'eut cru!
Qu'on aime ou non les Argos, il faut respecter le fait qu'ils évoluent dans le plus gros marché de la Ligue canadienne, un marché important pour la télévision et les commanditaires. Alors quand les Argos sont compétitifs sur le terrain, ça ne peut qu'être positif pour la LCF.
Après des années de vaches maigres, il y a maintenant plusieurs raisons d'être optimiste dans la Ville Reine. L'équipe compte sur un bon propriétaire, un bon président, un bon entraîneur chef... on voit qu'ils ont mis du bon monde en place, des gens qui connaissent le football canadien et qui vont prendre le temps de bien faire les choses pour bâtir une bonne fondation.
D'entrée de jeu, quand je pense au match qui nous attend, je vois non seulement deux équipes avec la même fiche, mais aussi deux équipes qui sont sur une séquence de trois victoires et qui trouvent le moyen de gagner au quatrième quart. Sur papier, par contre, les Alouettes bénéficient d'un avantage frappant.
L'idéal pour Montréal serait un scénario à l'opposé de ce qui s'est produit contre Hamilton, c'est-à-dire un départ canon agrémenté de quelques touchés rapides. Ce serait la meilleure solution pour battre les Argonauts, qui ne compte pas sur un jeu aérien très explosif. À Toronto, on compte plutôt sur le jeu au sol avec l'émergence de Cory Boyd, qui domine la LCF avec des gains de 431 verges et qui gagne en moyenne 6,5 verges par course.
En fait, voici la recette des Argos : ils espèrent ralentir le rythme du match, contrôler le temps de possession et garder le pointage serré question d'être toujours dans le coup au quatrième quart et de pouvoir se sauver avec la victoire grâce à un gros jeu, que ce soit en attaque, en défensive ou sur les unités spéciales.
Ça se résume à ça, les Argonauts, depuis le début de la saison. C'est une équipe qui travaille fort, qui vend chèrement sa peau, mais ce n'est pas une équipe qui peut vous battre à coup de circuits. Alors je me dis que si les Alouettes peuvent débuter le match sur les chapeaux de roue et forcer leurs rivaux à jouer du football de rattrapage, ils seront en voiture. Le quart-arrière Cleo Lemon a complété seulement 58% de ses passes et lancé plus d'interceptions (quatre) que de touchés (trois). L'équipe gagne moins de 200 verges par la passe et à peine 300 verges au total par partie. Leur meilleur receveur de passes, un certain Jeremaine Copeland, occupe le 22e rang du circuit au niveau des verges amassées.
Tout ça pour dire que jusqu'à preuve du contraire, il n'y a pas de raison de craindre l'attaque aérienne des Argonauts, alors il faut les forcer à l'utiliser. Il s'agit d'un défi différent pour la défensive des Alouettes, qui depuis le début de l'année a plutôt été habituée à affronter de bonnes attaques aériennes dirigées par de bons quarts-arrières. Jeudi, ce sera autre chose. Toujours très combative et robuste, la ligne à l'attaque des Argonauts s'améliore sans cesse et montre le chemin à un bon porteur de ballon.
Si les joueurs des Alouettes sont prêts à attacher leur casque serré et à payer le prix pour gagner la bataille physique et arrêter le jeu au sol, ils risquent de se faciliter grandement la tâche. Comme on dit en anglais, you gotta stop the run before you have fun!
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Pour la ligne offensive des Alouettes, le test sera tout aussi motivant. Les Argonauts ont peut-être seulement sept sacs du quart, mais leur ligne défensive est très bonne et très physique. C'est le cas de le dire, il n'y en aura pas de facile pour le quintette montréalais et j'ai hâte de voir si les gars sauront relever le défi.
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Défensivement, les Argonauts ont quand même provoqué 14 revirements, dont huit interceptions. Faut dire qu'ils ont joué un match contre le bipolaire Henry Burris, qui en avait lancé cinq cette journée-là. Ça aide à gonfler les statistiques, mais quand même...
On verra donc l'équipe qui a réalisé le plus d'interceptions contre le quart-arrière qui en a lancé le moins. Calvillo a été victime de seulement deux larcins cette saison et il est bon de préciser qu'il n'est responsable d'aucun des deux. Le premier est survenu sur sa première passe de la saison en Saskatchewan, déviée par Jamel Richardson et récupérée par un joueur adverse. L'autre a été le résultat d'une bombe décochée vers la zone des buts, la passe du désespoir, à la fin d'une demie. Ça, dans mon livre, ça ne compte pas.
Alors techniquement, Calvillo n'a toujours pas lancé d'interception. Il sera intéressant de voir s'il aura le dessus sur les requins de la défensive des Argos.
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La statistique que je trouve la plus intéressante, et la preuve que le message du nouvel entraîneur Jim Barker passe, est la suivante : l'équipe la plus punie de toute la Ligue canadienne au cours des deux dernières saisons est présentement celle qui a écopé du moins de pénalités au sein du circuit Cohon.
Les Argonauts ont commis seulement 25 pénalités en quatre matchs. À titre de comparaison, les Alouettes en ont commis 46, le septième plus haut total de la Ligue.
Barker a fait comprendre à ses joueurs qu'il est déjà assez difficile de gagner un match de football, il faut éviter de le donner à l'adversaire. Celui-ci doit gagner chèrement chaque verge et chaque point.
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Je vous laisse sur ces quelques notes et vous dit à vendredi pour mon analyse du match!
*Propos recueillis par Nicolas Landry.