Pour un troisième match consécutif, nous avons eu droit au même refrain: Les Alouettes ne jouent pas du football inspiré mais trouvent une façon de gagner.

Les mêmes tendances reviennent. L'unité défensive est excellente, particulièrement en deuxième demie, l'attaque ne joue pas à son plein potentiel en manquant de synchronisme et d'opportunisme et finalement, le demi défensif recrue Chip Cox change l'allure du match en réalisant un gros jeu en défensive ou sur les unités spéciales.

Je dois admettre que la rencontre de jeudi ne passera pas à l'histoire. Il y a longtemps que je n'ai pas vu un aussi mauvais match. Une chance que les adversaires des Alouettes n'étaient pas les Lions de Colombie-Britannique.

La bonne nouvelle après le match de jeudi, c'est que les Alouettes demeurent toujours la seule équipe invaincue dans la LCF!

La mauvaise, c'est que l'équipe continue d'écoper de trop de pénalités: 10 pour 82 verges lors du premier match, 17 pour 157 verges lors du deuxième et 19 pour 196 verges jeudi soir, et ce, malgré les avertissements répétés de l'entraîneur chef, Don Matthews. Il faut croire que le message ne passe pas!

Remettons ce total en perspective. 196 verges c'est une verge de plus que le total de verges gagnées par la passe par Anthony Calvillo. C'est presque deux terrains de football donnés gratuitement à l'adversaire.

Si la situation ne s'améliore pas, la prochaine étape pour Matthews sera de montrer l'exemple en libérant un joueur, question d'attirer l'attention !

L'attaque n'en fait pas assez

Il ne faut pas chercher loin pour trouver la solution : il faut que l'attaque en donne plus. C'est décevant de voir la faible production des canons offensifs depuis le début de la saison. En plus, Dave Stala disputait son premier match de la saison, ce qui signifie que dans le fond, il ne manquait que Sylvain Girard pour que l'alignement soit techniquement complet. Mais O'Neil Wilson fait du très bon travail comme remplaçant, alors le problème n'est pas là.

J'ai été très surpris quand j'ai entendu le commentaire d'après-match d'Anthony Calvillo, qui a constaté que son unité faisait encore des erreurs mentales. C'est quoi le problème? L'unité offensive des Alouettes est composée de vétérans qui jouent dans le même système depuis cinq ans. Il n'y a pas d'excuse pour expliquer de tels déboires.

C'est le genre de situation qui nous fait réaliser qu'au football, ça prend seulement un joueur qui ne fait pas son travail pour tout faire rater. Présentement chez les Alouettes, on dirait qu'il y a une rotation et que c'est un joueur différent qui fait une erreur à chaque jeu : ça peut être un bloc manqué, une passe imprécise ou tout simplement échappée. C'est décevant de voir que l'exécution n'est pas encore au rendez-vous.

Les héros obscurs

Le botté bloqué par Chip Cox a été le point tournant du match, mais je donne les faits saillants importants à la défensive. Quand, au deuxième quart, les Tiger-Cats ont provoqué deux revirements et qu'ils se sont amenés à l'intérieur de la ligne de 10 des Alouettes, la défensive n'a pas accordé de touchés. Elle a limité les dégâts en forçant l'adversaire à se contenter de bottés de précision.

Les héros obscurs de cette unité défensive sont les plaqueurs Haywood, Romero et Phillion, qui effectuent une rotation à trois à cette position. Ce sont eux qui font fonctionner cette unité, qui est axée sur la rapidité.

La meilleure façon de contrôler la rapidité d'une défensive, c'est de courir en ligne droite. On se dit que c'est inutile de courir vers l'extérieur parce qu'on ne sera pas capable de déborder notre couvreur. En courant en ligne droite, on force celui-ci, vif mais plus petit, à encaisser les blocs.

C'est là que des joueurs comme le trio de plaqueurs jouent un rôle doublement important. Depuis le début de la saison, ils bouchent tout ce qui se passe au centre et dominent la ligne d'engagement. Ils font en sorte que les Alouettes peuvent utiliser le style de joueurs et le style de défensive qu'ils préconisent. Ils font le sale boulot, mais le font très bien.

Lors du premier match entre les deux formations, Josh Ranek a été limité à une moyenne de 1,7 verges par course. Jeudi, il n'a pu faire mieux avec 10 verges sur huit courses. C'est ça le secret : en contrant la course aussi efficacement, on provoque des situations de deuxième essai et long et s'amuse à mélanger l'adversaire avec notre arsenal de blitz.

On se revoit dans deux semaines?

Au lendemain de cette quatrième défaite en autant de matchs pour les Tiger-Cats, on continue d'entendre des rumeurs sur le congédiement de l'entraîneur Greg Marshall. Pour expliquer le genre de pression qu'il doit subir, le matin du deuxième match de la saison, les journaux locaux parlaient déjà d'une possibilité de congédiement si les prochains matchs tournaient mal.

C'est certain que tu te dis qu'il n'y a jamais de fumée sans feu. Les Tiger-Cats ont dépensé beaucoup d'argent pour aller chercher des nouveaux joueurs, mais les résultats se font attendre.

Je connais bien Greg Marshall, c'est un gars que j'adore. Il a été mon entraîneur de la ligne offensive à l'université, j'ai joué avec son frère à Edmonton. Je le considère comme un ami. C'est dommage de voir toute l'indiscipline dont ont fait preuve ses joueurs et c'est lui qui doit prendre toute la responsabilité pour ça. Ça ne regarde pas bien, mais le propriétaire Bob Young a déjà dit que c'était important pour lui d'avoir de la stabilité et il ne voudra pas prendre de décisions impulsives.

*Extrait de la chronique Un autre angle et propos recueillis par RDS.ca